Homme - anno II - n.48 - 31 ottobre 1855

IL~r½rê " ~4,---------------------------~------:------------------------- sans nous connaître, et nous insulter absents, si vous n'aviez fait que discuter, juger et flétrir, c'était affaire d'opinion, cause à débattre: il n'y avait pas d'acte et vous n'engagiez pas vos priviléges; mais' faire porter vos vœux, vos propositions, vos quatre décrets capitolins au chef de l'autorité militaire. et lui demander force d'exécution, c'était une abdication de la loi : vous vou_s êtes ·suicidés! Quelques-uns pa1·mi vous, esprits droits et patriotes sincères, voyaient clair à travers ces violences hahilement provoquées: ils redoutaient les conséquences fatales <lu fait acquis, d'une première violation commise, et ils nous engageaient à faire parler la loi. La loi? Mais vous, peuple, vous veniez de la tuer en demandant main-forte à l'autorité militai're ! Mais vos chefa consulaires, vos tuteurs municipaux avaient enx-mêrnes porté le resr-rit à l'épée! Mais vos magistrats avaient publiquement engagé leur opinion da,-,s vos colères, et si nous aviornJ tenté l'épreu\(e ê\ cette heure des fièvres, nous aurions fait, nons-mêmes, légaliser l,1 mesure ! Victimes et dupes, c'était trop, nous n'avons pas <l'ambition. Qui ne voit, d'ailleurs, que la sanetion de justice, le caractère légal venant donner force au précédent, c'etait le dernier sceau'? le dernier malheur! La jurispruden<.;c était faite, la jurisprudence de la force et le bon plaisir de la dic1atnrc ! N ons ne l'avons pas von lu : notre expulsion subie mais nou plaidée reste nn scanrlule, 1.111 accident, un gric>f, et la question des pouvoirs est entière: elle reviendra tôt ou tard, elle reviendra dans peu, soyez-en certain~, car les ambitions et les polices •sont gloutonnes ! Elie est <léj.'i revenue : 35 proscrits viennent encore d'être expulséi'i de votre île-refuge, ô peuple! mais cette fois le drame s'étend et s'éclaire, le crime devient énorme : voyons de près les dioscs. Ch. RrnEYROLLRS. (La suite au prochain nu,nêro.) Au rédacteur de l'impartial de .Jersey. Notre ami, le citoyen Louis Blanc, sans con; naître en aucwus Jaço11, du reste, l'individu qui rédi_r;ecettefeui!le, vient de publier, dans plusieurs journaux: anglnis, la lettre suivante adressée au journal !'Impartial <le Jersey: TIIonsieur, 1 En parbnt des réfugiés, vnus <lites que jt: suis ltonlwx de leurs excès, et Yous en donnez pour preuve la publication d'une petite brochure de moi contenallt quelques observations sur le manifeste rle Kossuth, Ledru-Rollin et Milizini. Comme je ne puis croire que vous ayez lu la brochure à laq11ellevous faites allusion, je prends la liberté <le vous en envoyer un exemplaire. Je sais que, dernièretnent, iles e:ccès ont on effet été commis. Par toutes s01tes de moyens emprunté!! à la stratégie des passions, on a e:;;cité contre des hôtes de l'Angleterre des colères de nature à éclater en violences aveugles; on a v,1 des hommes s'irriter jusqu'au délire contre nne lettre dont ils ne connaissaient que quelques passages mal compris et quelques mots artificieusement dét:ichés de l,·ur cadre ; là où la raison aurait dû parler, en tout cas, la haine seule a eu la parole; des hommes ont été condamnés, sans avoir été admis à se défencl.re ; l'arbitraire a remplacé, à lear égarcl., l'empire de la loi, rlans un pays rnnté pour son attachement aux loil.'I; et l'autorité, se montrant à la suite d'une émeute, a proscrit des proscrits. . Ce sont là, l\Ionsieur, des excès dont je serais honteux si j'étais Anglais, et que je déplore comme honnête homme. lbis ils n'ont i,as ;été commis, que je sache, par mes compagnons d'exil, ils ont été commis contre eux; el je 1rnis bien aise que vous m'ayez fourni l'occasion de joindre publiquement ma protestation à la leur. Lours BLANC. 27 Octobre 1855. .. Au rédacteur du Jçurnal l'Homme. Citoyen Rédacteur, _ Nous croirions manquer au plus impérirux des devoirs, celui de la Solidarité, si nous ne déclarions hautemc!'lt 11ue nc;1usnous associons de cœur et d'àme à la déclarationprotestation que vous publiez dans le dernier numéro de L'Homme contre l'odieuse et tyrannique mesure qui a :frappé les citoyens Ribeyrolles, Piauciani et Th(,mas. Nous ne voyons point Jersey dans cet acte inoui qui foule aux pieds tous les droits, toutes les notions de jus-· 1ice et de moralité ! Nous y voyons l'Angleterre mécon- .naissant les traditions s~culaires de sa uolitique, offrant en holocauste à son alliance avec le despotisme et sacrifiant sur l'autel <le la penr le droit sacré d'hospitalité. Nous pouvons le reg:etter dans l'intérêt même de son avinir, de sa dignité, de sa grandeur comme nation libre, mais nous nous devons il. nons mêmes, nous rlevons à 1'inv1olabilité du _principe an nom duquel nous avons eombattu la tyrannie lc,rsqu'elle u voulu clomiuer notre patrie, de d6cla.rer que nous He saurions ni l'accepter, ni la subir dans un autre pays. A l'Arigletcrrc nous disons: L'hospitalit<! de votre sol nous l'acceptons, non comme une faveur, mais comm11un droit supérieur qui dérive de la grande loi de Solidarité humaine. Honneur à vous si vous respectez ce droit! Mais quoi qu'il en advienne, nous ne lo laissc:rons point amoindrir dans nos personnes, s'il v0us convient de le déserter nous ne serons point vos complices, nous vous en laisserons la responsabilité entière deva.nt les Peuples, devant l'histoire, devant l'humanité ! Salut fraternel, GREPPO, Londres, 27 Oct. 1855. E. C1rn.vAssuR. Les journaux de Jersey annonçaient, samedi, qu'à la. suite d'un Conseil dtis Ministres, Sir G. Grey avait envoyé l'ordre d'expulser les signataires de la Déclaration. Le Général-Gouverneur Love a chargé M. le Connétable de Saint-Hélier de signifier verbalement aux 35 proscl'its signataire!: l'ordre de quitter !'Ile et la défense d'y revenir. ... Avant de quitter cette île, les proscrits expul~és de ·Jersey ont voulu adresser ù leurs morts l adieu du départ. Cette pieuse et touchante cérémonie s'est accomplie ce matin (Mardi) avec la gTavité qui couvenait à un acte si profondémeut religieux. Arrivés en corps au cimetière de Saint-J eau, les proscrits se sont rang·és en silence autour du bloc de granit qui recon vre les restes de c~ux dont nous n'emportons, hélas! que le souvemr._ Après avoir défilé respectueusement autour de ce monument modeste et plein de caractère, ils se sont retirés en silence. Il est des moments solennels où le silence a sa grandeur et son éloquence. N o«s n'ajouterons rien au simple récit de cette simple cérémonie qui répond à bien des calomn-ies misérables. (Ju'elles reposent donc dans la paix des tombea:ux ces nobles victimes de la trahison qui nous proscrit encore loin de cette terre, qui fut hospitalière pour eux du moiùs, et qui nous laisse bannir aujourd'hui. . Un jour, quand notre temps et notre générat10n seront entrés dans l'histoire, et que les idées pour lesquelles nous ~ouffron_s et cornbattoi;s, _auront triomphé, cette simple pierre portera. temo1gnage et gardera, pour les de.scen<l~rntsdes Jersiais d'aujourd'hui, de salutaires enseignements. Pour nous, après avoir puisé dans l'accomplissement de ce devoir saint et sacré un nouveau courage, nous allons poursuivre notre pélerinage f?rcé. Errants et dispersés, nous garderons tou.iours comme mot de ralliement cette pensée de SuintJ ust, que pour lo révolutionnaire il n'y a de paix que dans la tombe! Il.-Duv1mornR. AVIJJe Le siége de l'Administration . cli~ }furnal est tran.~fé?·,é à L?ND!l,ES. [fn avis in~eré dans le prochain 1mmero fera connaitre la nouvelle adresse. OPINION DE LA. PRESSE LIBRE EN ANGLETERRE SUR LE COUP D'ÉTAT A JERSEY. Le droit d'asyle accordé aux exilés politiques a Hé de tout temps une des gloires rle la nation anglaise. Nous espérons, pour l'honneur de ce pays, qu'il en sera toujours ainsi. Dans maintes circonstances différentes, le peuple anglais s'est attaché à la conservation de ce privilége national; et alors même que sa propre liberté semblait en péril par, suite de la protection par lui accordée aux d~spotes qui avaient été renversés de leurs trônes, à peme s'est-il élevé une voix dans les classes populaires pour demander l'abolition ou la moindre restriction de cette noble institution. A l'abri d'une loi généreuse et avec l'assistance ouverte <lfl la Cour d'Angleterre, les membres des dynasties étrangères ont souvent choisi nos rivages comme ane retraite ll'où ils attaquaient les libertés de leur patrie .......... .. C'est à l'abri de notre hospitalité que Louis XVIII et le11autres Bourbons ont pu conspirer pour le renversement de la République française et de l'Empire; que l'adroit Louis-Philippe a dressé,· à Twickenham, ses premiers plans pom le retour au pouvoir de la famille royal~ de France. Le droit d'asile a donné à Loms-BoNAPARTE les moyens d'exé~uter son expédition insurrectionnelle de Boulogne. Le droit d'asile a servi u11e secoude fois an Roi-citoyen dans son second exil pour exciter le1j élémens royalistes et miner la Répub 1ique de 1848 . . . . . . . De cet asile, l'habita11t actuel des Tuileries lançait en 1848 ses émissaires et ses pamphlets pour préparer lès voies nu Bonapartisme et saper lies 1,ases de la Constitution démocratique de la France ... _._,Le droit d'asile a servi à GurzoT et à METTERNICH, ces partisans acharnés de la Russie, pour relever en stîreté la politique de la Sainte-Alliance. llfais pourquoi aller chercher si loin que ] 848? A.u moment où nous écrivons, les agents de, CHA MB01w, de MoNTnIOLIN et le parti d'Orléans conspirent activement sur le terrain anglais. Oni, presque aut moment où la lettre tant citée d'u11 proscrit français étai8 lue à Londres, la plus grande partie de la famille d' Orléanvi~nt de sa réunir ù Claremo-nt où - en présence de Gui zot, Salvandy, D1whatel, général Trézel, Hébert et autres meneurs de la clique fusionniste- l'absolutiste NEMOURS et le rusé MoNTPENSIER ont exhorté cette assemblée de conspirateurs royalistes à agir pour le rétablisseme:1ü du gouvernement légitime. Qu'ils conspirent librement! Ce que nous demandons, e'est tout simplement qu'on accorde un droit égal aux exilés de la foi démocratique ...... . Si nous devions <lemander des mesures d'exception, le rappel de l' Alien-Bill, ou toute autre mesure politique, nous n'en demanderions pas certes l'application contre ces bannis, représentants de la liberté, et de la Nationalité desquels !"'Angleterre peut avoir grand besoin dans u11 temps peut-être peu éloigné. Nou~en demanderions }Jlutôt l'application sévère à cette bande d'intrigants ex-royaux:. qui agissent comme les correspondants, les émissaires et" les amis politiques àe notre ennemi, le Czar. Mais heureusement, no.us ne sommes point de cette opinion, nous considérons les Alien-Bills comme ,les anomalies dans notre époque, tandis q_ue le rlroit d'asile est un principe national au dessus des expédients momentanés. Nous ne saurions oublier combirn l'Angleterre doit de reconnais. sauce à ces ancens réfugiés qui, à uue autre époque, fuyant hL persécution politique et religieuse des gouvememe-ats continenta 1 x, ont apporté dans notre pays leur industrfo et leur esprit de liberté. N ou~ ne répondrons pas à leurs bienfaits par la sévérité ...envers des hornmfils qui ont aujourd'hui daus ce pays unll condition analog11e. L'expulsion sommairé de trois réfugiés, quel que soit leur caractère, est une violation de la loi. Ou ils devaient être poursuivis légalement devant la C@ur Royale, ou aucune mesure officielle ne dP.vait Nre prise contre eux. Celui qu'on veut cMtier doit d'abord être entendu. C'est la manière cosaq_ueda condamner un homme uu bannisse-- ment sans l'avoir jugé <l'abord. Quiconque aime à voir les lois régner doit l<entir une grande (louleur en voyant que les choses à Jersey n'ont pas été décidées par la justice, mais par la main arbitraire rl'agents de police étrangers qui ont été assez habiles l'onr fainf des autorités anglaises leurs instruments obéissants. A l'instant· même où nous écrivons, ·UOUS avons 8O1:IS les yeux un extrait d'un journal allemand du 19 octobre dans lequel on affirme " que les réclamations pressantes " adressées au gouvernement anglais il l'égard des réfu- " giés vont être enfin couronnées de succès; qu'il s'agit " d'un traité formel en ver.tu duquel les exilés en An- " gleterrt qui ont attaqué les gouvernements d1i -Conti- " nent seront transportés en Amérique aux frais des " gouver-nements des pays auxquels ils appartiennent. par " leur naissance." Les Anglais se soumettront-i1s à cela._? Nous croyons fermement que non. La moindre infraction à la liberté personnelle des proscrits doit être traitée _comme une affaire nationale (the least infringément on the personal liberty of exiles ought to be treated as a national concern ). Nous voyons cl airemcnt qne c'est le plan des despotes de semer la haine entre nous et ces hommes aujourd'hui exilés, qui, victorieux peut-être demain, setont les chefs de la Démocratie étrangère. Au moment où le trône de Sicile est sur un volcan, où le Saint Siége ne s'appuie que sur les bayonnettes étrangères, où l'Espagne développe les tendances libérales <le la dernière révolution ; au moment où les Chambres allemandes demandent une représentation nationale comme en 1848, où le Mini:,tère danois est jugé deva11t une Haute-Cour pour sa conduite inconstitutionnelle, où la Pologne et la Hongrie restent comme des épines au côté des Puissances germaniques, où en France même, parmi les municipalités et jusque dans les campaines, on voit les signes graves d'un esprit nouveau ; à ce moment, à la veille peut-être d'une résurr.ection populaire, les despotes fourbes s'efforcent de nous amel',ler à des 'actes désastreux pour la liberté de l'Europe commè pour nos propres libertés. Mais les Anglais se sou viendront que _les despotes passerit et que les Nations restent; et si l'on méditait contre les proscrits, à quelque croyance qu'ils appartiennent, de nouvelles mesures illégales, nous sommes sûrs que la, Nation ferait une protestation énergique. " (ltlorning-Advertiser-jeudi 2.5 octobre). ~- Deux J.lfeeting_s ont été tenus dimanche, 21 octobre, à Newcastle, pour blâmer la conduite des autorités de Jersey et prendre la défense des réfugiés. Nous publierons,,, dans notre prochain numéro, les résolutions votées par ces meetings. LOI MARTIALE EN ANGLETERRE. ...... On a procédé sommairement, car il n'y a eu ni défense ni jugement. Le général LoVE, Gouverneur de Jersey, avee autorisation de Lôrù P ALJ.!ER-sToN', éi't à

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