Interrogations - anno III - n. 6 - marzo 1976

NICOLAS FAUCIER A noter qu'il n'y avait pas eu de véritable lutte sociale, à Saint-Nazaire, depuis la fin de la guerre. Peut-être peut-on en rechercher la cause dans la pluralité syndicale qui avait provoqué le départ de nombreux ouvriers, lassés des éternelles querelles des fractions syndicales rivales. D'autant qu'à mesure que les années passaient, les luttes qui s'accentuaient entre confédérés et unitaires avaient des retombées locales, dont, en particulier, l'affaiblissement des organisations ouvrières. Pourtant, un sursaut unanime allait se produire quand, tin décembre 1935, la direction de Penhoët, comparant les salaires de ses ouvriers à ceux des autres régions de construction navale, dénonçait la convention collective et annonçait une diminution des salaires, ainsi que la suppression de la majoration des heures supplémentaires pour le 6 janvier 1936 (3). C'était l'alignement sur les salaires minima du Chantier de la Loire et l'abandon de tous les avantages conquis un à un au cours des années passées. Aussi, les 5 000 ouvriers avaient-ils répondu par la cessation immédiate du travail. Le 30 janvier, les pourparlers n'ayant encore donné aucun résultat, les mensuels, touchés eux aussi par une réduction de 10 %, rejoignaient les ouvriers dans la grève, ce qui ne s'était pas produit depuis bien longtemps. Le comité de grève, qui demeurait en relation avec les fédérations des métallurgistes des deux centrales C.G.T. - C.G.T.U., avait établi des piquets de grève à toutes les portes et. les consignes étaient rigoureusement respectées. Aucune défaillance ne se produisit. Si bien que le conflit se prolongeant et le sort de 20 000 personnes étant en jeu, une proposition de conc111ation du maire socialiste Blancho et du sous-préfet aboutissait à un accord qui, non seulement maintenait les avantages acquis à Penhoët, mais les étendait aux ouvriers du Chantier de la Lolre et les garantissait par un contrat collectif. Mais cette grève n'était qu"un prélude. Le congrès d"unité de Toulouse, en mars, eut ses répercussions à Saint-Nazaire par la fusion des deux syndicats en une Union des métallurgistes où l'influence « unitaire ~ allait se manifester activement et donner une nouvelle impulsion aux revendications ouvrières. (3) Les salaires de Penhoët dépassaient, en effet, de 40 à 46 centimee les salaires nantais ; de 50 à 60 centimes ceux du Chantier de la Loire, à St-Nazaire même (celui-ci ayant abandonné la convention collective), et de 90 centimes à 1 fr 10 plus élevés qu'à Dunkerque. Le Havre. Rouen et Bordeaux. Cette différence persista jusqu'en 1939. En février 1939, un tourneur de 1re catégorie avait un salaire (prime de vie ch~re comprise) de 8 fr 90, alors qu'à Rouen il n'avait que 8 fr 30, à La 8eyne 8 tr 55, à Bordeaux 8 fr 10. Un électricien de 2• caliégorie avait 8 fr 30 pour 7 fr 70. à Rouen, 7 fr 74 à La Seyne et 7fr 10. à Bordeaux. 12

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