SANS COMMENTAIRE Cependant, la grande industrie était absolument indispensable à l'Etat soviétique, surtout compte tenu des besoins de l'économie de guerre. L'impression se dégage que cette tentative pour éliminer les défauts de l'ancienne société, dans un pays isolé et entouré d'ennemis, relevait ouvertement de l'utopie, dans la mesure où, après avoir transformé. le fondement idéologique de la société, sa structure polit.ic;uc, etc., le bolchevisme russe n'en maintenait pas moins la base principale de l'économie capitaliste, à savoir la grande industrie, du fait que la nécessité de survivre, la nécessité de pourvoir aux besoins d'une nombreuse population urbaine, exigeaient non la réduction de la grande industrie, mais au contraire son expansion par tous les moyens et qu'il n'y avait pas d'autre choix économique possible. C'est ce qui devint le Cheval de Troie du capitalisme, et qui détermina le développement économique et social ultérieur de la Russie. Néanmoins, sept ans après l'abrogation officielle du « communisme militaire», une tentative de le faire revivre eut lieu. bien que sous une forme très atténuée. Après avoir définitivement vaincu son opposition de gauche au XVe Congrès du Parti, en décembre 1927, Staline entreprit littéralement, quinze jours après la fin du Congrès, de réaliser pratiquement le programme politique préconisé par ses rivaux vaincus, allant même plus loin qu'eux dans une série de domaines. Au cours de la réalisation de ce programme, de nombreux traits de l'ancien « communisme militaire» furent rétablis. Mals l'économie étant toujours basée sur la grande industrie, ce programme n'aboutit qu'à une nouvelle militarisation du pays et au rétablissement de nombreuses formes du travail obligatoire, avec cette différence par rapport au programme trotskiste que les victimes des répressions qui commençaient alors vinrent également grossir les rangs des armées du travail. La « répartition des produits» reparut sous les traits cette fois du kolkhoze (économie collective), conçu au premier temps de son existence comme une commune formée par la collectivisation de toute la propriété privée, ce qui permettait de réquisitionner toute la production des paysans, sans entrer dans des conflits personnels nvec eux. Une telle forme d'organisation facilitait grandement l'appropriation par l'Etat des produits agricoles, alors que les paysans restaient liés à leurs kolkhozes conformément au principe du travail obligatoire décrété par le IXe Congrès du Parti. En 1929 et jusqu'au début de 1930, on tenta d'instaurer, sans succès, dans les campagnes ·et même dans les villes, une forme d'économie naturelle, sans àrgent'. On ferma tous les marchés d'alimentation libres, on se mit à confisquer sans exception toutes les propriétés individuelles ; on assista dans les villes à des tentatives de créer des communes avec collectivisation du travail ménager. On brandit un moment un slogan sur « la liquidation des cuisines ». Mais tout ce mouvement prit fin encore plus rapidement que le 88
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