SENZA COMMENTO Moscou 1960, p. 97). Trotsky considérait que dans les conditions du socialisme, le travail forcé devait être plus productif. « L'affirmation que le travail libre, le travail salarié, est plus productif que le travail forcé, était incontestablement exacte en application au régime féodal, au régime bourgeois». Cependant, affirmait Trotsky, « il n'est pas vrai que le travail forcé soit improductif dans toutes les circonstances et dans toutes les conditions l> (p. 98) ... Le « communisme militaire » n'était pas du tout considéré comme une mesure provisoire découlant de la guerre civile, comme les historiens soviétiques actuels tentent de nous le faire croire. Son appellation est bien plus tardive. « Tout le schéma de l'économie militaro-communiste était considéré comme la charpente même de l'économie socialiste et tout ie problème, semblait-il, consistait seulement, dans le cadre de ce système, à surmonter le désarroi économique et à relever les forces de production matérielles, tombées à une fraction de leur rendement d'avant guerre, à. un haut niveau d'industrialisation sur le plan de la technique et de la vie culturelle.» (A. Aïchenwald, id. p. 379.) Les résultats du communisme militaire furent désastreux. Il ne parvint non seulement pas à arrêter la ruine du pays, mais il l'aggraYa encore. Des insurrections de masse en Sibérie, dans le centre et enfin à. Kronstadt obligèrent le gouvernement à. renoncer à. sa politique d'économie non monétaire accompagnée du travail obligatoire militarisé et de la « répartition des produits». En mars 1921, la « répartition des produits» était abrogée. Furent rltablis ensuite : la liberté du commerce, la circulation monétaire, les salaires, etc. Le système du travail obligatoire se voyait aussi aboli. En très peu de temps, toute l'économie de l'Union Soviétique se retrouva sur pied et dépassa même rapidement son niveau d 'avant-guerre. La faillite de cet essai d'instauration d'une économie naturelle sans argent eut une telle répercussion sur l'idéologie communiste de l'époque qu'on en trouve même un écho dans le programme du Komintern où on disait qu'une telle politique ne devait pas être considérée par la classe ouvrière comme « le système de la politique économique 'normale' de la dictature du prolétariat. » Il y eut plusieurs raisons à la faillite du « communisme militaire», mais elles revenaient toutes au fait que le pays avait coni;ervé son ancienne structure économique. Celle-ci n'avait pratiquement pas changé depuis la Révolution, c'est-à-dire que toute la grosse industrie avait été conservée telle quelle, avec sa forte population ouvrière dont les intérêts strictement de consommation étaient indissolublement liés à cette industrie. Cela se rapportait avant tout à la population urbaine, qui devait être approvisionnée en produits alimentaires, alors qu'elle ne produisait rien ou seulement des fournitures militaires. Mais les produits alimentaires ne pouvaient être obtenus des paysans que par la force : ce dont se chargea la « répartition des produits » déjà citée. 87
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