Homme - anno II - n.50 - 24 novembre 1855

1 1 l , L'HOMMME. - 24 NOVEMBRE. procédé qui lui paraît parfaitement illégal et en tout contraire à l'esprit de la Constitution ; il reconnaît dans cet acte du gouvernement, 1 ° une violation directe du droit sacré d'asile que la Grande Bretagne, à son honneur, a depuis des siècles accordé aux réfugiés politiques de toute croyance, 2° un renversement du jugement par le juryce grand boulevard de la liberté anglaise, 3° un déni de libre discussion et l'abrogation complète du droit qu'a tout homme d'être regardé comme innocent jusqu'à ou qu'on ait prouvé sa culpabilité ; de plus, en apprenant que des mesures ar.ssl inconstitutionnelles et aussi anti-anglaises ont été prises à l'instigation du gouvernement despotique d'une nation voisine son regret s'élève jusqu'à l'indignation et il fait par ces présentes une protestation ferme et solennelle contre une aussi grave infraction aux lois et aux libertés longtemps respectées de ce royaume : il s'engage enti.n à user hardiment da tous les moyens honnêtes pour résister à une aussi impitoyable violation des priviléges sacrés de la Bretagne et à toute intervention de tout potentat étranger quelqu'il soit dans :es lois de ce pays. Deuxième résolution proposée par M. THOMAS GREGSON, appuyée par M. JAMES WASTON. Ce meeting proclame sa profonde sympathie pour l'illustre Victor Hugo et ses compagnons d'exil à l'occasion de leur expulsion d'un asile qu'ils croyaient, confiants dans 1 notre liberté et dans tiOtre honneur, avoir trouvé à Jersey : il affirme par ces présentes qne, bien qu'un état conventionnel de société puisse pallier le crime commis par des personnes haut placées, bien qu'un succès momentané puisse les me"ttre en relief, leur criminalité. n'en est pas moins éclatante et révoltante ; que, de plus, considérant les réfugiés comme victimes d'un acte illégal, soit du gouvernement britannique, soit du geuverneur de Jersey, le meeting s'engage à leur donner toute assistance possible dans t,oute voie légale qu'ils voudront suivre pour obtenir réparation, et à résister jusqu'à la dernière· extrémité à toute tentative ayant pour objet d'imposer à ce pays un Alien-Bill. Troisième résolution 1Jropos6ep'ar M. W1LLIA!II JORDAN, appuyée par M. ROBERT PEDDIE. . Copies des résolutions qui 1wééèdent seront envoyées aux Lords Palmerston et Clarendon, Sir Georges Grey, à Victor Hugo, au colonel P_iauciani, à.Leùru Rollin, ~ouis Blaue, J. Mazzini, Louis Kossuth, A. Herzen, Stamslas Worçell, Ch. Rib!:lyrolles, F. Pyat, et au comité des exiles Polonais. On a donné lecture de lettres de Sir John Fife, Charles Attwood, Esq., Ralph Wa1ters, Esq., Wm. Newton, Esq., M. Wm. Cook, et M. G.-J. Harney. Ces lettres expriment sympathie pour les réfugiés, condamnation du gouvernement, et regret, chez les signataires, de ne pouvoir assister au meeting. Intellio-entes, énergiques et libérales, dans le O'rand se~s du mot, ces résolutions honorent la population de Newcastle et les promoteurs du meeting. Aide-toi, le Ciel t'aidera! dit un proverbe français. dont la sagesse est J?r?fonde. Le peuple industriel' de cette grande cite seID;hlee~ avoir compris l'esprit et la portée. Il n'a pornt agi comme ces populations mal avisées des îles de la Manche qui se laissé nt _entraîner, sans, réfléc~ir, au m0indre appel des polices, et, dans 1 expuls10n des étrancrers hour cause politique, sans procès ni 0 ~ . discussion, il a vu, comme nous, une attaque _msolente au droit humain, une première tentative contre la Constitution elle-même.] C'est là sentir avec cœur et pratiquer grandement la solidarit~ qui fait la force; et lorsqu'un pays arrive ain~i, rapidement, énergiqueme~t à la dé_fensede la hberté menacée, quelles que soient les fautes ou quels que soient les crimes de son g·ouvernement, 11 ne se laisse pas envahir par les Macbeth : les postes sont o·ardés ! b La bourgeoisie, d'ailleurs, un :\')lOmentaffo!ée, semble revenir, et nous trouvons dans le MorningAdvertiser du jour, la lettre suivante· qui est un grand acte et un généreux appel : " Monsieur, " Le Mm·ning-Advertiser d'hier (22 novembre) ayant positivement établi que le gouvernement de Lord Palmerston a l'intention, poussé par un despote étrang·er, de proposer au Parlement ouvert un acte d'Allien-Bill, pour l'expulsion ~es réfug·iés politiques, ne vous semblerait-il pas bon qu'une association füt formée pour agiter le pays, de l'extrême terre à J'olm-ô-Groats, contre une mesure qui, si elle passait, serait malheureuse pour la législature et fatale à l'honneur comme à l'indépendance de r Angleterre. " Quand l'association sera formée,· je m'engage avec d'autres à contribuer aux dépenses pour une somme de .:B 100 st. " JOHN COLLET." Ce projet d'une association pour la défense du droit et de la loi sera-t-il entendu, sera-t-il accueilli? C'est, dans tous les cas, une initiative intelligente et de véritable esprit anglais que la pro·• •position de M. John 0ollet. Tou te association pour la loi fortifie la loi, rappelle le devoir, et, retrempe les mœurs. Le cas, d'ailleurs, est pressant; car le ministre Palmerston est engagé, ot il tentera l'aventure. Voici pourtant ce que disait cet homme d'Etat, en pareil sujet, il y a deux ans à peine : " En réponse à l'interpellation du noble Lord (Lord D. Stuart) qui désire savoir si une demande a été faite par les puissances étrangères au gouvernement britannique, pour obtenir l'expulsion des réfugiés étrangers qui résident actuellement dans le 'Royaume-Uni, je n'ai qu'à déclarer qu'il n'a pas été fait <lepareille demande. En réponse à sa question sur la marche qui serait suivie dans le cas où une telle demande serait faite, je ne puis que répéter ce que je pense avoir déjà déclaré au milieu de cette chambre dans de préçédentes occasions, à savoir : qu'une semblable déclaration serait repoussé par un refus ferme et décidé. Il est évident d'ailleurs qu'il doit en être ainsi, car une pareille mesure ne pourrait pas être prise par le gouvernement de ce pays, sans de nouvelles autorisations donnéespar le Parlement; etje crois bien qu'aucun gouvernement ne pourrait, quand bien même il y serait disposé, ce qui n'est pas le fait pour le gonvernement actuel, ne pourrait demander ces autorisations avec aucune chance de succès ; (vifs applaudissements) d'autant plus que l'ALIENBILL n'a jamais été voté dans le cours du dernier siècle, pour donner nu gouvernement le pouvoir d'expulser les étrang·ers, si ce n'est pour des considérations relati-ves à la sureté intérieure de l'Angleterre. Le gouvernement anglais ne s'est jamais chargé de pourvoir à la siheté intérieure des autres pays; il lui suffit d'avoir le pouvoir, de veiller à sa sûreté personnelle. (Applaudissements).'' Comment cet illustre, ce grand devin, cet homme d'Etat sans-pareil qui flairait si bien, en 1851, les vertus et l~s gloires en fleur du coupd' Etat, comment M. le premier de l'at liorneb,·itannique pourra-t-il concilier son opinion si vigoureuse et si décidée, d'il y a deux ans, avec son projet bien arrêté d'A lien-Bill pour la session prochaine? Petite question. •La conscienœe regarde les exilés, les proscrits et les martyrs, mais un ministre! Les nécessités et les temps font loi : pauvre humanité ! Ch. Rrn. ANGLETERRE. REVUE DE LA SEMAINE. Nous ne parlerons ni de la reine ni de sa Cour, puisqu'en ce pays d'esprit libre et de franche discussion, on vous brûle, on vous confisque, on vous t t ' l' A • ' ranspor e pour un pauvre coq-a- ane qm s aventure en ces hauts lieux : mais nous aurons bien le droit, j'espère, de causer uu peu Persigny? Osons. L'ancien sous-officier, présentement comté- (galerie des grotesques)- Fialin dit Persigny est, comme chacun sait, ambassadeur de M. Bonaparte· empereur (galerie des monstres)- à la Cour d'Anglererre. Il va souvent paonner le soir à, Bnckingam-Palace, ou bien à Windsor, et ceux de nos amis qui l'ont connu sur le préau de Doullens ne retrouveraient guères en ce D'Artagnan leur camarade de geôle et cantine. Moins bien élevé que Richelieu, mais plus rogue que Séjan, l'ex-valet conseiller se cambre dans sa granùeur, s'enfle, fait la roue, parle haut, ne salue guères, interrompt, piaffe, protége et, de son mieux flamboie dans ces grands salons: c'est le météore! On l'écoute, on le flatte, on minaude autour de ses éperons, et les plus fiers panaches s'-inclinent, et les plus grands Lords l'accueillent du sourire et de la main. Que voulez-vous'? On est entré dans cette écurie d'Empire, et sans les armées de France, pas de Crimée! M. Persigny sait cela, et il en use, il en abuse jusqu'à la brutalité. Les parvenus sont terribles ! On se venge, d'ailleurs, dans l'intimité, de ces insolences qui fout scandale, et l'on entretient avec soin- il faut tout prévoir !- les vieilles relations avec le Csntinent. Ainsi, la Prusse est avec Alexandre ; elle garde la porte de Pologne et la porte du Rhin; elle a refusé d'entrer dans la grande alliance anglo-francaise et sa neutralité dans la cause est un désastre. (!u'importe 't Le petit prince de Prusse n'en sera pas moms fiancé à une princesse d'Angleterre. On arrête dans les provinces detFrédéric-Guil~ laume les consuls anglais qui font embauchage poûr l'armee d'Orient. Qu'importe? Cela regarde les ministres et le gouvernement: quant aux deux Maisons, elles sont au mieux, et;~l'héritier encore imberbe des anciens Etats de Brandebourg n'en vient pas moins en fête à Windsor, cemme s'il était un Bonaparte. Quel est le secret de la comédie ? Il ne faut pas être un grand astrologue pour suivre et deviner ce jeu des étoiles au ciel des monarchies. Quelque intime, cordiale et religieuse que:soit:l'alliancemiracle entre l'empire et le gouvernement angla1s, il n'y en a pas moins, ici, dans les coulisses du privilége, un parti qui surveille de près les événements, ne s'engage pas trop dans les relations nouvelles, garde et cultive dans toutes les Cours d'Europe les haute:; et vieilles amitiés, afin que, si d'aventure l'empire-Bo!1aparte trébuchait ou ne pouvait suffire comme force alliée, la volte-face préparée de longue main fût possible et que l'Angleterre ne se trouvât pas sans un fort appoint sur le continent ! , C'est le part~ tory q~i tient cette ligne, le parti tory :fidèlehéritier de William Pitt; et le mariao-e proje-é du prince de Prusse avec une fille dela reine n'est qu'une des évolutions de cette politique. · • . Les ateliers et métiers sont très agités daus les principales villes industrielles et manufacturières de la Grande Bretagne. A Southampton, à Manchester, à Liverpool :·des grèves ont eu lieut d'autant plus redoutables, que l'hiv6!r s'ouvre à peine et q~e.le~ souffrances ne peuvent que s'aggraver et s mgnr. D'où viennent ces agitations et quel esprit les g·ouverne? Hélas ! la pensée en Angleterre, ne fait point d'émeutes; c'est la vieille maladie du travail anglais, c'est la faim qui pousse au meeting ses désespérés. Les salaires se maintiennent à peine ou baissent, et, d'un autre côté, le prix de toutes les denrées alimentaires est en hausse croissante : voilà pourquoi les ouvriers payant la double dîme ne peuvent manger et rêvent, dans leurs caves, à l'opulente cnrée qu'ont les chiens de.s Lords. . . L'accaparement qui est le fils du capital et qui s'arrange fart bien de la libre concurrence, vient encore aggraver les sinistres de disette et de saison. En veut•on}un exemple? Ces jours derniers, dans Londres, quatre ou cinq industriels enlevant par achat en gros[les sucres à la circulation s'emparèrent du marché et le fermèrent. Le sucre avait presque doublé le lendemain; et qui payait eette surtaxe énorme imposée par l'accaparement? Les marchands et détaillans? Non. Le peuple qui s'approvisionne à la livre, à l'once! Etonnez-vous après cela, des meetings, des agitations, des grèves qui se répandent et se multiplient dans ce pays de toùtes les opulenc.és et de toutes les misères. J usqu'iei le g·ouvernement anglais a respecté ces manifestations; la loi les autorisait et les couvrait ; mais dans le rapport que viennent de publier les commissaires nommés pour l'enquête sur les faits de police commis le Ier juin dernier à HydePark (question du dimanche)- rapport dans lequel ùes faits graves ont été révélés- il y a certaines considérations, atténuations ou excuses qui doivent donner à réfléchir. Ainsi l'on ne requiert pas contre le chef central de police qui s'était élevé par avis public et da son autorité privée contre les meetings en plein veut et pour cause politique. On constate, sans les condamner, deux autres violations du vieux droit ang·lais,-- les offre3de caution repoussées par le délégué subalterne du ministre de l'Intérieur- et les longs retards qui out suivi, jusqu'â la comparution légale, jusqu'au procès. Ceci n'indique-t-il pas que Lord Palmerston, ce grand admirateur du Deux-Décembre ne serait point éloigné d'emprunter à M. Bonaparte ses pratiques expéditives et sommaires? Que les Anglais y preunent garde, leurs Lois s'en vont! Rien de nouveau de la- guerre ni des colonies, Ch. Rrn. FRANCE. CORRESPONDANCE DE PAR1S. Vous devez avoir lu, dans tous ses détails, la fête magnifique, ayant titre : Dernière journée de

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