ALBERT MEISTER les incite à modifier les termes des accords antérieurs. Et cette même crise signifie pour les Etats-Unis qu'ils sont désormais intégrés dans un ensemble plus vaste, non plus seulement composé de pays où ils continueront certes de jouer le rôle de premier plan mais dans lequel ils ne seront plus le seul leader. En d'autres termes, la crise monétaire actuelle doit être considérée en fonction des modifications dans l'équilibre des relalions internationales et de la croissance des firmes multinationales qui - et c'est la caractéristique du système transnational - sont de plus en plus parties prenantes dans la définition de cet équilibre. Une brève incidente historique sur la façon dont s'était réglée la précédente crise monétaire devrait permettre d'éclairer ce point. Le système monétaire issu des accords de BrettonWoods de 1944, à la veille de la paix, reflétait l'intérêt des Etats-Unis pour un redémarrage rapide du commerce international avec le minimum de restrictions. Le dollar s'impose tout naturellement comme monnaie de réserve et, grâce à leur situation de créancier de tous les autres pays, ils peuvent imposer une discipline monétaire afin de maintenir des parités fixes et la convertibilité. Ce système permet la reprise du commerce international et l'on peut dire qu'il fonctionne bien tant que les pays restent dépendants et débiteurs des Etats-Unis, c'està-dire jusque dans le début des années 1960. Depuis cette époque les déficits de la balance américaine des paiements s'accumulent et les anciens débiteurs devenus créanciers renâclent devant la perspective de devoir couvrir des déficits de plus en plus importants ; on sait déjà qu'à terme il faudra changer un système qui ne tient plus compte des nouveaux rapports de puissance. Plutôt que d'examiner le problème du double excès d'émissions monétaires (en dollars par les Etats-Unis pour faire face à leur déficit et en monnaies européennes par les créanciers pour racheter ces surplus de dollars) à la lumière du regain de popularité qu'en a reçu la vénérable théorie quantitative de la monnaie, il semble préférable de s'interroger sur quelquesunes des tâches assumées par les Etats-Unis et dont, avec le temps, ils ont fait partager la charge par les autres pays : 6 - ils ont assumé la protection européenne et ont pu s'opposer au grignotage communiste aux marches du monde occidental, prenant le relais de puissances secondaires (cas de la France en Indochine, par exemple) ; - ils ont supporté le poids principal des institutions internationales créées pour légitimer et prolonger le partage
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