, N. 51. LONDRES--. SAMEDI1, erDECEMBR1E855. 2eANNEE. -SCIENCE.- ' _gOLI DARI'fR.- JOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. Ce Joua.·ual 1un•ait une :f'ols 1uu• se1naiue. Tontes lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées à l'Administration dnjo11rnall'J!o111111e, à LoNDIŒS 2, Inverness Place, Qucen's Road, Bayswater. - Le~ manus: crits déposés ne seront pas rendus. AU PEUPLEDEJERSEY. TROISIÈME ET DERNIÈRE LETTRE. De qui relevez-vous et de qui dépendez-vous? Est-ce du vieux Duché normand qui est une des ombres les plus effacées de l'histoire ? est-ce de la couronne d' Anglererre ? est-ce de vous-même? On sait très bien d'où vous venez : vos origines les plus lointaines et vos formations sucèessiYes sont connues : vous n'êtes ni Pictes, ni Danois, ni Saxons; vous apparteniez, comme île-fief, au grand Duché voisin, avant la conquête de Guillaume, et M.. Bonaparte, votre ami, ne se trompe pas, quaud il vous appelle sur ses passeports: "les Iles normandes." Mais une origine historique est-elle une constitution nationale éternelle, et parce qu'aux temps primitifs vous fûtes au seigneur Rollo, faut-il en conclure que sa loi doit vous lier comme un- dogme à travers les siècles ? S'il en était ainsi, vous seriez de grands révolutionnaires et d'affreux novateurs, bien dignes en vérité d'être abonnés au journal l'Homme qui, d'après vous, est à la fois torche et poignard. Qu'est-ce à dire, en effet? Vous êtes protestants, wesleyens, presbytériens, swedeenborgistes, quakers, mormons, et vos maîtres les grands ducs, comme vos ancêtres, étaient catholiques ! Vous n'avez donc pas gardé la charte du seigneur ? - Vous travaillez, vous cultivez, vous commercez librement, vous buvez de même, et la loi féodale, qui est votre contrat et vos commandements, portait corvées, redevances,' dîmes et couvre-feu; l'homme lui-même entrait, comme la terre, dans ses servitud~s ! Pourquoi n'avez-vous pas gardé cette loi féodale dans toutes ses conditions, dans tout 1son éclat, dans tout son parfum, et que dire de votre loyalty pour le seigneur Rollo ? Le duc Rollo, m'est avis, ne vous réclame rien. Il dort, depuis longtemps, du grand sommeil comme ces vieux Druides dont vou~ avez, chez vous, quelques autels ruinés, et qui ne s'inquiètent guères si vous avez déserté le dolmen pour aller au temple, et la forêt sacrée des sacrifices pour le thé du soir; en famille : les morts sont doux ! Ainsi ne parlons plus de vos contrats, chartes et priviléges <l'i]y a huit cents ans, lesquels parchemins vous feraient peur si vous les pouviez retrouver; ils vous reculeraient de dix siècles, dans l'ombre et la servitude des barbares. Depuis ces temps là jusqu'au dix-septième siècle, votre constitution c'est votre île. La coutume normande y prévaut comme tradition : mais les nécessités du commerce et le droit d'asile la peuplent. La liberté s'y forme, s'y développe, et la suzeraineté britannique, esnpêchée d'ailleurs par ses éternelles guerres, s'y 'fait à peine sentir. Le premier document à dispositions générales et formant corps qui vous soit venu d'Angleterre, c'est un ordre du conseil entériné par votre cour royale à cette fraîche date-24 septembre 1635. • Le voici dans son texte et sa fleur, c'est un menu de roi! " COUE DE JERSEY.-É'l'RANGERS. " Conformément à certain ordre du Roi et du Conseil, daté le douzième jour de J uiu 1635, entériné aux Roll~s de la Cour royale lt! vingt-quatrième jour de septembre ensuivant : & à certaine lettre des seigneurs du conseil de Sa :rviajesté, ,latée le vingtième jour de février mil six cent soixante, entérinée le vingt-septième avril mil six cent soixante-cinq. "Il est ordonné qu'aucun habitant de cette ile, soit tavernier, ou autre, ne recevra aucun étranger dans sa maison, ni ne permettra à aucun d'y rester plus d'une 1 nuit, sans en avertir le Connétable de la Paroisse, à peine· j 4ht s'abonne : 1 LONDRES, à l'Office du Journal, 50, Castle Street, Berners St. JERSEY, 19, Dorset Street. LIVERPOOL, chez B. Colin, 33, Myrtl~ Street, South. 1 l BELGIQUE, Lecomte, rue des Malades, à Bruxelles. ESPAGNE, Casimir Monnier, libraire à Madrid. de dix livres d'amende, tiers au roi, tiers aux pauvres, et au délateu1·. " Le Connétable de la paroisse de St,-Hélier sera sujet de faire rapport à :rvr. le Gouverneur, dans vingt-quatre heures, de la connaissance qui lui aura été donnée, de l'arrivée rles étrangers, ou aussitôt qu'il lui sera possible; et les Connétables des autres paroisses dans huit jours pour le plus tard, ou aussitôt que possible, si tels étrangers étaient suspects. " Les étrangers ne seront point soufferts à demeurer en cette île, ni à épouser des femmes du pays, sans la per_.. mission de ]\f. le Gouverneur, selon qu'il est dirigé par ledit Ordre de Sa :rviajestéet de son conseil, du (louzième juin 1635; et s'ils contreviennent, ils seront contraints de vuider le pays. " Ceux qui feront abjuration de la religion catholique romaine, ne seront point non plus soufferts à s'établir dans le pays, sans la permission du Gouverneur, et du magistrat civil; et en l'obtenant, seront obligés, s'il est requis, de donner caution de leur bon cornport, et qu'ils ne tomberont point en charge. " Tous étrangers, reconnus pour protestants . et de bonnes mœurs, qui viendront pour s'établir en cette île, y seront reçus avec encouragement; mais donneront caution, s'il est jugé nécessaire. . " Il ne sera point permis aux étrangers de tournoyer de maison e,i maison, hors des grands chemins qui condui~ent directement des hâvres aux: villes de SaintHélier et de ~aint-Aubin; ni d'approcher des forteresses ou fortifications : et s'ils contreviennent, ils seront saisis et présentés en justice par les officiers, ou autres personnes, et seront sujets à telle peine qu'il appartiendra. "Il est défendu aux étrangers, et non habitants, de vendre en détail dans cette île auwne marchandise ou ilenrées, dt quelque nature ou qualité qu'elles soient, directement on indirectement, soit en public, ou en particulier; mais ils pourront vendre en gros seulement les pièces des marchandises entières, ,et non coupées, pour temps qu'on leur limitera. " Les étrangers, et non habitants qui apporteront des marchandises ou denrées à vendre, ayant obtenu du Gouverneur la permission de séjourner dans le pays, seront tenus d'obtenir du chef-magistrat une permission, sous son seing, de donner connaissance au public des marchandises qu'ils se proposent <le vendre; par quelle permission, le temps qui leur sera accorrlé pour cela, sera limité, passé lequel, ils seront punissables, s'ils continuent de les tenir en vente, comme infracteurs des lois; par confiscation de telles marchandises, ou denrées, et en outre par amende. "Les habitants <le cette ile, qui vendent en détail, ne pourront acheter <les marchands étrangers, directement, ni indirectement, qu'après que leurs marchandises auront été exposées trois jours en vente au public; publication en ayant été faite, selon qu'il est prescrit ci-dessus, à peine de confiscation des marchandises et de soixante livres d'amende. "Les grains, sels et provisions, qn'il sera permis aux étrangers rl'apporter en cette île, seront exposés par trois jours consécutifs, après que la permission en aura été obtenue du chef-magistrat, et connaissance donnée au public ; et ne sera permis de les vendre en gros durant lesdits jours, ni aux habitants de les acheter de cette manière, directement, ni indirectement, à peine de confiscation, et de soixante livres d'amende, tant vers le vendeur que l'acheteur. " Les étrangers ne pourront exposer leurs marchandises ou denrées en vent~ publique, aux plus offrants et derniers enchérisseurs, directement, ni indirectement, à peine de conriscation des marchandises ou denrées." Feuilletez les annales russes; dépouillez tous les les firmans impériaux de la Porte dite Sublime, et qui n'a plus,-hélas !-ni clé ni verrou; cherchez, compulsez, analysez les ukases, les décrets, les statuts royaux des plus mauvais temps, et trouveznous, si vous le pouvez, un ensemhle aussi draconien de resJrictions, d'interdictions et de servitudes! L'étranger n'entre pas dans l'île comme un hôte, mais comme un suspect, comme un ennemi : la délation l'attend, 10 guette et va toucher sa prime, si la déclaration formulée dans l'article Ier n'a pas été faite à qui de droit dans les vingt-quatre heures, ou si le Connétahle ne l'a pas transmise au Gouvrrneur, dans le délai de la loi. Les anciens GENÈVE, Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. NEUCHATEL, Couhé, à Chaux-de-Fonds. NOUVELLE-ORLÉANS, Paya & Comp., 56, rue de Chartres. MEXICO, Isidore Devaux, libraire. Tous les aJ1onue1ne11H se 1•alent ,1•ava11ee. qui 6taient <lesbarbares lavaient les pieds au voyageur et le conduisaient dans le sanctuaire des dieux-lares, ce qui le rendait sacré. A Jersey, d'après l'ordre de 1635, l'hospitalité commence par une inquisition de police, et c'est la force militaire qui vous enregistre ! Ne serait-ce pas, en vertu de cette loi d'amour et de royale courtoisie que M. le g·ouvcrneur Love, il y a trois années, appela tous les étrangers de son pachalick en ses bureaux de recensement ? Il s'agissait déjà de l'alliance, et le gouverneur militaire se faisait d'office, contre les proscrits, le nomenclateur de M. Bonaparte ! Cet article du grand ordre royal est, depuis long• temps, en pleine désuétude à Jersey : les nécessités et les mœurs l'ont aboli. Nous dirons, de plus, en passant, qu'il ne nous gênait guère, si ce n'est comme servitude préalable et procédure de suspicion. Est-ce que les proscrits ont besoin de cacher leurs noms? C'est là le souci de ces lwnn~tes gens qui viennent de France ou d'ailleurs, pour avoir attaqué la SOCIÉTÉ dans ses caisses : il est vrai que ces habiles conservateurs en sont quittes, quand ils ont débarqué, pour faire peau neuve et s'ennoblir. Ne font-ils pas, d'ailleurs, do la loyalty plus haut et plus fort que tous les gentlemen et tous les manoirs ? D'après le deuxième article inscrit ci-dessus, il serait interdit à tout étranger de séjourner dans l'île et d'y prendre femme de souche jen,iaise, sans la _perrnissionde M. le Gouverneur. Ce Gouverneur est bien terrible, en vérité. Le voilà qui peut octroyer ou refuser à son caprice la grâce d'hymen, Le droit le plus sacré de la vie n'est plus dans le mutuel accord ou consentement, il n'est plus dans la famille, il est au pape-gouverneur; c'est une prérogative militaire, et ce n'est pas l'étranger, seulement, c'est vous-même peuple jersiais qui êtes frappé dans la souveraineté de vos intérêts, de vos affections, dans la liberté de vos alliances ! - Vous avez, il est vrai, dans votre petit code de prohibitions une loi pour sauvegarder l'inviolabilité, la pureté du sang-; mais je croyais que cela ne regardait que la race bovine, et je ne pensais guères que ce dogme grotesque et jaloux pût s'étendre à l'espèce humaine. Est-il nécessaire de dire, ici, que cette disposition sauvage, inconnue dans tous les pays civilisés, ne fut jamais rigoureusement appliqué~ de mémoire d'homme, même à Jersey, et qu'elle n'existe plus, en nécessité légale ni comme formalité d'enregistrement ? Et c'est pourtant de cette vieille ordonnance royale, plus que deux fois séculaire, pourrie, moisie et toute rongée que M. le gouverneur Love a tiré son droit d'autocratie, sa charte de bannissement! Le domicile et le mariage étant ainsi réglés comme questions de discipline militaire, voici pour la propriété : l'article 5 stipule que les étrangers non habitants, ou n'ayant pas obtenu le permis légal du Gouverneur, ne pourront vendre en détail ni marchandises ni denrées, et l'interdiction qui est à deux fins frappe les Jersiais comme acheteurs. En deux lignes, voilà toutes les transactions arrêtées, condamnées, toute liberté d'échanges suspendue, le travail paralysé, le commerce mort. - Et que feriez-vous, bons Jersiais, sans le cabotage de la côte qui vous ravitaille au détail? et que feriez-vous, colonie de Grandville, si les marchés de Jersey ne vous étaient pas ouverts ? Voilà une île dont Je commerce fait le long cours, dont l'activité s'épand sur toutes les mers, une île qui a besoin de toutes les relations, et son système intérieur, sa loi de famille et de maison serait la prohibition absolue contre l'étranger ! ':routes les boutiques de Jersey sont une contravention vivante à ce rescrit digne du Maroc. Mais voici quelques mots égarés dans ce fatras de servitudes et qui jettent une assez vive lumière sur la loi-monstre. Il est dit entre deux: articles :
" qu'il ne sera point permis aux étrangers de tournoyer de maison en maison, hors des grands chemins qui conduisent directement des hâvres aux villes de St.-Aubin et de St.-Hélier, ni d'approcher des forteresses ou fortifications, etc." Dans cette disposition dernière qu'y-à-il d'indiqué, de flagrant et de rigoureux? C'est la servitude militaire, c'est la veillée des armes, active, permanente sur les chemins de ronde et près des fortins ou citadelles. L'esprit de la loi, son but et sa portée sont là tout entiers; c'est une discipline de guerre, comme il y en a, dans toutes les villes assiégées,contre les étrnng·ers et contre les rôdeurs. Et si vous en doutez, Jersiais, ouvrez l'histoire d'Angleterre à votre première et grande page de révolution qui s'appelle le règne de Charles 1er. Il y a là un trône et un échafaud : entre cet échafaud et ce trône, il y a un tribunal de saug qui a gardé le nom de Chambre étoilée. V os pères la .connaissaient bien; ce fut leur Inquisition d'Espaine et leur Saint-Bartltelémy de France ! Eh bien, votre loi, votre grande loi de 1635 est née dans cet antre : elle est sortie de ce concile de toutes les haines royales et papistes. Elle est la µoCitique, la pensée du Stuart qui a laissé sa tête daus le panier de vos bourreaux. C'est une loi de guerre civile ! En son Conseil privé, le roi Charles édicta cet ordre de colère sauvage, de suspicion jalouse; il craignait que ses proscrits d'Angleterre, vos mar. tyrs à vous, ne vinssent pr~ndre pied, en votre île, s'y rallier, s'y fortitier, et il vous mit en état de siége ! Voilà les origines. Résumez avec nous, maintenant, et concluons. Que vaut, que peut valoir cette loi contraire à la Constitution britannique, supérieure à toutes vos libertés qu'elle absorbe, à tous vos priviléges qu'elle met à néant, et qui est sortie des haines les plus sinistres de votre histoire? Vous la déclarerez morte avec le Stuart, ou vous devez rendre sa tête à Charles Ier! Que vaut, que peut valoir une loi qui viole toutes les relations, tous les droits de la vie,-dans l'individu l'asile, dans le travail la plus sacrée des propriétés, la liberté? - Ou vous êtes une tribu <lel'histoire, enfermée dans vos grèves. sans communication avec les temps, sans intérêt dans la vie générale, et c'est bien alors votre contrat, votre loi, vos sacrements et commandements; ou vous voulez puiser à l'idéal commun, au progrès permanent, à la science acquise; vous voulez être des hommes du siècle, de ses institution,,s, de ses lumières, de ses vérités, et-que faites-vous alors de cette loi-dictature ? Vous l'avez ébrèchée, mordue, grignotc§e, c'est vrai: vos révolutions économiques et vos habitudes civiles en ont fait justice comme vos mœurs; mais voyez, pourtant: une heure d'entraînement, une manœuv.re fausse, une journée des dupes a suffi pour vous rejeter en plein dix-septif'me siècle, et vous voilà les justiciables d'un Stuart; vous êtes èn Chambre ardente ! Si vous tenez à l'ho~neur, ne souffrez pas qu'on vous ramène en ces servitudes ; si vous tenez à la vie, laissez à la mort ce code de la mort. Et cette loi de guerre, cette loi d'un jour, entachée de sang· et de souvenirs sinistres, cette m~- sure transitoire, cette nécessité d'état passagère et sauvage n'est pas seulement condamnée par la civilisation, par les mœurs, par l'esprit général du temps, elle est Ulême en contradiction avec le texte formel de lois pl us récentes ! Ainsi l'on trouve dans votre code général de 1771: RUBRIQUE DU CONSEIL, ~l MAI 1879. " Conformément à certain Ordre du Roi et du Conseil, enthériné aux Etats le 3me jour de juillet ensuivant : " Les lois et priviléges de l'île sont confirmés comme d'ancienueté, et aucuns On.nREs Warrants, ou Lettres de quelque nature qu'ils soient, ne seront point exécutés dans l'Isle, qn' après avoir été présentés à ia Cour Royale, afin d'y être enregistrés et publiés : et dans les cas que tels Ordres, vVarrants ou Lettre:. soient trouvés contraires aux chartes et privilÉges, et onéreux à ladite Isle, l'enregist~ement, l'exéwtion, et la publication en pe1n•ent être suspendus par la Cour, jusqu'à ce que le cas ait été représenté à Sa Majesté, et que s011 bon plaisir soit signifié là-dessus." Armés de cette déclaration, confirmée depuis et corroborée par les Guillaume et les Georo·es, rois moins tètus que les Stuarts, vous pouvez v°ous dégager de ces sauvag·es servitudes, et suspendre ce vieux code, comme un trophée de nuit, au musée des antiques. L'HOMMME. - Ier DECEMBRE. En fait, il n'a plus force ni ~aleur; en droit, il est l'iniqaité même: - double àéchéance ! Mais agissez avec persévérance et vigueur. Ne comptez pas trop sur, vos Etats q,ui derment, sur votre Cour royale qui est bien nommée: " la Cohue," sur votre presse qui cherche la miette à toute les portes : ne comptez que sur vous-mêmes. Vous avez le droit d'association et le droit du meeting; usez-en pour vos libertés menacées : éclairez les intérêts, ralliez les opinions, agitez, parlez, organisez-vous dans la grande pensée des hommes libres. In hoc signo vinces ! Ch. RIBEYROLLES. ANGLETERRE. REVUE DE LA SEMAINE. L'Angleterre est fort riche en vieilles illustrations militaires, illustrations plus ou moins sérieuses et qui u'avaient tenu depuis longtemps la campagne : quelg ues débris de Waterloo restés debout comme de vieux troncs, mais chenus et cass~s, les généraux-commandans dans la guerre des Indes, et les ehefs d'expédition contre les Cafres lui constituent un état-major militaire qui tient à la fois, de l'hôpital et du musée. Ces hommes ont du sang-froid, de l'expérience, de la fermeté, mais ils manquent d'élan : ils sont de bon conseil et de précieux jugement, surtout dans les revers ; mais pour les expéditions hardies, rapides, aventureuses, ils n'ont plus ni l'ardeur du sang, ni la hardiesse des conceptions, ni la témérité c;lesentreprises, et les coups-de-têtê des SaintArnaud et des Pélissier les ont toujours trouvés froids ou rétifs. Il est résulté de là qu'une chance de fortune ayant honoré ces folies, les vieux généraux anglais sont restés .dans l'ombre, et que lenr armée qui a tant souffert en plusieurs rencontres, a paru presque toujours au second plan, dans ces demivictoires qui nous ont donné jusqu'à ce jour, le sud de Sébastopol, la moitié d'une ville! L'opinion publiqu~, en Angleterre, a profondément souffert de cette inégalité dans la g·loire et dans les armes; elle a forcé le Ministère et le Parlement à l'enquête administrative de la dernière session, et les journaux qui la suivent aveuglément, le Times en tête, ont déjâ, trois fois, fait changer le commandemf'nt. Après la mort de Lord Raglan qui était un chef d'un grand caractère ayant l'esprit droit et l'âme élevée, on nomma le général Simpson un de ses premiers lieutenants. Le général Simpson n'a rien fait d'éclatant pendant qu'il avait l'armée sous ses ordres, et le malheureux échec du Redan, à côté de la victoire Malakoff l'avait cruellement compromis dans ~'esprit emporté des masses qui, ne jugent que d'après les événements, dans les boxes et dans les guerres. Condamné, le général Simpson vient, au nom de la reine, de résilier ses pouvoirs. Il rentre dans ses foyers, sans colère, sans bruit, sans faste,- à la façon des vieux soldats dana les républiques anciennes,- et, comme un homme qui est heureux d'échapper à des responsabilités redoutables dès longtemps entrevues à travers d'éphemères victoires ! Le général William Codrington l'a remplacé; sera-t-il plus heureux, plus hardi, plus brillant, et quand seront passés ces longs quartiers d'hiver qui rappellent les anciens sièges aux temps des 1'urenne et des Catinat, fera-t-il quelque action de vig·ueur qui puisse relever l'éclat des ar~nef, britanniques? .Nous en doutons et voici pourquoi. Les chefscommandans, cela est vrai, sont trop vieux dans les armées anglaises : ils sont en retard de science, de jeunesse et d'activité, mais la faute n'est point seulement aux hommes, à ces hommes. L'armée, comme institution, est vicieusement organisée. Sa discipline est toute matérielle et sa vie morale, sa vie de famille n'existe pas; elle n'est pas, elle ne peut pas être uue âme collective, voilà le vice ! Le gouvernement anglais a craint sérieusement de voir se compliquer et s'irriter le différend qui est survenu entre les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Frère Jonathan a le caractère un peu vif, et quoique de race anglo-saxonne,comme la patriemêre, il n'est point d'humeur à sacrifier sur l'autel de famille ses intérêts et ses droits. Voici le sujet de la querelle, tel qu'il est explipar le gouvernement de Washington. . ~ ~ 1~50, eutre les deux gouvernements, traite tu~ c:mclu po_rtantque l'Angleterre et les Etats-Ums s engagement mutuellement à ne coio. nise_r,.à ne fort,ifier,,à_n'acquérir aucun point 11i tern_to1redans I Amenquc centrale. Le cabinet dll l'? n10n dé~!arait en plus. qu'il ?'annexerait p•)nt d Etats, qu il ne troublerait en nen leur indép'.'ndance. Mais aux termes et dans l'~sprit du traité l'obli4 galion était réciproque: Or les Américai~s pré .. tendent que l'An_gleterre a:Violé ces stipulatious, en occupant la Baie-Islande et en continuant au mépris du contrnt commun, d'étendre son pr~tectorat sur le territoire des Mosquitos. Les Anglais répondent- pre~se et gouvernem~nt-1° ~u'.il y_ a dans les chantiers de la Répnbhque amencarne, une flotte considérable constrmte au pr?fit des ~uss~s et déjà vend ue.-2° que les aventun~rs et flibustiers qui ont déjà tenté un co~p-de-main contre Cuba sont en organisation active, permanente, que de nouvelles compao·nies f • ' l b se sont ormees et que e gouvernement des EtatsUnis laisse faire. En ces débats où est la justice et qui dit lavérité? Nous ne savons trop où est le droit, mais nous croyons les deux parties fondées, dans leurs accusations respectives. Toujours est-il que le ministre Palmerston a fort compliq~é. le différend en envoyant un renfort de douze vaisseaux de guerre- en destination de la mer des Indes, mais pour surveiller le golfe du Mexique. L'Amérique arme à son tour! Sir Charles Napier, l'ex-amiral commandant la flotte britannique, dans le Nord, vient d'être nom1:lé, pour Southwark c?1~me candidat de l'opposiho:1. Cet orag·eux ofücier de mer pourrait bien agiter avant peu les vagues parlementaires,et l'administration qui est déjà fort bal lotlée se serait bien dispensée de le trouver sur le pont, à la sessio!1prochaine. Sir Charles a la rancune longue, et 11ne pardonnere pas facilement les avanies de l'an dernier. C'est un homme intelligent, actif, décidé, :111aisde peu de suite et qui ne deviendra jamais un chef de clientèle bien redoutable. Ces esprits-là-font gronpe et non pas légion. La grève de Manchester n'est pas encore fermée, 4,000 ouvriers battent le trottoir des misères et se défendent, grâce à la solidarité des caisses contre nn avilissement de salaires qui les réduirait à la faim. Quel pays! Il y a ici des c~éatures, mâles ou remelles, qui peu_vent g:a~piller 10,000 francs par JOUr, et plus de vrngt millions de travailleurs n'ont pas souvent de quoi manger et se vêtir! Cela s'appelle, eependant, la grande civilisation de l'Ouest. C. R. 1 FRANCE. CORRESPONDANCE DE PARIS. Au-dessous de nous, au-dessus cle nous, autour de nous, tout est faux. L'air même que nous respirons est faux. Notre crédit est faux- notre prospérité est fausse- nos plaisirs même sont faux, et faux est notre enthousiasme, aussi faux que la gloire que nous nous attribuons faussement, à nous seuls, dans la prise de Sébastopol. La perspective d'un nouvel emprunt volontaire jette l'effroi parmi les aurorités provinciales, qui envoyent à Paris leurs lamentations en même temps que leurs supplications de suspendre le projet jusqu'au printemps, Ces fonctionnaires prédisent la famine et la ~évolution, si le gouvernement n'envoie pas des secours qui mettent le paysan en état de s'approvisionner pour le temps <les semailles. Le système ad.opté depuis des siècles par les laboureurs français est d'emprunter aux petits propriétaires et aux notaires de villages l'argent nécessaire aux semailles du printemps, et de rendre cet argent avec un bon intérêt à l'époque de la moisson. Cette année toutes les sommes destinées à cet usage sont venues s·engloutir à Paris, dans les emprunts, jusqu'au dernier centime, et la fâmine nous regarde en face. On dit que, l'un de ces préfets, ce~ui de Clermont-Ferrand, je crois, s'est exprimé si nettement à ce sujet, qu'il a reçu la récompense ordinaire de la sincérité, sa destitution immédiate. Il recommandait au gouvernement qui absorbe tout dans son ardeur de centralisation, de ne pas perdre de vue que, si l'on ne rem~diait pas à la situation, une révolution était inévitable, ré-• volution qui ne surgirait plus de l'épaisse et chaude atmosphère de la capitale, mals des plaines glacées et des montagnes arides qu'il était chargé d'admi-
L'HOMME.-ler DECEMBRE. nistrer, Le danger de Paris n'est plus à craindre. le prix du pain et de la viande y a été abaissé au moyen d'immenses sacrifices; mais ces avantages n'atteignent pas la provinde, où la misère, à l'h~ure qu'il est, est déjà effrayante. Ce même fonctionnaire véridique et peu courtisan rapporte qu'ayant ordonné, par ordre supérieur, que le Te Deum fût ch, nté di:.l.ustoutes les paroisses de son département, il avait eu le chagrin de constater dans un rapport le fiasco complet de la cérémonie, si complet, que dans nombre de communes, au moment où le curé entonnait l'hymne, la population se précipitait hors de l'église, attendant à la porte qne le cnant fût fini et ne se gênant pas pour dire hautement : " Pourquoi serions-nous reconnaissants? On nous arrache nos fils pour les envoyer à la g·uerre, et uous mourons de faim faute de leur assistance dans nos travaux, et nos terres restent en friehe parce que nous n'avons pas le moyen de payer des bras mercenaires. Que l'empereur se réjouisse, car lui seul a lieu d'être satisfait; quant à 'nous, nous ne pourrions que pleurer sur nos affections enlevées et sur notre. misère!" Chaque jour étions en pleine République, car elle n'épargne ni sexe, ni le rang. Le salon de la princesse B .... n'a pas été plutôt purgé, par suite de la dénonciation de l'espion du grand monde, le comte Léon F .• que l'œil de la police s'est tonrné plus terrible vers les bâteaux-la voirs de là Seine .... A Paris, les lavandières sont remarquables par l'activité et la liberté de leurs langues, et, parmi elles, Perroliue, dont nous allons <lire l'histoire, l'empol'tait encore il arrive à Pm:is des rapports de cette nature'; mais ou prend grand soin, je pense, <lene pas les laisser parvenir jusqu'aux oreilles de Bonaparte. Le mal est sans remède, et, par conséquent, que peut faire de mieux le pauvre ministre à qui ces plaintes sont adressées, que de destituer sur l,echamp le fâcheux fonctionnaire qui les lui envoie? à cet égard, sur ses compagnes qui, du reste, avaient pour elle une affection particulière. Dimanche dernier, donc, la conversation de ces dames vint à tomber sur le dernier attentat contre la vie de Bonaparte. L'une d'elles s'écria qu'il était très étonnant qu'il eût été mau~ué ;- ''très maladroit, tu entends, dit Perroline en riant aux éclats ; je l'am:ais atteint, moi, je vous le garantis." ... Le lendemain Perrotine ne parut pas; sa place au bateau resta vide. Ses ·camarades, pleines d'inquiétude, montèrent à son grenier. L'aîné de ses deux enfants s'était rendu à l'école comme d'habitude; le plus jeune, encore à la mamelle, était nu sur son lit, pleurant de fr0id et de faim. La police avait conduit en prison la pauvre Perrotine, prévenue de propos séditieux .... N'est-ce pas réjouissant de vivre dans un pays où la justice est si impartiale, et où la police veille avec la même vigilance sur le riche et sur le pauvre ?... (Cor. de l'Atlas) Relativement à toutes ces misères, nous autres Parisiens, nous jo1Jissons d'un sort très enviable'. Nous n'avons ni peine ni ennui, et nous possédons par-dessus le marché, trois Salomons dans toute leur gloire, formant un éternel triumvirat pour veiller sur nos intérêts et, anssi, pour s' enrichir par toutes sortes de moyens habiles, dont eux seuls connaissent le secret. Ce triumvirat se compose du comte de Morny, de l\iirès et de Pereire, ·sortis tous trois de l'obscurité depuis 1848,et ayant acquis tous trois d'incalculables richesses depuis le conp d'Etat. Nous connaissons tous l'histoire de M. de Morny, qui a montré l'esprit de sa mère en poussant le fils de cette mère, et qui a le premier murmuré à son oreille- '' qui veut la fin veut les rnoyens." Si la rumeur est vraie, le sang de Talleyrand coule dans ses veines. Il semblerait que ce sang s'est légèrement altéré à la seconde génération, car le talent diplomatique hérédisaire de Morny est employé à l'acquisition de la richesse comme moyen de pouvoir, et non à l'acquisition du pouvoir comme moyen de richesse, selon l'axiôme de l'archi-diplomate du temps passé. L'origine de Mirès est plus obscure; il date de la révolution même de Février, car, l'année de cet événement, nous le trouvons sans un sou, vivant dans une grande pauvreté, comme petit employé maigrement rétribué, dans les bureaux d'un journal industriel. Ce journal s'occupait spécialement des chemins de fer. Au milieu de la bagarre qui suivit la révolution, l'œil d'aigle de Mirès ne manqua pas de décoevrir le côté faible de l'administration des différentes compagnies. Il était résolu à s'élever coute que coute, et il se fit un plan qui devait réussir, car il imagina d'exploiter la peur plutôt qae l'espérance des c.ompngnies. Il alla trouver, l'un après l'autre, les présidents et directeurs des chemins de fer, et leur proposa au hasard un arrangement par saite duquel le journal qui l'employait, et qui s'était engagé à révéler les abus des administrations, garderait le silence sur ces mêmes abus. Le plan réussit à merveille. " Pas une directiondit mon informateur- ne pouvait nier qu'elle employait le capital des porteurs d'actions à payer les dividendes." Honneur à la sagesse de nos ancêtres! Cltar,qez nn voleur d'attraper un voleur. est un proverhe aussi vieux que le monde. Chaque compagnie fut trop jalouse d'admettre dans son se~n l'homme assez avisé et assez habile pour avoir découvert sa faiblesse réelle sous toute~ les apparences de prospérité. C'est ainsi que fut fondée la fortune gigantesque de l\iirès, qui possède aujourd'hui la bagatelle de cent soixante-cioq millions de francs. Pereire, qui est maintenant tout, n'était rien, en 1848, qu'un employé <lela maison de banque de Rotschild. C'est un homme d'un indicible talent financier; il est capable de résoudre les problèmes les plus difficileset devant lesquels échoueraient toutes les cervelles réunies du comité de la Banque de France. Si Emile Pereire n'avait pas éte le premier à découvrir son talent, il serait encore un employé en sous-ordre de la MaisonRothschild. Notre police est évidemment aussi démocratique dans ses vues et dans ses actes que si nous MEETINGS. Plusieurs meetings ont eu lieu dans cette semaine, et nous regrettons vivement de n'en pouvoir donner qu'un aperçu rapide, en quelques lignes. A Glascow, la seconde capitale de l'Ecosse, et la première en civilisat;on active. une manifestation imposante s'est produite dans City-Hall ; elle avait pour but de protester contre les violations du droit public anglais commises à Jersey : l'assemblée était nombreuse et plusieurs discours remarquables ont été entendus, entr'autres ceux des deux rédactenrs qui dirigent les denx feuilles les plus importantes de l'opinion publique libérale à Glascow. On a lu également deux lettres, l'une de Julien Harney, qut porte, eomme tout ce qu'il écrit, le grand caractêre de l'esprit de vie, de l'esprit fraternel, et l'autre o.'un citoyen écossais dont la logique intelligente et ferme conclut, comme M. Collett à. l'organisatiun d'une ligue contre l' Alien-Bill et pour la défense des libertés de l'Angleterre. Nous reviendrons sur ce meeting et nous publierons les résolutions acclamées, A Saint Martin's-Hall, à Londres, on a célébré l'anniversaire de la révolution polonaise clans une assez nombreuse réunion à laquelle assistait le citoyen Worcell ne la société la Centralisaiion, et de bonnes vérités sont sorties de là, contre la conduite de la guerre. Un autre meeting avait lieu, le même soir, et pour le même objet, dans School Rooms Cowper Street, City Road meeting provoqué par les Socialistes polonais et le Comité international. Ont parlé les citoyens Zéno Swietoslawski, Talandier, Shertzer, Rougée, Bleigh, Ernest Jones qui a ouvert le meetiug par un discours fort éloquent et fort applaudi. Nous ne pouvons faire ici de compte-rendu : mais voici les trois résolutions votées à l'unanimité : 1ère Résolution.- Que ce meeting déclare que la guerre actuelle ayant pour but l'affermissement du despotisme en Europe ne peut nullement servir à la résurrection de la Pologne. Que l'Angleterre une fois engagée dans la guerre contre le Czar de Russie ne· peut saris honte reculer ; mais que, si elle veut combattre réellement le despotisme, elle doit arborer le drapeau de l,a liberté, soulever les peuples opprimés, susciter la révolution sociale en Pologne, en Russie et chez tous les peuples slaves. que là est la seule voie dans laquelle l'Angleterre puisse se couvrir de gloire en hâtant l'affranchissement des nations aujourd'hui opprimées et en travaillant ainsi au bonheur de l'humanité. 2ème Résolution. Que ce meeting, composé en grande partie de réfugiés, en même temps qu'il exprime sa fraternelle sympathie aux réfugiés expulsés de Jersey et revendique la solidarité de la protestation qui leur a valu cette nouvelle persécution, regarde comme un devoir qu'il est heureux d'acc'omplir, d'offrir aux Anglais qui ont pris en main la défense des réfugiés et la cause de la liberté, la reconnaissance qu'il éprouve pour cet acte cl'intelligence et de justice, et espère que ceux à qui ce témoignage s'adresse voudront bieu en estimer la valeur à la fidélité que professent les proscrits à leurs opinions et à leurs amitiés. Que copie de ces réso1ntions seri envoyée aux journaux. et aux chairmeJ et secrétaiaes des meetings qui ont protesté contre le cou!1d'Etat de Jersey. 3ème Résolution. - Que ce meeting, considérant la coalition absolutiste dans laquelle s'engagent de plus en plus les gouvernements européens, appelle les démocrates socialistes de tous les pays à s'unir afin de prendre en face des accroissements incessants de la tyrannie une attitude digne de la cause éternelle de la liberté et de la justice. • Citoyen rédacteur, • Nous avons vu avec la plus grande surprise et le plus profond dégoût les calomnies absurdes dont la Sentinelle de Glascovr s'est faite l'écho contre notre camarade de proscription Talandier. Comprenant que Talandier ne peut pas descendre à. discuter des choses pareilles, nous vous prions de publier la note présente par laquelle nous mettons qui que ce soit au cléfi de signer de pareilles calomnicsr Londres 1er décembre 1855 B. P AILLIEl' (Haute-Vienne,) G. JOUR.DAINavt. proscrit du département de la Creuse, RouMILHAC,avocat proscrit <lela Haute-Vienne, J. LORGUE, proscrit de la Haute-Vienne. A AuBRIL, F. THUR.AUD,ouvrier tisserand, proscrit de la Rte-Vienne, CnASTAGNoN,Pr. H.-V. VARIÉTÉS. -"~"- LA PRESSE. - LE CHEVALIER HUTTEN. 1512-) 516. -Suite.-Voir le numéro du 31 octobre.- C'est alors, en cette m6morable année 1514, que pa"" rurent, une à une, timidement et à petit bruit, les Epistolœ obscurorum virorum, llrame excellent d'ex.quise bêtise par lequel le monde étranger aux couvents et aux écoles fut introduit, initié, aux. arcanes des Obsc1Jrantins, du peuple des Sots. Ce grand peuple dont nous avol1s ailleurs esquissé les origines vénérables et trop oubliées, n'avait pas joui, jusqu'au livre des Epistolœ, d'une publicité suffisante. L'esprit humain, mené ailleurs par l'attrait de la lumière, s'en éloignait de plus tn plus, mais eu lui laissant toute autorité. Il le trouvait si ennuyeux qu'il aimait mieux le subir que l'écouter. Mais ici on écouta. Quoi de plus intéressant ? avec la grâce du jenne âne qui entreprend de lever lourdement sa grosse patte, avec le charme et l'innocence de l'oison qui s'essaye avec le même succès à voler, marcher ou nagei-, d'aÎmables séminaristes racontent à leur bon père maître Ortuinus Gratius, leurs petites aventures, lui exposent leurs idées épais:,es, leurs doutes, leurs tentations. Ils ne cachent pas trop leurs chutes, les nudités de leur Adam, les mauvais tours que sur le soir leur ont joué la bière ou l'amour. Mais, comme aussi la confiance autorise quelque hardiesse, ils se hasardent à. causer des propres aventures dn maître ; s'ils osaient, ils lui conseilleraient de boire avec modération, il en aurait la main moins prompte, et ménagerait un peu plus l'objet tendre et potelé de ses scolastiques amours. Bien entendu que ces bons jeunes gens tous admirablement, sont tous implacables ennemis des nouveautés et des novateurs. Ils ne parlent qu'avec horreur de Reuchlin et des humanistes, du nouvea'lt latin, imité d'un quidam nommé Virgile, tandis que le bon latin scolastique languit négligé. A la théorie, ils joignent l'exemple. Jamais dans la rue du Fouarre, aux antres de la rue Saint-Jacques ou de la place Maubert, les Capets ne baragouinèrent un meilleur latin de cuisine. Parfois ils entrent en verve (on n'est pas jenne impunément), ils s'agitent, trépignent, mordent leurs doigts et dirigent au plafond un œil hébété ; leurs pesantes pensées s'alignent et retombent en marteaux de forge ... Ils ont rimé... Alors ils épanouisse11tun rire tout à fait bestial... La Sottise reconnaît ses fils, elle tressaille de joie I,Uaternelle, elle bat de ses ailes d'oie, élance son vol et reste à terre. Nul objet de la nature n'est parfaitement connu qu'autant qu'un art habile en a fait l'imitation. La chose se voit m0ins bien en elle-même qu'en son miroir. Ce grand royaume des sots qui est partout, restait pourtant une terre nouvelle à découvrir, tant que la charitable industrie de son peintre merveilleux ne l'avait pas décrit, dépeint, donné et livré à tous dans ce surprenant portrait. • Et notez que le grand artiste gui en poursuit le détail avec la patience des maitres de Hollande, en donne en même temps la haute formnle. Là surtout il est terrible, vrai vainqueur et conquérant, ayant fait sien ce royaume pour y appliquer son droit souverain de flagellation éternelle. . Et d'abord la perfection de l'imitation était telle, que les simples prirent le livre pour un recueil de lettres familières et pieuses, naïves, sinon édifiantes. Le style est mauvais, disaient-ils, mais pourtant le fonds est bon. Les domicains le trouvèrent si bon qu'ils en achetèrent beaucoup pour donner aux leurs. Rome approuva les yeux fermés, n'examiJ1ant pas de trop près un livre qui semblait favorable à. ~es amis de Cologne. De sorte que le pamphlet parut en 1515 chez les Aldes à Venise, muni d'un beau privilége de Léon X pour dix ans et d'un brevet contre la contrefaçon. " Pourquoi ce grand maître Orti1in a-t-il intitulé son recueil : Lettres des Hommes obscurs? - Il l'a fait par humilité, dit un docteur de Paris. Il s'est souvenu du Psalmiste : Misit tenebras et obscut·avit. - Moi, dit un carme dn Brabant, je crois qu'il y a eu en cela une raison plus mystique. Job a dit : Dieu ne révèle sa profondeur qu'aux ténèbres. Et Virgile : Il enveloppa,it le vrai dans l'obscur (Ob$curis ver:;i.involvens ). " Sous cette forme ironique, la question n'en est pas moins posée- ici dans sa grandeur. Les deu.x partis sont nommés dès ce jour, le parti des ténèbres et celui de la lumière. Les Obscuri viri sont les hommes des ténèbres aux deux sens, actif et passif, la gente des limaçons qui traînent leur ventnt à terre dans la fangeus ~ ob~curité, et
L'HOMME.-SAMEDI, 1er DÉCEMBRE 1855. les artisans de ténèbres, les mauvaises c:hauves-souris qui voudraient de leur vol sinistre nous voiler la clarté du jour. Obscurantistes, obscurantins, saluez votre bon parrain qui vous a trouvé votre nom, le franc, le véridique Hutten. Le chevalier Ulrich Hutten est en effet le principal auteur des Epistolœ, le vainqueur des dominicains, intrépide héros de la Presse qui brisa l'inquisition allemande, désarma Rome, la veille du jour où Luther devait l'attaquer. En 1513, avant la publication des Epistolœ, la simple robe de drap blanc était un objet de terreur. En 1515, après la publication, on eu riait, on s'en moquait, enfants et chiens couraient après. On se demaudait, même à Rome, pourquoi ces ignorantes bêtes avaient imposé si longtemps. On s'en voulait d'avoir eu peur. L'effrayant fantôme, empoigné par le courageux chevalier, secoué de sa main <lefer, avait paru ce qu'il était, une guenille, un blanc chiffon, à épouvanter les oiseaux. C'est la première victoire de la Presse, et certes une des plus grandes. C'est la première fois que le vrai glaive triomphe du glaive spirituel, de la matière et des sots. La noble armée de la lumière, des amis de l'humanité, apparut dans toute l'Europe marchant une et majestueuse, sous le drapeau de la Renaissance. En Allemagne, Suisse et Pays-Bas, les fondateurs de la critiq,ie, Erasme, Reuchlin, ·Mélanchthon; les illustres imprimeurs les Amerbach et les Froben; les poètes des villes impériales, l'âpre Murner, le bon Haussachs, le cordo1mier de Nuremberg; le dictateur de l'art allemand, le grand Albert Dürer. En Angleterre, les jmistes, Latimer, et Thomas Morus qui prépare son Utopie. En France le grave Budé, qui va fonder le Collége de France, le jeune médecin Rabelais et l'école pantagruéliste, lè vénérable Lefebvre qui, six ans avant Luther, enseigne le luthéranisme. Variétés infinies d'écoles et d'esprits divers, qui s'accordent pourtant, qui tous nous sont chers à deux titres. Tous voulurent le libre eirnmen, tous eurent horreur de la violence, de la cruauté, du sang, tous eurent un tendre respect ùe la vie humai11e. Parti sacré de la lumière, de l'humanité' courageuse! Philosophes, voilà nos ancêtres, les pères vénérables du dix-huitième siècle, les légitimes aïeux de celui qui devait défendre Calas et Sirven, briser la torture dans toute l'Europe et l'échafaud des protestants. Il faut faire connaître ce chevalier Hutten, qui, malgré le pape et l'empereur qui ordonnent le silence, vient d'ébranler toute la terre de ce terrible éclat ùe rire. L'empereur passe au parti d'Hutten, le nomme son poète lauréat, et le front du bon chevalier est Ùécoré du laurier virgilien par la main d'une belle demoiselle allemande, fille du savant Peutinger, conseiller de Maximilien. Hutten, né en l 488, mort en 1525, dans sa trèscourte vie, fut une guerre, un combat. Et cet homme de combat fut, comme il arrive aux vrais braves, un homme de douceur pourtant, un cœur bon et pacifique. C'est le jugement qu'en portait le meilleur juge des braves, l'intrépide et clairvoyant Zwingli, quanù il le reçut à Zurich : " Le voilà clone, ce destructeur, ce terrible H uttelJ. ! lui que nous voyons si affable pour le peuple et pour les enfants. Cette bouche d'où souffla sur le pape ce terrible orage, elle ne respire' que douceur et bonté." " Grand patriote! dit Herder, hardi penseur ! enthousiaste apôtre du vrai ! il ~tait de force à soulever la moitié d'un monde!" L'Allemagne du seizième siècle qui formulait profondément, lui n trouv6 son vrai nom : l' Eveilleiir du genre humain. Il y a du coq, dans Hutten, de cet amant ùe la lumière qui la chante en J)leine nuit; dès deux heures, trois heures, longtemps avant l'aube, il l'appelle quand nul œil ne la- voit encore, il la pressent dans les ténèbres d'un perçant regard de désir. Il chanta pour la Renaissance, pour les libertés de la pensée. Il chanta pour la patrie allemande et la résurrection de l'Empire. Il chanta pour les conquêtes ùe la Justice future, pour le triomphe dn droit et de la Révolution. Fils du Rhin, comme Reuchlin, Mélanchthon, (et Luther même l'est par sa mère), Hutten eut dans le sang la vive et mâle hilarité de ce vin généreux, loyal, qui pousse l'homme aux choses héroïques. Mais celui-ci est tout cln Rhin, toute lumière et sans mysticisme. Sa réforme n'est point spéciale, exclusivement religieuse. Elle embrasse toute vie allemande, tout point de vue national ; elle veut ,me autre société, elle s'allie au peuple, à' la foule. Elle ne s'enferme point dans la bible juive. Voilà l'homme et sa grandeur. Maintenant, mettons à côté tontes les misères de l'étudiant allemand, tous ses ridicules. Hutten, c'est l'étudiant, ùe la naissance à la mort, Il naît au point le plus guerrier de l'Allemagne, dans les forêts qui séparent la Franconie de la Hesse. Son père, noble chevalier, décide que la frêle créat,ue ne pourrait porter la lance ; il sera prêtre. Mais Hutten décide autrrJment. Dès quinze ans, il saute sur les murs, et se met en possession du hasard, de la faim et de la misère. Le voilà étudiant. Le malheur, c'est que les études du temps lui font horreur. Entre les deux scolastiques de la tMologie et du droit, il choisit la poésie. Aux menaces ùe sa famille, il répond en vers charmants qu'il a pour but de n'être rien. Mon nom, dit-il, sera Personne. Il n'est rien et il est tout ; personne, c'est dire tout le monde, la voix impersonnelle des foules. Sur toute grande route d'Allemagne, en toute ville impériale, aux places, aux académies, vous auriez eu l'avantage de rencontrer noblement déguenillé avec sa longue rapière, le chevalier poète Hutten. Il vivait de dons, de hasards, couchait trop souvent à la belle étoile. Deux choses mettaient à l'épreuve sa délicate complexion, les duels, les galanteries. Celles-ci, dès le premier, coûtèrent cher à sa santé, comme il l'explique lui-même. Sauf ces échappées fâcheuses aux pays maudits de Cythère, c'était l'autre amour qui possédait son cœur, l'amour de la mère Allemagne et du saint empire germanique. Quiconque souriait à ce mot, était sûr d'avoir affaire à l'épée d'Hutten. :Et non-seulement l'Empire, mais l'empereur Maximilien ne 110uvait être nommé devant lui qu'avec le plus profond respect. Des Français s'en moquaient à Rome. Hutten, sans faire attention qu'ils étaient sept contre lui, les chargea, et il assure qu'il les mit en fuite. Lui qui véritablement ne haït jamais per. sonne, il croyait haïr la France. C'est un des premiers types de nos amusants Teutomanes, des étudiants chevelus, que nous voyons représenter Siegfriù, Gunther et Hildebrand. Race innocente de bons et véritables patriotes ! Ils ne saveot pas combien nous sympathisons avec eux ! combien nous leur savons gré de ce grand cœur pour leur pays ! Vaines barrières ! Eh! croient-ils donc que Molière, Voltaire ou Rousseau nous soient plus chers que Beethoven? Pour moi, lorsqu'en Février je vis sur nos boulevards se déployer au vent de la Révolution le saint drapeau de l'Allemagne, quand sur nos quais je vis passer leur héroïque légion, et que tout mon cœur m'échappait avec tant de vœux (hélas ! inutiles), étuis-je Français ou Allemand ? Ce jour, je n'eus pas su le dire. Hutten, après sa victoire, alla voir de près les vaincus. Il repassa en Italie, vît Rome attentivement, et, sa vue s'agrandissant, il conçut enfin le pape comme ennemi de la chétienté. Il écrivit tout un volume d'épigrammes sur la ville " où l'on fait commerce de Dieu, où Simon le Magicien donne la chasse à l'apôtre Pierre, où les Caton, les Curins, ont pour successeurs des Romaines ; je ne dis pas des Romains." La meilleure satire, sans nul doute, fut la publication qu'il fit du livre de Laurent Valla sur la fausse donation de Constantin au pape, ce faux solennel de la papauté, hatdiment souter111,défendu, tant qu'on put le faire dans l'ombre, avant la lumière de l'imprimerie. A qui l'éditeur dédie~t-il cette publication mortelle à la cour de Rome, qui fut le plus grand encouragement ùe Luther ( celui-ci l'avoue)? A un philosophe sans ùoute, à un libre esprit, dégagé de tout préjug~, à un de ces lrnmanistes à m0itié payens, à ces cardinaux idolâtres, comme Bembo ou Sadolet qui ne jurent que par Jupiter? Bien mieux à Léon X. Il revenait de l'Italie qui, sur ses ruines et son tombeau, venait de donner le chant de }'Arioste. Vieux avant l'âge, de fatigue, de misère et de maladies, il ét?.it rentré à son misérable donjon de Stcckelberg, dans la ForêtNoire, noble petit manoir sans terre qui ne nourrissait pas son maître. Il vivait d'esprit, de satire, du· bonheur de s'imprimer lui-même, de sa l'resse, de ses caractères. Chaque jour, il écoutait mieux les conseils <lesamis sages, hommes pratiques, expérimentés, qui vons conseillent toujours de suivre lâchement, et de faire comme les autres. Le Léon X de l'Allemagne, le jeune archevêque Albert ùe Brandebourg, électeur de Mayence, l'appelait comme son hôte, son conseiller et son ami. C'est pour lui qu'Hutten a écrit son traité fort curieux sur la grande maladie du temps, ùo11t lui-même avait tant souffert, et dont le gaiac l'avait, dit-il, sssez bien guéri. Mais nulle maladie, nulle gangrène, nul ulcère pestilentiel, ne pouvait se comparer à cette cour de Mayence. Nous en parlons aujourù'hui savamment, ayant le détail de la sale cuisine où l'évêque marmitonna l'Allemagne pour l'élection ùe Charles-Quint. J'avais deviné ce honteux et malpropre personnage sur le désolant portrait qu'en a tracé Albert Dürer dans ses cuivres véridiques, terribles comme le destin. Ce brocanteur de l'Empire avait alors entrepris ùeux affaires de banque ; la vente des indulgences et celle de la couronne impériale, que la mort probable de Maximilien allait bientôt mettre à l'encan. Il trouva piquant, utile d'attirer chez lui le malade, pauvre affamé, oiseau plumé, qui, l'aile à moitié brisée, avait besoin d'un refuge, et qui, tel quel, n'en était pas moins encore l'éveilleur d·u rnonde et la granùe voix ùe la Révolution. Le prélat machiavéliste calculait parfaitement qu'un tel hôte allait le couvrir des attaques de l'opinion. Contre l'indignation publique il allait avoir réponse, contre toute injure méritée. ·' Voleur, vendeur d'orviéta11." Oui, mais protecteur <l'Hutten. " Associé des usuriers et chef du grand maquerelage." D'accord, mais hôte d'Hutten, ami des Muses, patron des libres }Jenseurs, des savants. Hutten lui-même, qu'en <lisait-il? Le pauvre diable n'avait pas l'esprit tout à fait en .repos ; on le sent par la longue, très longue, interminable lettre, qu'il écrit pour s'excuser à un ami de Nuremberg. Il lui prouve facilement que sa situation est intolérable, que la pire vie est celle du chevalier de la faim dans ,m manoir désert de la Forêt-Noire. Mais il prouve beaucoup moins bien que de la cour de Mayence il agira mieux sm l'opinion, qu'il va gagner à la bonne cause les princes, les nobles, etc. Il tâche de tromper et de se tromper. "Ah! sije pouvais, dit-il, parler, vous tout dire!. ..... " Ce qui reste net, c'est qu'Hutten, ayant tué le mauvais latin et la scolastique, ayant estropié pour jamais les dominicains et rendu l'inquisition impossible en Allemagne, avait fait beauconp ; il lui fallait une halte pour se reconnaître. Il s'arrangeait avec lui-même et se donnait des prétextes pour faire comme François 1er., pour faire aussi son Concordat avec ce pape de Mayence. De quoi celui-ci riait clans sa barbe, croyant avoir confisqué l'aigle dans son poulailler. A tort. Un tel patriote avait le cœur trop allemand pour rester sur cette boue. Au premier cri de Luther, il s'éveilla brusquement, P.t sans s'allier autrement avec le pieux docteur, il alla prendre asile, chez le chevalier Seckingen, vengeur des opprimés et défenseur des faibles, dont on appelait le château l'hôtellerie de la justice. J. MICHELET. L'HOJJ.IME. A LONDRES Dép6t et Vente du Journal au , numéro, chez : M. Stanislas, 10, Greek Street, Soho, librairie·polon:iise, M. Holyvake, 147, Fleet Street. M. Sims, I6, Eaton Street, Upper Eaton Square. Et cliez les marcliandsdejournau.1:. Collecfü>nscomplètes de l'HOMME. - Prix: 1re et 2e années, .f:l 4s. - Une année seulement, lQs.-S'adresser à M. Zeno Swi~toslawski, 4, Bathman's Buildings, Soho Square, Londres. Ou à Jersey, Imprimerie universelle, 19, Dorset Street. AVT ~ Toutes les Annonces pour le .1Jll. •~•journal l'HOMME doivent être adressées 10, Greek Street, Soho. (Librairie Polonaise). B COLIN Bachelier ès-lettres, ancien professeur de 1 ,l'Université de France, donne des leçons de français, de latin, de grec, de littérature et de mathématiques élémentaires.-S'adresser 19, Great Chapel Street, Soho Square, à Londres. A LOUER PRÉSENrrEMENT Une Maison ou partie de Maison garnie A APPELEE BU DE LA RUE, Contenant environ huit appartements, étables et jardin, et un terrain de cinq vergées qu'on est libre de louer ou de ne pas louer. - Le tout est situé clans la paroisse de St-Laurent, à deux milles et demi de la ville. - S'adresser chez Monsieur MALZARD, Clear-View Street, à St-Hélier. - La mème personne a des charbons de première qualité de Newcastle: 24 sh. la charge ou 28 sh. le tonneau, par demi-charge ou quart de tonneau. HO'fEL DU PROGRÈS.-CAFÉ RESTAURANT, Tenu par J. LORGUE, proscrit français. - Dîner à la carte à tonte heure, 21, Great Chape] Street, Oxfort Street, Soho Squ::ire, à LONDRES. J o BONNERT, TAILLEUR, Fait et fournit à des prix modérés. - 35, Gerrard-street, Soho square, à Londres. A FONTAINE MENUISIER, IO, Char- ' _ 1 lotte Street, Fitzroy Sq. à Londres, ci-devant 19, Upper 'Rathbone Place. 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