ALBERT MEISTER commerciale (4). Le débiteur a gagné la partie sur le plan commercial : le concordat qu'il a forcé ses créanciers à lui consentir rétablit sa trésorerie en même temps qu'il affaiblit les autres dans leur patrimoine. Et bien sû.r, ce sont les créanciers les moins solides qui en pâtissent le plus (notamment la GrandeBretagne). En incidente, il faut attirer l'attention sur le mercantilisme brutal qui est toujours à la base des relations internationales et qui, puisque chacun veut vendre davantage et est tenté de se protéger pour acheter moins, s'oppose fondamentalement à toute tentative sereine et concertée pour résoudre la question monétaire, reflet des rapports de puissance. En effet le fondement de la crise n'est pas à chercher dans la monnaie, mais bien dans l'inégalité des puissances. Et, en dépit des plans généreux pour la recherche d'un nouvel étalon monétaire, les évènements récents nous montrent qu'une monnaie de référence ne se définit pas par la concertation : tout comme l'étalon dollar défini en 1944 s'était naturellement (c'est-à-dire par la puissance comme dans la nature) imposé aux économies affaibltes par la guerre. Il n'y avait et il n'y a pas à choisir ; pas plus qu'on ne peut revenir au passé et à la sécurité des métaux précieux. Mais si, dans l'immédiat, le dynamisme commercial des Etats-Unis sort vivifié de la crise grâce au coup de fouet donné aux exportations, et si la dévaluation elle-même n'a pas été sensible dans le pays (5), les conséquences à long terme risquent d'être différentes sur le plan des investissements. La dévaluation du dollar favorise en effet l'investissement aux Etats-Unis et cela d'autant plus que certaines monnaies ont par ailleurs été réévaluées (DM. Yen, Franc suisse). Au lieu d'exporter plus difficilement. les firmes européennes et japonaises trouvent intérêt à investir dans le marché américain et. par là-même, à se munir contre un retour au protectionnisme. Les quelque quatre-vingt milliard de dollars flottants trouveront ainsi à se résorber et un nouvel équilibre monétaire peut être envisagé. En fait, les investissements étrangers directs aux Etats- (4) Cf. Ph. Slmonnot, Le Monde du 17 juillet 1973. (5 t Le commerce extérieur ne représent!mt environ que 5 % du PNB, la hausse des prix des Importations n'a qu"une très faible Incidence sur le niveau général des prix. Par ailleurs, du fait de la taille du marché, les perturbations Internationales se trouvent amorties. Notons en outre que la crise pétrolière affecte bien moins les produits américains que ceux des autres pays industriels ; grâce aux prix plus élevés du pétrole, les EtatsUnis peuvent également reconquérir leur autarcie en matière énergétique, les gisements négligés et de nouvelles sources devenant désormais rentables. 10
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