ALBERT MEISTER disposent leurs partenaires socialistes, qui n'ont pas à se préoccuper des réactions des partis ou des oppositions et même du syndicalisme. Les accords avec eux sont plus faciles à négocier, puisque la politique ne s'en mêle pas . . . et ce n'est pas par hasard que les grandes firmes s'entendent si bien avec les pouvoirs forts, et, comme en le verra à propos des pays neufs, avec les dictatures : la puissance se reconnait dans la puissance, le pouvoir joue le pouvoir. On doit, en effet, rappeler que la fructueuse coexistence pacifique coïncide en Union Soviétique avec un regain de répression contre les déviants de toutes sortes et l'affirmation sans vergogne de la bureaucratie néo-stalinienne. Les témoignages de bonne entente se multiplient : les EtatsUnis bénéficient de la bénédiction de Moscou lorsqu'ils font taire les vélléités d'un jeu européen concerté et relativement indépendant d'eux, de même que quand ils laissent (ou font) écraser le socialisme chilien, dont le caractère démocratique constituait assurément une hérésie majeure aux yeux des deux partenaires ; attachée au statu quo, ,l'Union Sovietique encourage Castro à se réconcilier avec Washington et ne fait pas mystère de ses préférences pour une victoire de Giscard lors des présidentielles de 1974 ; enfin, il n'est pas exclu que les Occidentaux n'aient demandé aux Russes de calmer les appétits des pays pétroliers au moment de la crise de 1973. Réalisés sur les bases de la pratique occidentale, les accords de participation entre firmes multi-nationales et firmes ou organismes financiers de l'Est se sont multipliés durant ces dernières années, et des sociétés se sont constituées pour créer des entreprises afin d'exploiter le << know how » occidental ou bénéficier des coû.ts plus faibles de la main d'oeuvre d'Europe orientale ... désormais les meubles dits danois nous viennent de Pologne, les appareils ménagers autrichiens de Tchécoslovaquie, les équipements sanitaires italiens de Hongrie, certaines pièces de nos voitures Renault de Roumanie et de Yougoslavie, etc ... (13) ; pour être en règle avec les lois interdisant le profit capitaliste et son transfert à l'étranger, des systèmes ingénieux ont été mis sur pied (sous-évaluation de la valeur à l'exportation, par exemple) ; à la suite de la Chase Manhattan Bank, plusieurs autres banques ouvrent des filiales dans les pays de l'Est ; quant aux banques soviétiques en pays occidentaux, elles jouissent d'une excellente réputation chez leurs consoeurs ; (13) On lira avec intérêt les pages que Levinson consacre à ces développements, de même que l'article de Michel Bosquet dans Le Nouvel Observateur du 15 octobre 1973. 14
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