REVOLUTIONS VIVANTES - les marxistes roublient toujours - d'individus. Elle change, elle évolue, comme changent et évoluent les sociétés. Leur commun état d'exploités n'empèche nullement les ouvriers d'avoir des idées et des comportements différents. Il y a des ouvriers croyants et des ouvriers athées ; il y a des ouvriers qui ont suivi Hitler et Staline et des ouvriers qui les ont combattus ; il y a des ouvriers qui votent à droite et des ouvriers qui votent à gauche, et des ouvriers qui ne votent pas. Il y a des ouvriers revoltés et des ouvriers « domestlques l>, fiers de leurs 50 ans de « bons et loyaux services l> dans la mème botte, etc. Pour les marxistes tout cela est secondaire car ce qui unifie le prolétariat, outre ce rOle historique de classe porteuse de notre avenir socialiste, rOle que l'expérience dément mais auquel ils continuent à croire, outre ce rOle, donc, et lié à lui, il y a le rOle du prolétariat dans la productlon, qui ferait de lui la classe appelée à devenir souveraine et à établir sa dictature. Et les divergences d'idées et de comportements ne sont pour eux que le reflet de l'influence de l'idéologie ·bourgeoise. Mais où finit l'idéologie bourgeoise en la matière ? Car quoi de plus bourgeois que les idées de nos marxistes sur la production, par exemple ? Nul ne peut nier la situation commune à tous les ouvriers dans toutes les soclétés modernes - de l'Est rouge à l'Occident chrétien -, leur situation d'exécutants exploités, mais comment ne pas voir que les ouvriers réagissent souvent de manière radicalement différente et mème opposée, à cette situation ? D'ailleurs le temps passant, les choses changeant, Lénine remplaçant Marx au Panthéon, la thèse sur le destin historique· unifié du prolétariat va elle aussi évoluer. Les marxistes qui niaient aux ouviiers leur qualité d'individus, qui ne les concevaient qu'en tantr que classe monolithique, sans désirs différenciés ni contradictions internes, sans autre conscience que la « conscience de classe l> et bien sur, sans inconscient, vont finir par nier, en :fait, le prolétariat en tant qu'entité autonome et révolutionnaire; La dialectique marxiste n'est pas à une· contradiction près. Oui, pour ces messieurs, la classe n'est rien, sans son parti. On connait, bien sur, l'opinion de Lénine, toujours article de foi, selon laquelle la classe ouvrière seule - ou laissée à elle-mème - ne peut dépasser le « trade-unionisme », c'est-àdire la lutte syndicale pour des revendications salariales et autres, mais est incapable d'ètre « révolutionnaire », c'est-àdire de lutter pour la conquète du pouvoir. De là, comment 71
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