Interrogations - anno II - n. 3 - giugno 1975

Jours et des ans, autant qu'a travers ses dlscours. D'autant plus qu'un des grands thémes de mal a Justement été la dénonclatlon de • l'embourgeolsement • des mouvements révolutlonnalres qui l'ont précédé (au molns de ceux qui n'ont pas été écrasés). Commode pour décrlre les techniques polltlques de manlpulatlon, la notlon de récupératlon se révéle cependant d'une dangereuse lmpréclsion dans l'analyse approfondle d'un mouvement social. Empruntée a une psychologle lndlvlduelle élémentalre, elle condult facllement a une lnterprétatlon subjectlvlste (du style : leur refus de la soclété, c'étalt bldon, c'étalt pas du durable) ou a une expllcatlon détermlnlste (du genre : leur nature profondément petlte-bourgeolse devalt, en dernler ressort, les mener a la trahlson). On a un peu l'alr, en somme, de reprocher au mouvement de mal de n'avolr pas su, ou pas pu, tenlr ses promesses. Mals la questlon qui se pose n'est-elle pas préclsément de savolr de quelles promesses ce mouvement est réellement porteur ? Autrement dlt, si la « récupératlon • est posslble, n'est-ce pas que les • ldées de mal • ont un autre sens, plus complexe, que le simple « refus total de la soclété > ? N'est probablement récupéré que ce qui est récupérable. Il n'entralt certalnement pas dans les lntentlons des anlmateurs de la revue de mettre en cause la bonne fol ou la mauvalse consclence des partlclpants au mouvement de mal 68. Les termes dans lesquels le débat a été lancé n'en rlsqualent pas molns de susclter un malentendu sur ce polnt. Et c'est bien ce qui semble s'étre passé dans la premlére contrlbutlon au débat, cene de Carlos Semprun-Maura (C.S.M.: L'irrécupérable Mai 68). Croyant apparemment que les • ldées de mal • étalent mal comprlses, C.S.M. a voulu réafflrmer ce qui en falsalt l'orlglnallté, ce qui, a son avis, les rendalent lrrécupérables. L'ldée centrale est que !'esprit de mal n'est pas récupérable par la soclété capltallste, bureaucratlque et hlérarchlsée parce que, contralrement aux ldéologles révolutlonnalres d'orlglne marxlste, 11est essentlellement antl-hlérarchlque. Et C.S.M. nous donne de bons éléments d'analyse sur la nature et le r0le des bureaucratles ouvrléres et des groupes révolutlonnalres d'lnsplratlon marxlste : comment, par leur ldéologle et le comportement lmposé a leurs mllltants, ces organlsatlons adhérent profondément a !'esprit bourgeols, mllltalre et rellgleux de la soclété capltallste a laquelle elles dlsent s'opposer ; comment elles ont contrlbué a l'lntégratlon du prolétarlat a cette soclété (l'amélloratlon obtenue des condltlons de vle et de tra111

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