Homme - anno II - n.43 - 26 settembre 1855

,cachots qui ne• s'ouvrent pas, monotones comme vos bagnes, enfers de la souffrance et du soleil, monotones comme la mort qui ne rend rien, mono• tones comme v.os crimes! L'Angleterre, autrefois, pensait et parlait comme nous et les nôtres. Ecoutez ce qn'elle disait il y a trois ans ù peine, clans son grand journal des mar• chands: La politique intérieure de }I. Bonaparte peut être ainsi résumée : suppression de la vérité qui déplait - diffusion de la vérité qui plait- coufiscation des Républicâins et des Orléanistes - proscription et exil de l'intelligence- violence dans les départements- espionnage et délation partout- l'armée et les ouvriers alternativen'ient cajolés, corrompus, effrayés et trompés - les classes hautes at moyennes menacées, flattées el suspeetét•sla loi martiale universelle- la justice nulle p:rt- le jury supprimé- la justice déùaignée~ les fonds haussés- le co1nmercé paralysé- le travail miné- les finances deYenues le grand chemin de la bapqueroute- la tyrannie rendue plus tyranniq\1e par les formes d'une liberté dérisoire- des commis pour ministres-- des parasites pour sénateurs- des muets pour Conseillers d'Etat- des zéros })OUr législa~eurs- l'opi11ion défiée-- mise en suspicion de tout homme et de toutti chose, même de la force qui fait vine le systèmr. - ( 'Cimes du ~ l février 18~2). L'Ang·leterre, aujourd'hui, couvre de ses accla• mations cet emperenr du meurtre' qu't-ille signalait rnwuères à tous les mépris et même au poignard. :Fille de la révolte et g-raudie clans la liberté, ello vient d'accueillir avec idol.\tric ce despote taché de san(Tetdc vices; mais qu'elle y songe bien! Elle 11'a~ra pas impnnéin(Dnt trahi sa religion, ses mœurs, son histoire, en liant comnH·rce av<'c l't>sprit de tyrannie; les institutions qu'<:'llea enclouées; pendant la 0·11erre, comme de vieux canons de n·but, elle ,.., ne les relèvera pas. A-t-rlle oublié la parole princière, fomhée il y a six mois, cles marches dn trône? C'était une prophétie de servitude! L'Ang-lPterre, alliée de Bonaparte, a perùtt son armée; I' Ang·leterre, alliée rin despotisme; a compromis son honneur =. elle c>stfrnpp{~edans son âme et dans son corps. Viennent mawtenar1t les bandes ' ' 11 t' ' • l' •étrangeres que e a recrn ees a pnx < or, pour tenir sa ligue devm1t Sébastopol, et le Coup d'Etat aura ses prt'.itoriens e,.tre Gnildhall et le Parlement! Il y a <les alliances qui 1uent comme les poisons. Reg·arde'.l la France d<:'s hauquiers, des marchands et des propriétaires : elle aussi, bonrgeoisie lùche et défaillantr, die a répudié ses. traditio11s et souscrit l'indig-nc mnrc!ié de la peur. Elle espérait dormir! Eh bien, quand ce n'est pas la g·uerre qui l11i <lonlle le frisson pour ses fils et pour son or, c'est l'assassinat. Ellf' a foit d'un homme son g·ou- \·ernement, .sa religion, son dieu; et cet homme qui n'est qû'nn souOle, cette poussière qui s'agite sous l.l main de la mort, ce néaut de demain, le voilà devenu la chance, le hasard, le problème des heures et des balles ! Les vengeances se lèvent derrière les souvenirs, elles s'embusquent sur tous ses chemins, elles entrent j11s<J11edsans ses palais, et la trngéùie menace tyujours ! C'est la fatalité des crimes. • Pauvre Bourgeoisie ! Elle a livré toutes ses libert,?s à cet homme, elle a fait litière de toutes ses chartes à ses chevaux,- elle a prosterné, devant lui, toutes ses petites indépendances, toutes ses fiertés municipales et parlementaires: elle lui a donné son or, pour ses emprunts et pour ses orgie~; elle s'est humiliée ju~- qu'au silence abject et jusqu'aux hymnes : elle a .payé ses dettes, ratifié ses vols, empli ses caisses, comhlé ses valets, subventionné ses guerres : elle a tout offert et tout souffert .... et cet limmne-proviclence ne peut pas vivre! Ch. Rr BEYROLLES. ---------------------- CORRESPONDANCE ITALIENNE. La question du jour, en Italie, c'est la question Napolitaine. Le mécontentement que les gouvernements An- .glais et Francrüs manifestent contre Ci roi donne aux pauvres patriotes Napolitains l'espoir qu'ils n'auront pas ces deux Puissances pour obsta-cle. Les partis, à Naples, se sont entendus pour agir, pour se rlélivrer de leur insupportable tyran, sanf à s'entendre enc~re _ou ~ cesser de s'entendre après le grand effort. De f~1t, 11 fi y a pas trop de tous les partis réunis pour combattre un pouvoir qui s'àppuie sùr 12,000 mercenaires Suisses, sur la cano.ille tirée des bagnes ( non politiques) qu'il a armée et €mbrigadée, sur une irande partie de l'armée napolitaine qu'il a gorgée d'or et comblée de faveurs, enfin sur la prêtraille et sur l'admir.1istr:ition corruptrice et corrompue, repue .et à repaître. . ' . ,. D'ailleurs, dans un pays où les voies. cle communications ma1iquent où la domination catholique n'a fait que trop de <légats, - retirez les 25,000 républicains massacrés en 1799 par l'entente cordiale de Nelsijn et de Caroline, les CarboRari et les Constitutionnels que l\furat fit massacrer en Calabre et ailleurs, sous prétexte de brigandage, et tous les patriotes pendus, fusillés ou exilés pour les 20 ou 25 conspirations qui se sont succédées de 1814 à 1848 ; - retirez l'émigration en masse, les emprisonnements par brigades exécutés par Bomba en 1848 et depuis ; - et étonnez-vous ensuite si les chances de régénérntion de ce pauvre pays sont incertaines, et si les p:itriotes ont besoin de se grouper sous une set1le bannière. La Pologne a-t-elle pu profiter, hélas ! des événements de 1848, ruinée qu'elle était par les oppressions et les horreurs de 1832 ?... On fait beaucoup de bruit du parti }Iuratiste à Na. ples ; mais tenez pour certain que c'est M. Bonaparte qui fait battre la cai;;se. Te crois que ce parti n•a jamais existé à l'état bien série•x depuis la mort de Joachim, et qu'il n'existe pins à Naples, peut-on dire, depuis 1848. Que le roi fusillé comme un traître 'J.U'ilétait ait laissé d'abord quelques souvenirs, quelques regrets dans les rangs de ceux qui combattirent avec lui, rien d'étonnant. Que l'opposition qui ne pouvait pas se manifester sous des couleurs radicales ait pris 11arfois une nuance muratiste, cela s'explique encore; mais depuis J 848, pins de trace de ces regains. Les vieux so1dats de Murat sont morts. La presse de tous les pays, les livres de toute l'Italie ont discuté la liberté claus ses vrais termes, et le fantôme impérial-bonapartiste n'apparait qu'à. l'aide des lanternemagiques des charlatans. Murat 11'n. pour lui qu'un seul nom; encore celui-là se cnche-t-il honteusement : c'est 1\1. Salicetti qui, drpuis quelque temps est, à Paris, le commensal de ce pri11cemastodonte et le pédagogue de ses enfants. M. S.ilicetti, moins que tout autre, pourra entraîner les Napolitains rlans la ca1Jsede Murat. llf. Salicetti a en pendant un certain temps. une influence assez considérable sur les affaires ile Naples; m·iiS saveZ-\'OllS pourquoi? Parce tJUÏI était le plus puritain o:e tous les pnritain!I, le plus radical entre tous les radicaux dont il présidait les sociét~s secrètes. Or, il. est évident que ses an riens partisans, après une volte-face aussi imprévue et éhontée, le méprisent ; que les modérés dont il a été longtemps l'effroi ne peuvent avoir pour lui la moinrlre considération. Quant au comte Pepoli, qu'il ne faut pas confondre avec l'autre Pepoli de Bologne, vaillant champion de la libe~té, c'est un jeune·homme dont tout le mérite consiste i s'être laissé venir aumonde aYec un nom, et avec le titre de parent d'nn prétendant gros, gras çt ...... vous s~vez le reste. X. Tuer, emprisonner, exiler, transporter et déporter sont, comme chacun sait, manœuvres d'Empire; mais la calomnie joue son rôle dans cette cav<"rne, comme les geôliers ou comme les bourreaux, et ce?x que la force n'a pas frappés, l'antre· tes empoisonne. Voici une lettre datée <leParis, lettre qui porte, à cet égard, enseig·nement. Elle honore l'homme qui, étant aux mains de ses ennemis; veut, avant tont, défendre son caractère, et l'hospitalité que nous lui donnons est, à la fois, devoir et reconnaissance. Au citoyen rédacteur ch l'Homme. Citoyan rl!dacteur, .T'ai recours à la publicité de votre libre journal pour l11J8 protestation que je ue puis faire insérer dans les journaux français. Dans un jugement rendu contre moi, sous l'inculpation <l'outrage à la religion catholique, je lis un considérant ainsi conçu : " En égarrl toutefois à la position particu- " lière de chacun cles inculpés et aux regrets p~r eux " manifestés .... " Je ne sais quel a été le but de mes juges en atténuant ma peine sous un pareil prétexte; to11t ce que je puis affir• mer, c'est que, tout en me défendant avec une modération qui m'est naturelle, je n'ai ni éprouvé ni manifesté aueun regret d'avoir attaqué une secte que je regarde comme déplorablement superstitieuse, et un parti que j'estime être le plus grand ennemi du wmre humain. Tels sont les inflexibles sentiments avec lesquels je ferai ma courte prison, et dans lesquels j'esp~re vivre et mourir. Recevez, citoyen rédacteur, l'expression de mes sentiments fraternels. A. ERDAN. Revue cle la Semaine. Le Maréchal Pélissier annonce qu'il a trouvé dans Sébastopol ( qu'on va raser) 4,000 canons et un immense matériel. La flotte russe, brûlée on coulée durant ce siége de 11 mois, comptait 102 voiles ! Le Czar Alexandre se rend en Crimée ; les Russes se retranchent dans les forts du Nord. Le roi de Naples a destitué s~s Ministres de la Police et de la Guerre, pour calmer les Puissaitces Occidentales .._ Manin et Ricciardi, à léur point de vue particulier, prôtestent comme Mazzini cont~e la propagande Muratiste. La r6)ine Christine et la comtesse de Montijo intriguent pour renverser Espartero et empêchei- l'alliance de l'Espagne avec les Puissances. Une insurrection a éclaté dans les Indes Orien~ tales contre la domination anglaise. Méhémet-Ali, le rival de Reschid-Pacha, vient d'être nommé Capitan Pacha. - Les Turcs, én Asie, ont repoussé l'attaque des Russes contre Kars. Omer Pacha ne peut, faute dé navires, transporter son armée en Asie. Le _Moniteurfrançais a parlé deux fois, depuis huit jours. Dans un premier article assez alarmé, il a dit qu'il y a9rait, ponr l'année courante. u11. déficit de céréales (7 millions d'hectolitres.) Cette déclaration de carence est au dessous de la vériti!. Le Monite,w aurait dit vingt millions, s'il avait exactement relevé les bulletins fournis par l~s conseils généraux des départements. Ainsi, nous avons trouvé dans les feuilles locales plu.sie11rs<le ces bulletins qui accusent 40, 50 et 60 010 de déficit sur la production ordinaire! Ainsi, .insuffisance <le récolte bien marquée dan~ le pays, plu~ d'approvisionnements possibles daus les greniers d'Odessa, et du côté de l' Amériqur, tons les blés à vendre achetés pour I'Anwleterre. Cela promet pour l'hiver! 0 Le Af oniteur tians sa seconde note dément le bruit très répandu dans Paris d'une nouvelle tentative, ('Xécutée par un cent•gardes, sur la personne de ~f. Bonaparte.. L'organe officiel dé.ment mais l'opinion persiste, et comme M:. Bonapart; n'a pas daigné depuis huit jours se montrer ù sou peuple, la version du .Mouiteu·1· n'est g·uères mieu~ acceptée que les victoires du Tartart. VARIÉ'fÉS. L'ÉLRCTION D'UN PAPE. ~mat était Mble a.u~si, originaire de Sardaigne. I1 avait pour Lambrusch1n1 to11t le mépris de l'aristocr:ttf" pour le plébéie11, toute la. haine- du Sarde coatre le Gênois· il savourait la t1endetta comme i-e ferait tm Gorse, ca; les Corses et les Sardes, leurs voisins, se ressemblent beaucoup; et Lambruschini avait offensf Amat non seulèment, en général, par le monopole de l'aut-orité mais aussi dans les relations particulières. ' Le, cardinal Amat s'était, dès ses premiers pas, fait con11a1trepar ses aventures galantes, On parlait bea-ttcoup d'une fem~e, et _cl'uu }Jetit p_eintre qui étaient toujours près de lm, c était pour la maison. Ses assi<luités ailleurs ava!ent .fait scabdal~ à Rome, dans les province où il avait séjourné, et à 1 étranger où on l'avait envoyé ·comme nonce apostolique. Lambruschini, malgré son âge, avait aussi des faibloo- # ses du genre de celles d'Amat; mais, ha-bitué à les cicher sons le masque d'une dignité féroce, il ne pouvaît s',.1ccom_oderde certaine publicité, de sorte qu'en plus d'une circonstance Amat eut à subir de sa part des admonestations, et même des menaces de mesures sévères s'il 11echangeait de manière de vivre. Ceci déplaisait for~ à n?tre c~rdina~ qui n'avait pas e11viede ehangn. Se voir obligé, lm rardmal-archevêque, à endurer de pareils reproches ! La rage le dévorait. Etant cardinal légat à Ravenne, il apprencl un jour que L:imbruschini avait résolu de faire arrêter, pour cause poli!}que, certain~ jeunes g.ens appartenant aux premiè'res famulcs de la ville. Aussitôt, pour se donner le plaisir ~•exaspérer le secrétaire d'Et&t, rl fait appeler ces Jeunes gens, leur expose Je danger qu'ils courent et leur fournit des passeports pour s'évader à l'étranger. Quan<l l'o~dr~ d'arrestation lui arriva, il put répondre que, depms vrngt quatre heures, les prévenus s'étaient éloiO'J1~s du pays, et pour donne'r a11 ministre une fiche de co~solati?n, i_lfi_t~rrêter quelq~es _ouvriers, contre lesquels il y avait, d1sa1t~il, de graves md1ces de culpabilité, mais qui furent relâchés dès les premiers interrogatoires. Ce jet\ ~ui co~ta cher, car son rappel en fut la conséque~c~ 1mméd1ate. Dès ce moment, il y eut entre les deux cardinaux une guerre ouverte qui ne fit qae se continuer au conclave. ' . Les façons fra?cl~es, joviales, l'esprit caustique du cardmal Amat le fa1sa1ent rechqcher, par un certain nombre de ses collègues, par les jeunes particulièrement. .Fieschi ~t quelques-uns de ses. amis avaient, aux premiers scrutms, voté pour le cardmal Soglia; Amati et les sieni;;pour Mastaï. L'amiti~ qui unissait ces deux derniers cardinaux ~ datait rl.e loin. Mastaï était archevêque de Spolète lor.,

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