kEVOLtJTIONS VIVANTES furent secoués. Dans les pays industriels modernes peu de choses peuvent ètre faites si une seule couche sociale est atteinte par la révolte. Ce qui s'est passé en mai, et pour beaucoup ça a été la première fois de leur vie que cela leur arrivait, c'est que les hommes et les femmes, jeunes et moins jeunes, sont sortis de leurs « ghettos » sociaux, de leurs « isolateurs » où le Pouvoir nous piace et nous malntient de force. La société est comme une immense chalne de montage où chacun, sa vie durant, ferait le méme geste dépourvu de sens, sans pouvoir parler à son voisin, ignorant en fait ce que les autres font dans les ateliers d'à còté, ni à quoi tout cela sert. Rompant les carcans, les barrières, les frontières sociales, culturelles, politiques, les gens de Paris, de Nantes et d'ailleurs se sont pendant quelques semaines retrouvés ensemble dans la rue, pour une sorte de fète libertalre, où la barrière arbitraire, répressive, entre vie quotidienne et activité politique avait elle ausst (ouf !) volé en éclats. Car c'est en mai, ne l'oublions pas, que s'est trouvé posée avec autant de force l'unité des désirs individuels et de la lutte commune contre l'autorité et l'exploitation. Bien sftr, je ne fais lei que signaler ce qui me semble essentiel, neuf, révolutionnaire, dans le mouvement de mai et qui trop souvent hélas ! coexistait au sein meme de ce mouvement avec le vieux monde. C'est ainsi qu'on a allumé des cierges à Staline et Mao, dans la cour de la Sorbonne, que le rituel religieux des organisations bureaucratiques (grandes ou petites) n'a pas complètement disparu. Ce rituel qui veut, entre autres, qu'on défile avec les portraits des saints pour demander la Paix au Vietnam, comme d'autres en d'autres lieux organisent des processions pour demander à la Sainte Vierge qu'il pleuve. C'est ainsi qu'on a pu assister à une querelle aussi odieuse que ridicule entre appareils de différentes marques marxistes-léninistes, pour « le contròle du mouvement », querelle se traduisant bien sQr, par le renforcement continu des « services d'ordre » et de la discipline militante. C'est ainsi que Messieurs les publicitaires dont certains avaient formé un « comité d'action » se sont réunis pour discuter gravement du « r6le de la publicité dans l'Etat socialiste , (sic !) (4). C'est ainsi, aussi, que les cinéastes (4) Tract du Com!té d'Actlon des publ!cltalres. Ronéoté. Sans date. 79
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