Homme - anno II - n.42 - 19 settembre 1855

.. quand est· passé le courrier de Sébastopol, voilà pourquoi la France est triste ! Ch. Rrn. UNE PETITE STATISTIQUE. Il n'y a que les chiffres qui parlent, disent les gens positifs, et tous les bons bourgeois de la rente et du couvrti-feu. Laissons donc parler les chiffres : Sous !'.Empire-paix et depuis le premier jour de l'expédition jusqu'au 1er. juillet 1855, ln France avait envoyé ~10,000 soldats en Crimée. Dans le mois d'ao0t, en vue de l'assaut qu'on préparait, de nouveaux contingents sont partis et l'on peut évaluer, avec les derniers renforts, à 300,000, les soldats embarqués. Etaient•ils totis ên ligne dans la dernière affaire'! Hélas ! non; et il est facile de s'Pn co11vaincre. Au 15 jnilld, lt>smutation~ par suite ile mort, enregistrées au .Ministèr<'de la Guerre, s'élevaieut à 85,000 hommes. Le calcul <fospc.rtes, on moyenne et par mois, était de 6,000 hommes. Du lfJ juillet au 15 septembre, en rélevant les morts <le M alnkotr, 011 ne peut guères estimer à moins de 15,000 la pt:!rtefrançaise. Total, ponr. cette campag·ue, nu r.ompte de la France, 100,000 cadavr6s ! C'l'st payer un peu clier la partie sud de Sébastopol, et ..\1. Sibour Hurait mit·ux fait d'offrir la c~ndre qut! l'encens ! Quant aux Anglais, voici à pt>-uprès leur dividende: Dans le cours de 1a campagne, ils ont envoyé 100,000 hommes. lis en ont perdu près de 4-0,000 en bataille ou par le:1 maladies ; et 1'011 ne sait pas e11core le chiffre de la dernière hécatombe. "C'était une boucherie ter1·iblt•," dit le Aforn.inq Chronicle. ~ Nous ne relèverons pas les listes fnnèbres des Piémontais et des Turcs, qui ont moins soutfert. Toujours ('St-il qun dans cette campagne, et pour un siég·e, 400,000 hommes, au moins, ont été mis en ligne; qu'il en est r(1sté 200,000 sur le champ rie g·uerre ou dan!-!les hôpitaux .... et, tcut cela, pour entrer d~m une moitié <leville qu'on u'a pas prise! • N' ous rie comptons pas les centaines de millions: ror u .:.oul~ comme le sang. N Cl\13 a\'ons pris pour règl_è rle ne jamflis intervenir dans les polémiques locales. 1-:trimgcrs, on nous écouterait peu, - Républicains, nous <leviondgarder notrt or• ga1ic à la Révolution. Voilà pourquoi nous avons toujoui·s làissé p:tsser et tomber les insultes, les pro,ocations, les calorunieR, ne défcndr.nt que le droit général et ln grande canse trahie. Maintes fois, pourtant, nous auriru1s dù peut-être entrer en débat, mais nous avions confiance er1 la presse libre d'Angleterre, et nous n'avons jamais étf trompés. Voici, par exemplr. ce qu'on lit dans le 1Vornfo9 Ad. t,ertiser, à propos d'une discussion récente entre un centcnièr de Suint-Hélier, et le chef cle l'autorité militaire : Voici unti périoùe de l'année où le gouverne• ment peut se donner impunt}mflnt le plaisir de oqmmettre rle petits actes ,le despotisme. On est en paix avec les ùiterpellations qui, en d'autres temps, agitent le Parlement de 4 heures et demie à 5 heures. Les gouvernants semblent en conséquence disposés ù profiter <le ce1te immunité, et à pousser une pointe au-delà des limites légitimes de leur autorité. Nous voulons parler de quelques faits qui se sont passés à Jersey et que nous raconterons btièvemeut, Sir G. Grey, paraît-il, dans son ardent désir cle maintenir notre alliance avec Loüis-N apoléon, ·rnudrait pousser les affaires au-delà des limites constitutionnelles, à l' é~ard des réfugiés politiques résidant à Jersey. En A.ngleterrP, cela ne se pourrait pas. L'opinion publique est trop puissante et toujours sur ses gardes. :Mais il n'en est pas ainsi à Jersey. Il y a là qnelques lois très ridicules et très absurdes, des institutions ·antiques manœuvrant très mal, et un Lieutenant-Gouverneur qui, en ceci, s'est acquis nne notoriété peu enviable. Soit l'ana-lyse de ltt ci,riv~rsation-déf,at ~ le Mornfag Advertiser remi ,\ qui de a Mit justice, et termine en ces .iermes: • soient punis ! Mais qu'il ne soit pas dit qu'il est interdit à des individus obéissant à nos lois de rester tranquilles dans notre libnt patrie, et cela, parce qu'ils ne peuvent ressentir des sentiments affeetttcuxenvcrs un hommequi-quelleque soit l'expiation qu'il ait tenté d'en faire, quelque fortemeµt que nous lie à lui notre politique, - a traité ces hommes d'une façon ha1·hare et honteuse, pour ne rien dire du parjure, des massacres, et de tous ses crimes divers. Quant à Victor H ngo et aux hommes de sa .trempe, s'ils ne peuvent, sans être molestés. s'abriter sous notre Constitution prétendue libre et glorieuse ; s'ils n'ont pas, comme uo'us nous vantons de l'avoir tous, la liberté de penser et d'exprimer leur pensée par la parole, par la plume, par la presse ; - ils devront, par logiquè et par dignité, secouer sur nous la poussière de leurs pie4s, comme témoignage contre l'hypocrisie de ûos prétentions de liberté, et se réfugier en Amérique. Mais :-;inous voulons continuer à nous vanter de tendre les bras aux exilés de toutes les nations, et d'offrir un asyle aux opprimés, mettons immédia• tement un terme à ces lâches (paltry) menaces, à ces mesquines tracasseries. ne-.·ue de la Seu1aiue. Les Russes ont évacué les fortifications du imd de Sébastopol et rompu le pont, terminé il y a quelques jours à peine, qui reliait lèi! forts du Nord à la '1ille. La prise des retranchcmenb de , l\1alakoff les a découragés, bi611qu'ils eussent repoussé les attaques des Alliés sur tou3 les autres points. Ils ont hrûlé leur flotte, et incendié leurs magasins. Les troupes alliées ne sont entrées dam la ville en feu qu'avec préeautiou. et en redoutant les explosions des mine.s. Le général Pélissier - nommé Marér-hal de France - affirme qu'il a trouvé dans la place un matériel considérable : on parle de 1,200 canons; mais dans quel état '! La conquête de Sébas(opo1 a cottté cher aux vainqueurs. Les chiffres officiels ne sont pas èncore connus; on parle <leplus de 12,000 hommes hors de combat, dont 2,000 dans le camp a11glais. Les Anglais ont eu 25 officiers tués et l l 4 blessés. Le Times pùblié les noms dè cinq g'~néraÜ~ ffan'- çais tués et de sept blessés\ entre autres le général Bosquet qui commandait devant M alakofî. - Des renforts sont expédiés avec activitô pour remplaçer les victimes de ces sanglants assauts. La nouvelle d-, la prise de Sébastopol a été ~ccueillie avec enthousiasme en Angleterre. En France, Le JJIonitew· a cherché à expliquer là froideur publique en disant "qu'on n'avait pas hierr compris l'importance du succès obtenu." Le Times fait malignement observer que, grâce à la liberté de la presse, tout le monde comprend très• bien la question; il n'est pas besoin de s'y prendre à deux fois pour annoncer un triomphe, comme dans co' pays de F'rànce où la presse gouvernementale est lu3 avec méfütnce, et où la presse 01:>po• sante est forcée de garder lé silence. Les illuminations ordonnées à Paris ont été en partie éteiutes par une pluie d'ora11,e: le ciel semblait conspirer avec l'opinion. Le Times prétend d'ailleurs que les faubourgs populaires, SaintAntoine par exemple, ont illuminé avec plus d'ardeur que les faubourgs St.-Gormain et St.-Ho• coré. La visite du Duc de ~Ionpensier à son cousin de Chambord a été blâmée par le Gou veroement espagnol, qui a, dit•on, ordonné au Duc do rentrer en Espagne; Je fils de Louis-Philippe est entré, à cette occasion, en polémique contre l'Ambassadeur espagnol à Vienne, 1\1. de la Torre Ayllon, un Royaliste modéré. Ces, Messieurs se renvoient des démentis poliment rédigés. Le roi de Naples, meQacé par les escadres anglaise et française, présente d'humbles excuses aux Phissances occidentales. • --•-- Le général Pélissier fait comme Saint-A rnaad de triste mémoire; il correspond exclusivement et directement avec Louis Bonaparte. Ainsi, les dernières dépêches télégraphiques expédiées aux Tuileries y sont restées. Elles doivent porter le nombre q.es morts : mais est-ce que cela regarde la France'? Si les proscrits viol-ea-ties k>is, certes, quïls • La Times annonce l'arrestation, - aux obsèques de Mme Dornès, mère d'un. Représentant républicain tué en Juin 1848, - de Guinard, condamné à la déportation à la suite du 13 J nin, f't mis en liberté par le Coup d'Etat, sans f'avoir demandé et comme malgré lui. Plusieurs ounièrs ont été arrêtés à cé même convoi. ANN1VERSAf.RE DU 22 SEPTEMBR.8 179~. Sur l'invitation de la Société française la Com• m11neRévolutionnaire, le Comité International a résolu de célébrer en commun cette date mémorable, et prie les Démocrates de toute nation, dont le concours est acquis à l'alliance des Peuples, de vouloir bien assister à ce Meeting, qui aura lieu à LoNURES, le Samedi 22 Septembre 1855, dans Scienti.ficInstitution Hall, Jolin Street, Tottenhain' Court Road. Pour le COMITÉ INTERNATIONAL, Le secrétaire, DoMBROWSKI. ~~ARIÉrrÉS. Ce lra•,ail est ex.trait d'un ouvracre encore inédit, mais qui paraîtra bientôt, en °anglais : c'est une série de publications sur la ROME DES PAl'.8S • • • • ' f sep; rnsbtu.1ons, ses mœurs, ses traditions, se~ cri'mes. Le premier volume, ~mquel nous empruntons les pages qui sni,ent, a poll'r objet là vie de Pie IX, ~t 1.00 époque. Dans un chapitre qui précède, l'auteur dii. livre fait le ré~it ~•u~e réunion_ qui ru~ lieu chez le Doyen· du sacre College-cardmal Mrct1.ra.- On. y traita defl prC1jetsde Lambt·usr:hini, de son audace qui avait espérf: obtf'nir d'emblée '4 tiâre au premier scrutin, dans lequel il atJait réuni dix-sept voix. On en conalut, que pour l'e'!'pêch~r de réussir, il fallait faire nommer, le jo1tr suwant, un Pape par ses advenaires ; sur ce, les Cardinaux se séparèrent pour fotrigue'r dans ce sens, On était convenu, afin de laissèr plus d'éapoir à tout le monde, d'aband<Ju.neraux cltefs investis d'un mand<lt de cbnfiance lé soin de désigner un candidat. C'est cette intrigue de nuit ( 14 et 15 juin 1846) dont il est question da11~le chap;tre qui suit, le dou;:ième de l'ouvra,qe. L'ÉLECTION D'UN PAPE. Le dépit et l'espéfonC'e :1gitaient le sommeil des partisans de Lambruschini ; ses ennemis ,·cillaient. Duns le conclave ou ue flt cette riuit que courir d·une ce1lule à l'autre, ( on appelle cellules les appartements des cardinaux), se réunir à deux ou trois, se séparer bientôt pour former de nouveaux groupes. On se transmettait ùes miss.i~es,on proposai: de_sarbitres, on allait au doyen, qui Hait l ame dé la co_usp1rat1on,dem:mdèr des instructions~ prendre dès conseils. Une porte, parfois, s'6uvrait avec mystère ; à. un signe conven11, un vieillard, enveloppé d'un manteau, se détachait de l'ombre dn corridor ; il entrait, et la porte se refermait sur lui. Rlle s'ouvrait de nouveau pour faire sortir un autre cardinal qui allait à la recherche ~•un collègue et le recondui8ait avec les mêmes précautwns. A la tête dès meneurs se faisaient remarquer les car: dinaux Fieschi et Piccolomini. Le prctnîer parlait, l'autre courait, rampant sous les escaliers, arpentant les corridors, :.urveilla-nt ses adversaires, guettant ·ses amis. Il faudrait avoir à ses ordres le Diable de Lesage ponr dire to11tce 9ui se_pass~ dans les diverses cellules; ce qu'on en conta servit à alimenter la curiosité et la médisance de l:t ville pendant plusieurs semaines. Mais on a donn6 assez de détails dans le chapitre précédent, pour penser ~ue le lecteur préfère ici un tableau général de l'9pposi• tton. L'opposition, après la mort. de Grégoire XVI, formait la majorité du sacré· collége, cc qui arrive toujours à la fin d'un long pontificat. Ses fractions n'l!taient donc à p~u près, qu_e.les nuances _entre lesquelles se partage d'ord1mure l opm1011des cardinaux; dans la circonstonce dont il s'agit, ces nuances <levenaient des partis. Nous les désignerons par les noms dont on les appelle à Rome, les EccléBiastiques, les Politiques, les Alécontents, ]es Dévots. Les Ecclésiastiques peuvent ~tre considérés commé des cardinaux pttr ~any; ceùx_qui regrettent toujours le beau temps de Grégoire VII, H1ldebrancl de terrible mémoire qui rêvent la toute puissance eccléiiastique, directe, ag: gressive : hommes d'Eglise plutôt qu'hommes d'Etat qui ne voient dans la souveraineté temporelle qu'une conséquence rigoureuse du dtoit spirituel, ne cherchant dans la puissance dt.r Prince qlt'un soutien de l'autorité du Pontife. Ceux-ci croient encore à la force des excommunications, tout en regrettant de ne pouvoir plus les défendre par des autodafés; ils soupirent après les Mchers et comptent bien les rallumer .un jour. Ne· rèco1.maissant au monde qu'une seule puissance légitime, absolnc, celle de }'Eglise, ils voient dans les princes: ·s~culiers des vassaux plus ou moins insoumis ; dans les peuples, un troupeau égaré, dans le Pape lui-même un usurpateur, et dans ses ministres, des sacrilèges ; car ces cardinaux croient que le gouvernement, de l'Eglise appartient à la totalité de leur coll~ge, au milieu duquel le Pape n·es! autre chose

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