Homme - anno II - n.41 - 12 settembre 1855

,-core une fois vos prétoire_., sans p11w; puisque nous n'y pouvons rien, faites largesse à vos peurs; mais n'oubli1~z pas ceci: Ces exécutions vous tueront : la République est dans les campagnes, comme le soleil. Elle s'appelle la l\1.ARIA1ürn, un de ces noms qui baptisent les causes et yui ne . meurent pas. Souvenez-vous des gueux de Hollande ! Ch. RlBEYROLLElïl. o-ouver11ement, de son côté-, n'est pas tranquille, et ~lusie11rs conseils <leministres, doublés, <l,t>snotables Baroche et 'ftoplong, se sont succede daus la semarne. Ces messieuis, rivés au crime de Décembre, sont 'd'avis qu'on fosse des exemplt>s terribles et qu'on reuou~elle·er! ~nmd l~s exécut_ions de Buzançais. Mais le m1mstre Billault qm est· du pays et qui craint les fâcheux retours, a doucereusement insinué qu'amnistier la masse et frappN les ment>m·sétait la bonne et saine politique. M. Bona7 septembre 1855. Les dernières élections municipales viennent •d'éclairer d'un jour nouveau la sitt.ation des partis . parte a réponctu que la justice d,~vait av~ir ~on tour. Elle l'aura tôt ou tard, qu 1I en soit bien 1 certain· mais ce ne seront pas les pauvres carriers d' Ang:rs 'qui auront les plus terribles comptes à renrlre ! '-et celle du gouvernement. Ainsi, sans appel ni ùébat publics, sans réunions préalables, sans journaux libres posant les candidatures et rallinnt ·tes forces, il s'est tout à coup trouvé contre le DeuxDécembre et contre ses hommes, un scrutin formida·ble dans tous les centres petits et grands où • l'abstèntion n'avait pas prévalu. Les deux Charentes, si tristement impr~gnées de Boiiapartisme il y a quatrc ·ans, ont jeLé bas les conseils municipaux à la livrée du gouvernement, et .M.. de Latranchade, un décoré de l'aigle, : s'est vn remplacer en tê!c de la liste- d'Angoulême par l'ex-maire du 24 Févri._cr. , Les populations du bassin dn la Loire, dt>puis ·Clamecy jusqu'à Nantes, c-nt très peu voté; leurs ·-souvenirs irrités les entraînent vers une politique •plus sérieuse qne les oppositions de scrutin, et, les affaires d'Angers le disent assez haut, la Loire, dans son cours tout entier, ne répondra qu'au mot .Ri~VOLUTION. Dans le rayon du Nord. où les pa-ssiorni sont moins ardentes et les souffrances moins vives, ainsi •que les rancirnes, on a, comme dans les Charentes, •voté pour les républicains. Dans le canton de Nouilles (Oise), sur 1_2membres à élire, 10 oandi- ,dats d~ l'opposition domocratiqne sont sortis en •ligne. A Hermes (même, canton), celui qu'i a obt_enu le plus de snffrages avait fait 4 mois de prison • au ~ Décembre. Dans le canton de Méru, le conseil municipal, ré-rnqué par l'autorité aux premiers jours de la dictature, ~vait été remplac.é par un~ comrmssion provisoire; ladite commission pr01.:isoire avc1it toujours • fonctionné depuis. Or, voilà gue les élections s' ouvrant après un interdit, un chômage forcé de quatre années, I~ noms républicains, et des plus avancés de l'ancien· conseil révoqué, sont sortis vainqueurs de l'urne, 18 sur ~1 ! Danf; le Var, dans I'Hérault, dans les Basses- • Alpes, dans l' Arrif'ge, on ne se dérange guères pour aller aux éleçtions ; toute cette ligne méridionale, qui s'étend des Alpes aux Pyrénées, es.t ·un autre chemin de 1ron<le pour la Révolution. C'est la li()'ae des avant-postes, et la France centrale est le camp. Les èitaclelles sont Paris et 1.yon. • • Les départements de l'Est, Haut et Bas-Rhin, ·Meuse; Meurthe et Vosges sont agités par la crainte de l'invasion qui leur rappelle de si cruels Rouvenirs, et la haine que ces rnbustes populatîont éprouvent pour l'étrn1Jger e'.1~ahisseur, les a jusqu'ici retenus dnns leur op'pos1t10n au gouverne111e11t;mais le mépris ~st au fond des masses ; elles comprennent parfaitement que le siège de Sébastopol peut d'un jour à l'autre leur valoir le siè()'e de Verdun, et elles se souviennent que si la R{publique a su les défendre, l'Empire lf-'sa deux fois compromises et per<l11es. Quant à la région de l'Ouest, elle a toujours sa :grnude vermine, les prêtres, et ces habiles, secon- .dés par les hobere~ux,. font à peu près ce_ 911'ils veulent, dans les elect10ns, dans les adm101strations, dans les conseils. A Caen, toutefois', ai11si • qu'à Nantes, ils ne so~t pas tout-à-rait les maîtres, et ils se sentent tournes dans les villes. • Je n'a1 pas voulu vous faire une statistique électorale détaillée, mais j'ai cru hon de vous donner ces quelques renseignements 9n_i <lise1,it!'état (~es partis et nons annoncent un seneux reveII de l opinion. . . Avant de fermer cette lf'ttrf', un mot sur Par:s. La révolte d'Angers a pr?fo11déme1Jt ému les _ou,- vriers des faubourg-s qm ue se> sont pas lmsse tromper par les calomnies intéressées <ln .1.lfonitellr. Des lettres particulières, envoyées par le compagnrmnage, ont été lues dans quelques ateliers, et l'on sait très bien ici co111biena étP. grave ,<.,-ettfa'ffaire qui ne touche pas encore à sa fin. Le Du g-rave au doux, du sévère au grotegque. . M-. Lucien Murat, le ventre-monument, rn fait appeler dans ses salons le roi M nrat, et dans one lettre adressée par lui récemme11t à l'un de ses ueveux, le digïW homme s'exprimait en ces termes: " Puisqt~'il me s,emble, comme à toi, que je snis la seule solution possible (il "'agit de la solutio11 de Naples, c'est-à-dire; d'un royaumP), ie me sms ir~- terdit tout initiative. (Louis XIV qttend !) mais que l'Italie m'ëlppelle, et je serai fier de laservir, etc., etc., etc.", 'fout cela veut dire: Il vaut mieux intriguer de loin et se laissPr foire, là-bas, que d\1ller se commettre en des batailles peu sûres. L'intrigue marohe bien, d'ailleurs, grâce au bourrea11 uapolitain, et il serait possible, si la Révolution italienne ne se tient sur ses O"ardes, de voir bientôt trôner là-bas, à çôté du 0 tombeau de Virg·ilf', MuratSilèn·e, le roi Murat ! J. J. LE LENDE!fAINDELAREV0LUT:0N. Un de nos abonné·s nous envqie l'extrait suivant d'un livre, publié l'an dernier, en Espagne, sous ce titre : le Coup-d'Etat dei:ant le code pénal, et il llOUS demande notre avis sur ces dt>nx termt-•s, sur ces cleux ligues, en révolutiou,-Clémence ou Rig-uenr. - • ~ ._ ~ . . Bitons a•;,bord, c'est l"ombre de Fouquierrrii1ville qui parle, après les expériences de la vie -et les secrets de la tombe, aux Républicains de ce temps: Le lendemain d'une insurrection républicaine victorieuse, on parlera Je générosité et <le clémence ; atten<lezvous y. Il y a des natures nerveuses qui éprouvent une sy111pathie organique pour le malheureux, et qui compâtissent au sort de l'assassin même, quand il est devenu le patient; elles souffrent avec lui par les entrailles~ sa douleur est leur douleur par une sorte de commisération physique et conv11lsive. . . Il est d'autres natnres trop magnammPs, qui ont toujours <le la pitié pour le vaincu et pour le faible, quels qu'ils soient. . . . . . Il y a des âmes honnêtes, mais t1m1<lcs, qui cramdront, en toute sincérité, que 1"011 ne nuis~ par des sévérités mêmes justes et modérées à la répnblique naissante ; des âmes blasées et sceptiques, incapables de la vertu de coli-re contre le crime et· de sainte haine contrè <Jui s'en est souillé. li est, dans toute révolution, des hommes égoïstes et lâches, plus atten1ifs à se mé1111gerune retraite en cas de revers qu'à marcher résolument droit devaut eux, et plus inquiets du salut de leur per~nne que de l'accomplissement des gra11ds devoirs. , , Il y a <les misérables, compromi~ dans le 2 <lécembre, <JUi,poussés par l'espoir d'éch3pper à la loi parce qu'ils n'ont mis qu'tm pied dans le crime, s'évertncront à énerwr la justice afin d émousser üabord son glaive et de le briser ·bientôt entr-e vos mains. li est des cerrompus qui, sans avoir forfait aux lois, ont c(•pendant la conscience mauvaise, et qui, craignant qu'un certain degré rle chaleur et de sévérité ne les consume, chercheront à attiédir la justice nationale. li y a rles vanitt'.is immensl:'s, avides de popularité dans le présent et de-célébrité daus l'aveuir, qui prendront dans le drame le rôle le plus poétique et le plus sûr en même temps. On chantera, eornme dans les chœurs d'une tra. gédie antique, des stances au pardon. J'entends d'ici de~ strophes à l'indulge11ce et. cles odes à -la pitié. On rêvera de Camille Dcsmoi1lins et de sa gloire, comptant bien, d'ailleurs, se préscn·er du tenible dénoûmei-it quil a scell11; et l'on brillera <l'entendre autour de soi le bruit que fit autour d~ nom de l'abbé Delille son poème de la Pitié, versificatiou- san:s .contage, car elle ne fut rimée qu'a11rès la Révolution qu'elle insultait ; pitié posthume! Tous ces sentiments, différents d'origine et de but, mais coufondus sinon alliés ::sons le mf-mc drape:rn, tontes . ' .. ces passions, les unes nobles et respectables, les autres viles et odieuses, tous ces bons instincts, tous ces calculs mauvais puussaont le même cri à vos oreilles. Et, d'un autre côté, le jour même .011 l'u~urpation tom. bera sous la vaillnnce de vos coups, on parlera aussi de réparation et de vengeance. Attendez-vous y également. Il y a parmi vous quelques hommes nourris dans l'étude de notre Révol..ition, à nous; ils sout convainctu, de la légitimité, de la nécessité, de la vertu "de nos mesures révolutionnaires : puissants par leur foi ascétique dans la souveraineté du but, ces hommes, forts par leur sincérité, s'armeront d~s arguments <le la nécessité. D'antres moins sincères, et par cela même plus dangereux, spéculant sur de justes ressentiments, ouvriront toutes leurs voiles au vent de la colère publique afin de faire plus vite leur chemin particulier. Ils brigueront la faveur populaire par la chaleur de leurs écrits, et s'inquièteront peu de sacrifie:r à jamais la République au triomphe momentan0 ·de leurs ambitions coupables. Ils diront : " Le délai pour punir les cuuemis <le la patrie ne " c1oit être que le tern1ls <le les reconnaitre ; il s'agit moin~ " <le les puuir que de les exterminer. La République doit " frapper avec la rapidité de l_afoudre." J'enten<ls déjà les accents de leur fureur sainte et ja lis d'ici lears violents pa.iphlets. Ils auront du crédit, de l'inflnc11 c, de l'autorité sur la masse, car ils flatteront la plus commune et la plus aveugle de ses passions, lit colère. Des misérables, qui courti~cnt à cttte heure lt! crime triomphant, cherche, ont à faire oublier lenrs adulations do la veille par la virulence <le leurs réquisitoires du lendemain. Ils demanderont la tète cles vaincus dont ils m. çoivent anjo1mrlrni le~ faveurs et les mtspris. A les entendrè; nul ne sera à la hautenr. Ils diront : "Celui qui " veut subordonner le sali:tt public aux préjugés du palais, ·• aux invl'rsions des jurisconsultes, est un insensé on un " scélérat qui Vf:'nttuer juridiquement la patrie et !'huma- " nité. Traitre, qui parle de justice régulière!" J'ai vu cette 13ohême à l'œuvre, dans les temps où j'ai vécu. Vous la retrou\·crez an tour de vous. Elle aboiera à vos talon~. Tenez aussi pour certain q11e moins l'on a eu de cœur contre le coup <l'Etat, plus on aur:i. toléré longtemps la tyrannie, plus il y aura de frénésje après la victoire. On v-0mlra se racheter de la honte <l'avoir été pusillanime et. patient outre me~urc, par les violences de langage et les motions immodérées. Des ~olère::s légitimes, saintes, se prêteront mervf>illeui<ement aux manœuvrcs perfides, infernales, des factions liguées contre le pou voir rép11hlicai n. - Les populations, décimées et min es par la persécution de <lécembre, demanderont vengeance au nom d'un père, d'uu frère, d'nu fils, d'une épouse, massacrés en masse le <t décembre, fusillés dans une rue, assassinés dans un bois, noyés dans u11eri\·ière; au nom des malheureux que le désespoir a. po-ussés au sùicidc, des vicillarrls qui se sont tu&s en apprenant la déportation dl:' leurs enfants, des femmes héroïques qui se saut poignardées dans leur priso11. Les bannis rentreront; ils racouteront les souffrances de l'exil et le tourment de la misère dans l'absence; ils demanderont vengeance au nom des familles que l'éloigne111ent du chef a préC'ipitées dans le besoin, au uom des mères qui auront laissé sous la terre étrangère les cercueils de leurs pauvres petits enfants. A leur tour, les déportés reviendront, s'il en vit encore; ils montreront leurs corps flétris et vieillis 1tvant le temps; il~ traineront, par les rues de vos villes et les se11ti rs <le vos campagnes, leurs cadanes, leurs fantômes; ils diront les tortures endurées sous le soleil de r Afriqu ~ et de lu Guyane, lf'ur long supplice dans le bagne de Cayenne; ils peindront l'affreilSe agonie de ceux qui finirent IR., tendaut vers la France oublieuse, iugr.tte, leurs mains crispées par la do11lenr, demandant au bourreau qui \'Cillait à leur chevet, si !'Océan ne portait rien i l'horizon, si les \'aisseaux de la patrie ne vcn.ücnt JldS, et mourant dans le délire du désespoir rle la plus amère dce morts, à trois mille lieues de leur famille dépouillée qui les 'attendra désormais en vain. Les déportés cri<:ront vengeance au uom des martyrs dont les os seront restés sur l'autre rive de la mer, au 'nom des veuves et des orphelins indigents et désolés. Ainsi, lts uns par foi ~incère rlans l'excellence et la légitimité de la répression à outrance, les autres par ambition, ceux-ci par perversité, ceux-là par colère excusable, d'autres enfin par les plus détestables calculs, provoque_. ront sans relâche la victoire à des excès. • Vous entendrez donc le concert de la vengeance qui répondra infatigablC'ment au chœur de la mansuétude. - Le Père Duchêne et le Vieux Cordelier vous assourdiront tous les matins. Eh bien, il fant que la rPvolution, calme sans faiblesse, sévère sans emporteme11s, toujours maîtresse d'elle-même, pre.nne un poirit d'appui solide et contre les courants, tranquilles mais dangereux, rie l'indulgence, et contre lf:'s flots tumultueux de la colère; il faut que la République trouve, pour ainsi dire, un centre rle graYité, afin d'échapper à des oscillations vertigineuses. Le droit commun,· voilà votre ancre et votre aplomb. · " Pas rl'imp,mité pour ks coupables, au mépris clé la loi qui les réclame ; mais pas de lois d'exceptions et de colère; le droit commun! Ni ind~dgedce, ni vengeance, mais justice ! " Note du Rédacte-ur. - Puisque Je redoutable fü'-eusatem pnhlic de notre r.mmi~rP. R..évolu1i.on 1

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