Interrogations - anno II - n. 2 - marzo 1975

C. SEMPRUN-MAURÀ. pour la liberté forme un tout, et la séparation vie quotidienneactivité politique n'est qu'une des formes spécifiques de l'asservissement. Car, quelle serait la liberté d'une femme qui après son heure hebdomadaire (ou quotidienne, cela importe peu) de « militantisme », retrouverait son foyer et ses tàches domestiques ? On pourrait multiplier les exemples, à l'infini. Tout cela a été dit en mai et très clairement et bien mieux et plus fortement que je ne saurais le dire maintenant, moi, pauvre copiste d'une révolte dont la beauté et la créativité d'une parole libérée ne sont pas ses moindres attraits. C'est ainsi, par exemple, que la revendication de la liberté sexuelle est apparue au premier plan des revendications du mouvement de mai, au grand scandale de tous les curés du mouvement ouvrier, tant il est vrai que les organisations ouvrières ont à ce ppint adhéré à l'idéologie dominante qu'ils en sont devenus, en plein milieu de la grande crise des valeurs traditionnelles qu'heureusement nous vivons, les derniers -- ou presque - gardiens du temple. Si vous croyez au pèché, Messieurs, il faut le dire. Le mouvement de mai, lui, était athée. Et ce n'est pas un hasard si le mouvement de mai a fortement contribué à l'éclosion de toute une série d'actions et de groupes, tels le MLF, le FHAR, le MLAC, etc. . . qui en dehors des sentiers battus de la politique posent en plein jour des problèmes et des revendications jusqu'alors étouffés sous la chape de plomb de l'ordre moral, répressif, de gauche comme de droite. Je n'ai ni la place, ni l'envie, de me livrer ici à une critique de ces groupes - et d'autres -, mais il n'en reste pas moins qu'ils ont contribué à la mise en lumière des discriminations dont sont victimes les femmes ou les homosexuels, dans nos sociétés soi-disant permissives. D'autres problèmes, aussi importants et divers, que ceux de l'avortement, des marginaux, « loubards > ou non, des immigrés, des prisons, etc., ont été affrontés, non sans succès, parfois, en grande partie gràce à l'élan neuf du mouvement de mai. A travers la critique de la vie quotidienne, le droit au plaisir, la liberté de chaque individu au « bon » ou « mauvais > usage de son corps, etc., ont été dévoilés avec une force neuve, ainsi que l'aspect rétrograde, puritain, bourgeois, exploiteur, des organisations « révolutionnaires > et leur vrai r0le dans la société qu'elles prétenden,t combattre, pour mieux la défendre.

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