Interrogations - anno II - n. 5 - dicembre 1975

MINOltlTI!S ET NATIONALISMES llsatlon est accompli quand s'est opere le passage du sentiment d'lsolement et de massification au sentiment de minorite. Se sentlr minoritaire, avec un minimum d'affirmation et de provocation, est une ouverture sur le collectif (minorltaire avec d'autres) et la contestation. La decomposition homogeneisante achoppe lei sur un mouvement de recomposition sociale qui est perceptible aussi dans les differentes tentatives de vie communautalre. Le succes des universltes d'ete regionales, les rencontres avec les autres minorites ethniques, vont dans ce sens, et constituent en meme temps un antidote contre le nationalisme. A cela s'aJoutent les convergences avec des groupes dlfferents, dont !'alienation et les revendications se fondent sur une sp~1f1c1te: femmes, immigres, vieux, minorites sexuelles. Ces rencontres peuvent avoir par ailleurs une efficacite critique et demystificatrice : les « femmes en lutte ,, ont certainement leur mot a dire sur certaines « traditions populaires "• en particulier sur le plan de la vie familiale, ou Ies immigres sur la maniere dont est respectee leur particularite ethnique. 11 se cree d'ailleurs des courants veritablement intemationaux. Dans leur campagne contre les centrales nucleaires, Fran~ais, Suisses et Allemands se retrouvent tour a tour dams chacun des trois pays, recreant ainsi cet espace rhenan qui est un grand souvenir des regionalistes alsaciens. Se sont de telles ouvertures qui vont creer des tendances novatrices et liberatrlces : en debordant les frontieres et en entamant le natlonalisme territorial suivant le cours des langues. Mais, de fa~on complementaire, le regionalisme anti-institutionnel devra invoquer le territoire contre la langue lorsque celle-ci risquera de devenir a nouveau un fixateur nationaliste. Quand l'histoire des ethnies sacralise les origines et magnifie les anciennes structures etatiques, il est utile de rappeler que les grands mouvements sociaux et culturels ne s'arrfltent pas aux clivages des langues. Le regionalisme est devenu un fait social qui se trouTe refracte dans tous les secteurs de la vie politique. 11 n'est pas condamne d'emblee au nationalisme, et il y echappe quand 11 se connecte avec l'ensemble des luttes qui sont en cours pour arracher les rapports sociaux aux determinations autoritalre~ et au conditionnement de la technocratie capitaliste. En !alt, ll constltue lui-meme un element de connexion efficace, quand n lie les revendicatlons sur la preservation de l'espace, sur l'amenagement des villes, avec la denonciation de l'aUenation 21

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