Interrogations - anno II - n. 4 - settembre 1975

ALBERT ME/STER deux systèmes. Bien qu'elle privilégie nettement l'interlocuteur américain sur le plan politique, la diplomatie soviétique pratique sa politique d'ouverture économique à l'égard de tous les pays. Elle a d'ailleurs parfaitement compris la logique transnationale et s'adresse aussi bien aux pays qu'aux firmes, et à tous deux elle fait des offres de coopération « mutuelle fructueuse ». Et c'est également en fonction de cette logique que les pays socialistes ne se soucient pas de s'allier avec des firmes qui ont simultanément des intérêts en Israël et en Egypte, en Espagne et en Hongrie, que la Pologne et l'Autriche ont réalisé naguère des investissements communs dans la Grèce des colonels, etc ... Seuls, les idéologues attardés et chagrins y trouvent encore quelque chose à redire et s'insurgent à l'occasion ... ainsi quand la Pologne, en 1970, livre du charbon pour aider le gouvernement espagnol à réduire la grève des mineurs des Asturies. Dans le long terme, car la coopération n'en est qu'à ses débuts, les firmes « trans-idéologiques » (17) apparaissent donc comme des instruments de rapprochement Est-Ouest, et de fusion des deux impérialismes dans le système transnational ; c'est ce que nous verrons ci-dessous à propos des pays fournisseurs et sous-développés. A plus court terme cependant, et pour réaliser un tel programme, la demande de capitaux pour l'investissement va se maintenir à son maximum, avec les conséquences inflationnistes correspondant aux sur-prix infligés aux consommateurs occidentaux ; ou par des mesures de sousconsommation au détriment des consommateurs des pays planifiés (18). < 17) Selon l'expression de l'un de leurs avocats, Samuel PiSa.r, dans J,e Monde du 1er septembre 1973. (181 Le surprix, ou épargne indirecte, prélevé pour la croissance des investissements est en fait aussi une sous-consommation, le consommateur devant payer les produits plus chers qu'lls ne vaudraient sans l'incorporation d'un fort « cash flow ». Théoriquement les systèmes planifiés ont davantage de possibilités de constituer l'épargne car 11speuvent décider de ne pas fabriquer cerhins biens considérés comme superflus. ou limiter les revenus individuels. A noter toutefois que de telles mesures, caractéristiques de la croissance des économies socialistes, sont bien plus dltriclles à prendre aujourd'hui : la différenciation des revenus n'a plus de sens si les gens bien payés n'ont pas la possibilité d'acquérir des biens de consommation <voitures par exemple) et il n'est plus possible de limiter cette dl!férenclation car, en raison de l'affaiblissement des stimulants idéologiques, elle constitue l'unique Incitation à l'effort. Le rapprochement avec l'Occident et la pénétration de ses modes de consommation vont encore accentuer la demande de biens de consommation et de services ; biens et services qu'il faudra bien offrir car la demande émane précisément des couches de la popuhtion qui détiennent les revenus les plus élevés et qui sont les garants de la productivité des entreprises. Ne pas accroitre la gamme des biens offerts ou diminuer leurs pouvoirs d'achat signifierait une chute de la 16

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