Interrogations - anno II - n. 2 - marzo 1975

ACTUALITÈ DE SÀ.INT-SIMÒN - sans toutefois toucher au principe de la hiérarchie des salaires - on propose actuellement la solution suivante : permettre aux travailleurs des catégories inférieures de monter de quelques échelons dans la hiérarchie : formation professionnelle, promotion sociale, éducation permanente. Il s'agit de concilier le besoin en ouvriers qualifiés et cadres subalternes avec le désir de gagner davantage. C'est ainsi qu'André Philip écrivait dans Histoire des faits économiques et sociaux: « avec les progrès de l'automation, le nombre de manceuvres tendra à diminuer tandis que se constitue une nouvelle couche de quaLtfiés, de professionnels et de cadres moyens dont la demande va croissant ; cette nouvelle couche est prtte à prendre ses responsabilités dans l'entreprise, mais elle dott pour cela travatller à acquérir les compétences nécessaires. , Cette promotion est bien conforme à la doctrine sa1nt-s1mon1enne ; elle respecte la hiérarchie, mais elle pose un problème: comme 11 y aura toujours des manreuvres, où les recrutera-t-on? Sans doute - comme on le fait déjà - parmi le sous-prolétariat misérable des pays non industr1al1sés. A la promotion sociale des uns correspondra pour les autres une forme moderne de l'esclavage. Les anarchistes ne sont pas restés lndifférents aux questions d'éducation. Certes, on ne saurait parler de la posltion anarchiste, de la solution anarchiste, car l'anarchisme n'est pas une doctrine monolithique. Limitons-nous à des presque contemporains de Saint-Simon, à deux penseurs - d'ailleurs fort différents de formation et de tendance - de la première moitié du xix• siècle : Stirner et Proudhon. Dans son essai intitulé : Le faux principe de notre éducation ou Humanisme et réalisme (1842), Stirner a fait une critique sévère des industriels, et 11visait certainement les saint-simoniens. A l'humanisme et au réalisme qui s'opposaient dans les questions d'éducation, ont succédé ces deux formes dégénérées que sont le dandysme et l'industrialisme. L'industrialisme ne dépasse pas la formation de l'homme pratique et répugne à toute philosophle, à toute idée abstraite. Des écoles de l'industrialisme sortiront des cltoyens utilisables, des hommes serviles. L'activlté pratique de l'homme ne consiste point dans la réussite ou les !ructueuses carrières, elle doit permettre l'épanouissement de la personnalité. Tel est le but d'une véritable éducation qui doit créer des hommes Ubres. On ne peut que renvoyer le lecteur au texte méme de Stimer et aux commentaires qu'elle suscite: Max Stirner - De l'Education (Edition Spartacus - Paris 1974). Stirner - comme on pouvait s'y attendre - s'élève

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