SAINT-NAZAIRE d'un important paquebot, le c Shalom ,, on avait vanté les qualités de l'ouvrier nazairien, sa conscience professionnelle, son ardeur au travail, etc. Mais, ni la valeur de ces éloges ni la sincérité de cette sympathie épisodique des fins de banquet et des cérémonies de lancement ne pouvaient compenser les pénalisations du lendemain pour les artisans ouvriers de cette production. Février ne s'était pas écoulé qu'on enregistrait la fermeture de plusieurs entreprises sous-traitantes. Puis, après la liquidation des Fonderies de Saint-Nazaire (société dépendant étroitement des Chantiers), qui privait d'emploi 350 ouvriers, malgré l'intervention des responsables syndicaux, accompagnés du maire Blancho, à Paris, à Matignon, c'était le tour de 650 ouvriers des Chantiers de se voir menacés de licenciement. En tout, plus de 1 000 travailleurs étaient touchés, tandis que la direction annonçait, à partir du 1 •r mars, 44 heures de travail par semaine pour la majeure partie du personnel et 42 et 40 heures pour certains ateliers. A cette date, rien qu'à Saint-Nazaire, où l'on dénombrait, en 1955, 10500 salariés - au moment de la fusion des Chantiers - il n'en restait que 8 072, soit 2 400 en moins, avec pourtant plus de productivité. En effet, durant cet intervalle, pour rendre à l'industrie navale sa compétitivité internationale, l'Etat avait consenti d'importants crédits d'aide à la modernisation, à la rationalisation des moyens de production des Chantiers. Mais cette modernisation se traduisait, elle aussi, pour les travailleurs, par le chômage. La loi du profit capitaliste imposait, en la circonstance, en fonction de la crise, d'une part, et du développement des techniques, d'autre part, que l'économie prime sur le social. La mauvaise réputation DEVANT ces difficultés, les syndicats n'étaient, bien sQ.r, pas restés inactifs. Mais, concernant le problème de l'emploi, ils avaient le dos au mur, étant donné que dans l'agglomération nazairlenne les Chantiers constituaient, avec Sud-Aviation (anciennement S.N.C.A.S.O.), la seule activité industrielle, ouvriers et cadres ne pouvaient trouver d'emploi que là. Et la solution de reclassement des ouvriers éliminés était par làmême des plus difficiles. 15
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==