,.......... ... - . .1. - L'H.OX-M-E.-ltier"redl; 99 .:&.011t 1855. Le Czar Nicolas a dit à Sir G. H. Seymour : " Ce qui me convient, convient à l'Autriche." Et cependant les hommes d'Etat de l'Angleterre ont cru pouvoir faire changer de nature à l'Autriche, l'attirer dans .leur parti, et ils lui ont permis d'enchainer leurs ,bras, ,l'égarer leu politique! • Le monde n'avait pas encore vu semblable aveuglement! ~OUIS KOSSUTH. ETAnT·EL'EUROPE. Depuis un siècle, fEurope n'avait jamais vécn -dans les ténèbres, les équivoques et Jes·trahisons. comme en ce moment. Ou la révolution l'emportait, et les situations étaient nettes, m,onarchies contre peupleg, idées contre forces; - ou les royautés solidaires ayant victoire prenaient le dessus, et c'étaieat alors des effusions, des concordats, des alliances qui arrêtaient la grande conduite et formaient l'universel gouvernement. , En 1793, il y avait guerre terrible, mais point de débat et point de diplomates. En 1815, il y avait victoire absolue et chûte profonde ; mais on n'avait point litige et l'on s'entendait à merveille, contre la liberté, .contre la révolution : pour -l'absolutisme, c'était le Camp du Drap d'Or. Aujourd'hui, ce n'est ni l'absolutisme, ni la liberté, ni ln civilisàtion, ni •la tyrannie. Les in- '.té~ts se groupent sans affinités d'institutions ; les forces s'organisent saus idéal commun:; c'est le pêle-mêle, le trouble, la confusion des choses et des. hommes, des ambitions et des·systèmes·: -Bonaparte et Victoria, Palmerston et Persigny, les aigles et la licorne, Austerlitz et Waterloo, défaites et victoires, tous ·tes adultères et tous les sacrilèges, voilà le temps. Sur cela, l'Europe continentale, l'Europe des Rois a réfléchi. Elle n'a confiance, ni dans l'Angleterre qui s'allie, jusqu'au dernier sacrifice, avec la dernière aventurs française, ni dans cet empire qui, sorti du guet-apens, s'en va prendre pour frère et compagnon le Gouvernement de HudsonLowe. • Les intérêts sont plus difficiles, plus circonspects et plus jaloux que la philosophie. Ils ne vont point comme elle, la prêtresse sacrée, la main ouverte et l'œil franc; ils louvoient et n'aiment à suine que les voies ouvertes et le vent des victoires. Or, la victoire, aujourd.'hui, a le pied lourd et ne se décide guères. Voilà quinze mois qu'elle attend à donner de l'aîle entre les Russes et les Puissances alliées. Il y a donc, et dans les alliances et dans les faits. raison politique, raison suffisante pour les divers Etats co.:tinentaux de l'Europe, de faire- l'étqde et de s'abstenir avant de s'engager.· Dénom~rons ces forces et pesons. L'Autriche, dès le premier jour, trahissait l'Oc- ·cident; car de l'Occident, malgré les crises et ~s malheurs, il vient toujours un peu de lumière, et les Hapsbourg !lavent bien que leurs états sont des volcans où le rayon fait incendie. •L'Autriche, d'ailleurs, se trouve liée d'intérêts, de principes, de vie, liée par contrat avec l'Empire .des Czars, et voici pourquoi. L'Angleterre d la France ayant en Europe, sur les mers et dans le ,monde, l'influence, la suprématie, la domination. , par les Jettres, par les échanges et par les armes, qu'est ..ce que l'Autriche? - Une Puissance vas- -sale, •une ferme immense mais dépendante, une autorité qui relève, une tyrannie de doujQn; -. et ,ce donjon, il est tout ouvert., il est à la merci des •bàlles et des idées ! L'Autriche en plein accord avec la Russie, et ,dans les conditions de peur où se trou-veut-les gousvernements, l'Autriche a~ie des Czars a sa. Pologne, sa Hongrie, -sonItalie sous la main·; elle ne craint pas la Révolution, car il y a Bonaparte à Paris, Alexandre à Saint-Péter.sbourg; et, dans •torts les cas, si le czarisme enlevait Conatanûnople, eh bien ? elle serait le premier -vassal du .grand • despotisme univeHel, ce qui vaut ~ieux po~r des princes goîtreux et gelés, que de vnre, touJours, tremblans, av,ecdes sociétés imprégnées de lihertépeste, avee des gou,ernemenb qui portent en eux (des Révolutions. • La diplomatie autrichienne, comme celle •des grecs, autrefo~s, a toutes les ?abiletés et toutes -les ruses de la faiblesse. Depms que la guerre est ouverte elle a vu clair, comme les vieillards. pa- -léologu;s, et si ses allures _se-sontmodi~ées selon les circonstances et les besoms, son dessem fut toujours le même~-· échapper à l'.Oc_cident!. Aujourd'hui, la preuve est faite, non par les principes, les origines ou les traditions, mais par les actes. M. Palm~rston lui-même se désespère et commence à parler de l'i talie ! Sur un autre poiut de r Allemagne, et. puissance depuis cent ans jalou!fe de l'Autriche, la Prusse joue sa comédie comme sa sœur; elle a sa Pologne derrière elle ; elle n'a pas de Hongrie sur son flanc ; et quant à la frontière .du Rhin, elle fait face avec toute l'Allemagne, où grouillent et végètent un tas d'.éle,cteurs, de margraves, de ducs et de petits sénats qui inangent l'empire de Barberousse. La politique de la Prusse, c'est la politique du Rhin. Alliance avec la Ruasie, résistance sur le pont de Kehl ! . Il n'y a rien, là, contre l'Angleterre, mais il y a tout contre la France - Empire. Les états du Nord, .Suède. N orwège et Banemarck, avaient déclaré d'abord leur neutralité, la neutralité des v0isins qui craignent les irruptions du désert et les -vengeances d'Attila. C'était là -pourtant une condition heureuse, un cas. favorable ,pour l'Occident et ses propagandes. Les flottes -alliées étant en force -et maitresses, dans ces eaux du Nord, il ,était facile d'entraîner la Finlande et les populations scandinaves. On n'a rien fait, on a brtîlé des îlots et mordu des rochers. Vienne maintenant un .échec, dans l'autre mer, celle de Sébastopol, et la peur du -voisin fera signer le .cl)ntrat cont, e l' (!)ccident·! Voilà l'état continental. ·Quant à l'Espagne, elle ne fait rien et ne dit nen. Les Cortès sont parties a.près avoir perdu four temps dans les petites querelles -et les polémiques inutiles au lieu de constituer solidement l'institution démocratique, et le gouv~rnement n'a pas encore réalisé sa promesse de contingent militaire, .eover-sles puissances alliées. ,Ce projet, d'ailleurs, ne -saurait aboutir sans le concours et le vote favorable de l'A.ss.emblée nationale. A Naples, les férocités administratives irriteot les populations à I' extrî,me, et l' a~itation va ,crois- .saut; quant aux autres états de l'·Italie, ils seraiP-nt mieux nommés les cercles de l'enfer que de ces doux noms, Venise, Rome, Florence et Milan. L'Allemagne centrale se • tàît, çoudeniant ses farces et se pelotonnant eu avant de la Russie, pour la couvrir. . L'échiquier, dans toutes se:; cases, est ,plus mêlé que jamais ! . On annonce pourtant une grande conférence entre-les représentants de l'Espagne, du Portugal, du •Piémont, de la France et de l'Angleterre, après la visite de Ja reine à ·Paris ( une contradiction des Conférences de Vienue). Il s'agirait de décider enfin si, pour abattt"e la Russie ou du moins la réduire, on ne lancera pas les nations esclaves dans la bataille, sauf à les museler après, bien entendu. :Ce pr9jet u'ahoutira pas, nous en sommes certains, tant M. Bonaparte a peur de jouer à la Révoluti-,n ! Nous venons d'analyser, rapidement, les situa- . tions et les forces, hien convaincus qu'avant peu les stérilités sanglantes et formidables de la guerre, en irritant les peuples, amèneront la conséquence révolutionnaire. • Puisse ce jour s'ouvrir! et dès que le.bulletin de l\berté, le bulletin de Paris aura traversé l'Europe, la civilisation rentrera .dans ses voies et le Russe dans soncantre. .Si cela ne finit point ainsi, cela ne finira jamais : les bourgeois .Y laisseront et leur .dernier fils et leur derni~r écu. Ch. RIBitYROLLES. Bon~parte et Palmerston ont vaincu ; la Reine d' Ano-leterre a dû boire jusqu'à la lie la coupe de l'allia~ce, 'et promener son titre, ses vieilles amitiés, ses enfants, sa cour, sous les arches triomphales du crime. Ainsi l'a voulu la raison d'État. Et qu'e11t-ceque la raison d'~tat? L'histoire parle de certaines religions qu~o.nt e~ des confesseurs, des docteurs, des martyrs, et qm s'expliquaient au nom du ciel; cela pouvait avoir ses fanatiques. . ·, . . . . . . , . Le siècle·parle de certames idées qui ont fait émotion· dans les· âmes, lumière dans les consciences et tempête dans les rues; c'était là le verbe de justice, l'Evangile humain, le droit en fleur, et pour lui beaucoup sont tombés, et pour lui nous souffrons toujours. Mais qu'est-ce que la raison d'Etat? C'est la loi de l'heure, la nécessité· du jour, l'intérêt du momP,nt, c'est la moralité-circ1 onstàr1ce, c'est le fait qu'on sert et qu'on subit, qu'il s'appelle assassinat, parjui:~ou vol, dès qu'il e_stpuissaoc~. . . Voyageons maintenant et laissons la dame et ses fils, la reine et ses souvenirs: c'est la raison d'Etat qui dé.barque à Boulogne. . . , , Là, sur cette plage aujourd'hui pleine de bellè foule et _toutepavoisée .. débarquait il y a quinze ans, avec des familiers de bouche, de bourse et d'antichambre, un homme coupe:.jarret, votre hôte, ô raison d'Etat! et qui venait par trahison, embauchage et iuet-apens, voler sà couronne à votre allié, rex-roi Philippe. c·est ce crime - car il n'y avait pas de droit. en dehors du peuple- c'est ce crime qui vous reçoit, aujourd'hui, sur la plage de Boulogne. . Motlltons en wagon, en wagon d'honneur, et cour.ans rapide8, .à travers cette France du nord qui a des fleurs sur ses chemins pour tous les rois ,passants, mais qui a aussi hien des épines dans ses -0hampset bien des misères dans ses ateliers. Epines et misères ne vons regardent p~s, ô raiso'n d'Etat! Vous ne verrez rien, n.i les enf,ù1tschétifs, ni les mères dégueniltées. ni les viei!lards pesants comme.des siècles, 11i les cabanes branlantes. ni les prisonniers qui boiveut le soleil rar~ i ~raver~ les barrE>auxde Doullens; tout cela c'e~t de J'ombre, .c'est du silence., c'est de la douleur, ce u'èst point spectacle pour les reines. Mais voici Paris, la ville des merveilles! Avant d'entrer, regardez bien, raison d'Etnt. Cette c·a- , tbédrale immense et sombre .que vou8 voyez làbas, assise sur le fleuve, et dont la dernière lumière du ciel baigne les tours, c'est la basilique de Rome, la métropole des Gaules· esclaves et cutholi(!ues; c'est la chaire d'anathême et d;ex_com~unication sur vous et sur le~vôtres .. Vous irez pourtant, ô raison d' Et~t. car c'est la maison du Dieu de :v.otreallié, de votre frèrP., et l'on se doit entre gouvernement~ amis, l'échange, ln présentation, la courtoisie des Dieux, comme effile des laquais et de!Iministres.. Vous y trouverez, d'ailleurs, u11 homme qui vous fait concurrence, mais qui vous recevra bien, sauf à vous damner, vous et les vôtres, comme excommuniés, hérétiques et païens: c'est la loi des rit~els, des prêches et des légendes. . Regard.ez un peu plus loin, derri~re ces lours pleines de foudres éventées, ces deux grands qt_J_artiers noirs et sombres où ron ne yous conduira pas, car ce sont des cirqµt>s où le trav_ail sue, jusqu'à la mort, et ce sont de~ arènes de révolµtiçms; ~ls s'appellent St.-Antoine et St.-Marcel .; ils .sont dell ·volcans; l'un a déjà détr~it la Bastille qui était plus- haute que Notre-Dame; quand l'autre: aura rasé Notre-Dame, on aura, pour la dernière fois, le chemin ouvert sur les Tuileries. Les Tuileries ! quel grand palais de l'histoire et que de splendides souvenirs ! N:ous y allons à travers les cortèges, l'es escadrons ·et ies !naisons étoilées: M. Bonaparte a besoin et grande_hâte de vous montrer son BUCKINGHAMPALACE;· mais . ô raison d'Etàt, avant d'entrer,,réfléchisi;e.z. Cette maison µ'est pas sfire; elle donne sur. la 'pl~cë' de la aévolution, elle donne s.~r tous les, chemins de l't>xilet sur la, route de Ste.-Hélène. EJle_ ~ usé bien des velours, et sur ses murs il y a bien des taches de sang ! Pensez-y pour votre alliance : c'est là l'auberge des M acheth, et dans un siècle, le peuple y va souvent! Vous aimerez mieux, peut-êt,re, le p·alais' de l'Élysée. C'est un doux nom, et le refuge est un pied-à-terre. pour les .gloir~s (ou pour _lescrimes). Entrons. La Majesté, votre frère, connaît les lieux f't vous en peut faire les honneurs. Voici J~ grand salon où votre allié, qui_s'appelait alors le président de la République, embauchait et recrutait,, il y a quatre aus, les généraux et les ministres de· sa trahison, à tant par t~te· et par r~uleaux, comme le font vos recruteurs dans les tavernes. Ce salon füt. le chàmp d~ foire,' iµ~is 'le càblnet d.~ (ond, quel )aôètuaire ! c'est là)1u( le faux serment rédig_ea ses dé~rets d_'enwr1,sonpemrntet d'as~a15sinat; _c'çst de 1~ ~<J,U~ pa,::tire,n_t &eosrdr~~Let pour les graf\des bQucberie.s,du Upul~~ardJ et P-(?Ur les fusillades de prison, et pour les tueries dans 'tes campagnes ! , . Ce füt le cabinet de trâvaff du •p·arjure et dé' l~
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