LA VARI ANTE MILIT AIRE La mentalite modemiste, acquise au contact des attaches nordamericains, pendant la periode de lune de miel entre officiers latinoamericains et services du Pentagone, demeura, !ors meme que l'antiyankisme gagna les creurs et que les frustrations entrainerent la volonte de conquerir une deuxieme independance, economique cette fois. Certains achats de materiel de guerre, peu en harmonie avec !es besoins logiques des trois armes, et plus specialement ceux de !'aviation, peuvent s'expliquer par le besoin ressenti chez les officiers de manifester leur esprit et leurs capacites favorables aux technologies de pointe. Une !aeon de demontrer que si Ia nation trainait encore Jes boulets de trop nombreux passes, eux appartenaient deja au monde nouveau. Au niveau des officiers superieurs et generaux, l'interet pour !es problemes de developpement s'eveillait et conduisait a la creation de centres de formation et d'etudes dont le domaine depassait singulierement Jes matieres purement militaires. Les cours de !'Ecole Superieure de Guerre a Rio de Janeiro, ou ceux du Centre de Hautes Etudes Militares (C.A.E.M.) de Lima, portaient en grande partie sur des themes de sociologie et d'economie politique. A l'instar des Universites civi!es, mais avec cette difference notable que, dans les institutions militaires, les problemes etaient a la fois sujets d'etudes et matieres a projets concrets. Concrets dans la mesure oil les Forces Armees se decidaient a jouer le r6le auquel les administrations civiles, les partis politiques et les classes dirigeantes renoncaient. II est significatif qu'en 1962, lors de !'intervention des Forces Armees, alors que les militaires se limitaient encore a « remettre de l'ordre » dans les affaires publiques avant de passer la main a un pouvoir civil, ce fut le C.A.E.M. qui definit un projet de reforme agraire ... , ainsi qu'une nouvelle Loi electorale. On retrouvera, dans la plupart de ces etablissements militaires d'enseignement superieur - curieusement oublies dans les innombrables etudes consacres aux problemes universitaires - des professeurs appartenant aux ecoles « revolutionnaires » : « marxistes », nationalistes intransigeants, socialistes de toutes nuances. II semble done inexact de croire que ce fut !'ere des guerillas qui placa les militaires face aux problemes sociaux et les fit entrer dans une phase de radicalisation. II serait plus correct de constater que Ia menace d'une solution apportee par un appareil volontariste, autre que celui des Forces Armees, precipita la rupture entre la machine militaire, materiellement bien entretenue, et les groupes de pouvoir decadents. Meme pendant la periode des « caudillos » militaires - Vargas au Bresil, Peron en Argentine, Perez Jimenez au Venezuela, Manuel Odria au Perou, Rojas Pinilla en Colombie - la dependance envers l'oligarchie n'est pas totale. Les privileges de celles-ci sont maintenus, et en echange, ,le pouvoir « populaire » des dictateurs est tolere. Mais ii n'y a pas la une situation stabilisee. Du c6te militaire des efforts sont faits pour s'assurer une base plus large et plus diversifiee que Jes seuls bataillons. Vargas favorise la creation de 103
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