Interrogations - anno II - n. 2 - marzo 1975

ÀCTUALITE DE SAINT-SIMON ans, le !antOme, l'idée !ixe - disait Stirner - de Saint-Simon. Il précisait d'ailleurs : produire des objets utiles pour accrottre le bien-ètre de tous. Mais déjà, à l'époque de Saint-Simon, certains voyaient un danger dans cette production inconsidérée et ne !ondaient pas sur elle le bonheur universel. Parmi eux, Sismondi, que Saint-Simon, Proudhon et Marx ont lu. Ce n'est point lei le lieu d'évoquer les mérites de Sismondi qui a !alt entrer le prolétaire dans l'histoire économique, qui a dénoncé la mieux-value, cette spoliation, ce vol du riche sur le pauvre, et qui a dépeint la misère ouvrière de son temps. Tandis que Saint-Simon axait toute sa doctrine sur la production, s'e!!orçant de corriger par la charité ou la philanthropie les inégalités criantes résultant de la hiérarchie, Sismondi s'attachait surtout aux problèmes de consommation et de répartition, et liait l'accroissement de la richesse nationale à l'accroissement des joutssances des producteurs. Ce qui l'intéressait, c'est ce que nous appelons la répartition du revenu national : l'autorité souveraine ne doit jamais perdre de vue la formation et la dtstrtbution du revenu, car c'est ce revenu qui doit répandre l'aisance et la prospérité dans toutes les classes. Sismondi constate le prodigieux accroissement de la production, le pouvoir grandissant de l'homme sur la nature, les découvertes de la science (que dirait-11 aujourd'hui !), mais cette surabondance de biens, cette prospérité ne sont que !auxsemblants. Elles n'apportent pas aux individus - et tout particulièrement aux prolétaires, les plus nombreux et les plus pauvres - le bien-ètre et le bonheur. Ce qui importe, c'est l'équilibre entre la production et la consommation, et le régime de la société industrielle ne peut le réaliser. Pourquoi toujours produire? Les producteurs ne peuvent dépasser les limites des biens nécessaires aux consommateurs. Il est vrai qu'alors on songera à améliorer la qualité, puis à créer le super!lu, mais là encore 11y a des bornes qu'on ne peut dépasser, quels que soient les progrès de l'humanlté. C'est la demande qui doit susciter l'offre, alors que la société industrielle vit sur le principe opposé. Sismondi a entrevu ce qui est maintenant une évidence : la société industrielle est surtout une société de consommation, de consommation !orcée. Le super!lu n'a plus de bornes. Sismondi n'avait pas prévu la publicité, la mode, la réclame, la sollicitation quotldienne pratiquée par la presse, la radio télévision. On crée des besoins. on en invente chaque jour des nouveaux et on écoule ainsi une production d'objets vite démodés. C'est le règne du fragile, de l'éphémère ; l'idéal c'est le produit qui ne sert qu'une fois et qu'on jette. La société de 17

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