LES TRANSNATIONALES entreprises socialistes. Ce serait cependant une grave erreur de raisonner ainsi, car le point principal est qu'il n'y a pas ou plus d'entreprises organisées selon des principes socialistes. Il est donc facile pour les firmes occidentales de s'unir avec elles car elles sont organisées selon les mêmes principes de management, et la Harvard Business School et ses émules sont actuellement aussi populaires dans les pays socialistes (Chine exceptée) qu'elles l'étaient voici une vingtaine d'années en France. Je ne chercherai pas à établir ici quels pourraient être des principes socialistes de gestion des entreprises, et me bornerai à constater les ressemblances des entreprises des pays socialistes avec leurs soeurs de l'Occident : pas de différences dans les organigrammes, même contraintes quotidiennes dans la production, les rythmes et les relations de travail et les systèmes de rémunération, même souci de rentabilité des capitaux, même stratiflcation sociale entre employés et ouvriers et entre cadres et exécutants. Sur tous ces points, même l'entreprise autogérée de type yougoslave ne montre pas de différences significatives et ce malgré les structures de participation (11). Certes, les entreprises des pays socialistes sont plus dépendantes des systèmes d'allocations des ressources et de planification. Mais ces derniers se sont progressivement assouplis et les entreprises, ou, mieux dit, les directions des entreprises, ont une plus grande liberté de mouvement. D'où la popularité des idées d'organisation « scientifique» du travail. Les échecs mêmes d'une planification trop rigide au moment où ces économies doivent répondre à une demande plus forte et plus diversifiée de biens de consommation, ont favorisé la volonté de collaboration avec les entreprises occidentales et leurs modes de gestion plus souples et plus efficaces. Comme les sociétés socialistes sont par ailleurs en pleine crise idéologique et prennent conscience de leur caractère de sociétés de classes, il n'existe plus auéun empêchement à la collaboration avec les firmes occidentales (12). D'un côté comme de l'autre, les valeurs sont les mêmes : l'argent, le succès, la puissance. En outre, les managers occidentaux ne sont pas sans apprécier l'autorité dont (11) L'existence de ces structures ne préjuge pas, en effet, des fonctionnements concrets. Sur ce point voir Où va l'augestlon yougoslave ? Paris, Anthropos, 1970, 386 p. (12) Quant au résultat de cette collaboration, il est permis de douter que : « La coopération avec les entreprises capitalistes dans des sociétés mixtes peut aider à l'édification du socialisme en Roumanie» (ou ailleurs). Déclaration de M. Nicolas Ceaucescu, Président de la République Roumaine, Le Monde des 5-6 mai 1974. .13
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