Homme - anno II - n.44 - 3 ottobre 1855

netti fltrenl bientôt <l'accord. l\fais on sait combien tout parti se trouve réduit au moment d'agir; on s'en aperçut quand on voulut compter les voix dont on croyait .pouvoir disposer. Beaucoup hésitaient : ayant moins de haine que leurs chefs, uni' élrction si prfcipitée les épouvantait. \ Les choses en vinrent à ce point, aux dernières heures de la nuit,,que Micara lui-mfüne, qui s'était jus'!u'alers •montré le plus corifiant, ,finit par douter du succès, Déjà; le soleil· commenc;rn.ità· poindre sur les sept collines de la ville éternelle ; ces vieillards étaient fatigués et il n'y avait rien encore d'arrêté. Le plus grand nombre, avant de s'engager, voulait c<mnaitre le nom du candidat. Uuc pareille discussion e!lt reJ1du l'élection impossible. Bernctti et Micara forent les, premiers qui réussirent à persuader à leurs partisans de s'en rapporter à eux sur le choix clu candidat: C'était dfjà beaucoup, mais ce n'était pas encore assez. Les Cardinaux présents au Conclave étaient au nombre de quarante-huit. 'Il fallait réuJlÎr trente-trois voix sur le même 110m,pour que l'élection efrt lieu. Treize Cardinan~ avaient ,voté pour Lambruschini; c'était, y compris la sienne, quatorze voix contraires: le nouveau Pape ne pouvant voter pour lui-même, il fallait s'assurer toutes les autrea voix, ce qui paraissait presqu'impossible à une heure aussi rapprochée de 1'ouvertur~ <lu scrntin. Ce fut alors que des Cardinaux, moins connus dans l'opposition, firent observer que, selon l'usage aprês une défaite, et, quand on cherche à gagner du temps, les partisans de Lamhruschini ép-•rpilleraient probablement leurs votes sur ..J>lusieurs noms qui n'auraient pas de chances sérieuses ; ils s'engagère1ît donc à escamoter quelques voix en faveur <lu candiclat de l'opposition, pourv11 que ce fût un nom peu C'OllllU. Fieschi assurait pouvoir disposer de cinq voix qui, le jour précédent, avaient été ·acquises au Cardinal Soglia. Celle de Mastaï en faisait partie. Le plus habile, en cette ·circonstance, fut le 1Cardinal Amat. Il fut le premier -à convenir qu'on devait laiss~r aux Catdinaux investis· de la çonfiance de leurs collègues le choix d'un Candidat, chose d'autant plus facile à obteuir, suivant lui, qu'aucun de ceux qui se trouvaient à la tête des factiuus ne pouvait Hre soupçonné de vouloir pousser sa propre candidature. En cela il avait raison, car le seul de ces Cardine.ux qui efrt pu être Pape était Micara, le seul membré du ·sacré· Collège q11isincèrement ne le •;ouhît pas. C'était une étrange nature que ce Capucin! Dès qu'on commença à s'entendre, et qu'on demanda ,à Amat de combien- de voix· il pouvait répondre, --lui qui •avait péroré avec ,me grande chaleur pendant toute la nuit, - il changea immédiatement de manière, de ton, et répondit sécbement et'froidement: "J'ai quatre amis qui .. voteront.toujours avec moi, mais nos votes sont acquis " à Mastaï, et pas un <le no11s ne changera." Ce fut aon dernier mot, et tout ce que ses collègues pt.rent dire, :pour l'amener à une transaction, fut inutile. La· •conduite d' Amat étonl)I\ et embarraua ses collègues. Micara, lorsqu'il en i\tt informé, se . contenta de répondre-:" Sang de Sardaigne!" Bernetti, au contraire, qui se trouvait présent, se leva malgré sa goutte pour aller lui serrer la main, et se penchant à ~on oreille lui dit à voix basse - ces deux Cardinaux. se tutoyaient : - " Bravo! tu es un fourbe, je reconnais que je t'avais "mal jugé." Amat lui répondit par un sourire de complaisance, car, par sa manœune, il s'était n·ndu vraiment le maître de la situation. , Bernetti n'avait point d'objection personnelle à faire contre le nom de Mastaï. Leurs rapports avaient toujours été amicaux. C'était lui qui, eu le faisant nommer à l' E- -· vêché d' 1mola, avait ouYcrt à l'ancien Archevêque de Spolette le chemin du Cardinah,t. Connaissant sa 11a~ture faible et sa cumplète inexpérience des affaires de l'Etat, il ne doutait point qu'il ne se laissât nominer par les circo11Stanccs et par les hommes, et il comptait bien en profiter pour devenir encore une fois secrétaire-d'Etat. Mais l'âge de Masta'i Hait un obstacle. l\rastaï, qui n'avait p:is encore cinquante-cinq ans, était trop jeune, selon Bernetti, pour qu'on en fit un. Pape. Les traditions Conclaviste& ont presque .force de loi pour les Cardinaux, et e1les enseignent qu'il ne faut jamais qae <leux longs pontificats se succèdent. Grégoire avait régné seize ::ms, et il Hait à craindre, si on nommait Mastaï, que bO!l règne ne durât davantage. Il était à crainrlre aussi que pareille réflexion n'empêchât plusieurs <les Cardinaux engagés de voter po•n lui, car c'Hait pour un grand nombre renoncer aux éventualités d'un autre conclave. Si cependant on s'arrêtait à ces considérations, il falbit, par suite de l'attitude prise par Amat et les siens,· renoncer à l'espoir d'arriver à une élection dans la matinée. • Bernetti, qui depuis plusieurs années n'avait pas adressé la parole au Cardinal doyen, crut nécessaire de s'entendre directement avec lui:; abdiquant sa vieille rancune, il se rendit à sa cellule appuyé au bras d' Amat. Le vieux Cardinal qui n'a,;ait pas dormi de la nuit, était plus pâlr encoré qu'à l'ordinaire. Etendu sur son lit sans -iraps, snivant l'nsage de son ordre, caressant d'une mah sa longue barbe, blanche comme la neige, il soutenait de l'autre sa tête penchée snr des notes qu'il lisait. C'était un·travail qu'il avait fait lui-même en y ajoutant chaque jour quelques lignes, et qu'on pounüt appeler la biographie secrète du Sacré Collège. A l'entrée de ses deux. collègurs, M:icara tourna sur eux ses yeux noirs do11t la vivacité était extraordinaire, ét, sachant le motif de leur visite, il leur dit avec sa brusquerie habituelle et sans même attendre qu'ili s'expliquassrnt :_" Je duis donc répéter encore uue fois que je " ne connais pas ce l\fastaï ! J'ai sur son compte des notes " curieuses; ou c'est un homme sans caractère ou c'est • " un fourbe de premier ordre .• J'~imerais encore mieux " cela dans l'int'érêt de l'F.glise. !fais après tout, vos émi- " nences le connaissent et pourvu qu'elles soient sùres ,,, qu'il ne transigera pas avec les Gr~goriens, c'est tout ce " que je demande. Du reste, je sens que ma fin est proche, " c'est à ceux qui auront long-temps à faire avec le non- " veau Pape à prendre leurs précautions. Il serait cer- " tainement à désirer -que le personnel du Sacré Collège " fut meilleur, on pourrait alors choisir avec plus de s0- " reté, mais, tel qu'il est, ce Mastaï en vaut probablemeRt " un antre. Pour ma part, je suis assez disposé à sacrifier " au Dieu inconnu, tant ceux que je connais m'inspirent " peu de confiance." Bernetti fit. quelques observations sur f'âge du candidat, mais il fut bientôt interrompu par le doyen : " Que vos " Eminences ne s'er, effraient pas, je viens de lire que " pendant sa jeunesse il a été atteint d'épilepsie; il faut " bien espérer qu;]l en souffrira encore, et puisque vous " êtes de ses amis, vous aurez peut-être avant peu le ·' plaisir d'assister à ses funérailles et de faire encore un " Pape ......... Mais a-t-on compté les votes ? Est-on ·" sOr qn'eu proposant Mastaï nous aurons la majorité ? " c'est là ce qu'il fallait fai,re avant tout pour eu finir a11 " premier scrutin. " Et vraiment on n'élait vns encore a<isuré du nombre des votes nécessaires. Quand bien même tous ceux qni avaient promis ~.uraient tenu parole,-et avec certains vieux rusés il n'y avait pas à s'y fier,-on n'avait pas plus de viugtsept voix. En calculant même qn'on en csr,amotàt <le11xou trois aux adversaires, ce qui eut lie11en efü•t, mais ce qui, alors, n'était p~s encore certain, on n'arrivait pas aux trente-trois votes qu'il fallait réunir, car les Dévots se tenaient à l'écart, sans vouloir entendre parler de coalition. " Corpo di Dio ... , s'écria avec impatience Micara, qui " jurait assez volontiers, nous en sommes réduits à ne pas " même savoir faire l'addition. Vous parlez comme s'il " dépendait de vous n'avoir pour Pape l'un plutôt que " l'autre ; vous discutez quand nous avons à peine deu:x "heures devant nous, et vous n'êtes pas sûrs de pouvoir " disposer de la major:té voulue! C'est vraiment pi- " toyable ! li faudra bien ~ue je m'en ml!le personnelle- " ment, sans cela je vois qu'on n'aboutirait à rien." Et refiéchissaat un instant. il dit, se parlant à lui-même: " Oui les simples .... On a voté pour FalconierL. ... ,ix -" votes .... nous en aurions assez. " Se tournant alors vers ses C0llèg1,1cscomme quelqu'un qui vient de prendre une résolution qu'il ne so croit ro~me pas tenu de communiquer aux autres il les congédia d'un geste assez brusque. " Qu'on m'envoie de suite, ajouta-t-il, le Cardinal Arche- " vêque de Ravenne." "'Quel rustre·! murmurèrent les deux Cardinaux. Mais i-1 a raison : il faut lui envoyer Falconieri." Dès qne ce dernier fut informé du désir du doyen, il s'empressa de se rendre à sa cellule. Nous ne savons ce que Micara dit à Falconieri, mais il dut certainement le prendre par la conscience : en lui montraut que sa candidature divisant le conclave pouvait le prolonger indéfiniment, il dut lui parler du danger de laisser l' i'jglise acéphale. Il dut ajouter que, Doyen, du Collège, il avait le dev0ir de le prévenir de la responsabilité dont il chargeait sa religion en persistant dans une candidature qui empêchait l'élection, et pouvait ainsi compromettre l'intérêt de la Chrétienté. Il n'en fallait pas tant pour convaincre le bon Cardinal, qni s'excusa près du Doyen en l'assurant qu'il n'avait pus cherché à avoir des votes, et qu'il userait de toute son influence sur ses amis pour les décider à voter eu faveur d'un autre, Alors Micara lui propos:i Mastaï. . "C'est un homme <leDieu, ajoutait le rusé moine, un "homme <l'Eglise qui s'est toujours tenu liloig11é des "affaires séculières de l'Etat. Sa conduite 1\ toujo11rs été "exemplaire, co.mme doit être celle d'un Evêque. (Juan<l "je lis : Homo miss us a Deo cui nomen e,-at JJan11cs, je "ne puis m'empêcher de croire que par ces mots le Sei- " gneur a voulu nous montrer ce qne nons de\·011sfaire "en cette circonstance, et que c'est Jean :M:astdï qu'i~ ·• désigne à notre choix. Falconieri se litis~a .facilement persna~er : îl anit rle l'estime pour l'évêque <l'Imola duquel, disait-il, il avait eu l'occasion d'admirer le cotirage dam, les circonstances dont nous avons parlé. Il promit de faire tout ce <1uidépendrait de lui pour que l'élection ei\t lieu le n11:iti11 mè111e. Ou pouvait dès lors regarder la nomination de ~Tastaï comme presqu'assurée. Micarn espérait, m:tis nou sam: détlance ; il craignait la mauvaise foi de ses collègue•, et il jugea prudent de les laisser dans l'incertitude en lt·ur cachant le résultat du colloque qu'il avait eu avec Falconieri. Durant ces menées, Mastaï avait été prévenu ; il se refusa à faire auc:nne démarche, et lai sa même entrevoir que, s'il était élu, il refuser•üt probablement : "J'attends "avec humilité, répondait-il, de connaitre la volo11t~ J.i "Saint-Esprit. C'est après qu'elle se sera manif1;~tée p.:r "les votes de vos Emi11ences que je le prierni de ctitter '' ma réponse. Je ne pourrais accepter un aussi lour,1 "fardeau qu'avec la conviction absolue d'obéir à un or<lr0 "d'en-haut, et avec la confiance qne vos Eminen;·cs von- " dront bie11 m'ai<ler à le porter." Une pareille réponse était <lenature à contentC'r tout le monde ; elle l.,issait des doutes, et donnait <le l'cspfr:ince à chacun. Les Dévots en furent enchantés:" Voilà, clisni<.'11t-ils, 11 de la foi et de l'humilité rhrét.ieunes '." Ils promirent à Falconieri de voter pour :Mastaï. ( J,a suite au prochain numéro.) 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