JEAN BARRUÉ assurer le maintien de la cohésion et de la hiérarchie de l'ordre socia!. Ce sont, en gros, les principes qui triomphent actuellement : la société opère une sélection sévère d'où sortiront les capacités - les cadres - de la société. Saint-Simon envisage un enseignement général et un enseignement professionnel spécialisé, ce dernier étant réglé par des programmes précis et ne se bornant pas à l'apprentissage traditionnel. Les différences de capacité orienteront les élèves vers trois types de Grandes Ecoles : celles des artistes, des savants et des industriels. L'enseignement - comme la philosophie - sera au service de !'industrie et de la production : il diffusera des savoirs utiles en réaction contre les humanités gréco-latines, la métaphysique, les simples curiosités de l'esprit. Faire des producteurs utiles ... et utilisables, tel est le but de l'éducation dans la société industrielle. Certainei:; tendances actuelles opposant à la culture désintéressée la liaison nécessaire entre !'industrie et l'Université sont bien dans la Ugne saint-simonienne. Et Saint-Simon e1ìt sans doute approuvé Jean Fourastié qui écrit dans Faillite de l'Universtté (1972) : « ..• la nature des matières enseignées doit évoluer selon les prévistons d'emploi à moyen et long terme, de manière à ne pas se latsser créer des écarts catastrophiques entre les formations imposées aux étudiants et les métiers qu'ils doivent exercer pour soutenir la consommation nationale et internattonale ,. Tout pour la productlon L E PRINCIPE directeur de l'école saint-simonienne : tout pour la production, est devenu l'impératif du monde actuel. Les progrès de la science, le développement du machlnisme, une technique de plus en plus poussée ont permis un accroissement vertigineux de la production. Partout on glorifie l'expansion, on se réjouit de l'augmentation du taux de croissance: ces bulletins de santé de la Production sont autant de bulletins de victoire. Comme l'affirmait Saint-Simon, la forme de gouvernement - et méme la forme de propriété - sont indifférentes: la méme fièvre de production anime aussi bien l'U.R.S.S. que les U.S.A. et le réve des dirigeants du Kremlin reste, comme au temps de Staline, de rattraper et dépasser la production du capitalisme américain. Et lorsqu'on parle, à propos du Tiers Monde, de pays sous-développés ou en vole de développement, c'est de développement industrie! et d'insuffisance de la production qu'il s'agit. Travailler pour produire : tel était, il y a cent cinquante 14
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