L'H01'IltIE.-.Jiercredt, 3 Oetob1·e .18.S~. jour on coipmen~a à être homme, et de cette qualité naquit le droit moderne, le droit uuiversel, le droit de l'homme. La vieille société baptisait ses enfants au nom d'une trinité mystérieuse, ombre menaçante qui, du berceau, s'é'tendait sur. toute la vie, damnant, sous le nom de Satan •et de ses pompes, la nature et la joie. La Révolution a baptisé l'homme moderne au nom d'une trinité intelligible: Liberté-Egalité-Fraternité-lumière éternelle dont les rayons traverseront tous les nuages, pour éclairer toutes les têtes, échauffer tous les cœurs. Cette lumière , elle a déjà si profondément pénétré au cœur de l'homme que, j'ose le dire, depuis le prisonnier et le proscrit qui dans leur fière misère, bravent tous les despotismes du monde, jusqu'à l'imbécile héroïque qui se fait tuer sous les drapeaux déshonorés de la France Impériale, i1 n'en est pas un qui ne porte en son cœur le sentiment de l'égalité promise. Grande fut cette époque de la création de l'homme moderne! Imprudence héroïque! fanatisme sublime! pour conquérir la liberté indh·iduelle, ce sceau de l'homme régénéré, on alla jusqu'à briser tous les liens qui rattachaient le travail à sa mère-nouuice, la terre, pour avoir la liberté d'aller et de venir, sans la permission du maître, du seigneur, on s'ôta le pain de la bouche, et on résolut qu'on serait libre dût cette liberté n'être que la liberté de mourir de faim. Et cette libt:rté n'est en effet que la liberté de mourir de faim tant que la création <l'une société faite pour lui et à son image ne répondra pas à la création de l'homme nouvc:.tu ; mais cela est notre tâche, à nons. Nos prédécesseurs ne pouvaient pas to4t faire. Qui osera dire qu'ils n'aient pas fait assez ? Ils ont fait l'homme, à nous de faire la .,ociété. C'est pour cela que nons sommes SocLAJ,ISTES,et que, consciencieusement ou non, à leur nom Je Républicains démocri:ztes, nous ajoutons le nôtre. Mais, disent quelques-uns de nos amis qui, p1r excès de piété filiale, enfermeraient le monde clans le tombeau de nos pères, le Socialisme était dans la Révolution. Pourquoi habillzr <lenoms nouveaux des choses anciennes et connues? }>ourquoivouloir faire du neuf quand il ne s'agit que de continuer ce que la Révolution a commencé ? Oui, disons-nous, aussi : le Socialisme était dans la Révolution comme la société, l'humanité tout entière, - besoins, passions, idées, industrie, art, science,-est dans l'embryon humain; à l'état fœtal, à l'état virtuel, à l'état possible, et non à l'état ré:.:l. Ah! si nos pères de 92 pouvaient revenir, croyez bien que, sur ce point, ils nous diraient: La vraie manièrE de nous continuer c'est de faire passer de l'état virtuel à l'état réel ce Socialisme que la Révolution contenait en germe. Ce que U(}US avons fait, nous l'avons bien fait: n'essayez pas de le recommencer: imiter le passé n'est pas continuer le passé ; au contraire, ne vous donnez pas le ridicule pnéril de faire de vousmêmes des pâles copies, des caricatures de nos terribles ombres. Continuez-nous en étant vous-mêmes des origiRaux, des êtres vrais,ct non des pastiches, et en dist.inguant l'œuvre accomplie de l'œuvre à accomplir. Si vvus comprenez le testament politique que nous vous avons laissé, vous savez cc que vous avez à faire, •et votre tâche est assez belle. ... Voilà ce que nous diraient nos pères, et, j'ose l'affirmer, l'écho de leur grande \'OÎX ne résonne pas aux oreilles de ceux qui n'ent-:ndent pas ces choses. Ce pieux tribut de respect rendu à nos prédécesseurs , en vue de l'œuvre qu'ils ont accomplie; l'homme nouveau, l'œuvre générale à accomplir ainsi déterminéela société nouvelle, - il me reste à examiner quelle est notre tâche particulière et actuelle d,ms ce grand travail du siècle. ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• ♦ ••••••• Cette part du travail, la voici, telle que la nature même des choses nous l'iudique. 1 ° Conspiration. 2° Etude. 3° Propagande. Certes, ce serait le comble de la folie et de la vanité que de se déclarer satisfait de la manière dont nous marchons dans chacune de ces divisions de l'œuvre à faire; mais on ne peut pas dire cependant qu'aucun de ces points es,sentiels de la politique républicaine soit abandonné. Sur le premier point, on comprendra que je n'aie rien à dire ici. Aux yeux d'un monde qui n'a d'autre religion que celle du succès, les tentatives comme celle de Pianori et comme celle des insurgés d'Angers ne se justifient que par la réussite. Espérons que la justification ne se fèra pas trop attendre. Mais en attendant que l'heure de cette justice vienne, disons, car ne pas le dire ser.dt trahir, que la société et l'individu sont en état permanent de légitime d~fense contre les tyrans qui les oppriment, et que ceux qui, comme Pianori, seuls contre un monde armé et sur ses gard.es, jettent dans la balance éternelle, leur vie contre celle d'un despote exécrable, sont des héros que la lâcheté des esclaves peut poursuivre de ses vociférations insensées, maia sur la tombe desquels la m1.indes hommes libres écrira : mo•rtspour la libert-éde leur patrie et du monde! Sur le second point, malgré les grands travaux histo. riques, malgré des 1ivres admirables comme la Lettre 4Vx Etats de Jersey de notre ami Pierre Leroux, malgré une foule de discours et de brochures dans lesquelles la Révolution sociale est comprise et affirmée avec une clarté ton"' nonTelle, malgré tout cela, dis-je, et malgré la pauvreU:qui entrave nos efforts et empêche bien des trafaux de paraître, uous ne pouvons nous empêcher de reconnaître que, généralement, nous ne travaillons pas assez: et que la Révolution peut encore arriver sàns que nous soyons prêts sur une foule de points de la solutioh dC1SqUels dépeudta le salut de la République. Un exemple entre autres : Il se fait en France, en ce moment, sous l'empite d'idées socid.listes, qui, depuis le Saint-Simonisllle, n'ônt cessé de se répandre dans la -aociété, une espèèe d'évolution économiqtte que je pourrais peut ..être formuler en ces termes : mobilisation de la propriété, een.tralisation des services pu,blics. Crédit foncier, crédit mobilier, crédit maritime, crédit agricole, nous voyons 1~crédit s'emparer de tout, tendant à faire de toute propriété un gage transmissible comme un billet de banque. , D'un autre côté, fusion dea compagnies des chemins de fer, fusion des compagnies d'assurances, fusion des compagnies de gaz, fusion iles compagnies d'omnibus ; tout se fusionne et tout nous indique que l'unité tend à se faire dans les services qllÏ revêtent le caractère d'utilité publique. Or, il en est de cette mobilisation de la propriété et àe cette centralisation tlP,sservices publics, comme des machines. Si tout cela fonctionnait, au profit de la communauté, au profit de tous, ce serait très beau et très heureux. Mai11 tout cela fonctionne au profit de quelques compagnies, qui, sous des noms divers, cachent un personnel, toujours le même,de hauts financiers, dont les fortunes scandaleuses constituent une féodalité capitaliste entre les mains de laquelle la classe ouvrière n'est qu'une multitude sans nom et sans avoir. Sur ce développement monstrueux de l'économie politique Impériale, qui fait la lumière, IJUiparle? Personne-. J'ai appelé votre attention sut ces faits si c1nieux et si importants, dont l'exil, rend, il est vrai, l'étude difficile; mais pour peu qu'on y réfléchisse, on verra aisément que ce ne sont pas les sujets d'étude qui manquent et on pensera, comme je le faiii, qu'il est bien malheureux que snr tant de ~oints capitaux la lumière ne se fasse pas. Allons amis : pour gagner le pain de l'exil, nous nous sommes improvisés professeurs, musiciens, dessinateurs, restaurateurs, fleuristes, etc, etc. Ne saurions-nous, avec un peu de persévérance et d'étude, devenir, pour le sà1ut de la République future, des économistes ? Sur le troisième point, la propagande Nationale et Intemationale, les deux sociétés dont la réunion constitue le meeting de ce soir, société dont l'une, la Com11tune Révolutionnaire, a fourni- aux juges ne Bonaparte tant de pamphlets à condamner ; et dont l'autre; le Comité International, embrasse dans l'action faible encore de sa propagande les deux points extrêmes de l'Europe, la Rüssie et l'Angleterre : ces deux sociétôs, dis-je, sans compter les autres propagandes, témoignent encore que si les forces ne répondent pas à la grandeur du but, au moins la conscience de la situation et des devairs qu'elle impose n'est pas absente. Le reste viendra. Je sais qu'on nous a reproché notre alliance avec les Chartistes d'Angleterre. Cette alliance est cependant, si l'on veut y réfléchir, un acte de grande bonne-foi et de grand bon sens ; car en le faisant, nous nous sommes alliés avec les seules gens qui, en Angleterre, pensent et parlent comme nous, et qui non seulement veulent la liberté •politique, mais aussi l'égalité socia1e. Cela n'est peut-être pas très respectable ; mais j-e persiste à. croire que c'est plus sftr que certaine11alliances bourgeoi~es de l'inconsistance desquelles la société anglaise des Amis de l'Italie nous a donné.une si triste preuve, lorsqu'elle déserta, il n'y a pas encore un an, l'œuvre de Mazzini. Du reste, nous tenons fort peu à avoir des alliances respectables aux yeux de l'Angleterre officielle, au contraire. Que l' Aristocratie et la Bourgeoisie anglaises cultivent le Bonaparte ; qu'elles chantent les gloires de l'alliance Impériale; qu'elles accumulent sur elles-mêmes les haines de toute la terre et jusqu'aux mépris du roi Bomba : tant mieux. Que ces chers alliés s'embras~ent; qu'ils s'épousent, et que la même mort unisse pour toujours ceux qui se seront tant aimés! c'est notre vœu le plus cher et c'est aussi celui de nos amis anglais Quant à l'immense et monstrueux drame à l'aide duquel les trois grandes églises chrétiennes, la Grecque, la Protestante et la Romaine, conscientes du danger commun, détournent l'attention des peuples de leurs véritables intérêts, ce n'est pas un suc.cèsou un revers éprouvé par l'une ou l'autre de ces sectes détestables conjurées contre l'esprit nouveau qui changera notre opinion. Non : cette guerre n'est pas une guerre libérale. Ls justice et l'honneur ne sont dans aucun des camps, et l'homme libre ne peut faire de vœux pour a.ucune des parties engagées, à moins pourtant qu'il ne fasse des vœux coutre toutes. Le Czar est le danger, dit-on, pour la société occidentale? Le Czar n'est pas plus le danger que le corbeau n'est un danger pour l'homme vivant; quoique le cadavre de l'homme puisse un jour servir de pa.ture au corbeau. Le danger pour la société actuelle, c'est la maladie eff'ro.yablequ'elle porte en son sein, maladie que la Révolution, remède héro'fque, peut seule guérir. Cette maladie, je ne sais corn.mentla narnmer, c'est le scepticisme à l'état de gangrène ; c'est l'hypocrisie religieuse, politique et morale passée dans le sang; c'est le mensonge, ce poison infect, envahissant tout, la -Yue,la: . ' ,,.. mémoire, la tàison, la ét>nscietlce. Amis, amis, n'en dou. tez pas : cette société n'en a pas )>out longtemps. !u cotnmencemeDtde ce siècle, un m6nsieut de ses 11mis, le soi-disimt philosophe Cousin, lui en donnait encore pour 200 àns. Dans .200 ans, soyez-én cettains, on ne perlera plus d'elle non plus que de M. Co\l!jin. Ses sauveurs~ ses m~decins se dispute'tlt à qui lui d<n1nera le coup de gr&ce. Elle l'a reçu ae M. Bona:p!itte ; et on ne Jhéurt pas aeux fois. Quant à nous, ce qui fait le ~aie dë notre succès futur., c'èst précisément la confotmité de noa aéte!I, de nos paroles et de nos pensées; r.'est la logique de nos emouis et de n-,s ltaines ; c'est l'unité de hotte V!esous tous ses as1>ects, Nous ne croyons pas, nous, à là justice de l)ïeu et à 1a misère éternelle de l'homme ; nous ne téndons pas u~ màin à la vérité et l'àutte au sucéès; nous ne demanao.os pas la liberté politique et l'inégalité sociale; nout ne criotts pas vive là Liberté et vive l'Empereur. Nou3 somrtles un. Là est le signe, là est le gage de notre triomphe définitif. Le jour de ce triomphe, au gré de nos dê~irs, se fait bien attendre; mais lorsqu'il viebdra, la République trouvera pour l'acclamer des lèvres vierges qui n'auront jamais criê d'autre notn qne le sien. Vive la République 1Jni~eraelle, Démocratique et Sociale ! Le citoyen Conrad Dombrowski, exilé :Polo-- nais, a prononcé, en langue anglaœe, un ru.iOOW'I dont, faute d'espaee, nous ne opuvoos puMier q11• les lignes qui suivent : •• 11 Citoyens, "Chaque fois que le .génie de la ~volutioa apparaît, pal'• tout le peuple conquiert une partie de -ses dtititi. l.a Révolution, dont nous célèbrons aujourd'hui l'anniver•àite. a prouvé au monde, par le renversement d'une monarchie et la destruction radicale du système féoilal, qu.e la natioa française, avec le courage des héros de Marathon, H..V&it défendre, comme eux, les droits et la patrie, et 4u-e !'autorité des empereurs et des rois n'était rien çontre lâ puissance dn peuple. " Malheureusement, en cc temps là, le pe11plede Franc! était trop enivré de l'éclat de ses victoires, tr-op con&at dans ses héros, qu'elle-savaient élevés, pour re~allllîtte et adopter les mesures de régénération les phis radicaleJHent efficac~s, et par suite pour C(}n.prendre, 111r !ll&lleabars• il devait asseoir sa prospértté, s'il ne voulait aller aux tl-6. faites." Ici l'orateur explique, avec raison., fjtle le1,graa~ des ventes territoriale• et de main-morte, déoidfÎ~ et ex-écotées par la Révolution contre lea eorpt privilégJés en révolte, au lieu dé tomber dans lt, domaine du peuple, furent accaparéeti par les il«uriers et les diplomates, eouveaux fM'ivité~iés du jour. Il termine ainsi : " Tant que les principes dè propriété-privilége ~ént debo-utet domiMnts, tant que le-srilotiveménts pop1tlaires les respecteront, les Révolutions seïo-nt du irvortettttnts, l'oppression des classes ouvri-ères existe'ra Youjdurs, t!t 1eè vérités Liberlé, Egalité, Fraternité, ne sffont qu'illu!ion amère." ·Le meeting a été clos après un discoura du eitoyen Jones, un cri de vive la Répul,fi<pU aniwstlle, dé11iocratique t sociale! V.A.RIÉTÉS. L'ÉLECTION D'UN PAPÊ. , Il s'agissait de réunir des éléments hét&og~aes, tk,u les quelques heures qui devaient s,.,couler, poar attifet au moment du 8crutin. Il n'y avait qu'un moyen, cln' tur seul sentiment rapprochait les cardinau de l'oppolitionla haine contre leur collègue Larnbruscbini. Le prêtre romain hait bitm, et les Cardinaux, en cela comme en tout, sont supérieurs 1mx autres·. Ile haïa•saient lambruscÀini à cause de soi\ long exêrcice clu pouYoir. ils le haïssaient comme on hait un égal qùi s'est fai; votre supérieur. lia voulaient se venger de son arr.ogance autant que de leur bas$ene; c'est à cel11.que ltastar eet redevable de son élévation. On était obligé, ~arfois! de dissimul~r afin de ~ pas' épouvaater la conscience t1mor~edes Deoob ; mais ueo les autres_ on parlait à c~ur ounrt. On réservait poar les premiers les longs discours sur le besoin qu'avait l'Eglise de se donner un chef; bti ptenait avec enx on air contrit en soupirnt sur la tmtesse des temps et sur le~ dangers d'un retard. Quant aux seconds, suivant les instructions de Micara en posait nettement la question. On prenait en particu: lier les chefs de, factions, et on leur disait : " Voulei- " vous en finir avec Lambrus~hini avant qu'il ne lui ar- '' rive de nouveaux renfort.a ? Son orgueil lui fait espfrer " qu1il remporterait la tia'ré au prem~r tour de scrutin " absolument comfne s'il n't avait q\le lui qui ftlt capabl; " de la coiffer. C'est tme aovvelle insulte pour nous " tous; qu'au ~ns _e, .soit la der11i~re: Il n'a pas p~ " être Pape h1er, fa1sdl.tft ùn ce matm, ce sera plua " st\r pour nous, et pou.r lwi, en m~ umps ce sera " une nde leçon. Laissons pour le moment les nom, Ile " côti, comptons les votes dont chacun de nous peut dis. " poser, nous les réunirons après sur celui que Do.us " auro'1s choisi." Sm ces bases propos~f's -par Fi~schi, A-Mat ~t JI~ .
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