Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

SAINT-NAZAIRE leurs nazairlens qui était en cause et décourageait les industriels de s'installer dans la région. Poussant alors plus loin leurs investigations, ils découvraient les vraies raisons, à savoir que c'était en réalité le patronat qui répandait ces rumeurs et qui s'était passé le mot d'ordre : « pas d'usine nouvelle à Saint-Nazaire >. Il avait, d'allleurs, depuis toujours, cherché à éviter l'arrivée de nouvelles entreprises qui l'auraient concurrencé sur le marché de la main-d'œuvre et des salaires, s'enfermant dans un locallsme étroit pour maintenir, sinon augmenter ses profits et assurer sa domination. Et les syndicats, accusant publiquement patronat et pouvoirs publics de s'opposer à l'implantation d'usines nouvelles publiaient leurs preuves. Ils citaient M. Le Fol, inspecteur au ministère de l'industrie et du Commerce qui, en 1961, faisait la déclaration suivante : « J'ai constaté que· des industriels qui étaient venus dans cette région n'avaient pas, finalement, donné suite à leurs projets à cause de l'accueil collectif qui leur avait été réservé. Quand je parle d'accueil collectif, je parle de l'accueil des industriels locaux manifestant assez rapidement leurs craintes de voir arriver des industriels nouveaux parce que ceux-ci risquent de leur prendre la main-d'œuvre et de faire monter les salaires. > Autre confirmation de cette opposition: en 1962, répondant à une question posée, à une réunion du Comité d'entreprise, par un délégué concernant la venue éventuelle de l'usine des camions Bernard, le directeur des Chantiers de l'Atlantique, M. Pinczon, déclarait: « Nous ne pouvons être deux à nous partager une main-d'œuvre qualifiée déjà insuffisante à Saint-Nazaire. > Les syndicats ajoutaient: « 81 la Régie Renault n'est pas venue dans la région c'est précisément parce que les patrons ont tout fait pour qu'elle ne vienne pas. De cela nous avons la confirmation. > La preuve était ainsi faite que ce n'était nullement le climat social qui empêchait les industriels de venir à SalntNazaire, mals, en fait, les employeurs qui considéraient SaintNazaire comme leur propriété, leur chasse gardée, estimée par eux intouchable. Quant à la soi-disant agressivité en question, il est facile d'en montrer l'origine. Il est vrai que Saint-Nazaire a un prolétariat fier de son passé de luttes au cours desquelles furent arrachées les premières conquêtes sociales, les premières conven17

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