Interrogations - anno II - n. 2 - marzo 1975

- C. SEMPRUN-MAURA membres des organisations syndicales et politiques n'ont strictement rien compris au mouvement de mai, y cherchant désespérément la répétition d'évènements antérieurs ou lointains - aussi variés qu'Octobre 17 ou le Front Populaire de 36 -, sans voir ce qu'il y avait de radicalement neuf, les appareils ont, pour leur part, compris que ce mouvement était aussi dirigé contre eux et ont agi en conséquence. Jamais l'alliance objective et subjective des appareils politiques et syndicaux de gauche avec le pouvoir n'a été aussi évidente. La grande presse, les sociologues, les politologues et les bureaucrates et apprentis bureaucrates des sectes gauchistes, ont proposé pendant et après « l'événement » des formules explicatoires qui nous font, aujourd'hui encore, mourir de rire ! On s'en souvient : Mai serait dQ à l'influence de la « révolution culturelle » chinoise ; aux retombées de la campaghe contre la guerre du Viet-Nam ; à une crise économique et politique - inventée pour les besoins de la cause - ; au profond conflit des générations. D'autres ont affirmé que si « cela~ a commencé à l'Université, c'est parce que l'Université constitue le maillon le plus faible de la société capitaliste (sic ! ) ·et, enlin, mai 68 constitue la répétition générale de la révohition qui portera Alain Krivine et Pierre Franck au pouvoir ! ! ! Ensuite à l'heure du désenchantement et du bllan, le .mouvement de mai, réduit à ,un mouvement politique dans son sens le plus étroit (ce qu'll n'a jamais été, mais que peuvent-lls voir d'autre ?) , ne devenait pour certains, qu'une sorte d'avorte.:. ment, puisqu'aussi bien il n'avait meme pas réussi à changer le Gouvernement. Et puis, n'est-ce pas, on ne peut vraiment dire que mai fut un mouvement véritablement ouvrièr, donc ... Des histoires de gosses. Du pas sérieux. Ah, où sont donc nos bonnes vieilles luttes d'antan ... Avant de mesurer l'importance et le r0le du prolétari?-t dans le mouvement de mai, il faut d'abord s'entendre sur la notion meme de prolétariat. Je suis de ceux qui ne croient pas au r6le charismatique dévolu par Marx au prolétariat : classe porteuse d_e.la• révolution socialiste qui en se libérant libère/détruit toutes les classes - et ell~-meme en tant que prolétariat - afin d'établir la bonne société sans classes. Une des raisons de notre refus de cette thèse, c'est que cela ne s'est vérifié nulle. part. Les classes ne sont pas univoques, figées une fois pour toutes dans leur destin historique. La classe ouvrière est composée 70

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