C. SEMPRUN-MAURA Blen sftr, les choses sont souvent complexes en cette matlère, comme dans les autres, et le rOle régulateur des syndlcats ne se vérifie véritablement qu'en tant que tendance générale, et pas nécessairement au coup par coup. Il y a d'une part, les grèves sauvages, qui cassent momentanément la collaboration syndicats-patronat ; d'autre part les tentatives patronales et de certains syndicats, de planifier une ou deux années à l'avance le mécontentement ouvrier, fixant le taux des augmentations salariales et autres avantages afin de supprimer ou de réduire au minimum les grèves. Mais ces sortes de planification du mécontentement échouent bien souvent et c'est aux bonnes vieilles grèves salariales gérées par les syndicats qu'il est donné de jouer le rOle régulateur, en forçant les ouvriers à ne pas exiger trop et aux capitalistes à plus de concessions qu'ils ne voulaient faire et donc à plus d'invention pour rattraper ces concessions. Les petits industriels ne pouvant le plus souvent suivre ce processus se voient écrasés et les luttes ouvrières contribuent ainsi, à léur manière, à la concentration capitaliste. Si ces luttes ont eu comme résultat d'intégrer partis et syndicats ouvriers à la société capitaliste dans un partage de rOles et de responsabilités qui renforce en tait cette société, elles ont eu aussi comme résultat de modifier considérablement le capitalisme qui devient de plus en plus bureaucratique et où l'Etat, ancfen « arbitre > (gendarme, plutOt), devient de plus en plus, comme chacun sait, partie prenante dans l'économie du pays, Etat-patron, Etat-entrepreneur, Etat-bureaucratie. Et, toujours, gendarme. L'expérience a donné aux pays capitalistes modernes une grande habileté objective (c'est-à-dire n'obéissant pas nécessairement à un pian préétabli, ni étant toujours clairement perçue par les protagonistes eux-mèmes) pour se nourrtr de ses contradictions et oppositions, pour admettre d'abord et résoudre - partiellement - ensulte, les confllts et les luttes sociales. ' ' ' Les crises sociales - comme celle de mai 68- sont la plupart du temps - et c'est là le rOle spécifique des partis ouvrters, outre leur èollaboration avec les syndlcats et mème la direc~ion de ceux-ci .,dans l'intégration des travailleurs à la société - detournées vers l'arène polltjque, recupérées par les partis et les syndlcats et aboutissent trop souvent à des « nouvelles élèctions >, à un changement de Gouvernement, etc. C'est-à-dlre à la perpétuation du système, parfois avec des retouches, parfois mème pas. 74.
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