Homme - anno II - n.42 - 19 settembre 1855

,. , vons rle quel côté la courtoisie n'est que de la polite~se et de quel autre elle est une obligatiou. " Les ,,oilà .très nettement expliquées le~ deux wisites, mais quelle insolence, quels mépris hautains et quelle dureté dans les formes! La reine •d'Angleterre aurait été traînée captiye au tombeau •de l'impérial Pmmétliée, qu'on n'en parlerait ·point avec une fierté plus blessante et plus gros- .·sière. L'orgueil de ces goujats fait ventre ! '- Et quel est le journal qui s'exprime de la sorte? 'Une feuille napoléonienne, un organe de la dynastie, tout imprégné des pen1-1éesde l'Empire, et 'qui vit de ses caisses.· . L'outrage est-il assez éclatant et cynique? Ce n'est pas tout, pourtant; cet empereur, cet allié, •ce frère en victoires et ja1Tetières, ce M. Bo- •'llaparte .qui -subventionne l'insulte contre l'Angle- ·terre et sa reine, voudrait, lui, que dans l'empir~ tbritanniq:ue où vivent encore quelques libertés, il ne pût s'élever une parole coutre ses origines im- -I>ures, sa majesté de carrefour et ses victoires de .grand chemin. _ Nous comprenons parfaitement que cet homme •~prouve le besoin d'éteindre partout les lanternes ·et les idées, que toute lumière lui soit importune, et 'qu'il ait. surtout, une haine féroce, absolue contre les protestations de l'exil qui le traquPnt dans sa ·pourpre et dans ·-ses crimes. La conscience, m~me, chez les 1~·randscoupables, a des pudeurs dernières qni saignent et s'irritent qnand s'élèvent, implacai hies, les publics témoignag-es. Tibère se cachait -à Caprée ; il avait peur de l'histbire et du soleil! M. Bonaparte, comme 'l'ibère, est bien dan~ •son rôle,. dans ·son 1vice, dans sa maladie. quand il ,fait dq silence une -loi, la loi suprême de France ; : il est là, dans ses domaines : mais faire taire, à l'étranger~ dans un pays libre, les sévél'Îtés de la conscience et les justices de l'exil, mais vouloir •qne ·ce pays libre étouffe chez lui toutes les voix ,,qui accus~nt et qui défient la contradiction sérieuse, mais aûresser firman d'.expnlsion aux autorités d'e ce même pays libre, pour qu'elles aient -à chasser ceux qui, tombés pour la loi sainte dans leur .pairie, n'ont Jamais troublé celles dn .foyer-refüge, n'e!Jt-ce pas demander ù ce pays libre, à ses.autorités, à son gouvernement, l'abdication et le déshonneur ? Ayant perdu la ·Fra_nce pour luj .garder l'honneur, le droit et la loi, nous ne pouvcin_splus être frappés: que nous importent les latitudes de l'exil? l\Iais si nous 11'a-vonspoint souci personnel, nous voyoas avec regret ·un grand pays co~me l' Angleterre subir des sommations de police qui sont le dernier des outrages, et peu à ,pen se laisser envahir. Que le penplû d'Angleterre lise et médite les lignes napoléoniennes que nous venons de cit~r. il verra quel est l'esprit de l'alliance, et où le mènent les autorités complices ! Ch. RIB. Politique de l'Exlli. Dans le·s articles précédents, nous avons cherché à établir, par des raisons de nature diverse, la nécessité d'une polit.ique pour la démocratie-socialiste en exil. Ce que Hons proposoes, c'est de réalÎ$E'r sur J.e terrain des faits, ce qui existe, croyons-nous, daus l'ordre des idées; à savoir: la constitution du parti républicain en vue <l'une révolution ayant pour but immédiat la revendication des conquêtes de février co11tre l'empi11e assassin qui nous les a ravies par surprise et trahison. Il va de soi q11e nous n'avons ici en vue nulle coalition de partis ·-contraires, nulle confusion sous le nom trompeur d'union~ mais un ralliement de nos forces épars~s sor~sle coma1irn drapeau ; _uneréconciliation loya- ,Ie du parti républicain avec lui-même par l'oubli -de nos fautes et de nos-erreurs; car. nul ne peut ~evanter d'avoir 'été à tous les moments de la lutte d'une parfaite orthodoxie, et tous, à des degrés. rdivers, nous avons failli depuis 1848. La quo:;tion-se ·réduit donc à ces termes bien -simples.: y a-t-il., au point .cl0 vue des principes, un parti.de la révolution, c'est à dire; un parti révolutionnaire démocrate-socialiste ? les faits ont 1~ondu.affirmativement eu des temps encore assez ·près ûe nous et tous individnellement_ nous confir- ,mons encore cette réponse an fonddenos•consèiecës. Autre chose, a dit avec raisôn un publiciste -tminent, .avait été, le 25 février 1848, la proclamat~on de la Républiq,.ue, et autre chose la questiqn révolutionnaire du -trnvail, qui fit de cette rép-ublique un intérêt~ et lni donna seule, aux yeux des masses. unE' valeur réelle; mais, -comme il est de la nature des partis déchus d'entrer dans l'opposition et que la Révoluti0n se détermine surtout par la réaction -qui l'entrave, :il arri\'a bierJt-Ôtque la réforme politique étant rendue solidaire de-la réforme sociale et la liberté de la presse elle-même du droit au travail, la rBvolution, sous -le nom nouveau de Socialisme grossit ses rangs de tous les v;eux amis des libertés publiques: les Ré}}uhlicains de la veille, la plupart du moins, peu soucieux, jusqu'alors, des questions écon~miques, se rangèrent sous le nouveau drapeau de mêarn qu'au lendemain de Février le parti Socialiste, proprement dit, dans ses diverses écoles, s'était prononcé pour le régime ri!publicain, lui jusques-là trop indifférent, sauf quelques exceptions, pour les questions <leforme gouvern€mentalè. . Cette union, qui a fait notre force, durant la période révolutionnaire, si füconde, quoique si courte de 48 à 51, fut consommée officiellement. et solennellement le 29 janvier 1849, par une proclamation commune des deux comités qui avaient divisé la Démocr,'\tie; pendant cette lutte fatale de l'élection pour la Présidence. L'immir-1ence du péril créé par cette première tentative 'du Président nouvellement élu de la République, mit fin à ces longues et laborieuses conférences des deux grandes fractions de la Dé111ocratie et la fusion fut consommée. De ce jour, datent et la constituti_on sérieuse et la force toujours croissante du parti démocrate-socialiste, ainsi que le prouvèrent, au grand effroi de la réaction, nos succès éclatants dans les ·élections générales pour la Législative, et, malgré le 13 Juin, dans les éle<'tions partielle~ qui envoyèr~n-t, succe3sivement, à l'Assemblée, Vidal, Carnot, Deflotte et enfin, Eugène Sue. Depuis le coup de Décembre, cette union, que notre situation de vaincus devrait nous rendre plus sacrée, plus impérieuse, semble s'être relâchée, dissoute, ou si elle subsiste dans les intentions, tout au moins ne se manifeste-t-elle pas dans les actes. . Et c'est ainsi que, quand les événemeufs semblent nous rendre les àrbitres d'une situation chaque jour plus grave, nous nous réduisons volontairement à une impuissance coupable, criminelle. Quelle est la rais_on.d'un pareil état de cbose3? Faut-il en accuser les hommes; seulement ou en chercher une explication-ph:rs-h:mte et-plus-morale dans, lt·s formnles, qui nous ralliant en gronpes divers, nous divis~nt par cela mêmè, et d'un parti compacte et fort que nous étions. ·nous réduisent à un ensemble de coteries et de chapelles dissidentes s'anathématisant mutüellement, ainsi qu'il est arrivé pour le grand parti de la réforme religieuse ; mais les protestants du m•oiris avaient accompli leur œuvrc avant de· se dissondre dans l'infinie variété des sectes· et, il fant le reconnaître,. on les retrouve unis encore et à l'état de parti quand il s'agit de Rome; ne pouvons-nous, à notre tour, et à leur exemple, rallier nos phalanges contre l'empereur, comme ils le font contre le Pape, et mériter éncore le titre glorieux de parti de la Révolution ? Mais, nous dit-on, •que parlez-vous de parti de la Révolution'? nous ea somme3 tous de ce parti, et 11u'estil besoin de s'escrimer ainsi contre le faux et daus le vi<le? Voilà ce que répondent invariablement~ si vous les interrogez, les représentants des divers systèmes politiques, ou économiques; mais s'agit-il de faire réellement œuvre de rarti, de se constituer pour l'action, aussitôt les objections de ple11voir, les réserves de se produire. Avant tont, dit-on, il s'agit d'arrêter un programme en commu;1; de bien déterminf'r le but à atteindre et de se mettre d'accord sur l<'smoyens: et voulant ainsi d'avance, et dans le secret et la sécurité do éabiuN, foire l'œuvre de la Révolution au. lieu rle travailler purement et sim·plement à la Révolution elle-même, il arrive naturellement ceci : chacun ayant ses idées sur la Révohttion 1 n'admet qu'on travaille à sou avénement, qu'à la condition de la comprendre selon une certaine formule, et chaque nuance, prenant son emùlême pour celui• de la vraie Répnblique, s€'mble -rouloir l'élimination de ses. 1'ivales; de telle sorte que le parti dè la Révolution, qui d~vrait comprendre tout le monde et auquel chaqun fait profession d'appartenir, se réduit, en dérnière analyse, à l'individualité rle5 sectés et appartient. à chacone d;elles exclusivement, quand toutes, all contraire, devraient. solidairement Jui appartenir. Il serait hou, cependànt, de s'enteuclre une bor,ine fois, et 5Ï nous avons pu, nous autres sociâ-:' listes, reprocher avec raison aux Républicains de 11égliger le fo,1d pour la forme et ae prendre pour ~ut c.~qui n'était qu'un moyen, ~)ousne devrions pas perdre de vue que nous sommes Républicains démocrates en mème temps que Socialistes : il ne faut pas que, inconséquents à notre tour, nous soyo. s à ce point absorbés par la préoccupation du but que nous négligions les moyens de l'atteindre. L'œuvre de demain qui nous préoccupe avec raison, d'une manière plus spéciale, ne saurait nous disµenser d'apporter notre concours à la tâche d'aujourd'hui, car, sans la République, toute Révolution sociale n'est qu'une utopie à jamais irréa- - lisable; et, en fin de compte, s'il nous appartient de préparer la solution du grand problème de l'avenir, nous ne saurions _avoir la prétentiou peu démocratique, d'imposer nos points de vue spé-. ciaux et nos formules incomplète!i : la solution définitive appartient à la souveraineté sans la sanction de laquelle rien ne saurait préYaloir, et le peuple seul est souverain.· BoNNET-DUVE!RDIER. (A continuer.) LA.VICTOIRE. Il est bien, quand on :;ime le bruit et les fusér.!i, quand on a de riches loi~irs, et q~ie Jes deuils de la guerre ne \lous touchent pas, d'aller en g·raudc~ pompe vi!iliter les cathédrales et d'y célébrer des vict@ires qn'on n'a point gagnées. Ce sont, lit, jeux de princes fainéans, distractions splendides pour les belles dames, spectacle et curiosité pour lf's foules qu'attire11t les chars et les livrées. Mais il y a dans Îes ateliers, dans le~ ferrmis, dans tous lE:-cshantiers du tra~ail et de la douleur, un peuple qui paie toutes ces guerres de son sano- n et de son pr. un peuple qui ne va pas à N utrt:- Dame, et qui aimerait mieux savoir les noms do se_smorts qu'ent~11dre les homéiies de l'évèquo S1hour. • Il y a la famille générale, la patrie, la France engagée dans une lutte sérieuse, et qui, paralysée dans ses activités et ses initiatives, voudrait bien qu'on lui dise où en est cette guer,re qui devait ne durer qu'une saison: or les bulletins officiels, les cantiques d'église. les harangue de cour ne diseut rien de tout cela, et voilà pourquoi la Frflnce, que la voix dtt canon ·remuait jadis si profondément, reste aujonrd'hui "froide et sourde même aux fanfares de Sébastopol. • c·est que l'esprit public, d1111sce pays, a lu logique rapide, et quo les intérêts sentt•11t bien, au fond, que rien u'est décidé dans lès chances. Cette victoire qui n'ei:itré pas dans 11néville assiégée depuis mr an et désormais ouverte. cette garnison vaincue qui se retire entifre derrière une seconde ligne de fortifications non im,esties et non entamées, cette armée de surveillance et do réserve qui tient les chemi11s derrière la ville t\t qui la protège comme un camp, tout ·cela n'indique pas que la lutte soit près de fiuir et qu'on ne puisse encore a·n,it à subir des journbes mativaises. Que la Crimée, d'ai.lleurs, soit conquise et soit occupée par les armées de l'Oceident;,, que le Nord s'effondre ~us les ,bo~lets avec sa garnison, que les m<isses à peu pres 10con11uesd'Ostt->n-Sakeu et de Liprandi soi1ut écrasées ou dispersées, qu'il ne reste pas en Crimée d'autres Russes que · les' morts, croit-on que la tragédie finira pour cela et' q u(! la guerre sera férmée ? Les intérêts savent bien l-e contraire, et voilà pourquoi la Bourse a penr: les intérêts out co~-:- pris, en cela d'accord avec la Hévolutiori, que la Russie nè vivrait pas, ne pourrait pas vivre dans cette honte, et que sa diplomatie nous donnerait la guerre ·générale plutôt que de rendre les armes. .N. e voit-on pas déjà lei premières fumées de cette g·uerre qui se mêleut, là-bas, à celles du Vésuve? - et ne sàit-on pas que tous les gouvernements italiens sont pour la Russie, comme le roi de Naples'? Eh bien, qu'un seul de ces gouvernements •oit attaqué par les Alliés, et l'on verra l'Autriche menacée dans un de ses domaines âp-, peler le _Czar à son aide, et la Prusse qui a toutes ses légions massées ne se fera pas attendre, et l'alliancé secrètè, la grande alliance d~ Nord~ COf!tre l'Ocèident, sera publiquement déclarée ! Il y a donc, devant nous, deux crises qui sont encote à traverser; la première se dénouera sur fes champB dè bataille de la Crimée où les forces ennèmies s'équilihrent et' sont encore en présence;, la sec~nde éparpillera ses bâtailles en Belgique, en Italie, sur' lè Rhin, et nul rie sait qui res'teiâ Je dernrer sur ses chevaux ! • • • • Voilà pourquoi la Prâoce n'a pas tourhé Jâ ·tête

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