Homme - anno II - n.50 - 24 novembre 1855

N. 50. LONDRES-.- SAMEDI,24·NOVEMBR1E855. 2e ANNEE. -SCIENCE.- ' -~OL1D.Alll'J'1~.- JOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. Ce J ou1•1u1I 1uu•ait une fois 1•ar se111ail1e. l Toutes lettres et correspondances doivent @tre affranchies et adressées à l'Administmtion dujournall'llonuue, à LONDRES, 2, Inverness Place, Qùeen's Road, Bayswatcr. - Le~ manus- 1 crits dépo~és ne seront pas rendus. AU PEUPLEDEJERSEY. DEUXIÈME LETTRE. Je suis bien en retard avec vous, mes très chers ennemis; mais à qui la faute? Votre gouverneur, M. Love, que vous appelez Excellence-je ne sais trop pourquoi-(il est vrai que les Furies s'appelaient les Euménides, et que votre journal aux provocations s'appelle l' Impartial) - donc, M. votre gouverneur, guerrier plus décoré qu'illustre, a mis cette fois un tel entrain dans ses évolutions, qu'en deux semaines il avait tout balayé, rédaction, administration, atelier, librairie, le matériel et les homme&, le personnel et la propriété ! En France, sous les Bonaparte, cela se pratique ainsi, nous le savons : en Russie, la chose est de droit comme en Autriche, en Perse, en Bohême et dans tous les Empires voleurs; mais nous ne savions pas, jusqu'ici, que la confiscation brutale ou déguisée fût dans les lois et les habitudes britanniques. Il nous semblait qu'en matière de propriété, de travail, de commerce et de liberté, la justice légale avait seule, Ghez vous, le droit d'intervenir et de d~cider. Hélas! nous nous trompions : on se forme en voyageant. '.roujours est-il qu'Gxpulsés à l'autrichienne, trausbordés comme des colis, et n'emportant que les doux souvenirs de votre hospitalité normande, nous nous sommes trouvés, dans le nouveau port, désarmés et nus comme des naufragés qui reviennent de la côte d'Afrique. Voilà pourquoi nos adieux sont venus si tard: excusez-nous <lonc, vous qui nous avez fait ces vacances et ces tristes loisirs. Oui, c'est vous dont l'imbécile complicité dans des stratégies <lepolice a permis à la force de nous bannir sans procès et de vous déshonorer! Que disait, en effet, le gouverneur militaire à votre commission du meeting·, qui lui portait - Connétable en tête-vos résolutions et vos vœux ? - " Gentlemen, je suis heureux de cette mauifestation. Allez dire au peuple que j'exécuterai ses volontés!" Les volontés du peuple exécutées par un gouverneur militaire ! Voilà le secret, tout· le secret : voilà la comédie. Croyez-vous, Jersiais, que si vous alliez eu masse, ou par députation, demander à cet excellent M. Love la liberté de la terre en votre île, le droit de vote sans quartiers et sans rât (impôt), le rajeunissement de vos Etats (Assemblée législative), ou l'abolition des compétences spéciales et féodales, {;Omme la juridiction ecclésiastique, croyez-vous que monsieur le gouverneur exécuterait, heureux et ravi, les volontés du peuple? Essayez: l'hiver est dur et le pain est cher. Demandez la taxe contre Je monopole et l'accaparement; vous n'aurez pas avec vous M. le connétable Nicolas Le Quesne; il a des moulins. Mais vous anrez, peut-être, M. le gouverneur : il est si bon ! Essayez. Ah! vous n'avez rien compris au mélodrame organisé, monté, distribué par la police française, et vous avez joué, naïvement, niaisement, contre nons et contre vous-même, le triste rôle de la troupe à Gessler ! Que voulait M. Bçnaparte ? chasser de. la côte notre propagande qui, sans peur, rappelait ses crimes, démasquait ses trahisons, criait justice à toutes les Ctmes, à tous les vents, et faisait parler l'exil, les prisons, les tombes. Il voulait tuer cette petite lumière des grèves qui donnait dans son âme et dans son antre ! Malheureusement le peuple anglais, constitutionnel et libéral, n'était point fait aux expéditions de nuit, aux violences, aux coups-d'Etat. La reOu s'abonne: 1 LONDRES, à l'Office du Journal, 50, Castle Street, Berners St. JERSEY, 19, Dorset Street. LIVERPOOL, chez B. Colin, 33, Myrtlè Street, South, 1 BELGIQUE, Lecomte, rue des Malades, à Bruxelles. ESPAGNE, Casimir Monnier, libraire à Madrid. ligion de la loi semblait absolue, profonde, jalouse, en ces pays qui ont tant souffert pour la conscience et la liberté. Donc, M. le gouverneur n'osait. Mais voilà qu'une lettre politique, la terrible lettre du meeting de Londres, arrive. Elle était vieille déjà, et vous laissez passer l'épître-obus, vous qui ne lisez guères ! Le prétexte sera-t-il perdu, l'occasion man- ' ,, N quee. on. La police française intervient en grande hâte, se réunit en conseil privé, commente, interprète, empoisonne la catilinaire : elle vous la traduit dans sa langue à elle, dans son esprit et selon ses mœurs; elle la calomnie dans les clubs, au milie11des places, jusques sur les murs. Elle vous irrite, enfin, vous rallie, vous entraîne, et trois jours après, en plein meeting-, vous envoyez des commissaires à la force, <les commissaires pour demander l'exil contre l'exil ! Voilà comment, grands et petits, les peuples abdiquent et meurent. Douteriez-vous encore,-•on se flatte parfois,- du rôle qu'on vous a fait jouer au profit de M. Bonaparte et contre votre loyauté, contre votre honneur? Ecoutez et suivez de près. Le jour où le premier convoi de vos proscrits prenait la mer, une Déclaration était signée par \eurs amis, imprimée, placardée sur ,,os murs où, contre nous, l'insulte anonyme et 1,ù:{,e étalait encore ses fresques indig·nes.-·Et que <lisait cette Déclaration "? Elle prenait acte au nom <lu droit violé, faisait réserve pour l'avenir, et par un retour offensif sur le véritable terniin de la Révolution et de nos guerres, elle traînait Louis Bonaparte aux grandes assises ou vertes, il y a quatre ans, par la Haute-Cour <le la Constitution. C'était une véritahle miniature de l'Empire-mo1Jstre, une médaille d'airain qui donne tout Néron; mais <le l'Angleterre pas un mot, ni de sa Reine, ni de ses Evêques, ni ses Aldermen, ni <le ses Lords! Donc cette fois Féquivoque n'était pas possible. Point de prétexte aux fureurs de la loyalty, ni scandale ni provocation dans la famille atwlaise, c'était l'histoire qui parlait; l'Empire et l'.Exil face à face, Bonaparte et la République, le crime et le jugement: voilù l'œuvre ! Eh bien, huitjonrs après cette Déclaration, simple bulletin des crimes et cédule de justice, M. Bo1rnparte étai~ vengé: l'on expulsait tous les signataires, sans appel ù la loi, sans procès, sans débat ouvert, administrativement, militairement, comme cela se pratique à Paris, depuis DBcembre ; et il y nvait dans le tas des hommes qui pèsent en g·loire plus que tous les ducs et gouverneurs de l'Angleterre; et il y avait des chefs de famille qui partaient, une seconde fois ruinés, n'emportant que l'honneur; et il y avait des ouvriers qui, pour rester fidèles au devoir, s'en allaieut de nouveau dans l'ombre et l'i11connu des misères! M. Bonaparte avait donc un dernier po11tonbien opulent, bien chargé, et cdtc fois c'était une ile anglaise qui lui faisait sa cargaison, et monsieur votrf' gouverneur, en preuve d'allégeance, avait envoyé la veille, au maître, le nwnu de ce second exil-courtoisie d'a~de-hourrean ! Les sigues sont-ils assez éclatans, !es preu vcs assez décisives, et se pourrait-il trouver un esprit assez Le Quesne pour ne pas compreu<lre ~ Jersiais, on ne vous a pas consultés, cette fois; on n'a pas ouvert de meeting public; 011 u'a pas prov_oqué les décisions du peuple; on n'avait plus besom de vous, pauvres comparses; ics voies étaient tracées; en la réclamant une première fois, vous aviez sanctiouué, légitimé la dictature ! Ah! ce sont là des catastrophes pour un pays, <le véritables catastrophes autrement crnelles et décisives que nos petites épreuves ù 11ons oui étions déjà les exilés, les proscrits de la 0Ta11de 1 terre et <le la grande lumière. Qu'avons~nous, en effet, pe.r?~ '? Qu.elques relations frat.ernelles, des propnetes acquises, un peu de travail, un peu de pain; GENÈVE, Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. NEUCHATEL, Couhé, à Chaux-de-Fonds, NOUVELLE-ORLÉANS, Paya & Comp., 56, rue de Chartres. MEXICO, Isidore Devaux, libraire. '.l'ous les al101u1en1e.au tte Jtaient al'a.van ce, c'est beaucoup sans doute, car le chemin de l'étranger est rude au pauvre, et son escalier, comme disait Dante, est toujours difficile à monter; mais notre conscience républicaine est faite dès longtemps à tous les sacrifices, et, pour nous, qui souffre combat; le devoir est la vie. Nous nous consolerons. Quant à vous, Jersiais, vous avez perdu dans cette affaire le prestige de vos traditions, la dignité du caractère, vos libertés, l'honneur de votre île; ce sont là des trésors que vous ne remplacerez pas, Bonaparte vous donnerait-il tous les œufs de la côte normande: c'est l'âme qui s'en va, mieux vaudrait le sang· ! Nous ne dirons rien à votre gouverneur· il a joué son rôle et fait son métier comme tou~ ses pare,~ls. _Il est <le~ette race épaisse et brutale qui a, d mstmct, la hame du malheur, du droit, des idées, et qui s'enivre aux voluptés grossières de la force : orgueil et bestialité, voilà ces hommes. Nous les connaissons bien nous qui sommes du pays des sabres! Nous les connaissons bieu, et nous vous plaignons. V oyez, en effet,. depuis que vous êtes allés frap~ per à la porte du gouverneur, à la porte de fer, ce qui est sorti de cette maison, en spectres, en revenants, en goules ! · C'est d'abord la vieille duchesse de Normandie qui vous a réclamés comme son fief des crrêves • et • • • 0 ' marnts J unstes, procureurs des siècles, affirment bésicle en nez, que vous appartenez bel et bien: comme vassaux, vavassaux et manants à cette illustre dame de la maison de Robert-le-Diable qui do~'t _dans_sa poussiPre et dans son marbre depuis pres de mille ans. La race de Guillaume vient ù son tour poser sur votre île ses deux mains velues, et vous avez encore des lois de ces hommes et de ce temps, des lois des Planteirenet et des 'l, u udor, <le la Rose blanche et de la Rose rouo·e - 0 ' deux roses à parfoms de sang-,-d'Elisabeth et de M~rie-la-Catholique, de Charles II le sybarite de Wrndsor, et des premiers Georges les rois au grC1s ventre. Heureux peuple et charmant pays où l'on trnuve tant de Chartes toujours vivantes et tant de maîtres! Pauvres Jersiais! vous aviez cru, jusqu'ici, que vous ~tiez dans le siècle comme des hommes, que le clro1t moderne avait touché votre île, et que l'esprit puissant, l'esprit uni versel de la civilisation était chez vous, comme ailleurs, le grand souffle. Eh hien, voil~t qu'on date contre vous de 8G5 ! Vous avez des lois plus rances que la Sainte-Ampoule, et les momies vous gouvernent! 'rout cela pourtant, n'est pas trop seneux: contr~ la mort vous avez la vie ; contre la loi-parchennn vous avez le droit permanent, et il ne sera pas bien difficile <lebalayer cette poussière des sépulcres. Dans une troisième et dernière lettre uo11s ana• lyserons vos deux codes, celui de la Chambre ,étoilée-triste monument,- et celui de 1771pau vrc remède! Puissiez-vous guguer au moius à nos petites misères, de vous éclairer et de vous affranchir· ce . > se~·a notre meilleure vengeance ù nons, républicarns, qui ne faisons jamais la guerre aux: peuple~. Ch. RrnEY ROLLES. ~es_r,ésolutions sui~antes ont été adoptées ~t l'unammite dans le meetrng sympathique et nombreux tenu dans Lecture Room, Nelson Street, à Newcastle-on-'l'yne, le lB novembre 1855. Président, - i\I. JOSIAH THOl\IAS. Première Résolution proposée par M. JOSEPH CO°'Y.EN Juniorf appuyée par :M. J.\MES BROWN et l\'I. n. B. llEÈD. Cc meetir1g a appris avec surprise et reo-ret la violente e~p~lsion de Jersey. de Victor Hugo et de ~es compagnonc' d exil, sans accusation, sans preuves, sans jugeme11t, -

1 1 l , L'HOMMME. - 24 NOVEMBRE. procédé qui lui paraît parfaitement illégal et en tout contraire à l'esprit de la Constitution ; il reconnaît dans cet acte du gouvernement, 1 ° une violation directe du droit sacré d'asile que la Grande Bretagne, à son honneur, a depuis des siècles accordé aux réfugiés politiques de toute croyance, 2° un renversement du jugement par le juryce grand boulevard de la liberté anglaise, 3° un déni de libre discussion et l'abrogation complète du droit qu'a tout homme d'être regardé comme innocent jusqu'à ou qu'on ait prouvé sa culpabilité ; de plus, en apprenant que des mesures ar.ssl inconstitutionnelles et aussi anti-anglaises ont été prises à l'instigation du gouvernement despotique d'une nation voisine son regret s'élève jusqu'à l'indignation et il fait par ces présentes une protestation ferme et solennelle contre une aussi grave infraction aux lois et aux libertés longtemps respectées de ce royaume : il s'engage enti.n à user hardiment da tous les moyens honnêtes pour résister à une aussi impitoyable violation des priviléges sacrés de la Bretagne et à toute intervention de tout potentat étranger quelqu'il soit dans :es lois de ce pays. Deuxième résolution proposée par M. THOMAS GREGSON, appuyée par M. JAMES WASTON. Ce meeting proclame sa profonde sympathie pour l'illustre Victor Hugo et ses compagnons d'exil à l'occasion de leur expulsion d'un asile qu'ils croyaient, confiants dans 1 notre liberté et dans tiOtre honneur, avoir trouvé à Jersey : il affirme par ces présentes qne, bien qu'un état conventionnel de société puisse pallier le crime commis par des personnes haut placées, bien qu'un succès momentané puisse les me"ttre en relief, leur criminalité. n'en est pas moins éclatante et révoltante ; que, de plus, considérant les réfugiés comme victimes d'un acte illégal, soit du gouvernement britannique, soit du geuverneur de Jersey, le meeting s'engage à leur donner toute assistance possible dans t,oute voie légale qu'ils voudront suivre pour obtenir réparation, et à résister jusqu'à la dernière· extrémité à toute tentative ayant pour objet d'imposer à ce pays un Alien-Bill. Troisième résolution 1Jropos6ep'ar M. W1LLIA!II JORDAN, appuyée par M. ROBERT PEDDIE. . Copies des résolutions qui 1wééèdent seront envoyées aux Lords Palmerston et Clarendon, Sir Georges Grey, à Victor Hugo, au colonel P_iauciani, à.Leùru Rollin, ~ouis Blaue, J. Mazzini, Louis Kossuth, A. Herzen, Stamslas Worçell, Ch. Rib!:lyrolles, F. Pyat, et au comité des exiles Polonais. On a donné lecture de lettres de Sir John Fife, Charles Attwood, Esq., Ralph Wa1ters, Esq., Wm. Newton, Esq., M. Wm. Cook, et M. G.-J. Harney. Ces lettres expriment sympathie pour les réfugiés, condamnation du gouvernement, et regret, chez les signataires, de ne pouvoir assister au meeting. Intellio-entes, énergiques et libérales, dans le O'rand se~s du mot, ces résolutions honorent la population de Newcastle et les promoteurs du meeting. Aide-toi, le Ciel t'aidera! dit un proverbe français. dont la sagesse est J?r?fonde. Le peuple industriel' de cette grande cite seID;hlee~ avoir compris l'esprit et la portée. Il n'a pornt agi comme ces populations mal avisées des îles de la Manche qui se laissé nt _entraîner, sans, réfléc~ir, au m0indre appel des polices, et, dans 1 expuls10n des étrancrers hour cause politique, sans procès ni 0 ~ . discussion, il a vu, comme nous, une attaque _msolente au droit humain, une première tentative contre la Constitution elle-même.] C'est là sentir avec cœur et pratiquer grandement la solidarit~ qui fait la force; et lorsqu'un pays arrive ain~i, rapidement, énergiqueme~t à la dé_fensede la hberté menacée, quelles que soient les fautes ou quels que soient les crimes de son g·ouvernement, 11 ne se laisse pas envahir par les Macbeth : les postes sont o·ardés ! b La bourgeoisie, d'ailleurs, un :\')lOmentaffo!ée, semble revenir, et nous trouvons dans le MorningAdvertiser du jour, la lettre suivante· qui est un grand acte et un généreux appel : " Monsieur, " Le Mm·ning-Advertiser d'hier (22 novembre) ayant positivement établi que le gouvernement de Lord Palmerston a l'intention, poussé par un despote étrang·er, de proposer au Parlement ouvert un acte d'Allien-Bill, pour l'expulsion ~es réfug·iés politiques, ne vous semblerait-il pas bon qu'une association füt formée pour agiter le pays, de l'extrême terre à J'olm-ô-Groats, contre une mesure qui, si elle passait, serait malheureuse pour la législature et fatale à l'honneur comme à l'indépendance de r Angleterre. " Quand l'association sera formée,· je m'engage avec d'autres à contribuer aux dépenses pour une somme de .:B 100 st. " JOHN COLLET." Ce projet d'une association pour la défense du droit et de la loi sera-t-il entendu, sera-t-il accueilli? C'est, dans tous les cas, une initiative intelligente et de véritable esprit anglais que la pro·• •position de M. John 0ollet. Tou te association pour la loi fortifie la loi, rappelle le devoir, et, retrempe les mœurs. Le cas, d'ailleurs, est pressant; car le ministre Palmerston est engagé, ot il tentera l'aventure. Voici pourtant ce que disait cet homme d'Etat, en pareil sujet, il y a deux ans à peine : " En réponse à l'interpellation du noble Lord (Lord D. Stuart) qui désire savoir si une demande a été faite par les puissances étrangères au gouvernement britannique, pour obtenir l'expulsion des réfugiés étrangers qui résident actuellement dans le 'Royaume-Uni, je n'ai qu'à déclarer qu'il n'a pas été fait <lepareille demande. En réponse à sa question sur la marche qui serait suivie dans le cas où une telle demande serait faite, je ne puis que répéter ce que je pense avoir déjà déclaré au milieu de cette chambre dans de préçédentes occasions, à savoir : qu'une semblable déclaration serait repoussé par un refus ferme et décidé. Il est évident d'ailleurs qu'il doit en être ainsi, car une pareille mesure ne pourrait pas être prise par le gouvernement de ce pays, sans de nouvelles autorisations donnéespar le Parlement; etje crois bien qu'aucun gouvernement ne pourrait, quand bien même il y serait disposé, ce qui n'est pas le fait pour le gonvernement actuel, ne pourrait demander ces autorisations avec aucune chance de succès ; (vifs applaudissements) d'autant plus que l'ALIENBILL n'a jamais été voté dans le cours du dernier siècle, pour donner nu gouvernement le pouvoir d'expulser les étrang·ers, si ce n'est pour des considérations relati-ves à la sureté intérieure de l'Angleterre. Le gouvernement anglais ne s'est jamais chargé de pourvoir à la siheté intérieure des autres pays; il lui suffit d'avoir le pouvoir, de veiller à sa sûreté personnelle. (Applaudissements).'' Comment cet illustre, ce grand devin, cet homme d'Etat sans-pareil qui flairait si bien, en 1851, les vertus et l~s gloires en fleur du coupd' Etat, comment M. le premier de l'at liorneb,·itannique pourra-t-il concilier son opinion si vigoureuse et si décidée, d'il y a deux ans, avec son projet bien arrêté d'A lien-Bill pour la session prochaine? Petite question. •La conscienœe regarde les exilés, les proscrits et les martyrs, mais un ministre! Les nécessités et les temps font loi : pauvre humanité ! Ch. Rrn. ANGLETERRE. REVUE DE LA SEMAINE. Nous ne parlerons ni de la reine ni de sa Cour, puisqu'en ce pays d'esprit libre et de franche discussion, on vous brûle, on vous confisque, on vous t t ' l' A • ' ranspor e pour un pauvre coq-a- ane qm s aventure en ces hauts lieux : mais nous aurons bien le droit, j'espère, de causer uu peu Persigny? Osons. L'ancien sous-officier, présentement comté- (galerie des grotesques)- Fialin dit Persigny est, comme chacun sait, ambassadeur de M. Bonaparte· empereur (galerie des monstres)- à la Cour d'Anglererre. Il va souvent paonner le soir à, Bnckingam-Palace, ou bien à Windsor, et ceux de nos amis qui l'ont connu sur le préau de Doullens ne retrouveraient guères en ce D'Artagnan leur camarade de geôle et cantine. Moins bien élevé que Richelieu, mais plus rogue que Séjan, l'ex-valet conseiller se cambre dans sa granùeur, s'enfle, fait la roue, parle haut, ne salue guères, interrompt, piaffe, protége et, de son mieux flamboie dans ces grands salons: c'est le météore! On l'écoute, on le flatte, on minaude autour de ses éperons, et les plus fiers panaches s'-inclinent, et les plus grands Lords l'accueillent du sourire et de la main. Que voulez-vous'? On est entré dans cette écurie d'Empire, et sans les armées de France, pas de Crimée! M. Persigny sait cela, et il en use, il en abuse jusqu'à la brutalité. Les parvenus sont terribles ! On se venge, d'ailleurs, dans l'intimité, de ces insolences qui fout scandale, et l'on entretient avec soin- il faut tout prévoir !- les vieilles relations avec le Csntinent. Ainsi, la Prusse est avec Alexandre ; elle garde la porte de Pologne et la porte du Rhin; elle a refusé d'entrer dans la grande alliance anglo-francaise et sa neutralité dans la cause est un désastre. (!u'importe 't Le petit prince de Prusse n'en sera pas moms fiancé à une princesse d'Angleterre. On arrête dans les provinces detFrédéric-Guil~ laume les consuls anglais qui font embauchage poûr l'armee d'Orient. Qu'importe? Cela regarde les ministres et le gouvernement: quant aux deux Maisons, elles sont au mieux, et;~l'héritier encore imberbe des anciens Etats de Brandebourg n'en vient pas moins en fête à Windsor, cemme s'il était un Bonaparte. Quel est le secret de la comédie ? Il ne faut pas être un grand astrologue pour suivre et deviner ce jeu des étoiles au ciel des monarchies. Quelque intime, cordiale et religieuse que:soit:l'alliancemiracle entre l'empire et le gouvernement angla1s, il n'y en a pas moins, ici, dans les coulisses du privilége, un parti qui surveille de près les événements, ne s'engage pas trop dans les relations nouvelles, garde et cultive dans toutes les Cours d'Europe les haute:; et vieilles amitiés, afin que, si d'aventure l'empire-Bo!1aparte trébuchait ou ne pouvait suffire comme force alliée, la volte-face préparée de longue main fût possible et que l'Angleterre ne se trouvât pas sans un fort appoint sur le continent ! , C'est le part~ tory q~i tient cette ligne, le parti tory :fidèlehéritier de William Pitt; et le mariao-e proje-é du prince de Prusse avec une fille dela reine n'est qu'une des évolutions de cette politique. · • . Les ateliers et métiers sont très agités daus les principales villes industrielles et manufacturières de la Grande Bretagne. A Southampton, à Manchester, à Liverpool :·des grèves ont eu lieut d'autant plus redoutables, que l'hiv6!r s'ouvre à peine et q~e.le~ souffrances ne peuvent que s'aggraver et s mgnr. D'où viennent ces agitations et quel esprit les g·ouverne? Hélas ! la pensée en Angleterre, ne fait point d'émeutes; c'est la vieille maladie du travail anglais, c'est la faim qui pousse au meeting ses désespérés. Les salaires se maintiennent à peine ou baissent, et, d'un autre côté, le prix de toutes les denrées alimentaires est en hausse croissante : voilà pourquoi les ouvriers payant la double dîme ne peuvent manger et rêvent, dans leurs caves, à l'opulente cnrée qu'ont les chiens de.s Lords. . . L'accaparement qui est le fils du capital et qui s'arrange fart bien de la libre concurrence, vient encore aggraver les sinistres de disette et de saison. En veut•on}un exemple? Ces jours derniers, dans Londres, quatre ou cinq industriels enlevant par achat en gros[les sucres à la circulation s'emparèrent du marché et le fermèrent. Le sucre avait presque doublé le lendemain; et qui payait eette surtaxe énorme imposée par l'accaparement? Les marchands et détaillans? Non. Le peuple qui s'approvisionne à la livre, à l'once! Etonnez-vous après cela, des meetings, des agitations, des grèves qui se répandent et se multiplient dans ce pays de toùtes les opulenc.és et de toutes les misères. J usqu'iei le g·ouvernement anglais a respecté ces manifestations; la loi les autorisait et les couvrait ; mais dans le rapport que viennent de publier les commissaires nommés pour l'enquête sur les faits de police commis le Ier juin dernier à HydePark (question du dimanche)- rapport dans lequel ùes faits graves ont été révélés- il y a certaines considérations, atténuations ou excuses qui doivent donner à réfléchir. Ainsi l'on ne requiert pas contre le chef central de police qui s'était élevé par avis public et da son autorité privée contre les meetings en plein veut et pour cause politique. On constate, sans les condamner, deux autres violations du vieux droit ang·lais,-- les offre3de caution repoussées par le délégué subalterne du ministre de l'Intérieur- et les longs retards qui out suivi, jusqu'â la comparution légale, jusqu'au procès. Ceci n'indique-t-il pas que Lord Palmerston, ce grand admirateur du Deux-Décembre ne serait point éloigné d'emprunter à M. Bonaparte ses pratiques expéditives et sommaires? Que les Anglais y preunent garde, leurs Lois s'en vont! Rien de nouveau de la- guerre ni des colonies, Ch. Rrn. FRANCE. CORRESPONDANCE DE PAR1S. Vous devez avoir lu, dans tous ses détails, la fête magnifique, ayant titre : Dernière journée de

L'HOMME.-24 NOVEMBRE. _________________ ......;.; ___ ....;... _____ ..,.....;;...;_;;;.._:.;._ ______ _,;.;, __ ~--------- ....~~~--r~.,-_r.a.r_----- l'Exposition. Dans le temple aux chefs-d'œuvre (lesquels étaient absents), tout resplen<lissait d'or, de velours, et de moire antique. Les astragales tapissaient les murs, les devises couraient étincelantes ; on attendait le dieu ! S.i Majesté du Deux-Décembre est arrivée dans sa tenue de cour,-chambellans, écuyers, carosses, femmes à panache et à queue, grands cordons, ambassadeurs, laquais et ministres, y compris le Baroche et le Troplong qui se trouvaien.t en famille, dans ce monde des livrées. Elle est montée (la Majesté) sur son trône de Belle-Isle, qe Lambessa, de Cayenne, et elle a fait un discours ! Vous qui l'avez entendu bégayer ses serments à la Constituante, et lire ses phrases, avec l'accent germanique, l'intonation du traître et la conscience du larron, vous comprendrez, difficilement, qu'il ait pu psalmodier à voh. nette et ferme cette harangue brutale pleine de clairons. Il n'a pas, en effet, malgré tous ses crimes heureux, acquis la note de commandement, et c'est toujours le même trouble, la même indécisio'n de parole qui trahit les mauvais desseins. C'est toujours le grand bègue et le grand fourbe ! Cela o'a pas empêché les journaux-valets (il y en a-t-il d'autres en France?) de déclarer, le lendemain, que la voix énerg·ique et vibrante de l'empereur avait remué la diplomatie, la salle et les âmes; que voulez-vous? Dans les temps d'empire, les corbeaux sont des cyg·nes, et les hiboux des rossignols ; demandez à !'Indépendance Belge. Ce qu'il y a <le vrai, c'est que cette harangue politique est, en certains points, l'impudence A • meme. Voilà un homme cent fois traître et parjure, qui parle devant l'Europe de la justice violée, lui que la justice réclame ! Voilà un homme qui parle de la sainteté du droit, lui qui a usé les crimes de la force ! Voilà un homme qui parle au nom de la civilisation, lui qui a tué, dans la patrie de la civilisation, l'idée, la liberté, la loi ! Il veut, ce M. Bonaparte, que l'Europe centrale s'explique et se décide; mais lorsqu'on donne concours et que l'on fait contrat, on regarde au nom, à la qualité des gens, et nous comprenons très bien qu'on réfléchisse en Suède, en N orwège, en Danemarck, en Prusse : engagez-vous donc avec le faux-serment ! M. Bonaparte a pu tromper l'Angleterre et l'entraîner; elle avait besoin de ses armées pour la campagne d'Orient, elle si chétive et si pauvre quand il faut ouvrir ou soutenir les gTandes guerres ! Mais ni les gouvernements ni les peuples qui peuvent se défendre et lutter, ne donneront jamais la main à cet empereur des trahisons : la clientelle sérieuse ne vient pas aux parjures ! Une question grave et qui vous concerne s'agite aux rruileries, depuis quelque temps, dans le cercle intime de la politique privée. L'on a décidé que les temps étaient venus de forcer la main au gouvernement britannique, à propos <les républicains réfugiés: l'on est en cela d'accord avec l'Autriche, avec le Pape et les petits ducs on princes d'Italie qui tremblent à fous les souilles comme des palmiers nains. • Hélas ! le gouvernement britannique, à ce qu'on dit aux antichambres, s'est, au premier mot, engagé formellement, et le caméléon des Lords, le ministre Palmerston, proposera l' Alien-Bill à ses confédérés de la Législature. Cet ami du coup d'Etat aurait même déclaré, dans son fanatisme napoléonien, que si le Parlement qui est vieux, bien vieux, craignait trop de se compromettre dans l'opinion publique, par un acte aussi grave, il dissoudrait lui-même ledit Parlement ! On croit ici, dans Paris, que le peuple anglais, entraîné par les nécessités de l'alliance, ne s'irritera pas trop et laissera faire, C'est l'opinio11, surtout, que la police cherche à propager, à répandre, et elle a grand soin de déclarer que l'Ang·lèterre est aux pieds de Napoléon. C'est la veugeance de Waterloo qui marche, et elle ne s'arrêtera pas là, disent les estaffiers de la bande à Piétri ! Il est possible, en vérité, que cette campagne moins difficile que celle de Crimée réussisse et que vous soyez sacrifiés; mais le jour où le projet-Palmerston sera voté par le Parlement et ratifié par le silence de la population, l'Angleterre aura signé sa décadence. Faudra-t-il donc que sous cet empire du crime tout s'efface et tombe, les iustitntions, les caractères et les peuples eux-mêmes! • LPs petites tribuues de M. Bonaparte s~nt muettes depuis longtemps, et la presse a des msomnies permanentes.- La contravention, le procès, l'avertissement- voilà ses rêves! On vient d'expulser par voie de police, d'un. journal l' Estajfette, un homme de cœur et de talent qui jetait quelque lumière et quelque consolation dans les âmes. Le gérant de l' Estajfette menacé d'un procès onéreux a dû sacrifier M. Pelletan. Il est vrai que M. Granier de Cassagnac reste, comme Tyrtée, pour les '.;hymnes d'empire et de guerre. Avez-vous lu, dans Je Constitutionnel, son dernier dithyrambe'! , La Russie n1a pas d'armée. Quarante mille alliés -(et les deux cent mille morts?) ont écrasé Sébastopol défendue par 1.4,0 mille Russes; et la Garonne, s'épand ainsi, le long de trois colonnes, dans ce pauvre Constitutionnel! . Il est bon, pourtant, que <le tels hommes écrivent dans les journaux de M. Bonaparte, qu'ils parlent dans ses conseils et qu'ils le traduisent. Caractères indignes, noms flétris, natures d~gradées et vie souillées, ils le représentent à merveille. Les valets expliquent le maître. XXX'.. • 1 Nous avons reçu, depuis le désastre-folie de Jersey, plusieurs protestations individuelles ou collectives qui réclamaient la solidarité de protestation républicaine à propos de l'expulsion que n~us avons subie. Nos amis de Guernesey, nos cousms par les îles et nos plus proches voisins avaient pris l'initiative; de Belgique et de Suisse il nous est arrivé pareilles adhésions, et le Portugal nous a envoyé une énergique déclaration· signée par des noms qui nous sont chers. • Nous ne publierons pas ces démonstrations iso-' lées ou de famille ; car le journal n'y suffirait pas, et nos amis comprendront que le devoir républicain est d'être à la brêche du jour. Toujours e.:.t-il, pourta~t, que ces manifestations nous sont précieuses; car elles prouvent qus l'exil qui a tant souffert garde toujours le courag·e du sacrifice et la virginité de la foi ! C. R. • UN ROI SAUVÉ·. Jersey est une île chat·mante, malgré ses gouverneurs; elle a des réserves et des pudeurs qui feraient se pâmer des rosières .. Un des journaux les plus graves et les mieux établis de ce pays, publiait depuis quelque temps, un admirable poème américain " Evangeline" traduit en vers français par le Cher de Châtelain. Dans tin de ses derniers numéros, ledit journal plus fort en loyalty qu'en bon sens, a daigné lire ce qu'il imprimaitune audace n'est pas coutume - et voyant un des rois Georges un peu compromis, il a biffé les quelques vers qui n'étaient point de grâce et de courtoisie. Nous signalons ce journal " la Nouvelle Clwonique" à M. Bonaparte : il est fait an métier, et nous recommandons son rédacteur à la censure de France; il est fait aux ciseaux. C. R. Le 29 de ce mois aura lieu daus Schaol-Rooms, Cowper Street, City Road, un meeting public. Le but de ce meeting est : 1 ° La commémoration de la Révolutiou polonaise de 1830, dont ce jour est l'anniversaire. 2° Invitation aux expulsés de Jersey d'accepter les honneurs de la séance. 3° L'union des Républicains socialistes. Le meeting sera pÇésidépar Ernest Jones,,Esq., et commencera à 8 heures. An nom des ~ocialistes _polonais et du Comitéinternational, DoMBROWSKseIcrétaire. NOUVEAUX PRIX D'ABONNEMENT: Angleterre........ .. . . .. .. . .. . .. . .. . ... ] 2 - ou 15 fr Iles de la l\'Ianche.................... 12 Belgiqlie .. . .. . .. . .. . ... . .. .. . . .. .. . .. . 12 Suisse ................................. 12 Prusse ................................. 12 Villes anséatiques .... , .... .. .. .. .. ... 12 Etats allemands................... , .. 12 Pour les autres pays ................. 16 - ou 20 fr OBSERVATIONS Sw,· une récente brochure de Kossuth, Ledru Rolli-n • et Mazzini. PAR LOUIS BLANC. -Suite.- Cette lettre, écrite par moi en ~ars 1854, fut signée de plusieurs noms qui tous rappelaient de grands services rendus à la République, des souffrancesnoblement subies; et je suis persuadé que le plan proposé etît été mis à èxécution, sans certaines circonstances locales, qui présentaient des difficultés, réelles à coup stîr mais non pas insurmontables. Eh bien, ce qu'on voula~tfaire alors restait & faire aujourd'hui, l\'Iais, au lien de ce centre où toutes les nuances de l'opinion républicaine auraient été représentées; où toutes les dissidences nées de simples malentendus ou <lepréventions personnelles se seraient évanouies à la clarté d'un débat cordial et sincère ; où, réserve faite de ce qui appartient en chacun au domaine inviolable de la conscience, on serait inévitablement arrivé à une entière communauté de vues sur beaucoup de points importants ; où il eüt étGfacile, dès lors,d'agir en commun,parce qu'il n'y aurait eu, pour personne, rien de vages, rien d'obscur dans l'ensemble des résultats à atteindre; où la force serait provenue de la concordance des principes et pas du tout de l'alliance de tel nompropre avec tel autre nom propre ; où enfin l'action se serait produite, nou pas commele coup sort du marteau et la foudre des nuages, mais comme le geste suit la pensée.. ,. au lieu de ce centre, que vient-onproposer aujourd'hui? Je cite : "Il faut au parti un cen.tred'action reconnu, uue caisse, un mot d'ordte commun." " Le centre d'action, c'est nous, ou tous autres possédant la confiancedu parti; quelques hommes purs corn~ prenant, représentant les grandes nationalités européennes, s'entendant, s'aimant, aimant la cause•commnne, prêts à se trouver au premier rang le jour de la bataille, au dernier le lendemain de la victoire." ..... . " Le mot d'ordre : Liberté pour tous, associatio,i de tous." ...... "Le but défini, le but commun.. ; c'est la forme répu-. blicair1eorganisée par le peuple et pour le peuple." ..... ,., " Le moyE:n,ce n'est ni la liberté absolue de l'individu, ni la discussion ; c'est l'association, l'organisation, te travail en faisceau, la discipline, l'abnégation, le dévoûment.' Ce qui frappe tout d'abord dans cet énoncé, c'est ce qu'il a d'obscur et, en apparence au moins, de contradictoire. Si le mot d'ordre est liberté pour tous, d'où vient qu'on nous avertit que le moyen n'est ni la liberté absolua de l'individu, ni la discussion ? Qui mesurera la part de liberté qu'il faut faire à l'iudividu, pour que le mot d'ordre liberté pour tous ne soit pas un vain son ou ne devienne pas un mensonge ? Et comment concilier la liberté pour tous avec l'espèce d'anathème qu'on semble fulminer contre la discussion? D'un autre côté, qne signifie ce mot discipline, emprunté au vocabulairedes Césars? Et pourquoi mettre cette vertu des armées impériales sur lamême ligne que l'association, laquelle n'existe qu'entre égaux, et sur la même ligne que le dévouement, inspira1ion libre et spontanée de toute.âme généreuse? La discipline snppose des chefs qui commandent, des soldats qui obéissent. Ici, les chefs entendent.:ils se nommer eux-mêmes ? Et cela fait, ne restera-t~il plus aux soldats qu'à obéir, et sans discussion, puisqn'on nous prévient qu'on n'en veut pas? Il serait bon que ces divers points fussent éclaircis. " Le centre d'action, c'est nous," disent Kossuth, Ledru Rollin et l\'Iazzini,et ils ajoutent, " ou d'autre$, possédant la confiancedu parti, à la condition qu'ils s'entendront, qu'ils s'aimeront, et qu'ils seront prêts à se trouver au premier rang le jour de la bataille, au dernier le lendemain de la victoire." Quant à cette dernière condition, point de difficulté ; elle fait appel an plus noble des sentiments, et quiconque ne l'éprouverait pas serait indigne d'appartenir, je ne dis pas à un comité central quelqu'il fût, mais même au parti républicain. Ce qu'il faudrait savoir, c'est si les citoyens Kossuth, Ledru Rolliu et Mazzini, croient, oui ou non,. ponvoir s'entendre avec des hommes représentant dans le parti, des ;nuances d'opinion différentes de celles qu'ils expriment eux-mêmes. Car, à ce prix seulement, ils peuvent e,spércrd'établir un vérit~ùle centre d'action. PrGtenclraient-ils d'aventure personnifier enx toutes les doctrines ou toutes les aspirations du parti? Hélas! il n'y a pas plus de trois ans que l\'Iazzini,par exemple, lançait contre les socialistes, contre le fond de leurs idées, contre la nature de leurs tendances, contre l'-effet de leur influence sur le peuple, l'acte d'accusati0n le plus violent qui fut jamais. Or, rien depuis n'a prouvé qu'à leur égard son opinion fût changée. A Dieu ne plaise que ceci nous soit d:cté par l'amertume de certains souvenirs ! Le Socialisme est une foi d'un caractère trop élevé, trop calme et trop fort, pour se lai_sserobscurcir ou troubler par le ressentiment. Parce que le c.itoyen l\'Iazzini est injuste envers eux, les socialistes ne seront pas injustes envers lui. En se dévouant tout entier à l'indépendance de son pays, il a fait une chose sainte, et sa persévérance à servir cette cause sacrée de Rome républicaine, à travers tant d'obstacles et de douleurs, lui crée à nos yeux un titre que ni ses préventions ni ses torts ne sauraient effacer. Donc, en ce qui touche particulièrement et directement l'indépendance de l'Italie, notre concours lui est acquis ; mai~, en ce qui touche la France, il ne saurait prétendre à représenter ceux qu'il combat. Et tant qu'il n'aura pas cessé de se poser comme l'adversaire des socialistes, il sera bien permis à ceux-ci de rie point l'accepter pour porte-drapeau. Ils n'y pourraient consentir sans manquer de respect à leurs_croyances !

L'HOMME.-SAMEDI, ~4 NOVEMBRE 1855. Aussi, remarquez bien quel est le but commun assigné aux efforts du parti, dans l'appel qu'on lui adresse? .C'est la forme républicaine,-qu'on demande, il est vrai, organisée par le peuple et pour le peuple ; mais elle fut censée aussi organisée par le JJeuple, et on la disait organisée ponr lui, cette forme républicaine qui, depuis la révolution de :Février jusqu'au coup-d'Etat de Décembre, a couvert tous les désastres de la liberté et prêté son nom à tous les genres de tyrannie ! Nous jouissions de la forme républicaine, et même organisée eu apparence par le peuple puisque le suffrage universel avait parlé - lorsque les ateliers nationaux, si follement établis, furent brutalement dissouts, ces ateliers nationaux, œuvre à jamais lamentable d_u républ~cain Marie, qui donnaient au pe111)lcl'aumône quaud il demandait le travail, et que la calomnie attribua si impudemment au socialisme, contre lequel ils furent organisés ! Nous jouissions de la forme républicaine, lorsqu'en Juin, le sang du peuple fut versé à flots dans Paris. Nous jouissions de la forme républicaine, lorsqu'après s'être levés vingt fois de suite dans la. séance du 4 Mai, et avoir crié vingt fois de suite, d'une voix forte, le bras étendu : Vive la République ! les meneurs de la réaction en vinrent à arracher le pouvoir des urnes à la vile multitude! Et il était répubUcain, ce général Cavaignac qui, donnant le signa~ des transportations en masse, laissa Paris en proie à des vengeances de sauvage ! Et c'était en q11alité de président d'une Répuhlique que Louis Bonaparte, le parjure dans le cœur, mais non encore sur les lèvres, envoyait des soldats français écraser la République romaine ! Vous devez vous en souveni!, vous, Mazzini, qui reçutes pour ainsi dire dans vos bras l'Italie expirante ! Et vous ne pouvez l'avoir oublié vous, Ledru Rollin, exilé aujourd'hui pour avoir courageusement protesté alors contre cet abominable attentat ! Non, non, la forme 1·épttblicaine n'est pas le but; le but, c'est l'homme, que l'excès de la pauvreté dégrade, rendu à la dignité de la nature humaine ; c'est l'homme dont l'intelligence, à l'heure qu'il est, vacille et s'éteint dans les ténèbres, admis au grand banquet de l'éducation ; c'est le trav11.illeurmis en possession des fruits de son travail ; c'est, en un mot, l'affranchissement du peuple par l'aboJitio11 de ce double esclavage : l'ignorance et la misère. La forme républicaine n'est qu'un moyen, nécessaire sans doute, admirable, et qu'au prix de tout le sang de nos veines, nous devons chercher à conquérir, mais qu'il ne faut pas un seul instant séparer du but, encore moins •prendre pour le but lui-même, sous peine de voir une République fausse se substituer à la République vraie, et un entassement de ruines n'aboutir qu'à des déceptiorn. mortelles. Et voilit pourquoi je n'aime guère ce mauvais vouloir témoigné à la discussion. S'abstenir des vains discours, c'est fort bien; écarter les chicanes puériles, on ne saurait mieux faire. Mais au moins faudrait-il être conséquent. Il y a je ne sais qnoi d'étrange dans une fièvre d'action muette qui s'épanche à tout propos en manifestes sonores, et c'est mal prêcher le silence que de sonner le tocsin l Pour moi, je suis opposé autant qu'homme qui vive ~ ces guerres de rhéteur qui perdirent le 13as-Empire; mais je crois qu'en bien des cas, la parole c'est la lumière ; que tenir les yeux fixés sur le soleil appartient aux aigles et aux républicains, et qu'on doit laisser l'amour des ténèbres aux hiboux et aux tyrans. • Je sais bien-et je me hâte ile leur rendre cette justice -que Kossuth, Ledru Rollin et Mazzini n'entendent aucunement proscrire la discussion le lendemain ile la ·victoire ; mais ils paraissent vouloir c1ue, jusque là, ou l'éctute. Eh bien, je pimse, tont au con traire, que depuis longtemps déjà cette discussion aurait dû avoir lieu entre nous sans bruit, sans étalage, cordialement, et une fois 11our toutes. La nécessité de cette méthode, sa possibilité, ses avantages, ses limites, ont été e~posées dans la lettre que je cite plus haut: je n'insisterai pas. Seulement, je ferai observer que rien n'est plus propre à faire con1battre en commun des hommes intelligents que la communauté de le1ns vues relativement aux suites de la victoire. "Le sabre ile lVIahomet frappait en silence; " mais Mahomet, prophète et demi Dieu dans l'esprit des siens, n'avait à rendre compte de ses projets et de ses JJensées qu'à luimême: qui donc oserait dire aux républicains : "Je suis Mahomet ; suivez-moi : l)as de discussion, la discipline • il n'y a qu'à se taire et à frapper?" ' , A_ussi bien, à quoi bon remonter jusqu'à l\Iahomct? Loms Bonaparte était là ! Mais si devenir, a11 point de vue des procédés de la lutte, ses plagiaires est l'unique moyen ~ui nous reste de le combattre efficacement, je dams fort que toutes les chances ne continuent à être pour lui, lui l'incontrôlable possesseur cles trésors de la France, le r.entre d'une formidable organisation 11réparée cle longue date, et le très taciturne chef d'une armée qui on l'a vu en Décem brr, frappe beaucoup et ne parl~ guère ! Ah ! ne nous méprenons pas ainsi sur les origines et la nature de notre pouvoir. Ce qui constitue la force du vieux monde n'est pas seulement ce qui constitue celle du monde nouveau. Notre JJOuvoir est dans l'esp~cc de mort douleureuse et sentie où s'agitent tous les damnés de la terre ; donc il faut faire briller à le1ns yeux les idées qui contiennent la vie. Notre pouvoir est dans les sympathies de toutes les nobles intelligences : donc il fout leur tenir le langage qui leur est 11roprc. Notre pouvoir est dans la justice de notre cause : donc il en faut écrire sur notre drapeau les formules lumineuses. Les temps sont difficiles, je l'avoue, parce que Je despotisme veille à presque toutes les frontières, essayant rl'arrêter la, pensée au passage. Mais Kossuth, Ledru Rollin et lVIazzini auraient-ils publié leur manifeste, s'ils ignoraient qu'il n'est pas de deuanes dont ne se joue l'infatigable contrebande de l'esprit humain ? Le peuple, d'ailleurs, a aujourd'hui besoin qu'on lui montre clairement ce que vaudront les mouvements auxquels on hi sollicite. Pour l'Italie, pour la Hongrie, la question est simple, elle l'est bien moins pou la Frannce. Le peuple n'y prendra JJas aisément une épée, si on prélui laisser un bandeau sur les yeux. Il s'est déjà tant retourné sur son lit de douleur sans trouver le repos ! Il a déjà versé tant de 11angpour n'arriver qu'à changer de maîtres ! • Mais quoi! à côté du JJeuple qui a faim, voici labourgeoisie qui a peur. Les calomnies répandues contre nous ont peuplé son imagination de mille noirs fantômes ; c'est l'imprévu surtout qui l'épouvante, l'imprévu ! Et de là vient €J.Uecertains acceptent l'empire, même en le détestant. Or, croit-on lever ces obstacles que ces inquiétudes nous opposent, en faisant planer sur le lenùemain de la Révolution un vague plus effrayant mille fois que les affirmations les plus hardies ? Et n'a-t-on à offrir aux esprits effarés, pour leur rendre le calme, que l'image d'un "sabre qui frappe en silence?" C'est peu. La préoccupation du lendemain nous est commandée au point de vue de nos dissirlences mêmes. Car, toute entente préalable à cet égard étant écartée, qu'arriverait-il si la situation se trouvait .ippartenir à des hommes ne représentant qu'une fraction du parti? Cette fraction ne pourrait-elle pas, de très bonne foi si l'on veut, et très honnêtement, mais avec une violence proportionnée à ses. convictions, se servir de la force contre les autres fractions rivales? Nous aurons, dites-vous, pour parer à tout, la souveraineté du peuple. Illusion. Quand une crise révolutionnaire vient d'éclater, est-ce que la volonté nationale peut se déclarer sur l'heure? Est-ce que toute Révolution n'a pas un provisoire à traverser ? Est-ce que la direction des événements ne dépend pas en grande 1rnrtie des hommes qui, dans ces moments <letransition suprême, sont investis de la force? Est-ce qu'il n'est pas naturel de penser que, dans le cas d'une crise profonde en France, les circonstances seraient de nature à réquérir sur le champ l'action d'un pouvoir très rigoureux ? Et qu'arriverait-il, je le demande encore, si ceux qui veulent le plus trouvaient trop dangereux ceux qui veulent le rnoins1 ou viceversa ? Lisez !'Histoire! A combien de m;ilentendus sanglants n'eussent pas échappé les Montagnards et les Girondins, si, à la veille de la bataille, il leur eût été donné de mieux se pénétrer et se comprendre ! Malheureusement, une fois enveloppés dons la fumée du combat, étourdis de son tumulte, enivrés de sa violence, ils crurent voir partout le spectre de la trahison ; non contents de porter les débats sur les points qui réellen1ent les divisaient,. ils se lançèrent comme autant de flèches acérées toutes sortes d'accusations imaginaires; ils se soupçonnèrent réciproquemens de vouloir la perte de la République que, tous, ils aimaient d'un égal amour, et ils creusèrent ainsi sous leurs piP.ds un abime où ils tombèrent un à un, jusqu'à ce qu'à son tour la Révolution y disparût engloutie. La mélancolique prédiction de Vergniaud était réalisée; Saturne avait dévoré ses enfants ! Tournez encore quelques feuillets ùu livre : vous y lirez comment à la suite de Février 1848, le général Cavaignac, républicain, employa sa ùictaturc à décimer le parti républicain, et comment une partie de l'armée fit feu sur l'avant-garde. On le nierait en vain- et c'est une des appréhensions <1uenous avons à dissiper :- il y a là un péril, et il importe d'en tenir compte, non certes pour y puiser un motif de reculer ou d'hé:sitcr, mais pour aviser à le prévenir, et en conclure que, s'il faut agir, il faut aussi prévoir. Un dernier mot. Le manifeste de Kossuth, Ledru RoiJin et Mazzini renferme le passage suivant : " Honte à celui d'entre nous qui, en se séparant de l'œuvre commune, désertera ,l'armée qne le cri •de ses frères sonffrants pousse vers la batailJe, pour s'isoler dans l'orgueil stérile <l'nn programme exclusif! Celui-là peut être un sectaire, mais ce n'est pas l'homme de la grande Eglise." Pas de programme exclusif, en effet, et concours actif, dévoué, courageux de chacun à la cause de. tous, voilà ce <1ue,pour mon compte, je demande avec autant d'ardeur que les citoyens Kossuth, Ledru Rollin et l\Ia2zini. 111:ais je ne sattrais crier anathème au culte, même solitaire <le la vérité. Quand l'isolement d'un llhilosophe, ami du 1)euple, vient de la candeur effarouchée d'une conscience rigide qui dédaigne la popularité, répugne aux concessions et ne se fie, ponr'la délivrance des opprimés, qu'à la force latente des choses servie par l'étude, on peut bien taxer ce philosophe d'erreur et le bli\mer de trop <l'orgueil ; mais, s'il est désintéressé dans ses croyances, s'il souffre pour ce qu'il croit être la vérité absolue, san erreur certes u'a rien de criminel, et son ougueil rien de honteux. J'ajoute que dans le Etiamsi omnes, ego non, il y a presque toujours eu quelque chose d'héroïque. Lorsque Galilée soutenait, seul contre tous les catholiques réunis, que la terre tourne autour du soleil, il n'était pas de la grande Eglise ....... des papes. Ce fut sa gloire et non sa honte! En outre, il est des mots qui sonnent mal dans la bouche d'un républicain. Ceux qui parlent tant des sectaires, devraient se souvenir que c'est justement sous ce nom que la plupart des apôtres ùu progrès furent persécutés par les hommes da passé, prêtres ou rois. Les Vaudois et les Albigeois voulaient qu'on pratiquât la haute morale de l'Evangile : sectaires. Wicklef osa traiter le pape d'antechrist : sectaire. J ead Russ attaqua 1es vices du clergé, les indulgences, la communion sous une seule espèce, forme théologique de l'inégalité : sectaire. Luther fut un sectaire jusqu'au jour où, devenu l'ami des princes et leur complice, il JJersécuta comme sectaires le malheureux Car~stadt et l'intrépide 1Yiunzer. Qui.sait ? Si nous cherchions bien, peut-être trouverions nous que, 11lusrécemment, sous le règne de Louis Philippe par exemple, ceux qui, en trés petit nombre alors, aspiraient à la République, étaient, eux aussi, des sectaires ! Croyez-moi, laissons au vieux monde sa grammaire sombre et la forme de ses anathèmes. Les excommunications, au nom de la grande Eglise, ne sont plus de mode, surtout depuis que le Vatican ne sait que faire de ses foudres. En résumé, l'Organisation, mais pas de contrefaçon impériale, même pour la lutte.- L'Union, mais dans la sphère des principes, d'abord.- La guerre au présent, mais pas de voile jeté sur le lendemain.- L'action, mais au. service de la pensée. Louis BLANC. L'H01'.I1'.IE. A LONDRES Dépôt et Ve~te du Joul'nal au . , , numero, chez : M. Stamslas, 10, Greek Street, Soho, librairie pol,:,naise. M. Holyvake, 147, Fleet Street. M. Onwhyn's, I, Catherine Street, Strand. M. Sims, I6, Eaton Street, Upper Eaton Square. A Pieaùilly, n. 233. Collecticrns complètes de l'HOMME. - Prix : 1re et 2e années, .Ll 4s. - Une année seulement, 12s.-S'adresser à M. Zeno Swi'ttoslawski, 4, Bathman's Buildings, Soho Square, Londres. Ou à Jersey, Imprimerie universelle, 19, Dorset Street. A_ v•~ Toutes les Annonces pour lo •~•journal l'HOMME doivent êtro adressées 10, Greek Street, Soho. (Librairie Polonaise). A LOUER PRÉSEN'l1EMEN'1 1 Une Maison ou partie de Maison garnie A APPELEE BU DE LA RUE, C~nlenant_ environ huit appartements, étables et jardin, et un terram de emq vergées qu'on est libre de louer ou de ne pas louer. - Le tout est situé dans la paroisse de St-Laurent, à deux milles et demi de la ville. - S'aclresscr chez ?lifonsicur MALZARD, Clear-Vicw Street, à St-Hélier. - La même personne a des charbons de première qualité de Newcastle: 24 sh. la charge ou 28 sh. le tonneau, par demi-charge on 11uartde tonneau. HOrl1EL DU PROGRÈS.-CAFÉ RES'l1 AURANrr, Tenu par J. 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