Homme - anno II - n.39 - 29 agosto 1855

". ' trahison; reposez-Tous en ée lieu propice et méditez no peu sur votre alliance ! Où pourrez-vous donc, ô raison d'Etat, vous àbriter dans ce magnifique Pt1ris, sans trouver autour de vous, les misères, les crimes et les taches de sang? Si vous all!'z visiter les tombeaux, vous ne pouvez pas 01.blier celui des Invalides qui est l'autel domestique de la dynastie votre sœur; entrez donc, dans le caY-ea.udu mort de Sainte-Hélène, et lisez : ' . " Je lèg•ue l'opprobre de ma mort à la Maison régnante 'd'Angleterre!" , Telles sont les dernières parolf's testamentaires de celui qui fut tout le premier 'empire; commentez les avec Je second qui vous fait si grand accueil et si large fête. Le frélon est au fond des 'roses ! ' Un dernier mot : T:-utes ces visites, cordialités èt parades ne sont que mensong-es. Bonaparte, qui ~ subi tous les mépris, a soif de toutes les grandeurs; c'est la sensualité qui se venge ; voilà pourquoi le voyage de la reine à Paris. Quant à la France., sans tribunes, sans dignité, sans peuple libre, on ne la voit p·às: 1esgu pures et les lustres attirent les oisifs, mais les masses restent à l'écart, et la reine d'Angleterre n'a vu que le carnaval d'un gouvernement! Ch. RIBEYROLLES. Voici une lettre de soldat;, ce n'est ni grammaire -ni protocole, mais c'est vrai : . '' Chers parents, " Depuis J 4 mo:a j'ai pass~ par de rudes épreuves, et jamais on ne pourrait croire ce que l'homme peut endurer. L'hinr rigoureux a décimé nos rangs avec autant de cruauté, que la moitié de nos frères ont eu les pieds ou les mains gelés. On était si . harassi de fatigue qu'on dormait dans les bourbiers, et là, en s'éveillant, il fallait faire un effort pour se lever où on était collé ; on était -gelé enfin. Mais ces horrt1us que nous prenions pour l'apogée_des souffrances, n'étaient rien en pensant à ce que nous souffrons aujourd'hui : le choléra, le typhus et la petite-vérole nous font une guerre bien plus terrible que les Russes, quoique ce11x-cine badinent pas. " Nous sommes sur la Tschernaïa, pays plus malsain que les hauteurs de Balaclava ou du côté de Sébastopol ; enfin, de ,,uel rôté qu'on soit, on y respire l'air empesté des milliers de cadavres qui pourrissent dans une terre où tr~s souvent on ne pe:ut faire les trous assez profonds, car on rencontre le roc partout. J t: ne puis mieux vous dire que depuis Balaclava à la Tschernaïa, à lnkermann et Kamiesc.h, ce n'eat qu'un vaste cimetière. On nous a annoncé, il y a huit jo1Jrs, que la ravalerie retournerait à Varna, après le bombardement, qui ne peut et ne doit passer le 20 AoQt. C'est inouï, et celui qui ne voit pas les prépa•atifs, les munitions de guure ne s'en fera jamais une idée. On pr~11d beaucoup de précautions, et Pélissier ne nous fera plus si légèrement mitrailler qu'au l 8 Tuin...... Quelle bourherie ' ...... Quel crime !. ... .. C'est une leçon qui roûte cher à la France, et nous nous en trouverons bien, c·ar on n'ira plus en écolier. Comme qu'il en aille, bitn ou mal, de suite après le prochain bombardement, une graude partie des troupes sera dirigée sur Varna : nous avons étt- avertis. / " Si cette lettre vous parvient, c'est qu'elle aura été passée en contreban.de, car il faut toutes les porter au colonel, "ouvertes," avant qu"elles ue partent pour la France. Quelle gtierrè ! Cher père, faia ton possible pour me tirer d'ici, où l'on n'a qu'à mourir, soit par les maladies, soit par le fer c:lee Russes. "Nous n'avons pas encore fait un pas sur les anciennes fortifications, c'est-à-dire comme Sébastopol était l'année • dernière, en Septembre, après la bataille de l' Alma. Le mamelon Vert, la tour de Malakoff'même, ne sont qus des ouvrages extérieurs. On a eu bonne coutenanre longtemps, mais maintenant on perd courage; d'ailleurs, le noyau de l'armée n'existe plus; ces zouaves, ces soldats d'Afrique n'existent plus; tout re qui est ici ce sont des troupes fraîches dans le ra11g desquelles on compte bon nombre de conscrits qui n'arrivent que pour passtr à l'hôpital et être retournés à Constantinople, où les diarrhées les fini ■sent. De notre escadron, nous sommes l 4 de l'a11 11ée dernière, tout le re'ste n'est plus. En visitant les Piémontais, f aï rencontré un Savoyard qui est d'un village tout près de Genève (Annemasse). Ainsi, pour le 20, à quelques jours près, le brutal va ronfler d'une manière formidable; gare les Russes, si cela va bien ! on eat outr~ dep11isle 18 Juin ; quelle revanche ils auront! " Une armée commandée par tant de chefs ne peut bien marcher ; on se plaint dans tout le camp, et tous les alli~s demandent un chef. Nos premiers sont toujo1irs à couteaux tirés ;' "Omer est µn orgueilleux, Pélissier un brutal, Simpson un' philosophe;' Raglan était un dormeur, il mettait un jour )à ruminer un " oui" ou· un ''non." Bosquet serait le moins mau-vais,mais il a des ennemis. Nous n'avons pas de chefs, car tout ce qui est ici danse d'après le télégraphe de Paris. Le soldat n'ayant pas confianr.e, tu peux pénser ce qui s'ensuit ....... Tout ce que je puis te dire sur Sébastopol, c'est que sur mille guerriers il n'y a pas le tiers qui croient à la possibilité d-e le P:e12clre,au moins sans changer le plan de campagne. On bâtit partout, à Balaclava, mais surtout à Kamiesch, meme sur les hauteurs, et on fait de joliea constructions, solides, ce qui veut dire qu'on n'est ptts près de quitter le " cimetière," comme nous l'appelons." ReYoe de la IJenaaioe. Un armistice de deux jours a été conclu pour enterrer les morts de la bataille de Traktyr sur la 'fchernaya. Les Russes, forcés de trav;rser les ravines sous le feu de l'artillerie, n'ont •p•1en venir aux mains avec les Alli~s, et ont fait des pertes énormes sans résultat. Le nombre de leurs morts s'élève à 3,129. Le 23 Août, les Français ont enlevé une embusc-ade russe sur le glacis de Malakhotf, et repoussé une sortie de 500 hommes. Le général Mac-Mahon est arrivé pour prendre le commandement de la division Canrobert. Omer-P~cha va partir pour la Turquie Asiatique, envahie par les Russes qui menacent à la fois Kar~ et _Erzerou~. , Les 1rurcs se fatiguent de leur-mact on en C.11nee, où les forces s'amoncellent des dt>uxcôtés et se préparent à une campagne d'hyver. . L'Angleterre enrôle une légion italienne, et en établit le quartier-général à N ovarre, sur la frontière de la Lombardie, ce qui déplaît beaucoup-à l'Autriche. La deuxième Chambre de Wurtemhera- vient d)A d' t=, etre 1ssoutf'p~ur ses votes contre la Diète. Le roi Othon, profitant de l'agitation patriotique des Hellènes, intrigue pour se débarrasser de ~avr~cordato et de ~alergi. min~stres aujourd'hui imposes par les Puissances Occ1dentales, mais à qui la Cour ne pardonne p•ls d'avoir substitué un gouvernement. constitutionnel au pouvoir absolutiste des Bavarois, il y a li ans. Dans la province de Namur (Belgique), -les habitants de la campagne s'étant-ameutés contre des fabriques de produits chimiques dont ils croyaient les va1,eurs pernicieuses pour leurs récoltes, on a envoyé des troupes pour protéger l~s fabriques .. Les soldats ont fait ft>u,à diverses reprises., et tué ou blessé plusie.urs personnes inoffensit'es. L~s f~uilles catholiques affirment que la foule aurait repondu aux feux de pelotons par le cri : Vive la République ! Tandis que l'Angleterre s'efforce vainement· de recruter à prix d'or des soldats. elle s'obstine à maintenir toutt' son ancienne et vicieuse organisation militaire. Il y a quelques jours encore, au camp d'Aldershot, deux soldats anglais ont subi le supplice du fouet, et l'un d'eux en est mort. L' Anglflterre conserve à la fois la potence et le fouet ; la Russie se contente du knout. • 8~len~e populaire. ' LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE. Quoique la nature ne se plict pas au gré des désirs de l'homme; quoique ses modes d'action soient pour la plupart inconnus et infinis comme elle, quoique la futilité ~es hrpothèses humaines apparaisse tout entière, quand 1espnt se reporte du champ rétréci de la théorie aux applications sans limites des méthodes acquises, il n"en eft pas moir1-.vrai que nous n'avançons pas à pas dans les abimes de la science qu'à l'aide de systèmes, de théories, rlüs à l'esprit généralisateur d'hommes de gér1ie vraiment dignes de notre vénération. Sans doute, l'inconnu doit s'attaquer par la méthode analytique, sans doute l'analyse est l'arme la plus efficace entre les mains des innombrables soldats dn progrès ; ·mais il est des limites auxquelles ils doinnt s'arrêter, il est des frontières qu'ils ne peuvent dépasser qu'en s'exposa~t à périr sani: gloire et sans fruit dan, les steppes arides que n'out pas encore défrichées les hardis Colomba sortis 'mécontents du vieux monde. Voilà pourquoi les systèmes et les théories appuyés uniquement sur la méthode analytique et basés par conséquent sur des détails et non sur •n ensemble d'observations et ·d'expériences péris11ent, soit avec· leur. auteur, soit nec quelques adhérents qu'une idée juste en soi peut-être, mais condamnée~à n'embr11-1.'ler qu'une.minime ' partie et non la totalitG des faits acquis, avait d'abord sédttits et groupés autour de lui. Les exemples de ces naufrages de théories acceptées un instant, sont si nombreux et si présents à la mémoire des amis de la science qu'il est inutile de les rappeler ici. Aussi Auguste Comte a-t-il justement reproché aux savants de notre siècle de se perdre dans· les détaîls des connaissances humaines au lieu de chercher à résurr.er et à vulgariser la sc:ence; il a reproché avec raison aux algébristes de fa.ire sottement de l'algèbre pour l'algèbre, sans autre but <tue d'épuiser des combinaisons· infinies par elles-mêmes et par conséquent inépuisables. En voyant d ,ns les musées, ceii collections de papillons aux variétés infinies, ces séries de coquillages de toutes les dimensions et de toutes les formes, recueillis et rangés par famille, avec un soin scrupuleux, au prix de travaux, de recherches, de frais immenses, on ne peut s'empêcher de rendre justice au mérite du collectionneur et de le tro11ver peu récompensé par l'attention distraite de quelques curieux arrêtés devant ses vitrines. Mais n'a-ton pas aussi le droit de se demander en même temps si jamais un autre homme que le collectionneur lui.même a pris la peine de vérifier dans le catalogue les noms de ces papillons, de ces coquillages, et l'ordre dans lequel ils ont été si précieusement rangés? N'a-t.on pas le droit de penser à-part-soi, qu'une collection de grains de sab!e ramasséM au h:isarù sur le bord de la mer n'exciterait pas un moindre hitérêt et serait tout aussi parfaitement inutile à l'avancement de la sci.mce et des· connaissances humaines? On ne fiaurait vraiment trop répliter que nous nous perdons dans les détails, dans les monographies, dans les infiniment petits. Chacun bâtit $i011 petit théâtre dans sc,n petit coin, pour son petit public qui paie mieux que le grand et pnsonne ne fait rien pour le peuple, ce grartd enfant qui ne demande ·qu'à briser ses joujoux, ses hochets de nourrice, pourvu qu'on lui montre clairement ut1but digne de lui, pourvu qu'on lui ouvre à deux battants la, porte qui conduit à l'arbre de science. Généraliser, simplifier, vulgariser, ramener tous les enseignements à leurs limites naturelles, pour pouvoir donner à l'éducation universelle le caractère encyclopédique qu'elle doit avoir, n'est-ce pas le seeret que nous cherchons dans le présent et que nous demande l'avenir? N'est-cc pas vraiment la sol•Jtion que trôuveront nos arrière-neveux et qui les amènera forcément à rire de notre ignorance, sinon à mépriser notre impuissance et notre désespoir de J ocrii-ses ? Daus- l'a_venir, -go11verners'appellera en'st-igner. Non enseigner dérisoirement des mots·sonores aussitôt oubliés qu'appris, non tourmenter de vaines formules algébriques, non admirer des faits puérils décorés du nom d'histoire non édifier des hypothèses plus ou moins absutdes, sacri~ • légement appelées théologie, non déguiser en articles de loi des maximes rle voleurs de grand chemin, non débiter du haut d'une chaire une· morale à l'usage des laquais ; mais enseigner le _vrai,le bien, le beau, le juste au moyen de d~monst:rations aussi parfaitement irréfutables que deux et deux font quatre ou les trois _ànglebd'un triangle • ~ont égaux à deux angle~ droits. Tant que la direction socia1e n'aura pas subi cette • transformation, tant que le gouvernemen\ n'aura pas quitté le terrain de l'autorité à priori pour r.evêtir le caractère d'enseignement en ce sens, ce prétendu gouvernement ne cessera..d'engendrer le màl physique et moral ; il ne cessera d'avoir pour but l'Rbrutissement de l'homm'e, pour moyen la tyrannie et la superstition, et pour résultat , find l'annihilation graduelle de l'humanité. J.-Ph. BE.RJEAU. VARIÉTÉS. Depuis que la· pensée politi~ue est morte en France, avec la liberté sa nourrice et .sa muse, qu_elque! e!iprits qu~ souffraient, et qui JJe pouvaient -vivredu succes de nos armes et des 11J,a9nificences de la force, se, sont réfugiés dans la Science et la Philosophie. • 1 . C'est, en. ce, mo_ment,la seule note fr3:nçaise (}\\ vibre et qui revedle ua peu le cimetière. Voilà pourquoi nous empruntons souvent, nous pr:osci:its, quelques-~nes de ces études. élevées qui s'échap~ p~nt de 1~ patrie prisonnière et qui nous la font mmer touJours. En France, la servitode fut souvent la loi, mais elle n'a jamais été la· vie., Quand Je~ partis succombent. et quand les libertés meurent, -l'idéal se lève et.s'élève. Nous avons alors commerce avec l'antiquité qui raje_unit, ou commerce avec les astres qui disent les sphères inconnues. . La _Fran~~?st t~ujours une im~ense espérance ! - AuJourd hm, nous empruntons quelques pag('lsà Jean Reynaud ; son livre, Terre et Ciel, est une ~de ces grandes. études ;QUÎ nous.consolent, et quoi-

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