L'HOMME.-ltlereredl, 5, Septe1Dbre 1855. •-~r"------------------------------------------------------ " grande guerre ; comptant 11urla bravoure du sol- ., dat plus que sur leur propre initiative. " 9. Recherche de l'alliance prusso-germanique, .. sans compeusèiltionofferte ni aux peuples, ni aux " souverains. , "' 10. Attitude systématiquE>ment malveillante. à " l'é~ard de la brave nation piémontaise. ... 11.. Pression intempestive sur les cabinets de .,. -Copenhague et de Stockholm, sans offre de ga- "''·rantie dans ·l'avenir. " 12. Rejet per!'listan_tde l'idée d'un rétablisse- ., mt"nt éventue.l de la Pologne, flanc vulnérable ·" de la Russie et qui eftt donné appui continental " aux trnis États scandinaves, Danemark, Suède " et N orwège. . " 13. Hosrilites impolitiques de la part des ma- " rines combin~es contre la nationalité finlaudai-;e, ., et violences inutiles contre les Lapons et le~ Sa- " môïèdes. entr'autr-es le bombardement de Kola, " au· '68e. degré de latitude nord. - " 14. Majestueuse ïmpuissance de la campagne " navale dans la mer Baltique et le-. galfes de .. Both11iPet de 'Fin land,•. ,. 15. Piiblication malheureuse de l'article né- " crologique surle czar Nicola!l, an moment de la •u réouvt:rt.ure des négoci~tions sur Jes bases de •., garanfle~ acceptées par A.lexauclre li. " 16. Publication ae l'article militaire du Mo " f'iiteur, sur l'expédition de Crimée, l~quel, sous .. prétexte' de répondre à notre premier travail, u porte le découragement dans l'armée. •• 17. Publication de_ l'article diplomatique .du .. Mouiteur, sur les négociations, article si utile à •~u l'intérêt autrichien. ' .. 18. Bombardement de Séhastopo1 du 9 au 2.7 •• avril, san, forces suffisant.es pour .risquer l'as- .. saut." Cc résumé, quelque riche qu'il sôit, n'est qu'une première tablette aes folie,i-; ïl y a d'autres feuillets et bien ,plus tristes, au -volume de 'Crimée. mais l'oUièier général n'est pas enuemi des Bonilparte et il ne veut-pas tout dire. Ainsi, dans les deux Mémoires, il n'est nullement question des origines, pas un mot du serment ,violé, du guet-apens organisé, des fraudes, des assassinats, des :,·ois, et de to11te cette orgie monstrueuse de ·Décembre. La -République, la Constitution, la justice, le droit égorgé ~n caserne ne disent rien au cœur de cet homme. Il ne discute que la conduite militaire et diplomatique de l'Empire. Il appartient à .M. Jérôme .... ·s'il ,n'est orléaniste. Toujours est-il quril fait de M. Napoléon III l'homme de toutes les fautl•s:; nom; accepton~. et nous ajoutons , - et l'hamme :de toutes les infamies, !:homme de· tous les crimes. •Les preuves sont faites: et sous le,ciel et dans la tombe, et chez les morts et parmi les vivants, la terre n'est-ell~ •pus contre lui pleine de témoignag,.s ? Le siècle, contre cet homme, n'ei.t qu'une grande cour d'assises. • Un dernier mot : Le premier empereur, comme son ne,·eu sorti du guet-apens, se dfdendit douze ans par le jeu des tiatailles~ et ·pnis la gunre le tua malgré ses victoire~. Combien ·vivra celui-oi, sans gloire et sans prestige ? Vienne l'invasion, et gràce-à la Révolution, la France résistera. Mais que deviendra l'Empire, et que devi(lndra l'oligarchie britannique? ' 'Mariés dans le crime, ils seront mariés dans la mort. •C'est justice. CHAD.Lt8 RIBE YllOI,LJ:S. LE GÈNÉRALHOCHE. E·nfin,je l'ai trouvé; le voici! Hoche est le héros de la révolution. Â près lui, il faut tirer l'échelle; car le 'bé.ros n'est .pas celui qui gagne une bataille, mais bien cèlui qùi gagne une bataille pour une idée. Un" heure de préseuce d·'esprit au milieu de la mit.raille, et voilà une victoire. Si la victoire faisait le héros, on le serait, en conscience, ·à trop bon marché. Qui ne gagne sa .petite virtoire en ce monde avec un grain d'inspiration? Eh ! m:m Dieu, so,ez tranquilles! Dumouriez gagnera 1n sienne ,et 'Pichegru aussi, et celui-ci et celui-là. •Si bien que de victoire en victoire, pour le compte de la révoh1tion en apparencè, on cherchera 'bientôt où est la révolution. • • Le héros de la révolution est donc po.ur quiconque a la.gloire de poser l'idée au dessus du fait ·et la c ·nviction au dessus de la fanfare, le géué. ral qui, vRinqueur ou vamcu, dans ln fortune comme dan!i la disgrlce, sent qu'il porte l'épée de cette révolution, met sa vie eu gage dans cette révolution, grandit pour elle tombe avec elle si elle doit tomber, sert cette cause trois fois sacrée, de son sang, c'est encorf' trop peu, mais de sa peusée tout entière, toujours, quand même, sous l'injure, sous l'injustice. -s'il le faut, sans compter une minute, sans marchander son dévouemen't, général sur le champ de bataille, citoyen le lendemain, baissant rPspectueuiement son épée devant la statue de la liberté. . Tout cela, Hoche l'a fait, dans le rapide éclair de sa destiuée. Voilà pourquoi s.:1..veuvef>stla plus grand~ Vf"uvedu monde entier. Plus je contemple ce jeune homme sorti il l'improviste du peuple pour être le géuie armé du peuplP, plus je lui tro,,ve quelque chose d.e Jeanne d'Arc. une sorte de mens divïuior, l'âme de la patrie. Sans éducation, sans expérience., par je ne sais quelle vision intérieure et quelle voix mysté ..ieuse, sous la tente du bivouac, il comprend le premier, à la frontière, qu'il faut'battre la stratégie par l'inspiration. la méthode par la MarsP-illaise, et en finir une fois pour toutes avec la guerre lente de Frédéric, la guerre péda11te, la guftrre formulée, la guerre cl,tssique, la guerre d'évolutions. la guerre de marches, de co11tre-marches, la guerre de manœuHes, Ja g-uerre de siég..,s, la guerre d~ parades. Il emprunte la devise de Da1iton : l'audaèf\.; et il sauve la révolution. La réflt">xiondoit préparer, disait-il, et la foudre exécuter. •• ·p,,r ce que j'entends dire des Vendéens .. écrivait-il au géuéral Leveneur, je vois que leurs chefs connaissl"nt la vraie et seule manière de combattre qui convienne au ·Français : .Je .choc. A courage égal et même avec u11e11otable i11fériorité d'organisation, croyez que rimpétuosité de l'élan assurera le succès. Les rebelles coure.nt comme clesenra~és 5Ur les canons et fü les prennent parce que nous res ons froidement dans nos figues. lg11ore-t-on qu'il faut que le soldat frauçais avance ou reculf>. et que, le forcer à l'immobilité, c'est le condamner à êtr<"battu '!" Hoche avait foi dans la victoire, parce qu'il avait foi dans la révolutiou. Sous le coup de cette idée il accepte à vingt-six ans ':le commandement de l'armée de la Moselle. C'était' prendre 16 dé eu main et mettre sa ·tête_au jeu. Vaincre ou mourir, pas d'autre alternative. Jamais, peut-être, ~.énéral n'eut plus terrible ehauce à courir. La fr.011tière étëtit franchit>, Laudau était ·bioguét!, rarmée était éparse, et, pourquoi ue pas le dire, démoralisée par une ·série de revers. Enfin 'Saiut-Just était là, ses tablettes à la main, rœil fhé sur les généraux pour sur:preudre au passage toute 11égligt•11coeu toute trahison. Hoche, dès le prt'mÎer jour, fait passer son âme dans l'armée. Notre noU\·ean gf"· néral, disait-ou de ,toutes parts. est jeune CJmmc la révolution, ~t robuste comme le peuple, nous atlous marcher en avant. 1.4oche marcha eu avant, et perdit la bataille de 1 Kayscrlauten. La Convention, comme par une. sorte de .prescience, le fi-licita de sa défaite. Pour apprendre .à vai crt>, disait Turenne. il faut avoi été vai11eu. Peu de temps après, Hoche battait l'ennemi et débloquait Landau. Il avait cette fois le secret de la victoire. Après cette \'Îptoire, Hoche écrit au comité de salut public que, le ·but de la campagne étant dé1,ormaisatteint, il demande à déposf>r le comm,mdement de l'armée de la Most'lle. Il a repoussé l'ennemi., cela lui suffit. Il peut rentrer dans .les raugs maiutenant. Beau temps, Age d'or de la Frauce nouvelle où la patrie sainte régnait seule dans le cœur du soldut. On voudrait nrrêter l'heure à cette date pour voir éteruell~meut ces jeunes vainqueurs, hier hommes du peuple, défiler la poitrine ouverte, enthousiastes ~t graves sous leurs cheveux plats et leurs panaches tricolores, à travers les flammes, les drape.mx frissonnauts et tomber et mourir et mettre la mai11sur leur cœur et crier une dernière fois : Vive la République ! Ils furent heureux ceux-là, ils n'ont pas connu la tentation. Pourquoi Moreau n'eut-il dès lors sa tt,mbe en Allemagne'! Le Directoire a mis en -état de siége la Vendée ; Hoche pourrait voir là sans doute un droit à la dictature·; mais il repousse de toute l'énergie de son ime une semblable prétention. La société civile domine toujours pour lui la petite société de passage appt>lée une armée. Il pose le premier une limite à l'arbitraire du soldat. Si l'€'tat de siége lui parnrt la nécesiité du moment, il cherche autant que possible à en atténuer la rigueur. •• A peine les villes du pays im,urgé, ~crit-il au miniatre de la guerre, ont-elles été mist>s ('Il état de siégc, que quelquet11officiers ont cru pouvoir ,e dispenser des égards dus aux administrations civiles. Sans doute je pense qne la liberté accordée a~~ _chef~ d'armé 1 e ét_ait indispe_nsablt>_,_m~is je n a1 Jamais voulu etabhr le dE>spot1smfn>nhtatre t>t enc~re moio~ être l? des_~ote.Eh grand Dieu ! que sermt-ce. qu une repuh:1quf' dont uue portion des habita ts serait soumise à l'arbitraire d'un seul homme? que deviendrait la liber.té ?" Wa11hington parlait ainsi. Pourquoi faut-il que plus tard, Lazare Hoche, ce grand homme, grand par le-cœur, grand par la pensée, grand par le patriotisme, grand par le désintéressement et trompé par sa. proµre vertu. ait cru, eu voyant la trahisou de Pichegru et la balance penchée du côté cle la réaction, ait cru, dis-jP-, pouvoir redresser brusq_uement l'a?tre plate:m; redresser, pass~ encore; s1mp 0 le. qu_Pshon <!e fait abandonnée au jug-ement de 1 htst -1re, m:us encore formuler la théorif' suivan~e, périlleuse, à mon avis; pour une Démocr.ibe. "Rt>specfer la constitution, dit-il, au profit de c.eux qui s'arment de la constitution pour atta, 1uer la républiqut=-, est l'acte inintelli_o-ent d'une âme tirnorée et d'un citoyen sans énergie. La républiqne préexistant _à1~constitution qni n'en est que la règle, la const1tut.lon peut être considérée comme non-avenue dans ses parties qui. co11trairement à l'esprit et au but, devt-naie11t un moyen de renverser cc que la constitution devait défendre et .co.ns~rver. 'fuut gouvernement attaqué dans son prmc1pe même est perdu s'il se l>orue à la défensive. Ce n'est plus là une opposition plus ou moins sincère qni peut éclairer ou co11te11irc, e so11tdes ennt>mis qu'il faut mettre hors la loi si la loi est imp11issa11tepour les écraser." • . Q_u'est-ce,à dire! républ_ique d'une part et constltut10n de I autrt>, et depms qmrnd donc constitution et république font-elles deux d,ms une démocrutie. et po11yo11~-11ou, isn\'09uer la répuhliqne contre la co11st1tnt1on ! Republtque et co11stitulio11, tout cela est une sf'uJe idée insépar,,hle, née de la m&m..,. fr!ée de dr,oit et de justice. Tm r l'une pour sauver l autre, c est tuer le corps pour sauvPr l'âme. Quand, sous une loi écri'e, garantie commune du peAuplee_tdu gouvernemPnt, le gouvernt>mt•nt, pour etre mieux _gara11ti, permet u11evi ,latiou de ta loi par 1111 coup de force, la loi a beau rester t>nc<>resur le marhrc, elle diSJ)araît de la co11scie11cf! b • A f et teutol un nouveau coup dP furl'f' e,, sens iuverSf' viendra venger cette errt-ur. Q.ii pourrait, e11 effet, prote~t,.r pour réguliré ! La légalité était morte depms longlt·•mps. Eg·org-e1., loi si tu l'oses • ' è ' , mais n esp re plus la reisusciter. La Justice est une, absolu.-, pour u11homme aussi bien que pour tout~ uue 11atio11.Quand un ordre du pouvoir me frappe injusteme11t, je l'nnmènf' tout entière dans mou exil, f'f je la sse derrièr~ moi un vide immeul(e. Q,1i abolit le droit règue d~sormais sur u11dést>rt. Voilà pourquoi jt> lui marchande, pour cede fois, mon u~~ira~ion. ou pl~1tôt.no11,je st•11s ~ue je fais acte d rn.1ust1ct">. J•· retire ma parole. Quand je songe, en t>ffet, à cette vertu, ù cette abnégation, à cet,e belle âme, à cette gloire moissom1t·e dans s,l fleur, à cette vie donnée tout entière au peuple, sans arrière-pe11sée et sans salairf', j'oublie sa faute et je dis quP. nous aurions mauva.ise 0 -..âce nous' ~ t • ses neveux, sauvés ~n partiP- du moins, pétr son épéP, de venir, après coup, forts d'une expérit>11ce qu'il ue pouvait avoir, et d'uut> éd11catio11politique que son t,·mps ne comportait pas, lui reprocht>r, quoi, en dP-fi.nitive ? u Il tort d'ignont11ce large• ment partagé par sa ~énération. Et 1111 jour, ie l'espère. quand un siècle mt>illeur uura r<'mis l'ordre da11sl'histoirP-, dl'S jeunes filles vêtue~ de blanc défileront, des palmes à la main, devaut la statue de Hoche en chantant l'hymne du héros. Car il fut un hé· os, je maintien& le mot, et l(t héros de la révolution. Voulez.vous le juger d'ailleurs à sa véritable mesnre ? Mettez en regard le- ~é11éral de l'absolutisme,'celui-ci ou ct>lui-là, peu importe le nom qut• vous voudrez, homme sans idées ou plutôt de tontes les idées à tour de rôle. ,selon le vent de la fortune, q11in'a ui foi, ni conviction, ni patrie, car lu pairie t>stune couYiction. une cho~e morale, qui ne fait la guerre que pour faire la guerre, que pour savourer l'émotion tragi- ·que du comba,, quf> pnur monter d'un grade de plus ou émailler sa vie d'une vanité en dehors de l'idée, et qui, pour un peu de bruit sur son uom ou . un peu d'or sur sa main, fait le métier de condottier en grand, met sous les pieds toutes les lois divines et humaine, bombarde, fusille, brtîle, massa• cre des villes entières, fouette, éveutre des femmes, des enfants, lai,se partout derrière lui une longue traînée d'ntroeités et de tadan-~ ot, tout
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==