Interrogations - anno II - n. 3 - giugno 1975

Ces comblnalsons de l'asplratlon llbertalre et de l'asplratlon modernlste nous posent una redoutable questlon : la premlere ne sert-elle pas en quelque racon la seconde ? Les luttes menées pour llbérer l'lndlvldu de l'entrave des lnstltutlons tradltlonnelles ne contrlbuent-elles pas á raconner les étres égaux -- et done lnterchangeables - dont le systeme bureaucratlque moderne a besoln pour réallser plelnement sa ratlonallté ? On entrevolt par exemple comment ce systeme pourralt tlrer protlt de la llquldatlon en cours de la famllle : dlvorce, avortement, contraceptlon, émanclpatlon de la remme et des enfants, tout cela pourralt Ju! fournlr des • lndlvldus • plelnement • llbérés • de tout autre soucl que la • performance •· Une telle perspectlve est évldemment á mllle lleues de !'esprit des partlclpants aux dlfférentes luttes de llbératlon. Et 11 ne s'agit pas non plus de détendre des lnstltutlons qui sont d'ores et déjil pourrles et en vale de llquldatlon. Mals toute la questlon est de savolr si les dlrtérentes luttes de llbératlon sont porteuses d'autres formes de vle soclale que celles déjá en cours de réallsatlon dans le cadre de· l'organlsatlon bureaucratlque. L'observatlon et l'analyse (a peine entamées) de mal 68 et de ses suites ne permettent pas encare de répondre á ces questlons. Mals poser celles-cl entratne un déplacement du débat lnltlalement propasé : 11ne s'aglt plus tellement de détermlner dans quelle mesure mal 68 a été • récupéré •· Il s'aglt surtout de savolr ce que le • refus total de la soclété • exprlmé en mal 68 a réellement slgnltlé. De ce polnt de vue, 11raut évldemment décrlre avec préclslon les ralts de récupératlon : lis constltuent des systemes lmportants de la nature réelle du mouvement de mal, dans son développement. Mals II raut !aire de méme pour les ldées et mouvements de contestatlon qui semblent plus proches du e vral • esprit de mal. Les dlttérentes racettes du dlscours de mal (conscientes ou non), les dlvers types de rapports entretenus par les partlclpants au mouvement - entre eux et avec les autres - dolvent étre d'abord consldérés comme les éléments d'un ensemble cohérent. Les contradlctlons et les changements dans ces ldées et attltudes ne témolgnent pas torcément d'une Jutte ou d'une contuslon, d"une récupératlon en somme : lis lndlquent peut-étre l'exlstence d'une cohérence encore mal percue. Seule la mise á nu systématlque d'une telle cohérence nous permettra de mesurer quelle part de liberté II nous reste encare pour créer quelque chose d'humaln. 113

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