JEAN BARRUt les moteurs de l'économie ; la banque est destinée à devenir l'économat du genre humain. Cette formule de Proudhon pourrait étre signée de Saint-Simon. Les savants font partie des producteurs : Saint-Simon les qualifie d'industriels de la théorie et en fait les auxiliaires de !'industrie. Les savants sont subordonnés aux industriels car ils en reçoivent l'existence et il ne faut pas oublier que la classe industrielle est la classe nourricière de la soctété. Ainsi la société industrielle, la seule rationnelle, confie le pouvoir temporel à !'industrie, le pouvoir spirituel à la science. Les organismes directeurs comprendront un Conseil supreme de l'industrie et un Conseil supréme des savants, le second étant subordonné au premier. Dans une telle société où l'économie a absorbé la politique, l'Etat traditionnel a cessé d'exister. Dans le régime féodal ou militaire, l'Etat était un instrument d'oppression par lequel les chefs militaires s'assuraient la soumission des industriels qui les faisaient vivre. Les ·pouvoirs gouvernementaux, les pouvoirs politiques servaient avant tout à entraver les progrès des sciences positives et à empécher l'expansion de !'industrie : ils étaient non seulement inutiles, mais nuisibles à une activité collective. Dans la société industrielle les orgaJaismes chargés de la direction et du contrOle ne seront pas des instruments d'oppression. A la notion ciu pouvoir - arbitraire et autoritaire -, se substitue la notion de capacité - légitime et utile. Dans une société qui a pour fin le développement de la production dans l'intérét de tous et où l'administration des choses succède au gouvernement des hommes, l'autorité d'un Etat politique étranger à l'économie devient superflue. A plusieurs reprises et sous des formes différentes, SaintSimon a précisé la composition et le fonctionnement futurs des organismes régulateurs de la société industrielle, de ce ·qu'on peut appeler son gouvernement. Ces anticipations qui relèvent de l'utopie ne présentent pas grand intérét. Aussi bien dans la société industrielle la forme de gouvernement importe peu et dans la société transitoire - celle des années vingt - les industriels n'ont pas à s'intéresser aux questions de la politique traditionnelle : ils n'ont point d'opinion ni de parti politique propre. Les querelles et les passions politiques font perdre de vue l'essentiel qui est l'organisation de l'économie et de la production. Toute une fraction du mouvement ouvrier devait, plus tard, montrer la méme méfiance à l'égard des l2
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