JÈA'N BARRUt Société égalitaire, écrasemerit de la hiérarchie, décentralisation, décisions prises par la base, ensembles industriels ramenés à l'échelle humaine : les anarchistes retrouvent là des conceptions qui leur sont familières depuis Proudhon et Bakounine. On a si souvent accusé les anarchistes d'ètre des dowc rèveurs, des défenseurs d'un prolétariat arriéré, des ap0tres retardataires d'un monde artisanal ou pastora!, que nous éprouvons quelque satisfaction de voir défenseurs ou adversaires de la croissance préconiser des réformes qui s'inspirent sans l'avouer des idées libertaires. Nous ne sommes pas saint-simoniens, dans la mesure où nous ne croyons pas à la vertu de la croissance indéfinie, mais nous nous séparons aussi de Saint-Simon sur la question essentielle de la hiérarchie. La hiérarchie graduée L A CLASSE industrielle, telle que la conçoit Saint-Simon, est étrangère ali schéma marxiste, elle ignore l'antagonisme capital-travail, la lutte des classes. Elle réunit sous le nom de producteurs tous ceux qui jouent un r0le actif dans le cycle de la production : de l'ouvrier au chef d'entreprise qui fait fructifier son capitai. Dans la pensée de Saint-Simon tous collaborent à une reuvre collecttve, chacun selon ses capacités, et cette hiérarchie des capacités légitimes ne créera pas des rapports de subordination ou de domination. La société industrielle donnerait ainsi l'exemple de l'harmonie et de la paix sociale. Les ap0tres actuels de la nouvelle soctété ou du changement reprennent - oh ! sans préméditation - le viewc rève saint-simonien lorsque, renonçant au patronat de droit divin et au paternalisme désuet, ils pr0nent l'association capital-travail, l'intéressement des ouvriers aux bénéflces, l'actionnariat ouvrier et le syndicalisme de collaboration et non de contestation. Et d'autres verront dans les Etats dlts socialistes un exemple parfait de soclété industrielle harmonieuse où manreuvres et directeurs, unls par les liens de l'émulation socialiste, réalisent les objectifs du Plan. En théorie, tout ceci est fort séduisant ... Mais la réalité ? La doctrine saint-slmonienne exlge une économie planlfiée, dirigée, et toute direction étendue à l'ensemble de l'économie suppose un centralisme autoritaire. SaintSimon a varié dans ses projets d'organisation, mais reste toujours fidèle aux prlnclpes sulvants : un organlsme régulateur 20
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