C. SEMPRUN-MAURA révolutlonnaire qu'il n'a plus. S'il n'a jamais été ce monolithe prédestiné, le prolétariat paria exploité et sans droits, a la plupart du temps agi, dans les luttes sociales des débuts du capltalisme et jusqu'en 1936/1939 en Espagne, en tout cas, comme la forme principale, créatrice et audacieuse, des mouvements révolutionnaires. Je parle du prolétariat. En ce qui concerne les organisationa se disant ses représentants, elles ont, elles aussi, subi au long des ans une évolution les condu1sant à la situation de bureaucraties répresslves - rouages du système - qu'elles ont aujourd'hui. C'est pour cela que le ridicule défilé d'Alain Krlvine et consorts, menant, comme dans une procession vers on ne salt quel lieu saint, quelques milliers d'étudiants vers les grilles fermées d'une usine parlsienne, afin de les mettre « au servlce des ouvrlers > (aux cris de dérlslon « le servlce n'est pas comprls >) ne démontrait pas seulement leur mythologle pseudobolchévique - dont pas un instant ils ne se sont pas départls -, mais dévoilait en outre leur esprit réactionnaire, car c'est au servlce de la bureaucratie « ouvrière >, qu'lls ont essayé de mettre le mouvement étudlant. Jean-Marc Coudray a donc parfaitement raison d'écrlre: « Il est capital de le dire fortement et calmement : en Mal 68 en France le prolétariat industrie! n'a pas été l'avant-garde révolutlonnaire de la soclété, 11en a été la lourde arrlère-garde >. (« La Brèche >, p. 116.) Dlsons, en deux mots, que la bureaucratie « ouvrlère > (P.C. et C.G.T. en tout premier lieu) qu1 voulait se tenir d'abord tout à falt en marge du désordre étudiant (qu'elle crltiquait durement), dut ensulte faire un geste symbolique, avec la tentative d'enterrement de première classe de la manifestation du 13 Mai (1), pour se trouver tout de suite après complètement debordée par les déclenchements de grèves, un peu partout, non seulement sans mais souvent contre leur avls. Le mouvement (1) Slgnalons, pour !es lecteurs ne vivant pas en France, ou pour ceux qui avalent 10/12 ans en 68, que le 13 Mai, !es partis et syndlcats de gauche, appelèrent à une journée de grève et à une mantlestatlon pour protester contre les « brutalités pollclères » au Quartier Latln, et pour d'autres revendications, dans le but évldent de ne rlen faire d'autre après cette « grande journée d'action » rltuelle. Mais lls furent ta·ès largement debordés. 76
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