Homme - anno II - n.38 - 22 agosto 1855

est le gage ~e la mort ou de la vie d'un grand pa1ti, d'un~ sainte cause. De l'état présent de l'Europe, no~s avons déduit llne éventualité favorable pour le parti républicain et une nécessit~ d'accord entre les fr:\ctions gui le composent, Ne n9us dissimulons pas, toutefois, que les nationalités seules, quelque pui~sant et énergique soit leur effort, seraient insuffisantes, abandonnées à leur propre force, si le mouvement ne devait et ne pouvait se génér.aliser; et, - comme c'est l'empire en définitive qui est l'ennemi commun, - si la France, par exemple, qui le subit plus directement, n'était prête elle ilUssi à prendre sa part de la tâche commune, Qu~} est donc, au vr~i, l'état de la France, après q.uatre ans bien;ôt, de régime impérial ? Cette question nous r~- mène encore invinciblement à la guerre : tout y aboutit dans la ~ituation. L'Empire, en !ltfet, malgré la parole contraire de Bordeaux ou à cause de cela peut-être, l'Empire, c'est la guerre ; Empire, guerre c'est tout un; ces deux faits monstrueux sont tour à tour, l'un à l'autre, principe et conséquence, cause et effet; le premier Em• pire, c'est la guerre qui nous l'a donné; la guerre d'aujourd'hui, c'est le second Empire qui nous la donne. A•J• tant le despotisme était nécessaire à la poursuitP. de la guerre de conquête et <le domination universelle du premier Napoléon, autant la guerre est indispensable au second-qui s'est fait appeler le troisième, au grand scandale de défunt Nicolas-pour justifier un despotisme qui, sans cela, n'a pas de raison d'être. Bien donc qu'il n'ait pas encore fourni une longue carrière, le coup-d'étatEmpire peut néanmoins être j1,1gépar ses fruits. Mieux ,que personne, M. Bonaparte sait le jugement qu'eu porte la France. Impopulaire i\ ses débuts, cette guerre mal défiuie est à cette heure insupportable au pays. :f;tre l'Em'pire et ne savoir et ne pouvoir faire la guerre qn'on a soi-même déclarée; s'imposer à la France par la force et le crime, au pom d'un souvenir de victoire et de gloire, et n'aboutir qu'à la honte de la défaite, c'en est trop ; la France va bientôt refuser son sang à l'Empire, comme la terre lui refuse ses fruits. Famine, peste, guerre, misère et désespoir sombre, telle est, d'un mot, la situation du peuple accablé sous tant de fléaux : tristesse et découragement, c'est le bilan de la bourgeoi:sie. qui. lorsque le canon gronde, se retire, moitié peur, moitié calcul, du commerce et de l'industrie. Dans l'armée, mécontentement et protestation sourde : le soldat ne vet1t plus se battre contre le granit; les chefs? un exemple récent a moutré quelle foi ils ont dans ce régime édifié par leur sabrecol1teau. Combien compterait-on de généraux qui, le cas échéant, ( et il e-t à prévoir) de la mort du maitre, n'agiraient comme Castellane; qui pour Chambord ; qui pour d'Orléans; voire même quelques-uns, telle est la pudeur du fourreau ! pour la République. En résumé, qu'on parcoure la France dans tous les sens, qu•on interroge tous les partis. toutes les classes, Qu'on consulte tous les intérêts, y compris ceux qui bé- ~l:ficient de l'Empire, la répouse est partout la même : - "cela ne peut durer." Chacun se demande comrr.ent cet échafaudage sans fondement se maintient encore debout, et tous s'attendent, d'un moment à l'autre, à le ,•oir s'écrouler. Mais comment, dira-t-on, si tel est en réa1ité l'état de la France, l'Empire peut-il durer un seul instant? Ainsi raisonnent ceux qui croient que l'opinion publique suffit à renverser les gouvernements. Sans doute, il n'y a pas de Révoiution possible sans l'opinion publique, mais seule, l'opinio9 est insuffisante contre la force organisée ; souveraine au jour du combat, c'est elle qui assure la victoire, mais uul gouvernement ne tombe sans combattre, et pour combattre il faut des soldats et une ,liscipline; l'étude de toutes nos révolutions atteste ces vérités, et pour ne pas remonter plus haut, l'exemple de la Révolution de Février nous en fournirait des preuves suffisantes. S'il est vrai, en effet, que le gouvernement de Juillet est tombé sous le poids de ses propres fautes et sous le mépris de la France, il n'en est pas moins incontestable que sans les barricades républicaines des 22 et 23, on n'eO.t pas vu debout le 24, derrière les pavés de toutP,s nos rues, tous les citoyens de la capitale. La vérité, la voilà. Pas· de Révolution sans combat ; pas de combat sans combattants ; pas d'armée sans discipline, et ni armée, ni combat, ni Révolution, sans initiative; les soldats ne Bous manquent pas, le moment est favorable ; sauronsnous prendre l'initiative nécessaire et établir la discipline dans nos rangs? Il suffit de vouloir po,.u vaincre, vou1lrons-nous ? En tout cas, au nom de quel principe s'élèverait-on contre cette nécessité politique? Examinons. BoNNET-0UVERDIER. (La suite mt prochain Numéro). CORRESPONDANCE D'ORIENT. Constantinople, 18 juin 1855. Vous désirez savoir ce qui se pasi;e <:hei nous et parmi nous. - La guerre boiteuse se poursuit ici avec la plus parfaite incap~cité .- Ici l'on adore l'Autriche - on intrigue cyniquement et l'on forme des Cosaques. - Mais parmi nous, tout espoir dâns la guerre véri 1 able, énérgique vient de se dissiper. Nous méprisons profondé .. ment l'Autriche ainsi que SQ. politique et ~es intrigues. Nous ne pol.lvons qqe nou:s appitoyer siocérement sur !'aveuglément de ceux qµi ~, l:,.is~ent séduire ~t qui croient au"<men;;onges &emés à profusion par le SadycPacha (Czaykowski, renéga;), p:;ir le comte Zamoyski, général, 11eveu du prtten~ani à la èouronu~ polonaise, ~t par leur&complicE:s, ·- Je vous écris les faits se~ls; .-1~inque vpus puissiez les afprécier par vous-mêmes. Il y a deux dépôt~ militaires pour les deux régiments de Cosaques - l'un se forme à Dohrutcha, et l'autre à Schumla- il$ portent cette dénomination distipctive: " Cavalerie dµ Sult~n" sous le COlllJilandement en chef de Sadyc Pacha -Zamoyski, d'un rang iuférieur, dépend de l'autre, mais H s'occupe exclusivement ùe l'organisation du second régiment: - La dépendance de Zamoyski envers Sadyc Pacha a engendré une lutte bien prononcée entre les deux dignitaires - le premier. placr par le prince Czartoryiski eu qualité de représentilnt de Pologne doit ol)éir à l'autre qui l'avait devancé en obtenant le ~r. man par l'influence de Redchid. Cette mésintelligence a produit un effet tel, qu'ils ae guettent et se surveillent réciproquement par leurs adhérents respectifs, souvent trè~ iudi~crets. Or, dernièrement ils ont fait circuler des bruits tendant à répandre qtJe Sa,lyc aurait enlevé une cassette pleine d'argent et de papiers, à l'insu de Zamoyski, en ajontant que ce n'était pas pour l 'argeut, mais plutôt pour se mettre tn posession des papiers. Cette jalousie, entre ces Messie1,1rs, ne les empêche pas, le moins du mon~e, de tendre des pièges à l'Emigration, en excitant son sentiment et son devoir national, afin de l'attirer au~ Cos:1ques pour la mieux duper et la mieux détruire. L'anriée dernière, M. Zamoyski, avant d'avoir obtenu la permission <l'organiser les CQsaques, disait et faisait dire : i; qu'une armée chrétienne, dans l'intérêt de la Pologne, allait être formée ; " et ces bruits étaient d'autant plus accrédités, qu'on en parlait da\·antage. M~ Zamoyski vient d'obtenir un ~10uveau firm~n, mais il l'a perdu à Picolo-Campo. A la fin, cependant, le Divan lui a donné l'autorisation de former le 2e régiment des Co~aques. Il s'occupa de cette organisation v~rs l'automne de l'année ùernière, et, dans ce but, les pourvQyc1irsde l'aristocr ,tie embauchèrent en France et en Angleterre cnvirvn 150jeune!J gens. Je les ai vus, ces pauvres diables, à Schumla, il!:!entraient dans la carrière militaire sans habits, ~ans souliers et sans gages : beaucoup so reprochaient amèrement leur lég<'reté, et cherchaient les lllQyens de sortir de cc~te souricière. Ils ont manqué d'armes et de chevatt;Cjusq-u:à ce moment .... On vient enfü1 de leur expédier des souliers de France ! J•ai entendu ùc la bouche même des recruteurs pour le comte Zamoyski, que Mons, Napoléon Ill serait le fournisseur des Co~aques.-A Schumla. sous les yi:ux des Autrichiens, avec lesquels Zamoy~ki fit connaissance et fraternisa à Bucharest, toute manifestation de la nationalité polonaise est aussitôt réprimée et punie, comme délit. Un exe~ple récent a eu lieu à cet égard, pendant la fête de Pâques: Un certain prophète <prorok) renégat, a dénoncé à Ismael Pacha, quelqurs jemies gens pour avoir porté le toast "à la prospérité de, la cause polonaise : "- Ismael Pacha les condamna aux fers, avec cette admonition, qu'étant les askirs du Padisha (soldats du Sultan) ils doivent oublier qu'ils étaient jadis Polonais ... N'est-ce pas assez clair? L'organ~sation de ces merctuaires marche bien mal; car les .troupes orthoduxes-~urques méprisent Sadyc. renégat, ainsi que Zamoyski, giaur (chien). Ils regardent en-outre ces Cosaques, comme des stipendiés qui sont assujétis au code milit.aire turc, de manière q.ue pas un officier n'est exempt de punition corporelle. Pendant mon séjol.lr à Schumia, des exécutions trèssouvent avaient lieu, - ou administrait la bastonnade jusqu'à 900 coups, - Bochenski de l'Emigration en a reçu 50. Dites-bien à ceux qui désireraient s'enrôler aux CQsaques, qu'aucune exception n'est faite ,quand au fouet, rn faveur de !'Emigration, - dites-leur bien de ne pas croire aux hâblf:ries des Jackowski, pas plus qu'aux nouvelles données par une feuille aristocratique, intitulée Wiadomosci Polskie que les Proscrits Polonais en An.- j:rleterre et en France suivent l'exemple de l'~migration domiciliée à Constantinople ; ni les pourvoyeurs ni leurs sarcasmes, ni notre détresse ne réussiront à entrainer les devoués à la cause Polonaise. Au lieu de courir sous le drapeau arboré par les mains d'un rénégat (Cz-aykowski) t-t d'un chef d'état-major du général Romarino tZamoyski) ils travaillent honnêtement et se préparent à servir la patrie au moment oil une main sans tache arborera l'étendard uatiQnal. Ils possèdent un Cercle Polonais, et ils ont destiné le fruit de leur travail à former un cabinet de lecture polonais, et à payer un local où les plus nécessiteux puissent trouver aide, asile et de bons avis. Si les Cosaques embauchés eussent été réellement Polonais, croyez-vous qu'un seul proscrit se trouverait encore à Constantinople ? C'est pourquoi Zamoyski et Sadyk ne comptent presque plus sur l'émigration, et pré- {êrent grossir leurs rangs avec les prisonniers de guerre {orcement envoyés à Dobroutcha. D:-insce moment, ces deux régiments comptent environ 706 hommes__,.parmi lesquels on trouve 150 Proscritstmviron 200 prisonniers de guerre - q11antau reste il se compose de Valaques, de Bu,lgares, de Grecs, de Juifs, de Tartares et de Rus~es. (Extrait du Démocrate polonaii). Revue de la 8emaine .. Le 15 Aot1t et la visite de la Reine d' Angieterre à Paris devaient se célébrer pàr d'importantes nouvelles du théâtre de la guerre. L'attente a été déçue ; voici les nouvelles arrivées. Dans la Baltique, le port militaire de Sweaborg a été bombardé pendant 45 heures, des arsenaux des magasins, des ateliers brtîlés. la ville réduite e~ cendres. On ne dit pas que les forts soient détruits. En Crimée, le général Gortcbakoff, à la tête de 60,000 Russes, a essayé d'enlever les positions des Français et des Piémontais sur la Tchernaya. II a été repoussé, et a perdu 2,500 hommes, 1,600 hies• sés laissés aux mains des Français, et 400 prisonniers. Les.alliés avot!ent une perte de 1,500 hommes. - Le bombardement a été recommencé le 17. Le général de Lacy Evans, le jour de la clôture du Parlement, a vivement attaqué le Cabinet sur l'organisation militaire, le chiffre de l'armée la conduite de la -guerre. et il a insisté pour faire' appel aux Légions Poloru.ises. Ce diséours occupe beaucoup l'opinion publique. La bastoouade vient d'être introduite dans la législation pénale des Etats du Pape. Le général Canrobert, de retour en France, a été nommé, non pas Mar6chal, mais Sénateur. --••--- CORRESPONDANCE; Ou nous écrit de Nice : J'ai vu, pendant mon séjour à Nice. de bien tristes choses ! Combicu sera difficile l'établisse• ment d'un pouvoir régulier avec tant de fièvres de vengeance, tant de fiel concentré, tant de haînes a~c~mulées. Je sais Lien q1Je la plupart de ces victimes de Bonaparte seraient moins rudes à l'action qu'à la parole ; cependau~, il y a d'horribles choses da.:s leurs souvenirs. Le tableau que tracent ces hommes du Var et des Basses-Alpes des crimes de la soldatesque, de la ruine de leurs fa. milles, de leur .misère d~ns _l'exil, me paralysait au .moment où Je leur precha1s, non pas l'oubli,- iµais la confiance dans un gouvernement sorti de la Révolution à ~enir, qui. pa.r~es mesures vigoureuses et collectlves, rendrait mutiles les ven - geances I articulièrcs. Des hommes do Draguignan, Toulon et 1.farseilie, que j'ai vus, m'ont donné du cœur • ils affir- • ment que l'opinion générale est exceHen:e, et que les campagnes, non plus que les villes, ne se lais• seront plus prendre désormais aux jactances dea bavard.\!qui, tous, leur ont fait défaut en DécP.m• bre. De Paris, on m'écrit q·ue l'état des esprits devi~nt d~ p!us e? plus effrayant pour le Bonaparte, ·qm, prev01t IUI-mêmesa ch0te et qui a dit à un ami: " Je s31!sq1e je tomberai; mais je vendrai cher ~a pos1t_10nA. u reste, .quelque pouvoir monarchique qui me succède, d ne pou1Ta pas vivre longtemps ; les ressorts du gouvernement sont trop usés." . Le cousin, de son côté, disait l'autre jour : " Quand nous regardons autour de nous, nous n0us trouvons enveloppés d'orléanistes." A.VIS. • ' L'administration du journal L' Hom'llll3 pressée par les nouvelles dépenses du POSTAGE prie les 'abonu,é~ en ret~rcl,. d'acquitter au plus tôt, les termes echus, soit directement, soit entre les mains d~s correspondans. Elle les prévient en même temps que, pour le nouveau. trimestre qui s'ouvre le 1er septembre~ t~ut~ femllc ~on renvoyée sera contiguée, à moins d avis contraire, et que l'abonnement sera maintenu. ' Les avis et lettres doivent être adressées, soit au siége de l'administration, rue Roseville. 32, ou dans les Bureaux de l' Imprimerie Universel.le Dorset Street, 19. ' ' AVIS AU PUBLIC L' Admin~sp-ation de,,9 Postes nous prie d'avertir nos lect.etArsqu.'à l'qv~nir le ti11ibre ne ,ervira plus qµ'à la transmission ou re-transmiuion des journaux en Angleterre. Les feuilles timbrées ou non, envoyées à l'étranger ou aux colonies, devront acquitter le total du prix de poste en argent ou en postages.

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