d'institutions et de caractèl'es, il y aul'ait logique entre les actes et les acclamations : après l'union l'unité : le pape et l'empereur, l'enfer et Calcraft seraient contents! Que des· lords pourris, des hommes d'Etat rompus à tous les commerces, à toutes les intrig·ues, que le privilége qui n'a pas <l'âme et l'argent qui n'a pas de pudeur arrivent à ces conclusions monstrueuses et les appellent peut-être, cela ue ferait point scandale <lans l'histoire qu'ils ont déjà souillée, et nous n'en serions pas étonnés, nous de France qui les avons vus coter à la hausse l'invasion de la patrie et ses dernières défaites; - mais le peuple Anglais se livrer à cette politique du meurtre, du silence, de la nuit,- le peuple anglais sacrifier le droit et le malheur, l'honneur et la loi, pour une alliance qui fait tache, pour une amitié louche, pour la loyauté de Tibère.. . . Ce serait, en vérité, la chute la plus profonde qu'eftt jamais faite une g-rande nation, et l'on ne parlerait plus, après cela, de ces villes abâtardies de la Grèce qui appelaient chez elles le roi de Macédoine! On dit, pourtant, Anglais, que vous le laisserez passer cet Alien-Bill; qu'nne faible minorité défendra seule, dans les meetings publics, la justice sociale et l'indépendance britannique également outragées. On dit que vous nous craignez comme des hommes de sang, et comme les apôtres de la ruine. On dit, enfin, que l'aigle-vautour vous a fascinés, que vous croyez profondément à l'étoile, au génie de Décembre ! Nous des hommes de sang? Mais qui donc a poussé du pied, chassé, relégué dans les vieux musées comme des antiques, le chevalet et ses cordes, ses tenailles, ses coius,-la roue et ses dents de fer,-les brodequins, les poulies, les carcans étrangleurs et les barres-massues? Qui donc a rendu l'échafaud chancelant? qui a désarmé le bourreau en pleme Révolution et dit à la ùernière République: - Tu seras l'Humanité ? Le sang que nous avons versé c'est celui de nos veines, et• vous feriez mieux de reg·arder aux mains de votre Empereur! Nous sommes les ap&tre8de la ruine, les nouveaux barbares? Mais d'où sont sorties les sciences modernes, ces trombes de lumière qui s'épandent dans le siècle et qui sont sa grande armée ? Qui a fondé tous ces ateliers puissants de l'esprit humain, les instituts, les écoles, les observatoires? Et qui rêve d'ouvrir un Parlement central, universel, permanent, à la connaissance humaine? Si vous voulez trouver les barbares, vous feriez mieux de regarder dans l'autre camp, dans l'Empire, Les jésuites sont là comme les gendarmes, et 1' Immaculée conception y fait dogme, tandis que l'électricité se cache, comme autrefois les sorcières du Moyen-Age ! Quant au génie de votre Empereur, il ne fera pas effondrer la scène, et cette gloire, vraiment, peut être mesurée. Il y a un homme en France-et cet homme est Louis Bonaparte-qui concentre en lni, cumule, absorbe et représente toutes les activités, toutes les forces de ce pays-prodige. Les divisions du travail national, dès longtemps organisées, fonctionnent par elles..mêmes, en s'améliorant toujours, et les spécialités diverses de l'atelier commun font leur besogne, qu'il y ait empire ou royauté, peste ou famine. Au lieu d'un Bonaparte vivant, placez au trône le Bonaparte mort, celui du cerceuil, celui des vers, et pas .une idée ne s'arrêtera, pas une fonction, pas une navette. La civilisation est dans l'intelligence universelle et non pas dans les gouvernements ; mais il y a <lesgouvernements qui l'absorbent, la couvrent et voudraient la marquer à leur chiffre imbécile! C'est ce qu'a fait Bonaparte, et pour vous, de là l'erreur, de là le mirage : vous avez salué le voleur! L'Exposition était une manifestation splendide des activités, des forces et du génie de France ; qui a fait l'Exposition? M. Louis Bonaparte. Dans la guerre de Crimée, les bataillons de France ont eu de belles journées, et prouvé plus d'une fois que ce peuple est toujours le grand soldat de l'Europe.-Qui a gagné ces batailles et cueilli les palmes ? M. Louis Bonaparte. Qui a fait le Ciel? Louis XIV : voilà le système! Anglais, étudiez cet homme; comme général, vous trouverez un vainqueur de nuit, de ceux qu'on rencontre sur les grands chemins, un Empereur de revues, et le V auban des premiers plans de Crimée! Regardez de près l'administrateur, et dites-nons L'HOMMME. - 7 DECEMBRE. ce que les milliat·ds dépensés dans cette guerrn monstrueuse ont produit? Le gaspillage, vous le savez, mène à la banqueroute. Et ses victoires diplomatiques? demandez à l'Autriche ce qu'il en faut penser ! Mais on se tait en France ; il n'y a pas de débat public, de libre contrôle, de sérieuse publicité. Le mensonge officiel couvre tout, et vue de loin, cette guenille d'Empire semble de la poupre ! Non, il n'y a rien dans cet homme: il n'y a que l'habileté des hypocrisies et l'audace des crimes. Le parjure, le g·uet-apens, la calomnie, toutes les violences et toutes les corruptions, voilà ses œuvres et voilà ses titres. Anglais, saluez César! .... et qu'on nous ramène aux Carrières. Ch. RIHEYROLLES. CONSÉQUENCES DE L'EXPULSION DES RÉFUGIÉS. Si le but de Lord Palmerstou est d'arrêter la guerre, de ~étruire sa popularité, de ruiner son administration, de sauver la Russie et de déshonorar l'Angleterre, il prend la vraie route pour y arriver. L'expulsion <les réfugiés et l'Allien-Bill qui se prépare sont des actes de suicide politique .... La cons1dération pour l'allié et pour l'alliance avait amené les Anglais de toutes les opinions à respecter ou au moins à ne pas attaquer le gouvernement impérial français. Les hommes d'honneur et d'intelligence qui savent, maîtrisaient leu!\ dégoût pour les mensonges impudents des journaux bonapartistes faisant risée de la niaiserie de l'Angleterre et de l'ignorance <lu Peuple....... De fausses et nauséabondes adulations à l'adresse de Napoléon monopolisaient l'attention publique. Il ne saurait en être plus longtemps ainsi. On commence à soupçonner et à discuter le projet de la dictature bonapartiste en Europe. On accuse l'incapacité d'une aristocratie qui abasse l'Angleterre au rang de puissance de seco de classe, et qui se fait la vassalle de l'empereur français pour dominer le Peuple anglais. On dénonce ouvertement des desseins hostiles à nos libertés et à notre grandeur nationales. Ennemis, par nos pr'.ncipe&,des gouvernements arbitraires d'Autriche et de Prusse, nous sommes soupçonnés par les peuples de Prusse et d'Autriche d'être les souteneurs <lu despotisme français. La Pologne, la Hongrie et l'Italie nous méprisent et bientôt nous détesteront. Hostiles aux despotes <lu continent, détestés par les nationalités, Louis Napoléon et ses agents oligarchiques voudraient nous brouiller avec l'Amérique. Nous sommes maintenant sans un principe, et, si nous continuons, nous serons bientôt sans un allié; car, lorsque l'Angleterre n'aura plus ni armée ni amis, il ne faut pas qu'elle compte sur Sa Majesté impériale : alors peut-être elle se souYiendrait du 18 juin et voudrait venger Waterloo? Louis Napoléon et le Coup d'Etat sont dénoncés dans les meetings publics. On attaque le despotisme de France comme l'envahisseur des libertés •de l'Angleterre. L'expulsion des réfugiés, la menace de l'Alien-Bill, les ukases de sir Richard Mayne, la violer1cede la police, la connivence du ministère de l'Intérieur sont présentés comme les anneaux d'une conspiration contre la liberté <le parler et d'écrire. Louis Napoléon· et Lord Palmerston sont accusés de cette conspiration, et, au milieu d'applaudissements tumultueux, on défie le premier et l'on raille le second 1 Le parti de la paix à tout prix a saisi l'occasion. Il invite le Peuple à cesser la guerre parce qu'elle menace ses libertés. Vous combattez la Russie, disent-ils, pour vous faire les esclaves de la France. Vous êtes entraînés da11sune guerre sa~glante pour la civilisation at la liberté, et cette civilisation signifie la déportation des exilés, cette liberté les bâtons de la police. Vous dissipez trois millions par semaine non pour soutenir les Peuples, étendre la liberté ou renverser le despotisme militaire, mais pour river les chaînes des Peuples et consolider la ligne des despotes. . . . . . . Lord Palmerston a été soutenu contre une Corn· .qui ne l'aime pas et contre des collègues prét5 à le vendre, par la voix populaire et par la croyance populaire qu'il pousserait la guerre avec vigueur. Le prestige de l'ennemi imaginaire de la Russie ne survivra pas longtemps à la méprisable réalité de l'obséquieux laquais de la France. Déjù le nom et la position du noble Lord sont salués dans les meetings publics par des rires et des applaudissements moqueurs. Le Coup d'Etat de Jersey est reconnu comme sien, et l'on fait naturellement remonter à lui la paternité putative de l'Alien-Act bonapartiste. Le Peuple d'Angleterre se laisse facilement abuser, mais il est assez vif lorsqu'il s'en aperçoit. Que sa seig·n0urie se rappelle le sort tragique de son noble ami Lord John Russell. Quelle chute du Conseil impérial à Vienne au Conseil communal de Mansion House ! Lord Palmerston clésire-t-il changer les ravissants applaudissements en notes "Hear, hear," ou en sifflets perçants et en groo-n~- ments lugubres et terribles? Depuis la catastr~phe de Russell, quel Lord sage pourrait se fier même au .flitnkeysnie civique'? On parle <l'une dissolution du parlement par la• quelle Lord Palmerston ferait appel à la confiance du pays contre les factions coalisées. Quel sera le cri de ralliement? Love et Palmerston, Cupidon et les Coups d'Etat? Comment les Anglais courront-ils au Poil pour voter pour la civilisation et l'expulsion cle$·réfugiés? Qui pourrait résister à une invitation aussi séduisante: Marchez pour la liberté et l'AlienBill '? Quel crin de la ct·inière du lion britannique ne se dresserait à la voix de tonnerre de Palmerston et à la protection de l'empereur des Français? Les factions seraient domptées, la raison convaincue et l'enthousiasme libéral couverti en frénésie par un si fol appel. , 'relle est cependant la vérité des faits. L'ex.pul• sion des réfugiés et la menace de l'Alien-Bill ont fait sortil' de leur trou les marchands de paix et donné la vie aux souteneurs de la Russie. Elles ont dégoüté et découragé les plus zélés promoteurs de la guetrP, et, au lieu de cimenter l'alliance anglo-française elles l'ont entièrement affaiblie. En voulant lier la langue des réfugiés, on a délié celle des Anglais; au lieu d'augmenter l'influence de Napoléon et de fortifier Palmei:ston, elles ont soulevé le soupçon et la défiance contre le premier et une méprisante indignation contre le sec'ond ? UN ANGLAIS. FRANCE. CORRESPONDANCE DE PARIS. M. Bonaparte, qui est le comediante par excellence, se livre plus que jamais aux exercices variés rlu saltimbanque, à tous les savants équilibres. Vous savez combien son discours, à la séance dernière d~ l'Exposition é_ta~tor_ag~uxet vibrant! " L'Europe des rois en a tressailli , d1sa1ent les poètes prétoriens. La 11arole impérinle claire et ferme, comme un clairon de guerre a remué la Prusse, l'Autriche, l'Allemagne centrale et tous les gouvernements indécis ou ueutres vont se rallier. La justice a parlé dans la force et l'éclat de ses vict,oires : plus <le diplomaties, plus de retards, plus de ténebres !" Eh bien cette fière note de bataille, ci,t accès d'éloquence indignée, cette sommation nette et vigoureuse tout cela n'était qu'un jeu : M. Bonaparte avait bien diné' trop bien diné. • ' Que l'E11rope se rassure! son ministre pour la besogne étran~ère, ~f. Wnlcski, l'ttn des_comt~s dit sang, a, le lendemam, écrit, par ordre, uue circulaire aux représentants des diverses cours, et ce benin document, plein d'onction et d'amitié, noyait dans sa phrase pacifique les colères de la veille. . L~s diplomaties ont compris ; mais la lâcheté ne porte Jamais bo1~heur, et, melgré sa retraite, :M:. Bonaparte a reçu du roi de Prusse une réponse de caserne qni était plus qu'un défi. Ce méchant cousin n'a pas été le seul à s'émouvoir dans s_onroyaume, et l'Assemblée législative de Prusse voulant faire acte de manifestation contre les insolences _de l'empire bâtaad, a choisi pour président, dans la session nouvelle, un conservateur-ultra, grand partisan des Russes et serviteur servile, comme disait Tacite qui avait aussi de son temps des empereurs et <lesvalets.' Malgré ces ~aç 1 ons peu eou~toises et ces correspondances armées a 1éperon, on n en parle pas moins dans les Bourses, dans les journaux, d'une paix, d'une paix prochaine, et cette fois bien assise. M. Bonaparte aurait, dit-on, agréé pour sa part, de nouvelles propositions ou plutôt ouvert,ures- c'est le mot du jargon- et ces ouvertures émaneraient de l'Autriche, comme les fameux Quatre Points, comme les modifications de l'an dernier, comme tous les memorandum et protocoles de cette guerre aussi truffée clepaperasses que clebombes! A Paris on ne croit pas un mot de celà. Si l'on est mal renseigné sur les faits, 0~1 connaît l'homme, sa politique, ses astuces, ses nécessités, et chacun dit que la guerre durera longtemps : ce jeu des ouvertures s'explique d'ailleurs, comme distraction d'hiver, et comme menace indirecte à l'Angleterre. On ne l'aime pas au fond, et toutes les fois que M. Bonaparte en trouve l'occasion, il fait courtoisie à l'Autriche, à son empereur des gibets qui est bien, celui-là, le véritable cousin des héros de Décembre. Voilà la difficulté sérieuse, voilà l'épine de la grande alliance ! Voilà le tourment du vieux Palmerston qui, après avoir si follement engagé sa politique et l'honnem de son
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