REVOLUTIONS VIVANTES le pire : !'anarchie, l'édifice social s'écroulerait. On envoyait donc l'armée contre les grévistes. Les cimetières en sont pleins. Aujourd'hui la plupart des patrons continuent à considérer la grève comme une insulte personnelle, autant sinon plus qu'un manque à gagner. Mais il ne !aut pas !aire attention à leurs états d'àme. En !alt, la société capitaliste tolère les grèves et a méme su en tirer béné!lce à la longue. Elle tire béné!lce de tout, pratlquement. Toute personne douée d'une intelllgence moyenne reconnait aujourd'hui que le mouvement ouvrier (aussl blen les travailleurs que « leurs > organisatlons), avec ses luttes, ses grèves notamment, ses revendlcations salariales et sociales, a été l'un des plus !ormidables leviers de la modernisation du capitallsme et l'agent priviléglé des révolutions technlques. Certes, les luttes ouvrières n'avaient pas cet objecti!, !es secteurs les plus révolutionnaires du prolétariat voulaient changer la vte (comme on dit aujourd'hui, mais en !alsant allusion à un changement de gouvernement, étrange idée de la vie que ces messieurs se font). On sait qu'on n'y est pas parvenu. Par contre les travailleurs ont arraché, pas à pas, lutte après lutte, des conditions et horaires de travail moins écrasants et des moins bas salaires: Marx et les capitalistes pensaient que les augmentations des salaires étaient impossibles ; en les obtenant par la lutte les ouvrier's ont fini par !aire comprendre aux capitallstes qu'ils avaient interét à avoir une politique de «hauts > salaires, permettant à la masse des salariés de devenir une masse de consommateurs, augmentant ainsi considérablement le marché intérieur et la vente d'objets de plus en plus sophistiqués, et partant leurs béné!ices. De méme les horaires de travail rédults, par rapport au passé, ont obligé les industriels à accrottre la produc.tivité et donc à rationaliser et à modernlser leurs entreprises. Bien sftr, une telle politique subit les aléas de la conjoncture, comme on dit, mais c'est bien la tendance générale du capitali-sme moderne. Dans cette nouvelle optique capitaliste, les syndlcats sont appelés à jouer un r0le primordial de collaboration avec le patronat. Hier interdits, clandestins, pourchassés, réprimés, les voilà devenus aujourd'hui des partenatres sociaux. Cette collaboration, pour étre efficace, pour que les syndicats soient crédibles aux yeux des syndiqués - sinon ils ne sont rien -, doit. prendre par!ois l'aspect d'un a!!rontement et d'autres !ois celui de la négociation. 73
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