ALBERT MEISTER du c monde libre ,. D'une ta.çon générale, ·tous les pays concernés reconnaissent la valeur des services rendus mats, bien que respectant l'usage qui veut que l'esprit d'initiative soit récompensé, ils se bornent à rechigner devant l'ampleur de la commission prélevée par l'entrepreneur de ces services - comme cela a été le cas en 1973 quand les pays à monnaies fortes refusèrent d'épauler le dollar et laissèrent flotter leur monnaie, la réévaluant de tait. Notons aussi que la tin de la guerre du Vietnam ne signifie pas que les charges de la sécurité commune seront diminuées. S'accrochant à leur rôle de leader de l'Occident, les Etats-Unis ont plus d'une fois réaffirmé (1) leurs intérêts et responsabilités planétaires - par opposition aux intérêts seulement régionaux des pays européens - et l'on ne s'est pas tait faute de remarquer que les pays à monnaie forte sont aussi ceux qui, grâce à la protection américaine, peuvent consacrer une plus faible partie de leur budget à la défense (2). La menace des divisions soviétiques sur l'Europe centrale est périodiquement brandie et de nouveaux foyers d'insurrection dans le TiersMonde sont toujours possibles : le chantage à la sécurité a donc bien des chances de continuer d'être un atout majeur dans le jeu américain. Il lui est d'autant plus nécessaire pour conserver une position de leadership dans le système trans-nattonal que les entreprises multinationales tendent potentiellement à se dégager de leurs origines nationales et que la crise monétaire a démontré la fin du type de dépendance économique hérité de la guerre. Forts de leur récente puissance économique, les pays européens et le Japon entendent devenir des partenaires à part entière. Toutefois, et c'est ce qui complique singulièrement l'analyse, le jeu politique entre pays, ouvert, dramatisé et qui distrait l'attention, masque le jeu sllencteux, souterrain, et à long terme unificateur des prises de participation et des interconnexions des grandes firmes. Comme tous les autres pays lorsqu'ils se sont trouvés en position de force (11est vrai qu'll y a longtemps que ce n'est plus arrivé aux pays européens et c'est pourquoi nous l'avons un peu oublié), les Etats-Unis ne se sont jamais tait faute de rompre (1) Et encore récemment au printemps 1974, devant les vélléltés des Neuf de mettre sur pied une politique énergétique commune, Nixon les a mis en demeure de ne pas se liguer contre Washington et menacé d'un retrait des forces américaines. (2) Déclaration de Robert Trlffin devant une commission du Congrès des Etats-Unis, citée par Ph. Slmonnot, Le Monde du 21 juin 1973. a
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==