Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

.NICOLAS FAUCIER Le problème ne datait pas d'hier. Depuis longtemps les travailleurs avaient eu à subir les conséquences parfois tragiques de la situation de monopole industriel des Chantiers qui détenaient, à Saint-Nazaire, un véritable pouvoir de vie ou de mort sur le plan économique, et, par suite, sur une masse salariale soumise aux fluctuations de la construction navale. C'était une des raisons de l'attitude systématiquement bloquée de la direction qui profitait de ce privilège pour faire échec aux revendications, ergoter, refuser ou poser des préalables à toute discussion et, finalement, sanctionner, procéder à des mises à pied, voire lock-outer quand les travailleurs se montraient trop exigeants à son gré. Mais, en cette circonstance, c'était la garantiè de l'emploi qui était la revendication essentielle des Nazairiens. Beaucoup de salariés qui n'avaient pas connu le chômage, ce fléau des années d'avant-guerre, lors des Ucenciements massifs après chaque départ de navire, pensaient qu'en cette seconde partie du XX' siècle ce passé était révolu. Le réveil fut brutal. Mais la riposte ne se fit pas attendre. Usant des seuls moyens à leur disposition, des milliers de travailleurs, une population unanime, par un réflexe commun d'autodéfense, manifestaient à plusieurs reprises dans la rue et devant la sous-préfecture, contre le dépérissement de leur cité. Cependant que, tout en continuant d'alerter l'opinion, les responsables des syndicats, préoccupés de rechercher les moyens de remédier à cette situation, ne s'étaient pas fait faute de multiplier les démarches, dénonçant les lenteurs des interventions pour prévenir une aggravation ; surtout à la suite d'enquêtes de services publics concluant que les possibllités d'emploi se réduiraient inéluctablement si de nouvelles usines n'étalent pas implantées d'urgence. Ils savaient que, dans les projets d'aménagement du territoire en cours, la région de Nantes - Saint-Nazaire, disposant de vastes terrains et d'une main-d'œuvre sur place, était promise à un grand développement. Des offres avaient été faites par la municipalité de Saint-Nazaire, rendant l'installation aisée et avantageuse sur plusieurs dizaines d'hectares de terrains équipés et la Chambre de Commerce entreprenait; dans le même but, la création d'une zone industrielle de plus de 100 hectares. Les entreprises qui se décidaient étaient cependant fort rares. Pourquoi ? C'est en recherchant les raisons de cette désaffection que les syndicats apprenaient, de source officielle, que c'était le climat créé par l'agressivité revendicative des travail16

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