REVOLUTIONS VIVANTES Le mllitant est un ètre discipliné, qui a sacrifié sa vie, ses désirs, ses passions à l'Organisation. C'est un ètre essentiellement moral - d'après les canons de la morale bourgeoise -, 11n'est pas pédéraste, il est bon père de famille (ou mère, ou fils), c'est un travailleur exemplaire qu'il soit ouvrier, ingénieur, professeur d'Université ou gendarme. Et une fois par semaine, ou tous les jours après le boulot, il « mllite ». C'est-àdire qu'il fait ce que lui ordonne l'Organisation. On demande au mllitant d'accepter toutes les contraintes sociales et d'investir ses velléités de révolte dans l'Organisation - et uniquement là-, qui les gèrera, à son profit. Organisations qui reproduisent en leur sein la hiérarchie dirigeants/ exécutants dominant dans la Société, dont elles sont des rouages spécifiques et qui y intègrent les m1litants par un renversement subtil qui transforme leurs désirs premiers - lutter contre le pouvoir capitaliste - en leur contraire : renforcement dialectique du Pouvoir ; ou, au pire, alternative d'un autre Pouvoir, « révolutionnaire », c'est-à-dire encore plus autori- , taire. Le mllitant subit ainsi un double asservissement : il est asservi à la société par le pouvoir politique, par le travail, par la morale, etc., et en voulant lutter contre cela il adhère à une organisation qui l'asservit à son tour, lui désignant des tàches, une discipline, des corvées. Ne croyez pas, pourtant, qu'il en souffre : rencontrer au sein de l'organisation le calque des règles et des tabous qui dominent la société, le sécurisent. Il se sent en pays connu. Par ailleurs, il est soumis, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Organisation, au phantasme de l'efflcacité. Tout cela a volé en éclats en Mai. Contre le sacrifice et la discipline qu'exigent tous les pouvoirs hiérarchisés de la société ainsi que les organisations révolutionnaires - qui en font partie-, le mouvement de mai a répondu: ni sacrifice, nl discipline, ni investissements de labeur pour votre futur dont les traits hideux peuvent se déchiffrer à travers les expériences des révolutions mortes, mais c'est ici et maintenant que nous devons agir, et pour nous-mèmes. Contre le Ieurre d'une solution politique aux problèmes posés - qu'elle prenne la forme d'un changement de gouvernement, afin de produire mieux et plus; ou d'un changement d'Etat, afin de produire plus et mieux -, le mouvement de mai a répondu, ni « gouvernement de gauche », ni « Etat ouvrier », mais un combat immédiat, radical, pour la Uberté. La lutte 83
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