C. SEMPRUN-MAURA l'annonce de l'interdiction, par les autorités franoaises, de son retour en France. Manifestation qui s'est déroulée aux cris les plus provocants qui soient pour toute une tradition « bien de chez vous » : « Nous sommes tous des juifs allemands ! » A quel point c'était provocant, on en jugera par l'affiche qu'à ce propos sortirent les « maos » et qui, censurant le slogan, proclamait : « Nous sommes tous des étrangers ». Ce qui enlève bien de la virulence, car « étranger » cela peut signifier « suisse » ou « anglais », ce qui est plus convenable que juif et allemand. Et dans ce cas, l'alibi de la « lutte contre le sionisme » que cette censure pouvait impliquer, ne faisait qu'en dévoiler d'autant plus le racisme. Il ne faut pourtant pas trbp exagérer l'importance négative de cette reconnaissance de Cohn-Bendit comme «leader», en elle-mème ambigue, car c'est « l'anti-leader » qui était reconnu en lui. Certes, par une voie détournée, cela revient au mème. Mais le « leader » est volontairement retourné à l'anonymat, alors que d'autres ont sombré dans le ridicule de la « nouvelle résistance », ou des successives et minuscules candidatures à la Présidence de la République. Ainsi, malgré quelques accidents de parcours et la tentative désespérée et maladroite des mini-bureaucraties pour présenter leurs propres leaders et se présenter elles-mèmes comme « l'avant-garde », le « désordre » de mai était et reste pour l'essentiel, anonyme. Et c'est très bien comme ça. A ucUNE analyse sérieuse n'a été faite, à ma connaiss~nce, sur l'exemplarité de mai en ce qui concerne un des problèmes irrésolus, véritable quadrature du cercle du mouvement révolutionnaire, partout dans le monde, c'est-à-dire le problème de l'organisation. En mai-juin 68, les organisations traditionnelles de la classe ouvrière et leurs satellites - rivaux fascinés -, trotskistes et maoistes, se sont une fois de plus démasqués comme forces d'ordre, rétrogrades e.t répressives, mais elles ont en outre démontré leur totale inefficacité devant un mouvement radicalement neuf. J'ai dit que si la bureaucratie syndicale et politiqtie avait réussi à maintenir un fort secteur de la classe ouvrière dans les _limites imposées par elle, c'est parce que ce secteur ne voulait pas aller plus loin. Mais lorsque, en milieu 86
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