pays dans l'union extrême, craint aujourd'hui, que le magnanime et s<,lide allié ne se rapproche un peu trop de l'Autriche, la patrie-mère des perfidies. . Vous avez vu dans les journaux anglais et français, l'espèce d'adoration prosternée qui a signalé l'investiture des derniers prélats : la chose était empruntée aux trad; tions pures de Louis XIV, le roi;soleil, et l\L Bo11aparte q1Ji est l'homme-lanterne, a d'autant mieux savouré l'hommage, qu'il avait passé quarante ans de sa vie, sans rec:evoir un salut eu Europe. Les Voltairiens de l'empire,- il y a cte tout dans cette caverne- expliquent èela de leur mieux et disent que l'homme d'Etat des Tuileries a voulu par cette humiliation donner un avertissement au clergé. Cela est possible, mais le clergé n'est jamais avare de ces déffrences qui n'engagent à rien, et les évêques, lorsqu'ils sont sortis, riaient sous mitre du serment et du fameux "Dieu vous en fasse la g.tâce !" . Le crédit mobilier qui sait à fond les jeux de Bourse avait fait, la semaine dernière, une opulente razzia digne des Arabes : mais les Arab11sde l'Empire ont escompté la prime du voisin, et le Crédit Mobilier a prêtl, par ordre, 80 millions au gouvernement. La justice de M, Bonapitrte vient d'escroquer un mort. Vons savez que le citoyen Hubert, artcien président des Amis dtt Peuple, après 1830, avait légué ,lans son testament une partie rle sa fortune pour des secours aux ouvriers victimes de l'opinion républicaine. Cc legs ne devait être administré, distribué que par l'exécuteur testamentaire et ses héritiers. Eh bien, en contradiction formelle avec cette volonté sacrée, les juges de M. Bonaparte ont investi le lmrean de charité, et l'administration de l'hospice à Saint-Deni11, du droit d'accaparer et de répartir l Autre sca11dale. La vieille mère du citoyen Caussidière venait de mourir. Les amis du proscrit s'étaient entendus pour lui faire cortége et remplir le devoir sacré des funérailles et du dernier adieu: mais l'on comptait sans la police de M. Bonaparte qui avait fait enlever le cadavre avant l'heure. On vole même les cadavres : Quel temps ! XXX. MEETINGS. Au meeting~anniversaire de la Révolution polonaise de 1830, à St. Martin's Hall, le secrétaire a lu la lettre suivante que nous croyons devoir reproduire : Amis, Nous vous remercions de votre invitation. Nous ne venons pas, mais nos âmes et nos cœurs sont avec vous. Nous ne venons pas, parce que notre présence, nous le sentons, ne saurait être utile à votte cause, N otte voix est ici pour quelque temps impuissante ~ les vérités que nous pourrions éxprimer ne peuvent influencer des gouvernants qui, par lem alliance avec le principe despotique, sont fatalement engagés dans une fausse route ; les faits seuls peu vent quelque chose, et tôt ou tard ils parleront, Il y a un triste divorce entré. l'esprit et les actes de l' Angleterre, entre ce déMt' inné qui pousse les cœurs de ses enfants à une guerre sacrée, émancipatrice, et les froides tendances absolu.tistes d'un ministère inconséquent. Ce divorce, les faits seuls ponrront le réduire en ne demandant au peuple anglais qu'un acte de ferme volonté. Mais cet acte de volonté ce n'est pàs nous qui pouvons le décider. Il doit surgir spontanément des profondeurs de la conscience nationale mue par le sentiment religieux de sa propre unité, par cette idée qu'il est indigne d'un peuple libl'e.et fort de penser d'nne manière et d'agir de l'autre, que lui, ce peuple, in\testi du dro:t d'association, de réuriion, de parole, il est responsable devant Dieu et devant l'humanité des fautes de ses gouvernants. La justice de nos réclamations-la conduite déloyale de l' Autriche-l'importance vitale de votre cause dans la gu~rre actuelle sont, nous le croyons, assez connues en ce moment en Angleterre. Il y a quelques années à peine, toutes les villes, les corporations, les associations manifestaient, par des applaudissements, des meetings et des adresses, leurs sympathies pour les nationalités opprimées ; aujourd'hui encore si vous pouviez, dans tout le pays, sonder les cœurs des hommes et des femmes, vous ne trouveriez pas un lieu où ne se fasse entendre la déclaration qu'une guerre énergique, effective, par une campagne en Pologne, et une paix sO.reet durable par le rétablissement de la nationalité polonaise, sont la volonté générale de l 'Angleterre. Ce qui manque, c'est l'émission forte, universelle, prolongée, impérative de cette volonté. Il n'est pas en notre pouvoit de la provoquer. Aucun discours de nous ne pourrait vaincre une inertie qui a résisté à la mort de milliers d'hommes tombés glorieusement dans une lutte inutile engagée par une fausse politique sut un coin de l'empire russe-à la dépense de millions de livres engouffrées dans une campagne d'avant-postes, lorsque la moitié eût suffi pour frapper l'ennemi an cœur-aux injures faites quotidiennement par l'Autriche à la diplomatie britannique et récemment à l'uniforme britannique! Nous ne venons pas, parce qu'une récente violation du droit d'asile et, si nous sommes bien informés, la menace peridante d'un nouvel et plus large Alien-Bill nons créent un devoir spécial-celui d'éviter, par respect pour la sain:. teté de notre cause et de notre exil, jusqu'au moindre semblant d'agitation. La question sera discutée dans votre L'HOMME.- 7 DECEMBRE. meeting anniversaire, et nous pensons que nous devons éviter de paraître, par notre présence, exercer la moirtclre influence sur le public anglais. Le verdict doit émaner de l'expression évidente d'un sentiment anglais calme et spontané. Il s'agit à nos yeux cle l'intérêt anglais et non du nôtre. Notre intérêt à nous c'est cle persister, <JUOiqu'il puisse arriver, dans la voie que nous avons choisie, de tenir haut et ferme notre drapeau au milieu de la tempête comme à l'éclat du soleil, de marcher hardiment, sans précipitation mais sans repos, au but que nous indique le devoir. Nous nous engagP.ons. Le peuple anglais aura à décider, dans son propre intérêt, si son pays doit être encore et toujours une terre de liberté, ou s'il doit accepter les règles de police arbitraire du despotisme continental ; si, sur un sol protestant, fier d'avoir inscrit sur son drapeau les mots sacrés liberté de conscience, la conscience de l'exilé républicain doit être ou non éto11ffée dans un silence forcé; sil' Angleterre enfin donne asile à nos âmes ou si elle ne l'offre qu'à nos corps. Nous attendrons patiemment cette décision. Pas un mot, pas un regard de nous ne pourra être interprété comme un appel, que nous croyons pourtant de droit incontestable dans un pays libre. Mais, bien qu'absents, no11ssommes avec vous de cœar et d'âme. Nous sommes avec vous, société démocratiC,J_ue polonaise, parce que nous y avons toujours été et que nous ne changeons pas. Nous sommes avec vous, parce que seuls vous poursuivez aussi logiquement que possiplc h tâche sacrée pour nous tous, de l'émancipation de la Pologne. Nous sommes avec vous parce que, tandis que d'autres patriotes, sincères aussi mais illusionnés, courent après de vains fantômes et dégradent, sans le vouloir, votre glorieux drapeau, en le plaçant par désespoir, aux pieds des méchants, vous seuls vous représentez la conscience !lu pays, ne comptant que sur lui-même et les sympathies de la liberté. Nous sommes avec vous parce que, seuls, comme nous, vous savez que le meilleur espoir de la Pologne c'est la Pologne elle-même- que la Pologne doit combattre sur la terre polonaise avec son drapeau déployé, et non en Asie, avec des Polonais déguisés en Cosaques turcs- que l'homme qui a égorgé la liberté en son pays, ne voudra jamais soi.i'tever, n'est pas digne de toucher la pierre qui couvre la tombe temporaire de la Po..-- logne; qu'il est impossible pour une nation d'être nélivrée par la main d'un tyran; que Napoléon-le-Grand lui-même a repoussé la seule mesure qui, dans la guerre avec la Russie, pouvait le sauver : la reconstitution de la Pologne. Nous sommes donc avec vous, vos amis et vos alliés, aujourd'hui et toujours, tête, cœur et bras, sans que rien puisse arrêter notre activité, même cette épée de Damoclès de l' Alien-Bill suspendue sur nos têtes : nous avons confiance eu vous aussi bien que les nations pour lesquelles vos pères sont morts et qui vous paieront leur dette aussitôt qu'elles pourront combattre pour leur propre liberté et p9ur la vôtre. Ce jour viendra en d~pit de tous. En attendant, il est bon que vouss protestation vivante du droit contre la forcè, v0us rappeliez à l'Angleterre, par la commémoratton de votre insurrection de J 830, qu'nn grand crime a été consommé par tous les pouvoirs européens, lorsqu'il a été permis au doigt du despotisme d'effacer de la carte d'Europe une nation grande, libre et courageuse ; que la guerre actuelle a pris sa source, comme une punition, dans ce crime toléré; que malgré les espérances soulevées parmi les combattants par des succès partiels et momentanés, les causes dP.cette guerre resteront debout et renaîtront éternellement jusqu'à ce que le crime soit expié; que par un simple acte de volonté l'Angleterre peut accomplir cette expiation, conquérir une paix vraiment honorable, une couronne d'immortelle loyauté, et accomplir le vœu de la Providence qui identifie la liberté des nations avec la victoire et la sécurité de l'Angleterre. Les braVP.S amis anglais qui vous ont rl'tmi ce soir comprendront cette vérité et la répandront parmi leurs compatriotes. Qu'ils acceptent aussi nos remerciements et notre engagement de fraternelle amitié. Puissent-ils promptement réussir pour votre bien et pour l'honneur del' Angleterre dans les efforts dont ce meeting anniver- !aire n'est, nous l'espérous, que le prélude. Toujours à vous, JosEPH MAZZINI. LEnRu RoLLIN, L. KosstJTH. A l'occasion du meeting de Newcastle et de l'adresse qui lui a été remise au nom dn .foreign ajfairs Committee, le citoyen Victor Hugo vient d'adresser à MM. Thomas Gregson st Cowen, jun., de Newcastle, la lettre suivante : Guernesey, Hauteville House, 25 novembre 1855. Chers compatriotes de la grande patrie européenne, J'ai reçu des mains de notre courageux coreligionnaire Harney, la communication que vous avez bien voulu me faire au nom de votre comité et du-meeting de Newcastle. Je vous en remercie, ainsi que vos amis, en mon nom et au nom de mes compagnons de lutte, d'exil et ,l'expulsion. Il était impossible que l'expulsion de Jersey, que cette proscription des proscrits, ne soulevftt pas l'indignation publique en Angleterre. L'Angleterre est une grande et généreuse nation où palpitent tautes les forces vives du progrès, elle comprend que la liberté c'est la lumière. Or, c'est un essai de nuit qui vient ll'être fait à J erscy ; c'est une invasion des ténèbres; c'est une attaque à main armée du despotisme contr'e la vieille Constitution libre de la Grande-Bretagne;· ~•est un coup d'Etat qui vient d'être insolemment lancé par l'Empire en pleine Angleterre. L'acte d'expulsion a été accompli le 2 novembre ; c'est un anachronisme ; il aurait dO.avoir lieu le 2 Décembre. Dites, je vous prie, à mes amis du comité et à vos amis du meeting combien nous avons été sensibles à leur noble et énergique manifestation. De tels actes peuvent avertir et arrêter ceux clà vos gouvetnants qui, à cette heure' méditent peut-être de porter, par la honte del' Alien-Bill, le dernier coup au vieil honneur anglais. Des démonstratiens comme la vôtre, comme celles qui viennent d'avoir lieu à Londres, comme celles qui se préparent à Glascow, consacrent, tesserrent et cimentent, non l'alliance vaine, fausse, funeste, l'alliance pleine de cendre du présent cabinet anglais et de l'empire bonapartiste, mais l'alliance vraie, l'alliance nécessaire, l'alliance éternelle du du peuple libre d'Angleterre et du peuple libre de France. Recevez averl tous mes remerciements, l'expression de ma cordiale fraternité. VICTOR H UG01 Comme celui de N ewca~tle, le meeting de Glascchv a én ~ voyé copie de ses résolutions à Guernsey, à Londres, et ces fraternelles sympathies se répètent de ville en ville, Voici dans leur teneur et résumé les résolutions de Glascow: !ère. Résolution.- Les citoyens de Glascow réunis en meeting voient avec un profonn sentiment d'alarme et d'indignation, l'acte récent par lequel le gouvernement a expulsé de Jersey les refugiés étrangers, et cela sans procès légal. Ils regardent cé fait c0mme une violation flagrante des priviléges constitutionnels, tant du peuple de ce royaume que de ceux qai jouissent de son hospitalité ; et s'ils le laissaient passer sans protestation, il y aurait danger pour les libertés personnelles de tout slljet britannique. 2ème. Résolution.- Bien qu'ils teconnaissent le grand avantage mutuel qui devrait résulter d'une alliance intime de leur pays avec la France, et qu'ils désirent sincèrement que cette alliance puisse durer longtemps et devenir plus intime, ils sont d'avis néanmoins que tout acte qui tendrait à assimiler l'autorité constituée de l'Angleterre à celle du gouvernement actuel de la France est inutile pour cimenter cette union nécessaire et aurait pour résultat de les exposer au mépris, non seulement dn peuple français, mais à celui de tout le monde civilisé ; et ils s'engagent à résister, par tons les moyens honnêtes et constitutionnels à toute tentative ne cette espèce, qu'elle se présente sous forme d'Alien-Bill 011 autrement. 3ème Résolution.- Ils offrent aux réfugiés expulsés leur plus chaude sympathie à l'occasion de leur injuste et inconstitutionnelle expulsion et s'engagent ici à leur prêter toute l'assistance possible pour obtenir une réparation légale. 4ème. Résolution.- Copies des résolutions qui précèdeut seront envoyées à Lord Palmerston, au comte de Clarendon. à Sir Georges Grey, à Victor Hugo et autres réfugiés expulsés, ainsi qu'à Louis Kossuth, Louis Blanc, Ledru Rollin et Joseph Mazzini. -~-,_ A Paisley, centre considérable et vivant, une manifes~ tation semblable s'est produite avP.cle même ensemble et la même énergie. Plusieurs citoyens ont honoré l'esprit angl~is, dans cette séance, par n'énergiques et loyales déclarations. Voici les r~solutions votées : !ère. Résolution.- Ce meeting n appris avec sttrprise et regret la violente expulsion cle Victor Hugo et de ses compagnons d'éxi_l, de l'île de Jersey, sans accusation, sans preuve, sans Jugement, procédé que ce meeting regarde comme complèternant illégal et en tout contraire à l'esprit de la Constitution de ce royaume. En apprenant qu'une mesure aussi anti-anglaise, aussi inconstitutionnelle, a été prise à l'instigation du gouvernement despotique d'une nation voisine, les regrets des membres de ce meeting s'élèvent jusqu'à l'indignation et ils protestent ici fermement et solennellement contre une infraction aussi despotique aux lois et aux libertés des longtemps respectées de ce royaume. Ils s'engagent donc ici à adopter toutes mesures constitutionnelles pour résister à cette impitoyable et despotique violation des droits sacrés et des priviléges de la Grande-Bretagne et à toute intervention dans les lois de ce pays d'un potentat étranger quel qu'il soit. 2ème. Résolution.- Ce meeting exprime sa plus chaude sympathie pour l'illustre Victor Hugo et ses compagnons d'exil à l'occasion de l'expulsion de l'asile que, confiants dans notre liberté et dans uotre honneur, ils croyaient avoir trouvé à Jersey ; convaincu que les réfugiés sont victimes d'un acte illégal, soit du gouvernement anglais, soit du lieutenant-gouverneur de Jersey, les membres de ce meeting s'engagent à leur prêter toute assistance possible clans les voies légales qu'ils pourront prendre, pour obtenir réparation et s'engagent à résister à toute tentative qui aurait pour objet d'imposer l'AlienBill à ce pays. 3ème Résolution.- Copies ries résolutions qui précèdent seront envoyées à Lord Palmerston et Clarendon, à Sir Georges Grey, à Victor Hugo, Joseph Maz.ziili',- Ledru Rollin, Kossuth, aux autres réfugiés,
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