Interrogations - anno II - n. 2 - marzo 1975

ACTUALITE DE SAINT-SIMON les grèves et, en accordant un droit de regard aux représentants des salariés, évite de paralyser les initiatives du patronat. Le terme mème de cogestton est mensonger, car la véritable gestion économique des entreprises échappe aux travailleurs et n'est pas du ressort des délé~ués du personnel. Par la cogestion le mouvement ouvrier accepte le système économique exlstant et renonce à cette viellle revendicatlon du syndicallsme : la suppression du salariat. A la cogestion - ce ralliement de la classe ouvrière au système capitaliste plus ou moins étatisé - on oppose depuis quelques années l'autogestion, et ce terme a connu un succès inquiétant en raison des interprétations diverses qu'autorise son imprécision. Autogestion : gestlon par soi-méme ! Mais ce sot-méme quelles sont ses composantes ? Où commence-t-11 ? Où finit-il ? Pour les anarchistes, il s'agit de la gestion par l'ensemble des producteurs devenus mattres des machines qu'ils servent. Notre autogestion suppose la disparition de ce que Proudhon appelait le système propriétaire, mais aussi de l'autorité s'exerçant du sommet de la hiérarchie sur la base, du centralisme étouffant et de l'Etat omniprésent. Notre autogestion implique la suppression des hiérarchies abusives et une organisation économique fondée sur le fédéralisme. Mais il semble que certains défenseurs ardents de l'autogestion ne l'envisagent que comme une forme à peine améliorée de la cogestion. Certes les conseils d'entreprise auraient un droit de contr0le sur les conditions de travail, sur l'embauchage, sur la discipline - et il y aurait beaucoup à dire sur cette dernière fonction de chiens de garde ! - mais le pouvoir de direction leur échapperait. On envisage méme que cette autogestion serait octroyée par une victoire électorale des partis dits de gauche, appuyés par le syndicalisme ouvrier. Et quand on sait que ces partis préconisent surtout les natlonalisations - c'est-à-dire l'extension d'un capitalisme d'Etat - on peut étre inquiet par rapport à une autogestion fondée sur le centralisme, la bureaucratie et le capitalisme d'Etat ! Que certains défenseurs de l'autogestion y voient une accession des échelons supérieurs de la hiérarchie, la montée en grade d'une fraction de la bureaucratie syndicale, c'est bien évident. Mais on ne saurait oublier tous ces ouvriers pour qui l'autogestion apparait comme une évasion de leur condition actuelle, comme la préfiguration du vieux réve de l'ustne aux ouvriers. A nous de leur montrer le sens véritable de l'autogestion, de démystifier les interprétations tendancieuses et 25

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