Homme - anno II - n.52 - 7 dicembre 1855

N. 52. LONDRES. '-- SAMEDI.,7 DECEMBRE1855. 2e ANNEE. -SCJENC.E.- ' 1 JOURNALDELADEMOCRATIEUNIVERSELLE. Ce .lournal 1,aralt une fols ttar 11en1al11e. Tontes lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées à l'Administration dujournal l' llonune, à LONDRES, 2, Inverness Place, Queen's Roaù, Bayswater. - Lee manuscrits dépo~és ne seront pas rendus. L'ANGLETERRE F.T LESPROSCRITS. Nous y revenous et nous y reviendrons, tant que l'esprit public égaré par les calomnies ne sera pas édifié, redressé; tant que la pure et pleine lumière ne sera pas descendue dans la conscience indécise et troublée des masses. Si nous n'avons hâte ni souci de répondre aux attaques des gouvernements, aux insinuations des polices, aux mensonges de la presse vénale ; si nous méprisons les espions, les diplomates et les valets, nous avons en profonde sollicitude l'opinion du peuple; nous souffrons cruellement de ses erreurs comme de ses écarts, et nous ne laisserons, jamais, les aristocraties qui excellent à préparer les poisons, les répandre impunément sur nos têtes. Combien n'ont-elles pas tué de nobles pe11seurs et perdu de saintes causes? La corde et le fer, entre leurs mains, ont fait moi11s de besogne que les calomnies, et leur prestige a plus d'une fois entraîné les peuples clients dans la complicité des œuvres de mort. C'est là, pour nous, le crime par excellence, à la fois atroce et redoutable; car lorsque la grande ~me d'un peuple s'égare, c'est une éclipse; et cela peut être une mort dans l'humanité. Qui sommes-nous donc, encore une fois, ô peu- . ple anglais'{ D'où venons-nous? que disent nos traditions'! quel est l'ensemble de nos idées, et que murmurent nos espérances à travers les vents de l'exil'! Nous sommes dè cette religion humaine qui proclame l'unité de l'espèce, l'égalité des individus et des races devant le droit qui est le vrai Dieu, la diversité des aptitudes, et la liberté des frères. Il y a deux mille ans, un étranger, un esclave disait en plein théàtre romain : " Homo sum et nil lwmani a me alieuum puto." Nous sommes avec cet étranger, aTec cet esclave de la comédie romaine ! . Un autre disait vers le même temps, dans se~ imm0rtelles prédications sur les chemins de la Judée: "Ne faites pas aux autres ce que vous ne vou- " driez pas qu'on vous fit. Aimez-vous comme des "frères, et aimez Dieu -c'est-à-dire la Justice- " plus que vous même." Nous sommes avec cet apôtre et ce g-randmartyr de la fraternité ! Vos pères, les paysans, soldats de la Bible, disaient, il y a trois siècles, aux Cavalier::i, aux lords chefs et seigneurs : " Quand Adam bêchait, quand Eve filait, où " donc était le gentilhomme ?" Ce gentillwnune, nous l'avons cherché comme vos pères, non dans la Bible mais dans la science et dans la vie, et nous ne l'avons pas trouvé. Nous sommes avec les pay5ans soldats de l'égalité ! La philosophie française aidée, secondée par vos penseurs les plus émiuents, a fait, il y a cent ans, l'inventaire des institutions, des relig·ions, des <log~ mes, des traditions sacrées, des vieilles formes de gouvernement; elle a sondé, scruté, pesé, dans le ciel et sur la terre, et tout s'est écroulé : l'esprit humain affranchi s'est affirmé dans la libre recherche ; il a proclamé son droit souverain et l'humanité-science est venue. Nous sommes avec la science contre les révélations fermées, et pour la libre recherche contre l'inviolabilité des dogmes tombés, de la terre ou <lu cîel, dans l'histoire. Nous sommes de la religion de l'humanité ! Esprit fait chair et conscience armée, la Révolution de 89 a ouvert l'ère de l'action, Des batailles 1 On t1' abonne : LONDRES, à l'Ofli.ccdu Journal, I0, Greek Street, Soho S,1, JERSEY, IO, Dorset Street. LIVERPOOL, chez B, Colin, 38, l\Iyrtl<.!Street 1 8outh, 1 BELGIQUE, Lecomte, rue des Malades, à llrnxcllcs. ESPAGNE, Casimir Monnier, libraire à Madrid. terribles ont été livrées : une p:irtie du droit nouveau,. du droit humain est entrée dans la vie générale, au milieu des mêlées furieuses, et, comme le soleil dans sa pourpre, le grand dix-huitième siècle s'est éteint dans le sang-. Après l'esprit nouvenu, il ve11ajt de naître un monde nouveau. N ons ~ommes avec cette Révolution française, guerre sacrée où l'effort seconda la foi, et son esprit de résolutio.n est notre esprit à nous qui voulons les idées et les œuvres ! Les murailles ne tombent pas sous le ·soleil mais sous le vent : les tyrannies et les fanatismes ne quittent plus la scène, en saluant connue CharlesQuint; et si vos ancêtres, ô peuple anglais, avaient passé leur temps à commenter la Bible, au lieu d'aller au Stuart, il y a des siècles que vous n'auriez plus ni la Constitution ni la Bible. Fidèles à cette double loi de la révolntion humaine, qui est l'étude permanente et l'action continue, ceux des nôtres, dans ce siècle, ont toujours travaillé dans les deux sens, aux deux chantiers. Ils ont, à chaque rencontre, soutenu, renouvelé la guerre contre les forces brutales héréditaires ou transformées, et libres penseurs ils n'ont jamais cessé de déblayer le champ de Justice. C'est là l'esprit révolutionnaire et c'est là l'esprit socialiste. Ils sont les nôtres : en quoi pêchons-nous ? Notre idéal s'appelle la liberté: seriez-vous pour la tyrannie ? Notre but est l'aff'rauchissement <le l'homme, l'âme et le corps: seriez-vous pour l'illquisition et la servitude ? Nous voulons la justice comme loi du travail et dans toutes les relations de la vie : êtes vous pour l'exploitation implacable et pour la misère permanente '! Une <lenos lois proclame, eu plein droit établi, vivant, l'inviolabilité de la vie humaine : avezvous le fanatisme du bourreau ? Non : je vous l'ai déjà dit, nos traditions se 1ouchent, nos idées sont sœurs ; nous sommes tous les fils du sacrifice et de l'échafaud : pourquoi n'irions-nous pas, en frères, à la lumière, à la liberté ? Mais les nécessités du temps, les bénéfices de l'alliance, les sombres menaces de la guerre~ les fièvres, les péripéties, les crises d'une lutte acharnée, tout cela vous trouble et vous vous détournez des Proscrits, au cri de vive l'Empereur !.... et vous les livrerez peut-être ! Ah ! ceci, prenez y garde, c'est plus qu'une vie qui s'éteint, c'est une conscience, c'est votre conscience qui va mourir. V oyez vous-même : Il y a dans le débat humain bien des questions ~gitées et conti·oversées. Eu Angleterre, snrtout, pays de classes, de hiérarchies, de corporations, de sectes, de pri viléges, les vues diffèrent et les systèmes abo,1dent. Ainsi, l'on ne s'entend guères, ui sur les formes de la politique, ni sur les relio·ions, ni sur les conduites administratives ou ~ociales, et l'esprit public, en toutes ces matières, suit des courants divers. Mais en Ang·leterre, comme ailleurs, il y a des questions de droit, il y a <lesquestions de fait qui défient les sophismes les plus habiles et les diplomaties les plus raffinées : ce sont les questions de conscieuce, les scandales éclatants, les flagrants délits. Qui est-ce qui dounerait la main à Lady Macbeth, sur le cadavre du roi Duncan'? Qui est-ce qui saluerait Richard III, ce difforme <lu crime, sortant la nuit de la 'rour où râlent les petits d'Edouard ? Qui est-ce qui dirait à Caïn : " Sois " glorifié, sois béni, toi qni as versé le sang·de ton " frère, le premier sang ! " Ce ne sont là, pourtant, qne des catastrophes particulières, des scènes <le famille, des drames lointains, perdus dans l'histoire ou la fable, et qu'est-ce que tout cela devant la tragédie mons1 GENÈVE, Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. NEUCHATEL, Couhé, à Chaux-de-Fonds. NOUVELLE-ORLÉANS, Paya & Comp., 56, rue de Chartn!s. 1 MEXICO, Isidore Devaux, libraire. Tous les ahon11en1e11s 11e 1,aient •l'avance. heuse, atroce, sans nom, du Deux-Décembre, tragédie toujours à la scène, et qui s'appelle l'Empire ! Voici la chaudière et ce qu'on y a mis, ce qu'on y a jeté: Il y a là une Constitution, des serments, la justice, la loi, le tout en cendres; il y a des cervelles, des entrailles, du sang et <leslarmes à remplir cent cuves; il y a toute une civilisation qui brftle et se tord, comme en un immense bûcher; et les soldats alimentent, attisent le feu avec les contrats de la foi publique, avec le bois sacré des tribunes; et ils disent à leur homme qui se cache au loin, dans son crime et dans sa peur, ce que disaient les sorcières à Macbeth : " 'ru seras roi! tu seras roi!" Est-ce un rêve, cela? Qu'on le prouve. N'y avait-il pas, il y a quatre ans, de l'autre côt.é de la mer, un peuple souverain, une presse libre, des Communes élues, une Constitution jurée, jurée pm· lui, jurée trois fois? N'y avait-il pas une société rég·ulière, une légalité fondée, un principe souverain, un droit général organisé, vivant, permanent'! Oui, tout cela était hier, et 'l'histoire en est pleine, comme de la ruine du ciel.-Oui, tout cela est mort, et la terre en pleure ! N'y avait-il pas, il y a quatre ans, en un jour de Décembre et sous la grande lumière, un peuple assemblé sur un boulevart, peuple sans armes, ayant dans ses groupes la femme, le vieillard, l'enfant,-êtres faibles et chers qui vous gardent même sur les grands chemins,-et ces groupes sacrés, ne lAs a-t-il pas fait éventrer, lui, ne les a-t-il pas couchés, déchirés, noyés dans le sancr? Ah ! ce grand cri du boulevart de0 la mort, ce cri des mères, ce cri du peuple assassiné, entre le soleil et la loi, nous l'entendons encore, nous l'entendrons toujours ! N'y avait-il pas, n'y a-t-il pas encore, après quatre ans, des milliers de captifa que la famille pleure et des milliers de proscrits qui pleurent la patrie? Quelques-uns ne sont plus que fantômes , la mort a fait ses trouées dans les rangs : quelques autres ont trébuché dans la grâce qui est l'autre tombe - la misère a fait ses ravages comme la mort. - Mais il en reste de ces condamnés, de ces hannis, de ces martyrs qui n'ont jamais vu ni le témoin ni le juge, il en reste assez, pour porter sous tous les cieux, pour répandre jusqu'au fond des solitudes, les redoutables témoignages. Allez au Te~as, au Mexique, en Australie; descendez les grands fleuves de l'Amérique, et demandez : Qui est-ce qui est le faux serment?- Qui est-c0 qui a tué la République et la foi françaises ?- Qui est-ce qui a assassiné le peuple, la liberté, la loi ?- Qui est-ce qui a mis dans la main de la justice le poignard du guet-apens? Il se trouvera partout des hommes qui se lèveront, et des voix qui crieront : - L'assassin du peuple, de la liberté, de la loi, c'est Louis Bonaparte !- La parjure qui a trahi ses serments, violé la Constitution jurée, fusillé, transporté, banni par milliers les citoyens, et volé la souveraineté, c'est Louis Bonaparte ! Son nom est dans tout~s les douleurs et dans tous les pays, comme il est dans tous les crimes. Partout vous l'entendrez, vous le retrouverez! Et l'Ang·leterre voudrait que l'on fît silence autour de cet homme et sur cet homme? L'A no-leterre libérale, parlementaire, constitutiomHfüe, nous interdirait de dénoncer ce conspirateur qui ferme les Parlements, cet Erostrate de nuit qui br-tde les tribunes, ce belluaire qui fait d'une ville un cirque, un abattoir, cet empereur, l'oint du meurtre et la •majesté des ténèbres?- Mais, alors, que ne va-t-elle réveiller dans leurs tombes·Mariela-Sanglante, Jacques II, les bons juges de la Star-Cltamùer, .J efferies et ses compagnons? Tout ce monde-là ne vaudrait pas, à coup sûr, l'empire avec ses estaffiers d'église, de police et de camp; mais il y aurait dn moini analogie de situations,

d'institutions et de caractèl'es, il y aul'ait logique entre les actes et les acclamations : après l'union l'unité : le pape et l'empereur, l'enfer et Calcraft seraient contents! Que des· lords pourris, des hommes d'Etat rompus à tous les commerces, à toutes les intrig·ues, que le privilége qui n'a pas <l'âme et l'argent qui n'a pas de pudeur arrivent à ces conclusions monstrueuses et les appellent peut-être, cela ue ferait point scandale <lans l'histoire qu'ils ont déjà souillée, et nous n'en serions pas étonnés, nous de France qui les avons vus coter à la hausse l'invasion de la patrie et ses dernières défaites; - mais le peuple Anglais se livrer à cette politique du meurtre, du silence, de la nuit,- le peuple anglais sacrifier le droit et le malheur, l'honneur et la loi, pour une alliance qui fait tache, pour une amitié louche, pour la loyauté de Tibère.. . . Ce serait, en vérité, la chute la plus profonde qu'eftt jamais faite une g-rande nation, et l'on ne parlerait plus, après cela, de ces villes abâtardies de la Grèce qui appelaient chez elles le roi de Macédoine! On dit, pourtant, Anglais, que vous le laisserez passer cet Alien-Bill; qu'nne faible minorité défendra seule, dans les meetings publics, la justice sociale et l'indépendance britannique également outragées. On dit que vous nous craignez comme des hommes de sang, et comme les apôtres de la ruine. On dit, enfin, que l'aigle-vautour vous a fascinés, que vous croyez profondément à l'étoile, au génie de Décembre ! Nous des hommes de sang? Mais qui donc a poussé du pied, chassé, relégué dans les vieux musées comme des antiques, le chevalet et ses cordes, ses tenailles, ses coius,-la roue et ses dents de fer,-les brodequins, les poulies, les carcans étrangleurs et les barres-massues? Qui donc a rendu l'échafaud chancelant? qui a désarmé le bourreau en pleme Révolution et dit à la ùernière République: - Tu seras l'Humanité ? Le sang que nous avons versé c'est celui de nos veines, et• vous feriez mieux de reg·arder aux mains de votre Empereur! Nous sommes les ap&tre8de la ruine, les nouveaux barbares? Mais d'où sont sorties les sciences modernes, ces trombes de lumière qui s'épandent dans le siècle et qui sont sa grande armée ? Qui a fondé tous ces ateliers puissants de l'esprit humain, les instituts, les écoles, les observatoires? Et qui rêve d'ouvrir un Parlement central, universel, permanent, à la connaissance humaine? Si vous voulez trouver les barbares, vous feriez mieux de regarder dans l'autre camp, dans l'Empire, Les jésuites sont là comme les gendarmes, et 1' Immaculée conception y fait dogme, tandis que l'électricité se cache, comme autrefois les sorcières du Moyen-Age ! Quant au génie de votre Empereur, il ne fera pas effondrer la scène, et cette gloire, vraiment, peut être mesurée. Il y a un homme en France-et cet homme est Louis Bonaparte-qui concentre en lni, cumule, absorbe et représente toutes les activités, toutes les forces de ce pays-prodige. Les divisions du travail national, dès longtemps organisées, fonctionnent par elles..mêmes, en s'améliorant toujours, et les spécialités diverses de l'atelier commun font leur besogne, qu'il y ait empire ou royauté, peste ou famine. Au lieu d'un Bonaparte vivant, placez au trône le Bonaparte mort, celui du cerceuil, celui des vers, et pas .une idée ne s'arrêtera, pas une fonction, pas une navette. La civilisation est dans l'intelligence universelle et non pas dans les gouvernements ; mais il y a <lesgouvernements qui l'absorbent, la couvrent et voudraient la marquer à leur chiffre imbécile! C'est ce qu'a fait Bonaparte, et pour vous, de là l'erreur, de là le mirage : vous avez salué le voleur! L'Exposition était une manifestation splendide des activités, des forces et du génie de France ; qui a fait l'Exposition? M. Louis Bonaparte. Dans la guerre de Crimée, les bataillons de France ont eu de belles journées, et prouvé plus d'une fois que ce peuple est toujours le grand soldat de l'Europe.-Qui a gagné ces batailles et cueilli les palmes ? M. Louis Bonaparte. Qui a fait le Ciel? Louis XIV : voilà le système! Anglais, étudiez cet homme; comme général, vous trouverez un vainqueur de nuit, de ceux qu'on rencontre sur les grands chemins, un Empereur de revues, et le V auban des premiers plans de Crimée! Regardez de près l'administrateur, et dites-nons L'HOMMME. - 7 DECEMBRE. ce que les milliat·ds dépensés dans cette guerrn monstrueuse ont produit? Le gaspillage, vous le savez, mène à la banqueroute. Et ses victoires diplomatiques? demandez à l'Autriche ce qu'il en faut penser ! Mais on se tait en France ; il n'y a pas de débat public, de libre contrôle, de sérieuse publicité. Le mensonge officiel couvre tout, et vue de loin, cette guenille d'Empire semble de la poupre ! Non, il n'y a rien dans cet homme: il n'y a que l'habileté des hypocrisies et l'audace des crimes. Le parjure, le g·uet-apens, la calomnie, toutes les violences et toutes les corruptions, voilà ses œuvres et voilà ses titres. Anglais, saluez César! .... et qu'on nous ramène aux Carrières. Ch. RIHEYROLLES. CONSÉQUENCES DE L'EXPULSION DES RÉFUGIÉS. Si le but de Lord Palmerstou est d'arrêter la guerre, de ~étruire sa popularité, de ruiner son administration, de sauver la Russie et de déshonorar l'Angleterre, il prend la vraie route pour y arriver. L'expulsion <les réfugiés et l'Allien-Bill qui se prépare sont des actes de suicide politique .... La cons1dération pour l'allié et pour l'alliance avait amené les Anglais de toutes les opinions à respecter ou au moins à ne pas attaquer le gouvernement impérial français. Les hommes d'honneur et d'intelligence qui savent, maîtrisaient leu!\ dégoût pour les mensonges impudents des journaux bonapartistes faisant risée de la niaiserie de l'Angleterre et de l'ignorance <lu Peuple....... De fausses et nauséabondes adulations à l'adresse de Napoléon monopolisaient l'attention publique. Il ne saurait en être plus longtemps ainsi. On commence à soupçonner et à discuter le projet de la dictature bonapartiste en Europe. On accuse l'incapacité d'une aristocratie qui abasse l'Angleterre au rang de puissance de seco de classe, et qui se fait la vassalle de l'empereur français pour dominer le Peuple anglais. On dénonce ouvertement des desseins hostiles à nos libertés et à notre grandeur nationales. Ennemis, par nos pr'.ncipe&,des gouvernements arbitraires d'Autriche et de Prusse, nous sommes soupçonnés par les peuples de Prusse et d'Autriche d'être les souteneurs <lu despotisme français. La Pologne, la Hongrie et l'Italie nous méprisent et bientôt nous détesteront. Hostiles aux despotes <lu continent, détestés par les nationalités, Louis Napoléon et ses agents oligarchiques voudraient nous brouiller avec l'Amérique. Nous sommes maintenant sans un principe, et, si nous continuons, nous serons bientôt sans un allié; car, lorsque l'Angleterre n'aura plus ni armée ni amis, il ne faut pas qu'elle compte sur Sa Majesté impériale : alors peut-être elle se souYiendrait du 18 juin et voudrait venger Waterloo? Louis Napoléon et le Coup d'Etat sont dénoncés dans les meetings publics. On attaque le despotisme de France comme l'envahisseur des libertés •de l'Angleterre. L'expulsion des réfugiés, la menace de l'Alien-Bill, les ukases de sir Richard Mayne, la violer1cede la police, la connivence du ministère de l'Intérieur sont présentés comme les anneaux d'une conspiration contre la liberté <le parler et d'écrire. Louis Napoléon· et Lord Palmerston sont accusés de cette conspiration, et, au milieu d'applaudissements tumultueux, on défie le premier et l'on raille le second 1 Le parti de la paix à tout prix a saisi l'occasion. Il invite le Peuple à cesser la guerre parce qu'elle menace ses libertés. Vous combattez la Russie, disent-ils, pour vous faire les esclaves de la France. Vous êtes entraînés da11sune guerre sa~glante pour la civilisation at la liberté, et cette civilisation signifie la déportation des exilés, cette liberté les bâtons de la police. Vous dissipez trois millions par semaine non pour soutenir les Peuples, étendre la liberté ou renverser le despotisme militaire, mais pour river les chaînes des Peuples et consolider la ligne des despotes. . . . . . . Lord Palmerston a été soutenu contre une Corn· .qui ne l'aime pas et contre des collègues prét5 à le vendre, par la voix populaire et par la croyance populaire qu'il pousserait la guerre avec vigueur. Le prestige de l'ennemi imaginaire de la Russie ne survivra pas longtemps à la méprisable réalité de l'obséquieux laquais de la France. Déjù le nom et la position du noble Lord sont salués dans les meetings publics par des rires et des applaudissements moqueurs. Le Coup d'Etat de Jersey est reconnu comme sien, et l'on fait naturellement remonter à lui la paternité putative de l'Alien-Act bonapartiste. Le Peuple d'Angleterre se laisse facilement abuser, mais il est assez vif lorsqu'il s'en aperçoit. Que sa seig·n0urie se rappelle le sort tragique de son noble ami Lord John Russell. Quelle chute du Conseil impérial à Vienne au Conseil communal de Mansion House ! Lord Palmerston clésire-t-il changer les ravissants applaudissements en notes "Hear, hear," ou en sifflets perçants et en groo-n~- ments lugubres et terribles? Depuis la catastr~phe de Russell, quel Lord sage pourrait se fier même au .flitnkeysnie civique'? On parle <l'une dissolution du parlement par la• quelle Lord Palmerston ferait appel à la confiance du pays contre les factions coalisées. Quel sera le cri de ralliement? Love et Palmerston, Cupidon et les Coups d'Etat? Comment les Anglais courront-ils au Poil pour voter pour la civilisation et l'expulsion cle$·réfugiés? Qui pourrait résister à une invitation aussi séduisante: Marchez pour la liberté et l'AlienBill '? Quel crin de la ct·inière du lion britannique ne se dresserait à la voix de tonnerre de Palmerston et à la protection de l'empereur des Français? Les factions seraient domptées, la raison convaincue et l'enthousiasme libéral couverti en frénésie par un si fol appel. , 'relle est cependant la vérité des faits. L'ex.pul• sion des réfugiés et la menace de l'Alien-Bill ont fait sortil' de leur trou les marchands de paix et donné la vie aux souteneurs de la Russie. Elles ont dégoüté et découragé les plus zélés promoteurs de la guetrP, et, au lieu de cimenter l'alliance anglo-française elles l'ont entièrement affaiblie. En voulant lier la langue des réfugiés, on a délié celle des Anglais; au lieu d'augmenter l'influence de Napoléon et de fortifier Palmei:ston, elles ont soulevé le soupçon et la défiance contre le premier et une méprisante indignation contre le sec'ond ? UN ANGLAIS. FRANCE. CORRESPONDANCE DE PARIS. M. Bonaparte, qui est le comediante par excellence, se livre plus que jamais aux exercices variés rlu saltimbanque, à tous les savants équilibres. Vous savez combien son discours, à la séance dernière d~ l'Exposition é_ta~tor_ag~uxet vibrant! " L'Europe des rois en a tressailli , d1sa1ent les poètes prétoriens. La 11arole impérinle claire et ferme, comme un clairon de guerre a remué la Prusse, l'Autriche, l'Allemagne centrale et tous les gouvernements indécis ou ueutres vont se rallier. La justice a parlé dans la force et l'éclat de ses vict,oires : plus <le diplomaties, plus de retards, plus de ténebres !" Eh bien cette fière note de bataille, ci,t accès d'éloquence indignée, cette sommation nette et vigoureuse tout cela n'était qu'un jeu : M. Bonaparte avait bien diné' trop bien diné. • ' Que l'E11rope se rassure! son ministre pour la besogne étran~ère, ~f. Wnlcski, l'ttn des_comt~s dit sang, a, le lendemam, écrit, par ordre, uue circulaire aux représentants des diverses cours, et ce benin document, plein d'onction et d'amitié, noyait dans sa phrase pacifique les colères de la veille. . L~s diplomaties ont compris ; mais la lâcheté ne porte Jamais bo1~heur, et, melgré sa retraite, :M:. Bonaparte a reçu du roi de Prusse une réponse de caserne qni était plus qu'un défi. Ce méchant cousin n'a pas été le seul à s'émouvoir dans s_onroyaume, et l'Assemblée législative de Prusse voulant faire acte de manifestation contre les insolences _de l'empire bâtaad, a choisi pour président, dans la session nouvelle, un conservateur-ultra, grand partisan des Russes et serviteur servile, comme disait Tacite qui avait aussi de son temps des empereurs et <lesvalets.' Malgré ces ~aç 1 ons peu eou~toises et ces correspondances armées a 1éperon, on n en parle pas moins dans les Bourses, dans les journaux, d'une paix, d'une paix prochaine, et cette fois bien assise. M. Bonaparte aurait, dit-on, agréé pour sa part, de nouvelles propositions ou plutôt ouvert,ures- c'est le mot du jargon- et ces ouvertures émaneraient de l'Autriche, comme les fameux Quatre Points, comme les modifications de l'an dernier, comme tous les memorandum et protocoles de cette guerre aussi truffée clepaperasses que clebombes! A Paris on ne croit pas un mot de celà. Si l'on est mal renseigné sur les faits, 0~1 connaît l'homme, sa politique, ses astuces, ses nécessités, et chacun dit que la guerre durera longtemps : ce jeu des ouvertures s'explique d'ailleurs, comme distraction d'hiver, et comme menace indirecte à l'Angleterre. On ne l'aime pas au fond, et toutes les fois que M. Bonaparte en trouve l'occasion, il fait courtoisie à l'Autriche, à son empereur des gibets qui est bien, celui-là, le véritable cousin des héros de Décembre. Voilà la difficulté sérieuse, voilà l'épine de la grande alliance ! Voilà le tourment du vieux Palmerston qui, après avoir si follement engagé sa politique et l'honnem de son

pays dans l'union extrême, craint aujourd'hui, que le magnanime et s<,lide allié ne se rapproche un peu trop de l'Autriche, la patrie-mère des perfidies. . Vous avez vu dans les journaux anglais et français, l'espèce d'adoration prosternée qui a signalé l'investiture des derniers prélats : la chose était empruntée aux trad; tions pures de Louis XIV, le roi;soleil, et l\L Bo11aparte q1Ji est l'homme-lanterne, a d'autant mieux savouré l'hommage, qu'il avait passé quarante ans de sa vie, sans rec:evoir un salut eu Europe. Les Voltairiens de l'empire,- il y a cte tout dans cette caverne- expliquent èela de leur mieux et disent que l'homme d'Etat des Tuileries a voulu par cette humiliation donner un avertissement au clergé. Cela est possible, mais le clergé n'est jamais avare de ces déffrences qui n'engagent à rien, et les évêques, lorsqu'ils sont sortis, riaient sous mitre du serment et du fameux "Dieu vous en fasse la g.tâce !" . Le crédit mobilier qui sait à fond les jeux de Bourse avait fait, la semaine dernière, une opulente razzia digne des Arabes : mais les Arab11sde l'Empire ont escompté la prime du voisin, et le Crédit Mobilier a prêtl, par ordre, 80 millions au gouvernement. La justice de M, Bonapitrte vient d'escroquer un mort. Vons savez que le citoyen Hubert, artcien président des Amis dtt Peuple, après 1830, avait légué ,lans son testament une partie rle sa fortune pour des secours aux ouvriers victimes de l'opinion républicaine. Cc legs ne devait être administré, distribué que par l'exécuteur testamentaire et ses héritiers. Eh bien, en contradiction formelle avec cette volonté sacrée, les juges de M. Bonaparte ont investi le lmrean de charité, et l'administration de l'hospice à Saint-Deni11, du droit d'accaparer et de répartir l Autre sca11dale. La vieille mère du citoyen Caussidière venait de mourir. Les amis du proscrit s'étaient entendus pour lui faire cortége et remplir le devoir sacré des funérailles et du dernier adieu: mais l'on comptait sans la police de M. Bonaparte qui avait fait enlever le cadavre avant l'heure. On vole même les cadavres : Quel temps ! XXX. MEETINGS. Au meeting~anniversaire de la Révolution polonaise de 1830, à St. Martin's Hall, le secrétaire a lu la lettre suivante que nous croyons devoir reproduire : Amis, Nous vous remercions de votre invitation. Nous ne venons pas, mais nos âmes et nos cœurs sont avec vous. Nous ne venons pas, parce que notre présence, nous le sentons, ne saurait être utile à votte cause, N otte voix est ici pour quelque temps impuissante ~ les vérités que nous pourrions éxprimer ne peuvent influencer des gouvernants qui, par lem alliance avec le principe despotique, sont fatalement engagés dans une fausse route ; les faits seuls peu vent quelque chose, et tôt ou tard ils parleront, Il y a un triste divorce entré. l'esprit et les actes de l' Angleterre, entre ce déMt' inné qui pousse les cœurs de ses enfants à une guerre sacrée, émancipatrice, et les froides tendances absolu.tistes d'un ministère inconséquent. Ce divorce, les faits seuls ponrront le réduire en ne demandant au peuple anglais qu'un acte de ferme volonté. Mais cet acte de volonté ce n'est pàs nous qui pouvons le décider. Il doit surgir spontanément des profondeurs de la conscience nationale mue par le sentiment religieux de sa propre unité, par cette idée qu'il est indigne d'un peuple libl'e.et fort de penser d'nne manière et d'agir de l'autre, que lui, ce peuple, in\testi du dro:t d'association, de réuriion, de parole, il est responsable devant Dieu et devant l'humanité des fautes de ses gouvernants. La justice de nos réclamations-la conduite déloyale de l' Autriche-l'importance vitale de votre cause dans la gu~rre actuelle sont, nous le croyons, assez connues en ce moment en Angleterre. Il y a quelques années à peine, toutes les villes, les corporations, les associations manifestaient, par des applaudissements, des meetings et des adresses, leurs sympathies pour les nationalités opprimées ; aujourd'hui encore si vous pouviez, dans tout le pays, sonder les cœurs des hommes et des femmes, vous ne trouveriez pas un lieu où ne se fasse entendre la déclaration qu'une guerre énergique, effective, par une campagne en Pologne, et une paix sO.reet durable par le rétablissement de la nationalité polonaise, sont la volonté générale de l 'Angleterre. Ce qui manque, c'est l'émission forte, universelle, prolongée, impérative de cette volonté. Il n'est pas en notre pouvoit de la provoquer. Aucun discours de nous ne pourrait vaincre une inertie qui a résisté à la mort de milliers d'hommes tombés glorieusement dans une lutte inutile engagée par une fausse politique sut un coin de l'empire russe-à la dépense de millions de livres engouffrées dans une campagne d'avant-postes, lorsque la moitié eût suffi pour frapper l'ennemi an cœur-aux injures faites quotidiennement par l'Autriche à la diplomatie britannique et récemment à l'uniforme britannique! Nous ne venons pas, parce qu'une récente violation du droit d'asile et, si nous sommes bien informés, la menace peridante d'un nouvel et plus large Alien-Bill nons créent un devoir spécial-celui d'éviter, par respect pour la sain:. teté de notre cause et de notre exil, jusqu'au moindre semblant d'agitation. La question sera discutée dans votre L'HOMME.- 7 DECEMBRE. meeting anniversaire, et nous pensons que nous devons éviter de paraître, par notre présence, exercer la moirtclre influence sur le public anglais. Le verdict doit émaner de l'expression évidente d'un sentiment anglais calme et spontané. Il s'agit à nos yeux cle l'intérêt anglais et non du nôtre. Notre intérêt à nous c'est cle persister, <JUOiqu'il puisse arriver, dans la voie que nous avons choisie, de tenir haut et ferme notre drapeau au milieu de la tempête comme à l'éclat du soleil, de marcher hardiment, sans précipitation mais sans repos, au but que nous indique le devoir. Nous nous engagP.ons. Le peuple anglais aura à décider, dans son propre intérêt, si son pays doit être encore et toujours une terre de liberté, ou s'il doit accepter les règles de police arbitraire du despotisme continental ; si, sur un sol protestant, fier d'avoir inscrit sur son drapeau les mots sacrés liberté de conscience, la conscience de l'exilé républicain doit être ou non éto11ffée dans un silence forcé; sil' Angleterre enfin donne asile à nos âmes ou si elle ne l'offre qu'à nos corps. Nous attendrons patiemment cette décision. Pas un mot, pas un regard de nous ne pourra être interprété comme un appel, que nous croyons pourtant de droit incontestable dans un pays libre. Mais, bien qu'absents, no11ssommes avec vous de cœar et d'âme. Nous sommes avec vous, société démocratiC,J_ue polonaise, parce que nous y avons toujours été et que nous ne changeons pas. Nous sommes avec vous, parce que seuls vous poursuivez aussi logiquement que possiplc h tâche sacrée pour nous tous, de l'émancipation de la Pologne. Nous sommes avec vous parce que, tandis que d'autres patriotes, sincères aussi mais illusionnés, courent après de vains fantômes et dégradent, sans le vouloir, votre glorieux drapeau, en le plaçant par désespoir, aux pieds des méchants, vous seuls vous représentez la conscience !lu pays, ne comptant que sur lui-même et les sympathies de la liberté. Nous sommes avec vous parce que, seuls, comme nous, vous savez que le meilleur espoir de la Pologne c'est la Pologne elle-même- que la Pologne doit combattre sur la terre polonaise avec son drapeau déployé, et non en Asie, avec des Polonais déguisés en Cosaques turcs- que l'homme qui a égorgé la liberté en son pays, ne voudra jamais soi.i'tever, n'est pas digne de toucher la pierre qui couvre la tombe temporaire de la Po..-- logne; qu'il est impossible pour une nation d'être nélivrée par la main d'un tyran; que Napoléon-le-Grand lui-même a repoussé la seule mesure qui, dans la guerre avec la Russie, pouvait le sauver : la reconstitution de la Pologne. Nous sommes donc avec vous, vos amis et vos alliés, aujourd'hui et toujours, tête, cœur et bras, sans que rien puisse arrêter notre activité, même cette épée de Damoclès de l' Alien-Bill suspendue sur nos têtes : nous avons confiance eu vous aussi bien que les nations pour lesquelles vos pères sont morts et qui vous paieront leur dette aussitôt qu'elles pourront combattre pour leur propre liberté et p9ur la vôtre. Ce jour viendra en d~pit de tous. En attendant, il est bon que vouss protestation vivante du droit contre la forcè, v0us rappeliez à l'Angleterre, par la commémoratton de votre insurrection de J 830, qu'nn grand crime a été consommé par tous les pouvoirs européens, lorsqu'il a été permis au doigt du despotisme d'effacer de la carte d'Europe une nation grande, libre et courageuse ; que la guerre actuelle a pris sa source, comme une punition, dans ce crime toléré; que malgré les espérances soulevées parmi les combattants par des succès partiels et momentanés, les causes dP.cette guerre resteront debout et renaîtront éternellement jusqu'à ce que le crime soit expié; que par un simple acte de volonté l'Angleterre peut accomplir cette expiation, conquérir une paix vraiment honorable, une couronne d'immortelle loyauté, et accomplir le vœu de la Providence qui identifie la liberté des nations avec la victoire et la sécurité de l'Angleterre. Les braVP.S amis anglais qui vous ont rl'tmi ce soir comprendront cette vérité et la répandront parmi leurs compatriotes. Qu'ils acceptent aussi nos remerciements et notre engagement de fraternelle amitié. Puissent-ils promptement réussir pour votre bien et pour l'honneur del' Angleterre dans les efforts dont ce meeting anniver- !aire n'est, nous l'espérous, que le prélude. Toujours à vous, JosEPH MAZZINI. LEnRu RoLLIN, L. KosstJTH. A l'occasion du meeting de Newcastle et de l'adresse qui lui a été remise au nom dn .foreign ajfairs Committee, le citoyen Victor Hugo vient d'adresser à MM. Thomas Gregson st Cowen, jun., de Newcastle, la lettre suivante : Guernesey, Hauteville House, 25 novembre 1855. Chers compatriotes de la grande patrie européenne, J'ai reçu des mains de notre courageux coreligionnaire Harney, la communication que vous avez bien voulu me faire au nom de votre comité et du-meeting de Newcastle. Je vous en remercie, ainsi que vos amis, en mon nom et au nom de mes compagnons de lutte, d'exil et ,l'expulsion. Il était impossible que l'expulsion de Jersey, que cette proscription des proscrits, ne soulevftt pas l'indignation publique en Angleterre. L'Angleterre est une grande et généreuse nation où palpitent tautes les forces vives du progrès, elle comprend que la liberté c'est la lumière. Or, c'est un essai de nuit qui vient ll'être fait à J erscy ; c'est une invasion des ténèbres; c'est une attaque à main armée du despotisme contr'e la vieille Constitution libre de la Grande-Bretagne;· ~•est un coup d'Etat qui vient d'être insolemment lancé par l'Empire en pleine Angleterre. L'acte d'expulsion a été accompli le 2 novembre ; c'est un anachronisme ; il aurait dO.avoir lieu le 2 Décembre. Dites, je vous prie, à mes amis du comité et à vos amis du meeting combien nous avons été sensibles à leur noble et énergique manifestation. De tels actes peuvent avertir et arrêter ceux clà vos gouvetnants qui, à cette heure' méditent peut-être de porter, par la honte del' Alien-Bill, le dernier coup au vieil honneur anglais. Des démonstratiens comme la vôtre, comme celles qui viennent d'avoir lieu à Londres, comme celles qui se préparent à Glascow, consacrent, tesserrent et cimentent, non l'alliance vaine, fausse, funeste, l'alliance pleine de cendre du présent cabinet anglais et de l'empire bonapartiste, mais l'alliance vraie, l'alliance nécessaire, l'alliance éternelle du du peuple libre d'Angleterre et du peuple libre de France. Recevez averl tous mes remerciements, l'expression de ma cordiale fraternité. VICTOR H UG01 Comme celui de N ewca~tle, le meeting de Glascchv a én ~ voyé copie de ses résolutions à Guernsey, à Londres, et ces fraternelles sympathies se répètent de ville en ville, Voici dans leur teneur et résumé les résolutions de Glascow: !ère. Résolution.- Les citoyens de Glascow réunis en meeting voient avec un profonn sentiment d'alarme et d'indignation, l'acte récent par lequel le gouvernement a expulsé de Jersey les refugiés étrangers, et cela sans procès légal. Ils regardent cé fait c0mme une violation flagrante des priviléges constitutionnels, tant du peuple de ce royaume que de ceux qai jouissent de son hospitalité ; et s'ils le laissaient passer sans protestation, il y aurait danger pour les libertés personnelles de tout slljet britannique. 2ème. Résolution.- Bien qu'ils teconnaissent le grand avantage mutuel qui devrait résulter d'une alliance intime de leur pays avec la France, et qu'ils désirent sincèrement que cette alliance puisse durer longtemps et devenir plus intime, ils sont d'avis néanmoins que tout acte qui tendrait à assimiler l'autorité constituée de l'Angleterre à celle du gouvernement actuel de la France est inutile pour cimenter cette union nécessaire et aurait pour résultat de les exposer au mépris, non seulement dn peuple français, mais à celui de tout le monde civilisé ; et ils s'engagent à résister, par tons les moyens honnêtes et constitutionnels à toute tentative ne cette espèce, qu'elle se présente sous forme d'Alien-Bill 011 autrement. 3ème Résolution.- Ils offrent aux réfugiés expulsés leur plus chaude sympathie à l'occasion de leur injuste et inconstitutionnelle expulsion et s'engagent ici à leur prêter toute l'assistance possible pour obtenir une réparation légale. 4ème. Résolution.- Copies des résolutions qui précèdeut seront envoyées à Lord Palmerston, au comte de Clarendon. à Sir Georges Grey, à Victor Hugo et autres réfugiés expulsés, ainsi qu'à Louis Kossuth, Louis Blanc, Ledru Rollin et Joseph Mazzini. -~-,_ A Paisley, centre considérable et vivant, une manifes~ tation semblable s'est produite avP.cle même ensemble et la même énergie. Plusieurs citoyens ont honoré l'esprit angl~is, dans cette séance, par n'énergiques et loyales déclarations. Voici les r~solutions votées : !ère. Résolution.- Ce meeting n appris avec sttrprise et regret la violente expulsion cle Victor Hugo et de ses compagnons d'éxi_l, de l'île de Jersey, sans accusation, sans preuve, sans Jugement, procédé que ce meeting regarde comme complèternant illégal et en tout contraire à l'esprit de la Constitution de ce royaume. En apprenant qu'une mesure aussi anti-anglaise, aussi inconstitutionnelle, a été prise à l'instigation du gouvernement despotique d'une nation voisine, les regrets des membres de ce meeting s'élèvent jusqu'à l'indignation et ils protestent ici fermement et solennellement contre une infraction aussi despotique aux lois et aux libertés des longtemps respectées de ce royaume. Ils s'engagent donc ici à adopter toutes mesures constitutionnelles pour résister à cette impitoyable et despotique violation des droits sacrés et des priviléges de la Grande-Bretagne et à toute intervention dans les lois de ce pays d'un potentat étranger quel qu'il soit. 2ème. Résolution.- Ce meeting exprime sa plus chaude sympathie pour l'illustre Victor Hugo et ses compagnons d'exil à l'occasion de l'expulsion de l'asile que, confiants dans notre liberté et dans uotre honneur, ils croyaient avoir trouvé à Jersey ; convaincu que les réfugiés sont victimes d'un acte illégal, soit du gouvernement anglais, soit du lieutenant-gouverneur de Jersey, les membres de ce meeting s'engagent à leur prêter toute assistance possible clans les voies légales qu'ils pourront prendre, pour obtenir réparation et s'engagent à résister à toute tentative qui aurait pour objet d'imposer l'AlienBill à ce pays. 3ème Résolution.- Copies ries résolutions qui précèdent seront envoyées à Lord Palmerston et Clarendon, à Sir Georges Grey, à Victor Hugo, Joseph Maz.ziili',- Ledru Rollin, Kossuth, aux autres réfugiés,

L'HOMME.-SAMEDI, 7 DÉCEMBRE 1855. ___________________ _,,,__ __ _ _ _ _____________ -:-· .. Dans notre dernier nutnérô, nous avons pnblié ttlle protestation signée par plusienrs proscrits contre une correspondance de Glascow attaquant l'honneur du citoyen Talandier. Nous avons reçu, depuis, nne deuxième protestation du Comité international, et une lettre du citoyen Massy dans le même sens. Nous les constatons, de grand cœur : mais nous ne pouvons les publier; le journal n'appartient qu'aux affaires générales. ' , VARIETES. UNE NOUVELLE LANGUE. Avez-vous vu les caves misérables de Lille et de la Flandre, l'humide habitation où le pauvre tisserand, dans cc sombre climat d'éternelle pluie, envoie, ramène et renvoie le métie'r d'un mouvement automatique et monotone ? Cette barre, qui, lancée, revient frapper son cœur et sa poitrine pulmonique, ne fait-elle rien, je vous prie, qu'uu tour de fil? ... Oh! -,-oici le mystère. De ce va-et-vient sort nn rhythme; sans s'en apercevoir, le pauvre homme à voix basse commence un chant rhythmique. A voix basse! Il ne faudrait pas qu'on l'entendît. Ce chant n'est pas un chant d'église. C'est le chant de cet homme, à lui, sorti de sa douleur et de son sein brisé. Mais je vous assure qu'il y a plus de soleil maintenant dans cette cavf' que sur la place de Florence; plus d'encens, d'or, de pourpre, que dans toutes les cathédrales de Flandre ou d'Italie. " Et pourquoi pas un chant ll'église? Est-ce révolte?" -Point. Mais c'est que l'Eglise ne sait et ne peut chanter, et elle ne peut rien pour cet homme. Il faut qu'il trouve lui-même. Elle perdit le rhytltme avec Grégoircle-Grand, et elle ne le retro11ve pas pendant mille a11s.• Elle en reste au plein-chant; c'est sa condamnation. Ce tisserand buissonnier de la banlieue d'une grande ville n'a garde de chanter haut. Il est trop jalousé dn fier et souverain métier des tisserands, du corps autorisé qui vient de temps à autre lui briser tout .dans sa maison. Il est humble, comme la terre, le terrier où il vit. La cloche du métier ne sonne pas pour lui. le noble carrillon de la ville qui réjouit les autres de quart en quart, au contraire lui sonne aux oreilles : " Tu n'es rien, tu seras battu ... Tu n'as pour toi que Dieu." Dieu le reçoive donc ! Dieu entend tout et ne déclaign& rien. Qu'il entende ce chant à voix basse, chant pauvre et simple, _petit chant de nourrice. Dieu seul ne rira pas. Si, par malheur, quelque autre l'entend au soupirail, il rit, hoche la tête : Chant de lolo, à bercer les enfants ! Voilà le nom trouvé. Le lollard est ce pauvre imbécile au chant de vieille ou de nourrice. Il fait la nourrice et l'enfant, s'imaginant être le faible et dénué nourrisson aux genoux de Dieu. Hérésie musicale ! grande et contagieuse, je vous le dis. Car plus d'un, le dimanche, fuyant les cathédrales, ira furtivement surprendre aux caves ce petit chant qui fait pleurer. Il vous semble très doux, et il co11tient un dissolvant terrible, une chose qui fait frémir le prêtre, qui le brise, renverse ses tours, ses dômes, toutes ses 1rnissances, qui nivelle la terre avec les ruines des cathédrales anéanties. C'est la réponse de Dieu au tisserand : " Chante, pauvre l1omme, et pleure ... Ta cave est une église ... Tu as péché, mais tu as bien souffert. Moi, j'ai payé pour toi, et tout t'est pardonné." Inutile de dire que ce chanteur est poursuivi à mort. Où trouver assez de supplices, de fer, de feu, de grils ou <l'estrapades, de tenailles à tenailler? Un bâillon ! surtout, un haillon ! Autrement, il continuera dans les flammes. Comment étouffer cette voix? ... Oh! une voix mise dans le monde, on ne l'étouffe plus. Celle-ci s'en va de tous côtés. L'art muet s'en empare; le Forgeron d'Anvers, dans sa cuve bouillante où saint Jean est plongé, a peint ce maigre tisserand; sa voix même, il l'a peinte, et • son faible rhant à voix basse. La réponse de Dieu qui est le fonù de ce chant, elle passe, P.lle file~ quoi qu'on fasse, de bouche en bouche. C'est toute la théologie <tllernande. Dès 1400, un petit livre de ce temps l'enseignait aux enfants. Aux Pays-Bas Wesel, Stanpitz en Allemagne, répandent cette consolation au quinzième siècle. C'est d'eux que l'a recue Luther. Luther est un lollard, le chanteur, nou du chant étouffé, à voix basse, mais d'nn chant plus haut que lp foudre, Et il y a encore une autre différence. C'est que ces clrnnts mystiques et solitaires du moyen-âgé étaient trempés <lepleurs. Mais voici 1111 chanteur dans la voix héi-oique duquel rayonnent le soleil et la joie. 0 joie bien méritée! et que ce grand homme avait bien raison d'être joyetn ! Quelle révolution eut jamais une pl11snoble origine ? 11dit lui-même comment la chose lui viut, et comment il eut le courage d'exécuter ce que son éducation lui faisa.it regarder cornme la " plus extrême misère." Il eut pitié du peuple. Il le vit ma11géde ses prêtres, dévoré de ses nobles et sucé de ses rois, n'envisageant rien après cette vie de souffrances qu'une éternité de souffrances, et s'ôtant le pain de la bouche pour acheter à des fripons Je rachat de 'énfer, Il eut pitié tlu peuple, et têtt·ouva dans la tendresse de son cœur le vieux chant du lollard et la consolation : " Chante, pauvre homme, tout t'est pardonné! La Pucelle, à ceux qui lui demandaient la cause qui lni mit les armes à la main, répondit: " La pitié qni était an royaume de France. " Luther eût répondu : La pitié qui était au royaume de Dieu," Ce ne fut pas un verset de saint Paul, un vieux texte si souvent reproduit sans action, qui renouvela le monde. Ce fut la tendresse, la force du grand cœur de Luther, son chant, son héroique joie, Foi, espérance, charité, ce sont bien trois vertus divines. Mais il faut bien ajouter cette vertu rare et sublime des cœurs trés purs, rare même chez les saints. Faute d'un meillenr 110111, je l'appelle la joie La condamnation de tout le moyen-âge, de tous ses grands mystiques, est celle-ci : Pas wn n'a eu la joie. Comment l'auraient-ils eue ? C'étaient tous des malades. Ils ont gémi, langui et attendu, Ils sont morts dans r attente, n'entrevoyant pas même les âges d'action et de lumière où nous sommes arrivés si tard. Ils ont aimé beaucoup, mais lem amour si vague, plein de susceptibilités suspectes, ne s'affranchit jamais des pensées troubles. Ils restèrent tristes et inquiets. Au contraire, la bénédiction de Dieu qui était en Luther apparut en e;eci surtout, que, Je premier des hommes depuis l'Antiquité, il eut la.foie et le rire héroïque. Elle brilla, rayonna en lui, sous toutes les formes. Il eut ce grand don au complet. La joie <le l'inventeur, heureux d'avoir trouvé et heureux de donner, celle qui sourit dans les. dialogues de Galilée, qui éclate d'un naif orgueil dans Linnée, dans Keppler. La joie du combattant au moment <les batailles, sa colère magnifique, d'un rire vainqueur, plus fort que les trompettes dont Josué brisa Jéricho. La joie du vrai fort, du héros, ferme sur le roc de la conscience, serein contre tous les périls et tous les maux du monde. Tel le grand Beethoven, quand, vieux, isolé, sourd, d'un colossal effort, il fit l'Hyrnne à la Joie. Et par-dessus ces joies ile la force, Luther eut celles du cœur, celles de l'homme, le bonheur innocent de la famille et du foyer. Quelle fa;;ille plus sainte et quel foyer plus pur ?... Table sacrée, hospitalière, où moi-même, si longtemps. admis, j'ai trouvé tant de frnits <lirins dont mon cœur vit enoore ! ... Avec son petit Jean Luther, je m'en allais suivant Je bon docteur au verger où, tendrement, gravement, il prêchait les oiseaux, ou bien encore dans les blés mO.rs qui le faisaient pleurer de reconnaissance et d'amour de Dieu. Voilà l'homme moderne, et votre père à tous. Reconnaissez-le à ceci. La joie était absurde au moyen âge qui bâtit tant de choses yaines, qui, savant architecte, édifia aux nues ces tours et ces châtaux qu'apporte et remporte le vent. La joie est rais@nnable au temps moderne dont la main sô.re construit de vérités l'immuable édifice dont le pied est assis en Dieu, dans le calcul ei ln nat1ue. Si le vrâi n'est plus vrai, si la géométrie est fausse, alors cette maison tombera, La raison seule et la révolution, la science, ont seules droit à la Joie, Mais, à quelque degré de sérieux, de fermeté virile qu'arrive notre âge en sa via sacra, reconnaissons et bénissons le point de départ, vraiment touchant, humain, d'où nons primes l'essor, la bonne et forte main du grand Luther qui dans son verre gothique nous versa le vin du voyage. Ce vin fut l'assurance que celui-ci donna à l'homme, qui 1e releva et le !nit en chemin. Cent fois on avait dit au pauvre peuple qui avait tant souffert, qu'il était pardonné. Luther le jura, se fit croire, et le monde, raffermi des vaines terreurs, se lança dans l'action. Comment le peuple n'eût-il cru cette voix pure et forte. loyale, qui est celle du peuple? Tous croient, tous sont joyeux. On s'embrasse sur les places, comme on fit plus tard par toute l'Europe pour la. prise de la Bastille. Un chant commeuce, d'une incroyable joie. la Marseillaise de ' Luther: " Ma forteresse, c'est mon Dieu." Il fit les airs et les paroles. Et il allait de ville en ville, de })lace en place et d'auberge en auberge, avec sa flûte ou son luth. Tout le monde le suivait. Les ennemis le lui reprochent ; ils disent en dérision : " il allait par toute l'Allemagne, nouvel Orphée, menant les bêtes." Cet homme était si fort. qu'il eût fait chanter la mort même. L'Allemagn~ déchirée, mutilée, sciée, comme Isaïe, l'Allemagne se mit à chanter. La misérable France, écrasée sous la meule, où elle ne rendait que du sang, e;hante aussi comme l'Allemagne. Le poëte ouvrier Hans Sachs salue ce puissant " rossignol, dout le chant emplit la chrétienté." Albert Dürer consolé, fait cent œuvres joyeuses qui expient.Nlelancolia : le petit saint Christophe, plein <l'amour, emportant son Dieu ; le ferme et fier saint Paul, qui lit, appuyé sur l'épée, la grande épée biblique, enfoncée dans la terre ; saint Marc écoute, frissonne <leterreur et de joie, montrant ses blanches dents ; saint Pierre, avec ses clefs, vaincu, ha.isse la tête et n'est plus qu'un portier. Voilà les jeux et les chansons, le Noël de la Renaissanct. Pour lui, qui a changé le mo_nde,le grand Luther, 11e réclame rierl que son titre tli noblesse : chanteur et men.. diant. " Que personue ne s'avise de mépriser devant moi les pauvres compagnons qui vont chantant et disant ,le porte en porte : Panem propter Demn ! Vous savez comme dit le psaume : " Les princes et les rois ont chanté ... " Et moi aussi, j'ai été un pauvre mendiant. J'ai reçu du pain aux portes des maisons, particulièrement •à Eisenach, dans ma chère ville." J. MICHELE'!'. NOUVEAUX PRIX D'ABONNEMENT, Pour une Année : Angleterre..... .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . 12 - ou 15 fr Iles de la Manche.................... 12 Belgiq11e .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . . .. .. . .. . 12 Suisse ................................. 12 Prusse ................................. 12 Villes auséatiques.................... 12 Etats allemands...................... 12 Pour les autres pays ................. 16 - ou 20 fr Tous les abonnements se paient d'avance. Les lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées : - à l'Administration du journal L'HOMME, 2, Inverness Place, Queen's Road, Bayswater, à LONDRES. SOUS PRESSE : LE COUPD'ETATDE JERSEY. E~i:pulsion·,ze trente-si.r Proscrits.-Révélations et éclaircissements, • PAJt CHARLES HUGO et FRANÇOIS-VICTOR HUGO. L'B01'11'IE. A LONDRES Dépôt et Ve~tc du Journal au , , numero, chez : M. Stanislas, 10, Greek Street, Soho, librairie polonaise. l\f. Holyvake, 147, Fleet Street. 1\1, Sims, 16, Eaton Street, Upper Eaton Square. Et citez les marcliands dejournaux. Collecti0ns complètes de l'HOMME. - Prix : 1re et 2e années, .;El 4s. - Une année seulement, lQs.-S'adresser à M. Zeno Swiçtoslawski, 4, Batbman's Buildings, Soho Square, Londres. Ou à Jersey, Imprimerie universelle, 19, Dorset Street. av·I...,_ Toutes les Annonces pour le lJl. ~•journal l'HOMME doivent être adressées I0, Greek Street, Soho. (Librairie Polonaise). B COLIN Bachelier ès-lettres, ancien professeur de 1 l'Universiti! de France, donne des leçons de français, de latin, de,grec, de littérature et de mathématiques élémentaires.-S'adresser I9, Great Chapel Street, Soho Square, à Londres. A LOUER PRÉSENTEMEN'r Une Maison ou partie de Maison garnie À APPELEE BU DE LA RUE, Contenant environ huit appartements, étables et jardin, et un terrain de cinq vergées qu'on est libre de louer ou de ne pa~ louer. - Le tout est situé dans la paroisse de St-Laurent, à deux milles et demi de la ville. - S'ailresser chez Monsieur MALZARD, Clear. View Street, à St-Hélier. - La même personne a des charbons de première qualité de Newcastle : 24 sh. la charge ou 28 sh. le tonneau, par demi-charge ou quart de tonneau. HOTEL DU PROGRÈS.-CAFÉ RESTAURANT, Tenu par J. LORGUE, proscrit français. - Dîner il la carte à tonte heure, 21, Great Chape! Street, Oxfort Street, Soho Square, à LONDRES. A FONTAINE MENUISIER, IO, Char- • _ , lotte Street, Fitzroy S11. à. Londres, ci-devant !9, Upper Rathbone Place. Publié lt ]'Imprimerie universelle, 52, Greek street, Soh°" par Zeno Swietoslawski.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==