DOSSIER CHILIEN intéréts des classes dirigeantes - propriétaires fonciers et minlers - ont été défendus, protégés et en grande partie maintenus, non par la création d'un apparell gouvernemental ad hoc, mals grace a une permanente actaptation des groupes oligarchiques a des poussées politiques non contrólées, et a la négociation avec des partis qui reflétaient des lntéréts et des asplrations différents. Des intéréts et des aspirations qui étaient ceux, essentlellement, des • classes moyennes •· C'est ce qu'un essayiste libéral, Alberto Edwards Vives, constate (2), quand II met en évidence ce que fut le moteur du changement politique : « Au Chili, la rébelllon de l'électorat ne partlt pas du peuple ouvrler et paysan, mals de ce que nous appelons le! improprement classe moyenne, c'est-a-dire du prolétarlat intellectuel que, par son infériorité économlque, ses habitudes, ses sentiments et son état d'absolue dépendance, mérlte !el ce nom, méme dans son sens le plus strict >. Quels sont ces partis, apres la Deuxleme Guerre mondlale ? Pendant longtemps, le parti radical a fonctionné comme un apparell politique d'une grande souplesse, a la fois protecteur de secteurs de grande proprlété terrlenne dans le Sud, promoteur de lols favorables á des catégorles nombreuses d'employés et de tonctionnaires, lnventeur d'entreprlses d'Etat. Ce caractere hétérogene du partl radical - par la suite divisé, dépassé, électoralement dlmlnué, car 11 ne peut plus couvrlr des contradlctions sociales de plus en plus vives -, n'est pas exceptlonnel. La composltlon du Parti soclaliste révele qu'll ne s'aglt pas d'un partl de classe. C'est un conglomérat ou l'on retrouve péle-méle des équlpes municipales des raubourgs de Santiago, des noyaux actlfs á la base et dans l'apparell syndlcaux, des bastlons électoraux dans l'extréme Sud et l'extréme Nord du pays, des couches lntellectuelles partagées par des courants de pensée dlvergents, qui vont de la soclal-démocratie de type européen aux technlques révolutlonnalres de la prlse du pouvolr, en passant par des conceptlons d'admlnlstratlon publique honnéte et efflcace. Le partl ne dlspose d'aucune machlne centrallsée, ses mllltants sourrrent dlfflcllement une quelconque discipline. Une tactlque commune est Impensable, sauf en perlode électorale. L'hlstolre du Partl soclallste est hachée d'aventures et de sclsslons. On y trouve méme une certaine constante pour le (2) La Fronda Aristocrática. Edlt. del Pacifico, Santiago de Chile, 1945. 115
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