amusements puérils des feu.x d'artifices et des panoramas 1ln équivalent pour son exclusion <légradante du drame a-nimé de la vie réelle, des devoirs de citovrn et des honneurs cle la politique. ·Nos remarques; telles qu'elles litaient, paraissent avoir pénétré au fond de cette solitude impériale dans laquelle l\L L0uis Bonaparte passe les heures heureuses et honorables qu'il peut prendre à· son •travail de destruction et de confiscation. A la tête· d'une énorme armée, ayant le pied-sur la poitri11e-à"une nation à terre, l'homme impassible de la destinée s'est senti ébranlé par quelques lignes écrites dans une langue étrangère par une main inconnue, qui ont sondé les profondeurs de cette conscience difficil~mcnt accessible à la voix <le la vérité. Nous ne pouvons refuser d'entrer dan,; la lice avec un pareil champion. Il a le <lroit de se faire entendre en-son propre nom et au nom des 7,500,000 suffrages du 20 décembre, Nous nfildésirons qu'une chose, c'est qu'il donne à notre réponse la même extension ?e publicité que nons donnons à sa d6fense en Angleterre. l\fais il n'osera pas le -fo,ire. Quoique M. Bonaparte appelle nos censures sans •fondement, il n'ose pas rendre son propre pays juge de leur mérite, et le peuple qu'il'joue avec le mot de liberté, ne saura jamais sur ce sujet que ce qu'il jugera prudent ne signaler dans les colonnes du Moniteur. Nous ne nous laisserons pas détourner de la question Yéritable par les· sarcasmes que l\'.L Bonaparte dirige contre ·1a Con~titution anglaise. Nous sommes très contents •qu'elle soit attaquée µar l'homme qui a juré de rester fidèle à la, République et de remplir les devoirs imposés par la Constitntion; q1,1i a déclaré que son serment lui •·dicterai-t sa conduite à venir et q1t'il le tiendrait comme un homme d'honneur; qui a dénoncé comme ennemis dt, pays tous ceux qui cherèheraient à changer pm· des moyens illégaux ce qne la France avait établi; et qui, après tout eela, a fait la révolution du 2 décembre 1851. Un tel homme n'est pas jnge Jes contrats, pour lui ils n'ont pas d'existence, et nous sommes très satisfaits que notre glorieuse Constitution soit honorée de sa haine et sanctifiée par ses craintes. ' Nous ne nous laisserons pas détourner non pl us par'les imputations que l'autecrate <le l'Elysée ne dédaigne pas de jeter sur nons-mêmes. Nous nous contentons de recevoir les accusations sans fonàement comme un premier avertissement, mais nous ne pouvons condescendre à'y répondre, quoiqu'elles viennent du seigneur et maitre de 36 millions des hommes lés plus braves et les pl us intelligents de la race humaine. Que M. Bonapart'e nous ap11elle l'interprète passionné de parti'S hostiles, le représt:ntant d'une opposition intéressée, et qu'il cherche à faire croire à la nation qu'il a trompée et sabrée, que son go11vernement n'a rien à crain<lre d'trne conviction honnête. Il est vrai, comme il le dit, que no11sne sommes pas, •de même que le Jlfoniteur, l'organe d'une nation; mais dans cette occasion, en tout cas, nous sommes quelque chose de plus, nous sommes l'organe de la conscience de . la race humaine, l'organe de ces sentiments qui ,lis- ·tingnent l'homme de la brute, l'interprète de cette loi :.j·igide de moralité que les juges parjures 11e pe11,ent pervertir et que t<rnt le prestige du succès ne peut éluder. Nous devons, toutefois, répondre à uue seule des accusations qne l'irritation de ~I. Bonaparte l'a poussé à faire contre nous. Nous avons, dit-il, approuvé les révolutipns antc'.!rieures, non parcequ'elles étaient des conquêtes faites par le peuple, mais en raison du sang qui y avait été versé. C'est donc, nous le supposons, parce quQle 2 ou plutôt le 4 Décembre fut pur de sang versé, que nous n'avons pu donner notre a<lhésion à son succès ? Bien certainement la recomman<lation du sang, si tel était notre go(.lt, ne manquait pas, quand, en plein jour, dans le11 Heux les plus f:i;équentés, douze cents passants inoffensifs, -sans armes et n'opposant pas la moindre résistance, ont été massacr6s par la soldatesque ivre que M. Bonaparte avait payée pour cet exploit-.! Non: si·nous d~sapprouvons :Je 2 Décembre, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas en assez -de sang versé. L'anniv~rsàire convenable est le 4 Décembre, et il doit être célébré au 111arché des Innocents. Le nom, au moins, peut rappeler le souYenir de mères égorgées avec leurs enfants dans leurs bras, de vieillards tués sur le seuil de leur J)Ortc, d'enfants de sept ans mas- ·sacrés, tout aussi bien ,-que les autres gloires que M. Bo- ,naparte s'honore de ne pas célébrer. La question réelle est : a·vons-no11srêvé pendant tout ce •temps là ? Est-qe une simple assertion : qu3 la France est ùéshéritée de ses droits, et que la vie politique n'existe plus pour elle, comme le Times ose l'affirmer ? Ou bien fait-dle, au eontraite, comme M. Bonaparte le déclare, le premier essai de la liber~ la rlu_s large ? Si la France jouit de l'existence politique, nous la découvrirons, ,comme pour la vie animale, dans la p-erfection de ses organes, son s6nat, ses 16gis!atenrs, ses généraux, ses magisti·ats, ses con:,eils locaux, et, pardessus tout, sa presse. ·Ses tribunaux sont en ce moment _prési<l~spar les hommes mêmcs.-qui se sont assemblés le i Décembre, afin de prodamer • la déposition du Président pour trahison et , pa.rjure, qui ont prêté serment ,le fidélité à ce même per- :-;onnage au mois rl'Avril, et qui maintenant administrent la loi en son nom, dans tout ce qu'il lui a permis d'e:xi11- - ter, et aussi souvent qu'il veut bien lui laisser suivre son -cours. L'arm6e est commandée par le même général 111agn;m qui, lors du procès de }I. Bonaparte rlevant la -Chambre des Painf pour l'attentat de Beulogne, le c.ou- •:vi:aitde. son mépris pour sa tentative infructueuse <lecorrupt.j.on sur sa per,sonne.. Deruis lors, la tentative a ét6 renouvelée, et uvec un meilleur succès. Ici encore, nous ne trouvons pas la vie politique. Le sénat est une bar,de de pensionnaires mercenaires, sans pournir et sans dignité. Le Corps Législatif peut à peine témoigner sa désapprobation des extravagances ruineuses qu'il ne lui est pas permis d'arrêter. Il n'y a pas encore d'existence ici. Mais il y a là Suffrage Universel, et quoique toutes les institutions que peut nominer ce suffrage, soient privées de toute autorité et de toute dignité, le Suffrage Universel compense ce ùéfa11t insignifiant par la sple1J1leur de son ;nom. Mais pour qut'·ce suffrage serve à quelque chose, il faut que l'élection puisse non seulement donner son vote, mais encore faire uu choix. La liberté implique une alternative, et cette alternative le gouvernemeut français ne l'autorise •pas. Ne pas voter du tout, ou voter pour le cahdidat du gouvernement, et déshonorer ainsi une .institution dont il n'est pas permis de se servir. Nous avons •donc le droit de conclure qu'en France, actuellement, il n'y a pas de vie pelitique; et, si nous p:.-s.,ons des institutions aux actes, nous trouverons dans la spoliation de la famille d'Orléans, et dans les pontons de Larnbessa et de Cayenne, regorgeant de millier,, d'exilés non jngés, la meilleure preure que le granrl but de la société humo1i11e -la protection"de la personne et de la propriété contre les agressions d'-un pouvoir sans loi, n'est pas compris dans le plan du gouvernement actuel dé la France. Si ce qui précède "est nne peinture fidèle de l'état présent de-la Frctnce -~et qui peut nier qu'il en soit ainsi?- n'avons-nous pas le·droit de nous étonner·de la dégénération ·d'une -nation qui, sous Je poids de la dégradation et de la misère que cet homme a accumulées -sur al!e, peut •trouver du temps et du goût pour les revues et 1-esproèessions, pour les fusées volantes et les transp:irents? Et Ja-vue de la France césarienne avec son sénat servile, ses génér:mx mercenaires, ses ministères d'aff;1ires et de plaisirs, ··ses faroué.hes ·prétoriens et ses magistrats soumis, ne nous amène-t-elle pas nécessaireme11t à une comparai- ·son avec les sombres jo~rs de l'empire romain'? M. Bonaparte ·vise à trop de choses. La presse française l'aurait ·dit déjà depuis longtemps, mais la pres~e est mnette. Sa tribune l'aurait dit, mais sa tribune est silencieuse. Une nation ··peut être libre et fière 011 enchainée et soumise; ·mais -il n'est pas permis d'esp~rer que l'on représeute, pour quèlque artifice, la .France vainc de son esclavage et fière de son déshonneur. Dans les louanges menteuses du ivlo11iteur il y a plus d'insultes que clans nos censures honnêtes et loyales. La senitude est d'autant plus p~- sante qu'on lui donne le nom de liberté, et le despotisme n'est jamais pins outrageant que quand il prend le masque du libéralisme. M. Bonaparte repousse les comparaisons avec le Bas-J~mpire. N~ peut-il trouver quelque ressemblance <le famille, pour un personnage au moins, dans ce portrait qr.1eGibbon trace de Commode? - "Au milieu <les acclamations d'une cour de flatteurs, il ne pouvait se cacher à lui-même qu'il avait mérité le mépris et la hai11e de tout homme de sens et de vertu de son empire ; son , esprit férvce était irrité par la conviction qu'il avait rle cette haine, par l'envie qu'il portait à toute sorte de mérite, et par la juste appréhension du danger." ( Times, fin d'Août, 1852.) AU PEUPLEDEJERSEY. Je ne vous choisis pas comme un ennemi parmi les ennemis; je no viens pas vous mettre en cause et récrimi11er contre yos colères; vous n'avez à mes yeux la responsabilité ni de vos emportements ni de vos folies, et. je n'éprouve à votre égard, que sympathie, commisératio11, pitié. De quoi vous accuserais-je en effet? d'avoir condamné sans entendre, banni sans connaître, excommunié sans avoir lu-~ Mais la r~ison de tous ces malheurs (malheurs pour vous,) elle n'est pas eu vous-mêmes. Elle est dans l'ignorance, nuit de l'esprit et senitude de l'âme; elle est daus la misère, cette autre aveugle si facile aux entraînements et que savent si bien exploiter les aristocraties. ,. • ' , "ous êtes jgnorants et pauvres : donc vous n'êtes pas coupables;, et que mes paroles ne· vous blessent pas, car à ce double titre vons êtes pour moi sacrés. Ces deux malheurs, en effet ne sont pas votre œun-e; ces deux crimes ne sont pas vos crimes. Ils viennent des institutions faites ou maintenues contre v~us ~ ils sont la conspiration des siècles, ils s'appellent le fief, l'usure, le privilég-e, le dogme étroit, le fanatisme aveug·le, ennemis séculaires qui vous ont tout pris, l'âme et le corps. Vous êtes pour nous deux fois sacré ! • Et que de frères n'avez-vous pas, encore, dans le monde! Peuple de France, peuple d'Angleterre, peuple d'Allemagne, toutes les Nations-familles de l'Europe, grandes ou petites, en ces deux lignes vous ressemblent: la nuit est sur elles et <lans l<.>ur âme, comme la misère dans leurs foyers : partout la terre est encore aux vampires ! Voilà pourquoi les erreurs fatales des peuples, Jeurs é.garements, leurs idolâtries nous attristent, ~~ais. sans nous entraîner aux colères iniques, ~ !'1mp1été des mia_thêrues. Pour noL~s, républicains, il u y a pas de cnme sans la conscience du crime• il n'y a µas de responsabilité sans lumière. ' Arrière donc, entre 11ous,les mines représailles de la parole et lt>s récriminution3 amères; mais permettez, pauvre île <les naufrages, que j'instruise un peu, devant vous, la cause grave que vous avez si violemment étranglée. Vous étiez, depnis des ~iècles, en assez grand renom, comme terre de refuge, et vous disputiez à la Hollande, ce-t hon11eur historique, cet honneur s~cr~ d'avoit: ou~ert à tous les malheurs le port d asile et la liberte des g-rèves. •Dans leur dernier désastre, les prote-sta11ts de la Rochelle vous envoyèrent une colonie : Jean Cavalier, le héros des Cévennes, <levenu l'hôte de l'Angleterre, fut, je crois, un de vos gouverneurs, et, pt'n<lant ces terribles guerres de religion où la haine fauchait jus9u'aux ~nfants, r~aufrage par naufrage, épave par cpave, il ,·ous vint un peuple. Ce. peuple est resté chez vous, ce peuple a grandi. Vous avez de son sang dans les veines : ses noms sont inscrits sur vos tablettes puroissiales et dans vos registres d'honneur. Vous êtes ce peu: .pie lui-même, les fils <le ce peuple Hlartyr, et 1.:011s proscrivez ! Plus tard, lorsque la· Révolution Francaise, ass.\illie par une te1npê1e de coalitions, se j;ta ~ur la Ven<l~e qui faisait à t'Ouest g·uerre civile et guerre anglaise, 11ne uouvelle émi~-ratioo eut lieu sur YOs côtes: c'étaient des nobles, -des officiers, des prêtres cnt!ioliqnes, tous ennemis acharnés <le vos iustitutious, de vos sectes libre!', et don! les pères nvaient bu le sang protestant, le sang des apôtres, la coupe du Christ! Vous ouvrîtes vos portes, vos paroisses, vos maisons, et vous leur fitès accueil chrétir,1inemcnt, ht1rnainement, : vous aviez raison : t;'était le ma'• heur qui passait, l'exil a droit au foyer· c'est l'hirondelle blessét\ ! Qne faisaient-ils pourta'nt, ces naufragés . de la vieille France? lis co11spiraie11t, ils agitaient les dP-ux côtes 11orrmrnde.et bretonne. Ils avaient des affiliations orga11isées, des correspondances suivies, des ports-repaires, des bateaux messagers, des caisses pleines, des armes ... et des fabriques de faux assignats pour tuer, en inondant 1011 marchés, le dernier crédit, la dernière fortune de la Révolution. Vous ne disiez rien alors; intrignes et complots.• prétendants et faussaires, contrebande et contrerévolutio11, vous laissiez tout entrer, tont circuler, tout passer: - le pavilloll de refuge couvrait. toutes les menées; - et mriiuteuant, vous excommunie7. des idées, vous brûlez des journat!X, vous proscrivez des proscrits ! Permettez-moi de vous le dire, ,•ous nvez fait er~ cela. tuchc à vot:·e histoire, vons avez compron11s, vous avez tralu votre grande et belle trndition de liberté, vous avez éteint sur vos côtes le phare de salut et d'honneur! Certains vous diro!lt que cela n'est rien, et même qu'il y a profit à sacrifier aux dieux étrang-ers, df's hôtes importuns, pauvres, compromett~11ts : détrompez•YQllS ! Les peuples qui déchoient moralement meurent vite, et la faiblesse appelle la servi~ tucle. Savez-vous pourquoi les religions traquées, persécutées, rouées, àurent plus que les r.hevalet~, les bûchers et les maitres? Savez-vous pourquoi les nations envahies. enchaînées et suppliciéf's sont toujours vivantes'? Parce que le caractère comme l'acier au feu, se retrempe dans l'épreuve, dans la douleur, dans le sang, et que le caractère, c'est la force, l'âme, la vie. Malheur aux hommes et malhem aux peuples qui descendent volontairement! Ils ne seront bien~ tôt, ils ne sont déjà plus que des .::adavres. Mais vous n'avez pas seulement entaché votre légende hospitalière et vos riches traditions du naufrc1ge accueilli, consolé, secouru, vous avez aliéné vos privilég-cs, fait litière de· vos inslitutions libres à la force, et demandé vous-même pour sceau de Jersey la poig-née d'un sabre. (ln'y a- t-il en effet dans vos clamenrs du meeting, dans vos propositions et vos solutions? Qlle signifie surtout, cette commission nommée par vou5, et par vous chargée de porter au gouvernement militaire le verdict de vos colères aveugles'? N'estce pas le plus triste renoncement à tout droit humain et protect~ur, à l'enquête, au débat public, à la défense'? N'avez-vous pas déclaré, par Ià, qu'il n'y avait point de justice régulière dans votre pays, ou que vous ne vouliez plus d'autre institution que la dictature? Si vous n'aviez fait qu'ouvrir un meeting, nous excommunier sans no,;1-seomprcndre,_ nous insulter
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